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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Divination
S. f. (Divination) l'art ou la science des haruspices, ou divination par l'inspection des entrailles des victimes. Ce mot a la même étymologie qu'haruspice. Voyez ci-devant HARUSPICE.

L'haruspicine avait sans-doute ses règles ; et il est probable que ceux qui la pratiquaient, suivaient certains principes, quelqu'absurdes qu'ils fussent : mais soit qu'ils ne les communiquassent que de vive voix et sous le secret à leurs disciples, de peur que leurs impostures ne fussent découvertes, et pour rendre leur profession plus respectable, en la couvrant de ce voîle mystérieux ; soit que les livres qu'ils en avaient écrit aient péri par l'injure des temps, il est certain qu'aucun n'est parvenu jusqu'à nous ; et d'ailleurs on ne voit point que les anciens les aient cités, considération qui doit faire incliner pour le premier sentiment.

Mais si les principes de cette science sont inconnus, les opérations ne le sont pas. Les haruspices considéraient premièrement la victime, lorsqu'on l'approchait de l'autel, et la rejetaient, si elle avait quelque tache ou souillure légale. Lorsqu'elle était immolée, ils examinaient l'état et la disposition du foie, du cœur, des reins, de la rate, de la langue. Ils observaient soigneusement s'il n'y paraissait point quelque flétrissure, ou autre symptôme défavorable. Enfin ils regardaient de quelle manière la flamme environnait la victime et la brulait, quelle était l'odeur et la fumée de l'encens, et comment s'achevait le sacrifice ; ils concluaient de-là pour le bonheur ou le malheur des entreprises.

Nous ajouterons ce que dit sur cette matière M. Pluche, hist. du ciel, tome I. page 443. " La bienséance, dit-il, avait dès les premiers temps introduit l'usage de ne présenter au Seigneur dans l'assemblée des peuples que des victimes grasses et bien choisies ; on en examinait avec soin les défauts, pour préférer les plus parfaites. Ces attentions qu'un cérémonial outré avait fait dégénérer en minuties, parurent des pratiques importantes, et expressément commandées par les dieux.... Quand on se fut mis en tête qu'il ne fallait rien attendre d'eux, si la victime n'était pas parfaite, le choix et les précautions furent portées en ce point jusqu'à l'extravagance. Il fallait à telle divinité des victimes blanches ; il en fallait de noires à une autre : une troisième affectionnait les bêtes rousses :

Nigram hyemi pecudem, zephiris felicibus albam.

Chaque victime passait par un examen rigoureux ; et telle qui devant être blanche se serait trouvée avoir quelques poils noirs, était privée de l'honneur d'être égorgée à l'autel. La difficulté de trouver des bêtes ou exactement blanches ou exactement noires, ne laissait pas de faire naître quelque embarras en bien des rencontres, surtout quand c'était de grandes victimes. Mais on s'en tirait par un expédient qui était de noircir les poils blancs dans les noires, et de frotter de craie tout ce qui se trouvait rembruni dans les genisses blanches, bos cretatus.

Après avoir immolé les victimes les mieux choisies, on ne se croyait cependant pas encore suffisamment acquitté. On en visitait les entrailles en les tirant pour faire cuire les chairs : et s'il s'y trouvait encore quelques parties ou vicieuses ou flétries, ou malades, on croyait n'avoir rien fait. Mais quand tout était sain, et que les dedans comme les dehors étaient sans défaut, on croyait les dieux contens et tous les devoirs remplis, parce qu'il ne manquait rien au cérémonial. Avec ces assurances d'avoir mis les dieux dans ses intérêts, on allait au combat, on faisait tout avec une entière confiance de réussir.

Cette intégrité et cet accord parfait des dedans et des dehors des victimes étant le moyen sur de connaître si les dieux étaient satisfaits, on en fit comme des augures, la grande affaire des ministres de la religion : les rubricaires idiots mirent toute la perfection dans la connaissance des règles qui fixaient le choix et l'examen universel des victimes. Leur grand principe fut que l'état parfait ou défectueux de l'extérieur et des entrailles, était la marque d'un consentement de la part des dieux, ou d'une opposition formelle. En conséquence, tout devint matière à observation ; tout leur parut significatif et important dans les victimes prêtes à être immolées. Tous les mouvements d'un bœuf qu'on conduisait à l'autel, devinrent autant de prophéties. S'avançait-il d'un air tranquille, en ligne droite et sans faire de résistance, c'était le pronostic d'une réussite aisée et sans traverse. Son indocilité, ses détours, sa manière de tomber ou de se débattre, donnaient lieu à autant d'interprétations favorables ou fâcheuses. Ils faisaient valoir le tout tant bien que mal, par des ressemblances frivoles et par de pures pointilleries ".

On ne peut sans-doute expliquer avec plus d'élégance et de clarté que fait cet auteur, ce qu'on pourrait appeler l'histoire des principes de l'haruspicine ; mais de nous développer ces principes en eux-mêmes, et quelle relation les haruspices mettaient entre tel et tel signe et tel ou tel événement, c'est ce que nous eussions souhaité faire ; mais ni les Anciens ni les Modernes, ne nous ont donné aucune lumière à cet égard. (G)




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