S. f. (Médecine) se dit de la mauvaise odeur, de la puanteur qu'exhalent certaines parties du corps humain, par un vice qui leur est particulier, ou par celui des matières qu'elles contiennent, des humeurs qui y sont séparées, qui s'évacuent actuellement.

Il n'est produit aucune mauvaise odeur dans aucun endroit du corps d'un homme qui se porte bien, excepté dans les gros intestins, et surtout dans l'intestin rectum, par l'amas et le séjour qui s'y font des matières fécales : l'odeur de l'urine, dans le moment qu'elle est rendue, est sans puanteur ; il s'en répand tout-au-plus une odeur un peu forte lixivielle.

Ce sont des matières ou humeurs odorantes, contenues dans le bas-ventre, qui sont cause qu'il s'exhale de cette cavité, lors de l'ouverture des corps des animaux les plus sains, une certaine odeur desagréable, que la transpiration de toutes les parties contenues emporte avec elle : une odeur de semblable nature, cependant beaucoup moins sensible, se fait sentir à l'ouverture de la poitrine ; mais on ne sent presque rien du tout à l'ouverture du crane.

Ainsi, lorsqu'il est produit quelque mauvaise odeur dans quelque partie du corps, qui n'en rend point dans l'état de santé, c'est un signe qu'il y a des humeurs dans cette partie qui se corrompent, que les sels s'y alkalisent, que les huiles s'y rancissent.

La puanteur de la bouche, par exemple, provient le plus ordinairement ou des ordures qu'on laisse se ramasser entre les dents, et par conséquent de ce qu'on n'a pas attention de se laver cette cavité, ou des exhalaisons des poumons remplis de matières muqueuses corrompues ; ou des poumons ulcérés, ou des exhalaisons de l'estomac, dans lequel les digestions se font habituellement mal, les aliments séjournent trop longtemps et se corrompent différemment, soit par acescence, par alkalescence, soit par tendance à la rancidité.

On peut corriger ce vice, lorsqu'il dépend de la mal-propreté de la bouche, en se lavant souvent avec de l'eau, dans laquelle on a ajouté une dixième partie de vin, et dissous une huitième partie de sel marin : lorsque la mauvaise odeur, rendue par la bouche, vient des poumons, l'exercice à cheval est un moyen très-propre à en dissiper la cause ; lorsque l'odeur forte vient de l'estomac, rien n'est plus propre à la faire cesser, que l'usage des eaux minérales.

Les animaux qui ne vivent que de végétaux, rendent leurs excréments presque sans féteur : l'homme rendrait les siens de même, s'il ne se nourrissait que de pain et d'eau ; mais tous les animaux qui font leur principale nourriture de viande, de poissons, d'œufs, ont leurs matières fécales très-puantes.

Il est des personnes qui sont incommodées par la mauvaise odeur de leur déjection : elles peuvent corriger ce vice, en faisant usage d'aliments aqueux, acides, salés ; on peut conseiller avec succès ce régime, toutes les fois que les excréments sont plus jaunes que la couleur naturelle de la paille.

Lorsque les déjections sont fort puantes dans la phtisie, il est de la plus grande importance de s'abstenir de l'usage des viandes, et d'employer beaucoup le suc de limon : on doit observer la même chose, quand les urines récentes sont de mauvaise odeur : on peut regarder comme une règle, pour les hydropiques, qu'ils ne se trouvent pas mal de faire usage de viande pour leur nourriture, tant que les excréments ne sont pas extraordinairement puans ; il faut renoncer bien-tôt à ce genre d'aliment, et recourir aux acides, dès que les déjections deviennent d'une odeur plus fétide. Extrait de Boerhaave, comment. institut. pathol. symptomatolog. §. 970.

Galien, dans son commentaire sur le troisième livre des épidémies, regarde la féteur extraordinaire de toute sorte d'excréments, comme un signe certain de pourriture : la mauvaise odeur dans les ulcères annonce qu'ils sont de mauvais caractère.

Pour la cause physique des mauvaises odeurs en général, voyez ODEUR, PUANTEUR. Quant au détail concernant les parties du corps, où il s'établit des causes de puanteur, voyez les articles de ces parties même, telles que le NEZ, les OREILLES, les AISSELLES, les AINES, les PIES ; et pour les humeurs, voyez DEJECTION, URINE, TRANSPIRATION, SUEUR, CRACHAT, ULCERE, OZENE, etc. (d)