S. f. (Médecine) douleur de tête violente. Ce mot vient du grec , tête et d'.

Cette espèce de douleur a des causes différentes dans différents sujets : les dissections de personnes mortes à la suite de cette maladie, nous en indiquent deux principales ; savoir, 1°. l'engorgement des vaisseaux des membranes qui servent d'enveloppes au cerveau, que l'on nomme la dure et la pie-mère ; 2°. le dépôt d'une lymphe acre épanchée sur la substance même du cerveau, ou sur les parties nerveuses de la tête, qui y occasionnent une irritation et une douleur violente. Lorsque cette douleur est permanente et sans interruption, elle prend un autre nom, et on l'appelle céphalée : alors les symptômes sont bien plus violents ; ce n'est plus, comme dans la céphalalgie, un mal leger, et qui n'occupe qu'une partie de la tête ; il devient durable, et difficîle à guérir ; le malade a peine à supporter le moindre bruit ; la lumière lui devient insupportable ; toutes les membranes et les parties nerveuses sont dans une tension si violente, que la douleur occupe toute la tête.

On peut encore diviser la céphalalgie en migraine, que les Latins ont appelée hemicrania, parce qu'il n'y a qu'un côté de la tête d'affecté ; et en clou, clavus, état dans lequel le mal n'excède pas la largeur de la tête d'un clou, et où il semble à la personne malade que ce soit un clou qu'on lui ait planté dans quelque partie, mais surtout au sommet de la tête : cet accident arrive particulièrement aux femmes hystériques. Voyez PASSION HYSTERIQUE.

Les causes éloignées de la céphalalgie sont, comme on le peut voir par les symptômes qui l'accompagnent, la trop grande abondance du sang, qui ne pouvant par cette raison circuler avec facilité dans les vaisseaux, s'arrête dans les capillaires du cerveau, distend et occasionne une sensation douloureuse dans toute l'étendue de la tête, ou dans certaines parties seulement.

Le sang qui abondera en sérosité acre, occasionnera aussi par l'irritation des parties nerveuses la céphalalgie : enfin tout ce qui peut altérer la lymphe, comme la vérole, le scorbut, et autres maladies de cette espèce, sont autant de causes de cet accident, qu'on vient à bout de détruire en corrigeant la cause : elle cedera donc aux remèdes mercuriels, lorsqu'elle sera produite par la vérole, et aux antiscorbutiques, lorsque le scorbut y aura donné lieu.

L'excès dans le commerce des femmes, dans l'étude et le travail, dans les évacuations, soit par les saignées, les vomissements, les purgations, sont autant de causes de la céphalalgie, qui est aussi produite assez souvent par un amas de crudités dans l'estomac, d'où provient un chyle de mauvaise qualité, par des sueurs trop abondantes ; enfin par une trop grande transpiration, ou par la transpiration même supprimée tout-à-coup.

Le pronostic que l'on peut tirer de la céphalalgie, c'est qu'elle n'est jamais sans danger ; si les membranes du cerveau sont le siège de cette maladie, il y a lieu de craindre la frénésie ; lorsqu'elle est occasionnée par un embarras dans les parties internes, qu'elle est accompagnée de tintements d'oreille, de fièvre, de perte d'appétit, et d'une pulsation violente dans les vaisseaux de la tête, elle dégénere facilement en manie, surtout dans les hypocondriaques : lorsque la céphalalgie est suivie de faiblesse dans les articulations, d'étourdissements, d'embarras dans la langue et dans la prononciation, on doit la regarder comme l'avant-coureur de l'apoplexie et la paralysie : enfin lorsque les jeunes gens sont sujets à la céphalalgie, ils sont menacés d'accès de goutte.

Il est aisé de voir par la différence des causes de la céphalalgie, qu'elle doit être traitée de diverses manières ; les saignées doivent être employées dans certains cas ; dans d'autres les délayans, les sudorifiques legers, enfin les émétiques ; le tout dirigé par les conseils d'un médecin, qui connaissant la cause, y approprie le traitement, sur lequel il n'est point possible de donner de règles générales.

Une observation faite par Cowper sur une céphalalgie, prouvera la vérité de ce que j'avance. Ce savant médecin guérit un malade attaqué de céphalalgie, en perçant par l'alvéole d'une dent molaire le sinus maxillaire ; cette opération procura l'évacuation d'une quantité de pus qui occasionnait ce mal.

Drak rapporte deux faits semblables. Sans être médecin ; on ne peut pas parvenir à la connaissance de causes aussi singulières. (N)