SAUVEUR

SAUVEUR, (Critique sacrée) en grec, en latin salvator ; celui qui sauve la vie, ou qui délivre de quelques grands maux ; c'est en ce sens que Joseph est appelé le sauveur du monde, pour avoir garanti l'Egypte de la famine en faisant à propos de grands amas de grains dans les greniers du roi. Gen. lxj. 45. L'Ecriture donne aussi ce nom à ceux qui ont tiré les Israèlites d'entre les mains de leurs ennemis. II. Esd. iv. 27. Ainsi Josué, David, les Juges, Salomon, Josias, Mathatias ont reçu des Juifs le nom de sauveur. C'est à Jesus-Christ seul que ce beau titre appartient par excellence. (D.J.)

SAUVEUR, (Numismatique) ou ; on voit les dieux sauveurs dans les médailles. Il est fait mention dans Sophocle des sacrifices qu'on célébrait tous les mois à Argos aux dieux sauveurs ; mais l'épithète de soter et de sotera est donnée pareillement à des déesses, Cybele, Vénus, Diane, Cérès, Proserpine, Thémis, la Fortune et autres qui portent chacune le nom de déesse salutaire.

Le même titre est accordé, à leur exemple, à des reines, comme à Bérénice, Cléopatre ; et à des impératrices, comme à Faustine. Il y a d'elle un beau médaillon du cabinet du roi de France, représentant Cybele dans un temple de lions ; aux deux côtés de son siege est Atis debout devant un pin, et pour inscription on lit, Matri deum salutari.

Pareillement le nom de dieu sauveur ne se donnait pas seulement au grand dieu Jupiter, Jovis soteri, et à d'autres divinités de l'un et l'autre sexe, mais à des rois et à des reines de Syrie, d'Egypte, etc. ainsi que d'anciens monuments, et particulièrement des médailles le justifient. De plus la flatterie des peuples communiqua le même titre de soter ou de sauveur, à des empereurs vivants, même à ceux d'entr'eux les plus indignes d'un tel honneur. Il y a une médaille portant d'un côté la tête de Néron, et de l'autre une inscription grecque au milieu d'une couronne de laurier. Cette inscription dit, au sauveur du monde ; au-dessous est une demi-lune : mais consultez sur ce sujet M. Spanheim, vous y trouverez beaucoup de particularités curieuses.

Le même titre de fut donné par les Grecs à l'empereur Hadrien, comme il parait par les inscriptions ; cependant ce titre tout fastueux qu'il était, cessa presque d'être une distinction par le fréquent usage qu'on en avait fait. On sait que Ptolomée I. roi d'Egypte, Antiochus I. Démétrius I. et Démétrius III. rois de Syrie, l'avaient pris sur leurs médailles, et qu'on l'avait accordé à plusieurs autres rois grecs qui ne firent aucun effort pour le mériter. Enfin dans ce genre de flatterie, les Grecs et les Romains n'avaient rien à se reprocher. (D.J.)

SAUVEUR, ordre de saint, (Théologie) est le nom d'un ordre de religieuses, fondé par sainte Brigite, environ l'an 1344, et ainsi appelé parce que la commune opinion était que dans des révélations faites à cette sainte, Jesus-Christ lui-même lui en avait donné la règle et les institutions ; on les appelle aussi brigitines ou bridgetines, du nom de leur fondatrice. Voici ce qu'on raconte de leur origine. Guelphe, prince de Bavière, mari de sainte Brigite, étant mort à Arras à son retour de Galice, sa veuve touchée d'un mouvement de dévotion résolut d'entrer dans un monastère, et pour cela fonda celui de saint Sauveur à Western, dans le diocèse de Linkoping en Suède, où elle a son tombeau.

Par les constitutions de cet ordre, les religieuses sont particulièrement consacrées au service de la Vierge, et les religieux chargés d'assister spirituellement les malades, et d'administrer les sacrements, en cas de nécessité.

Le nombre des religieuses dans chaque couvent est fixé à soixante, et celui des moines à treize comme les apôtres, en supposant que saint Paul est le treizième. Un d'entr'eux était prêtre, quatre diacres, pour représenter les quatre docteurs de l'Eglise, et les huit autres convers ; mais ils ne devaient être en tout que soixante et douze, pour figurer les soixante et douze disciples de Jesus-Christ. Si l'on en excepte ces circonstances et la forme de leur habit, ils suivent dans tout le reste la règle de saint Augustin. Cet ordre fut approuvé par Urbain V. et par ses successeurs ; et en 1603 Clément VIII. y fit quelques changements en faveur de deux monastères qui commençaient alors à s'établir en Flandre.

SAUVEUR, saint, congrégation de chanoines en Italie, qui portent le nom de scopetini, et qui furent fondés en 1408 par le bienheureux Etienne, religieux de l'ordre de saint Augustin. Leur premier établissement se fit dans l'église de saint Sauveur près de Sienne, et c'est de-là qu'ils ont tiré le nom qu'on leur donne ; celui de scopetini vient de l'église de saint Donat de Scopete qu'ils obtinrent à Florence, sous le pontificat de Martin V. Moréri, Dict. t. V. lettre S, pag. 458.

SAUVEUR DE MONTEZAT, saint, (Ordre milit.) Mariana, liv. XV. ch. XVIe dit que cet ordre militaire a été institué par Alphonse, roi d'Aragon dans le royaume de Valence l'an 1317, que les biens des templiers furent donnés aux chevaliers, lesquels furent unis à l'ordre de Calatrava ; mais en sorte néanmoins qu'ils auraient leur grand-maître particulier, et qu'ils porteraient une croix rouge sur un manteau blanc. Dom Joseph Michieli, l'abbé Justiniani, et le père Helyot, ont parlé les uns et les autres diversement et fort peu exactement de cet ordre. (D.J.)

SAUVEURS, en termes de Commerce de mer, signifie ceux qui ont sauvé ou pêché des marchandises perdues en mer, soit par le naufrage, soit par le jet arrivé pendant la tempête, et auxquels les ordonnances de la marine de France attribuent le tiers des effets sauvés. Diction. de comm.