(Anatomie) grosse dent de la bouche à une, ou plusieurs racines. On compte ordinairement dans l'homme vingt dents molaires, savoir dix à chaque mâchoire, cinq dents de chaque côté.

Les dents molaires sont plus grosses que les incisives et les canines, larges, plates, et fort inégales à leur surface supérieure ; leur corps est d'une figure presque carrée ; elles occupent la partie postérieure des mâchoires après les canines.

On les divise en petites, en grosses molaires ; soit parce que les deux premières sont ordinairement moins grosses dans les adultes, que leurs voisines de la même espèce, et moins garnies d'éminences à l'extrémité de leurs corps ; soit parce qu'elles ont communément moins de racines que celles qui leur sont postérieures. Il y a quelquefois un plus grand nombre de dents molaires dans l'une des mâchoires que dans l'autre, à cause qu'il y en a quelquefois qui ne sortent que d'un côté dans un âge avancé, et que le vulgaire appelle par cette raison dents de sagesse. Toutes ces dents de la partie postérieure des mâchoires, sont nommées molaires, parce que leur figure et leur disposition les rendent très-propres à briser, à broyer, et à moudre les aliments les plus solides ; elles perfectionnent ainsi la division de ceux qui ont échappé à l'action que les incisives et les canines ont commencée.

J'ai dit que les dents molaires situées auprès des canines sont ordinairement plus petites que celles qui en sont plus éloignées : en effet, elles ressemblent alors tellement aux canines, que la difficulté de déterminer à quelle espèce elles appartiennent, est cause que le nombre des dents canines est différemment établi dans quelques auteurs.

Il est vrai cependant que les vraies dents molaires varient pour le nombre, il y en a tantôt cinq, et tantôt quatre seulement de chaque côté ; il y en a quelquefois quatre au côté gauche, et cinq au côté droit ; ou cinq au côté gauche, et quatre au côté droit : ou cinq à la mâchoire supérieure, et quatre à l'inférieure.

Mais de toutes les dents, ce sont les molaires qui offrent le plus de variété par rapport à leurs racines. Les dents molaires qui sont auprès des canines, n'ont ordinairement qu'une racine, et on en a Ve même de plus éloignées, qui n'en avaient pas davantage. Il arrive néanmoins qu'elles ont deux racines séparées dans toute leur longueur, ou seulement à leur extrémité ; on remarque encore que ces racines se recourbent tantôt en-dedans, tantôt en-dehors.

Les dents molaires qui sont les plus grosses, et situées plus en arrière, ont communément deux racines à la mâchoire inférieure : celles d'en-haut en ont toujours trois, quelquefois quatre, et même cinq. Il arrive aussi quelquefois que les dents molaires d'en-bas, sont pourvues de quatre racines ; ainsi l'on ne peut guère compter sur le plus ou sur le moins à cet égard.

Il y a des dents molaires, dont les racines se touchent par la pointe, et sont fort écartées par la base proche le corps de la dent. Ce sont ces dents qu'on peut appeler dents barrées, si difficiles et si dangereuses à arracher, par la nécessité où l'on est d'emporter avec elles la portion spongieuse de l'os de la mâchoire, qui occupe l'intervalle des racines.

Quelques dents molaires ont une ou deux racines plates ; chacune de ces racines plates semble être composée de deux racines jointes ensemble, et distinguées seulement par une espèce de gouttière qui règne dans toute leur longueur, et en marque la séparation. Quelquefois on trouve dans le dedans de ces racines ainsi figurées, deux canaux, chacun à-peu-près semblable à celui que l'on voit dans les racines simples et séparées les unes des autres.

Il y a des dents molaires à trois et à quatre racines, qui sont fort écartées l'une de l'autre vers la base, et qui s'approchent en montant vers le corps de la dent. De telles dents sont difficiles à ôter, et l'on ne le peut sans rompre l'alvéole, par le grand écartement qu'on y fait. Pour rapprocher autant qu'il est possible cet écartement, il faut presser la gencive entre les doigts, lorsque la dent est arrachée.

On voit quelquefois des dents molaires, dont les racines sont recourbées par leur extrémité en forme de crochet ; alors ces dents ne se peuvent arracher, sans intéresser l'os de la mâchoire, parce que le crochet entre dans une petite cavité qu'il faut rompre, pour faire sortir la dent de son alvéole. Quand ce cas se rencontre à une des dents molaires ou canines de la mâchoire supérieure, il arrive quelquefois que l'alvéole ne se réunit point, et qu'il y reste une ouverture fâcheuse. Highmor rapporte à ce sujet un fait singulier. Une dame s'étant fait arracher une dent de cette espèce, il découlait du sinus sans cesse une humeur séreuse. Cette dame voulant en découvrir l'origine, introduisit dans la cavité d'où l'on avait tiré la dent, un tuyau de plume délié long de six travers de doigt, et le poussa presque tout entier dans le sinus ; ce qui l'épouvanta fort, parce qu'elle crut l'avoir porté jusque dans la substance du cerveau. Highmor tranquillisa cette dame, en lui démontrant que le corps de la plume avait tourné en spirale dans le sinus ; mais l'écoulement subsista.

Le mal est encore bien plus grand, s'il se trouve dans la dent molaire, deux racines crochues en sens opposé, ou si chaque crochet se rapproche l'un de l'autre par son extrémité. Il est alors impossible d'ôter la dent, sans briser les cloisons osseuses qui forment chaque loge de l'alvéole, et dans lesquelles les racines sont engagées : si au contraire les cloisons résistent, les racines crochues doivent nécessairement se casser.

Fauchard a Ve une dent molaire qui paraissait composée de deux autres, entre les racines desquelles il se trouvait une troisième dent, dont la couronne était unie à la voute que formaient les racines des deux autres dents. Le même auteur dit avoir Ve une autre dent molaire composée de deux dents unies ensemble par sept racines.

Eustache rapporte avoir Ve dans un particulier quatre dents molaires, si étroitement unies, qu'elles ne faisaient qu'une seule pièce d'os. Genga assure avoir trouvé dans un des cimetières de Rome, une tête dont la mâchoire supérieure n'avait que trois dents, savoir deux molaires, dont chacune était divisée en cinq ; et la troisième dent formait les canines et les incisives.

Il est très-rare que les dents molaires reviennent après être tombées ; cependant Eustachius et Fallope en citent des exemples. Diémerbroek assure avoir Ve un homme de quarante ans, à qui la dent molaire, voisine de la dent canine, était revenue.

La sortie des dernières dents molaires cause souvent de grandes douleurs aux adultes ; le moyen le plus sur pour avancer la sortie de ces sortes de dents, c'est de faire une incision avec la lancette sur le corps de la dent qui a de la peine à percer. (D.J.)