S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) sectateurs de Calvin, auxquels on donne encore les noms de Protestants, de Prétendus-Réformés, de Sacramentaires, d'Huguenots. Voyez tous ces mots chacun sous leur titre.

Calvin leur chef commença à dogmatiser en 1533, se retira à Geneve en 1536, d'où il fut chassé deux ans après ; mais il y revint et s'y fixa en 1541. Ses erreurs s'étant insensiblement répandues en France, malgré la sévérité des rois François I. et Henri II. les Calvinistes y formèrent sous le règne des trois derniers Valais un parti formidable à l'Eglise et à l'état. Après bien des révoltes et des amnisties, des combats et des défaites, où, comme dans toutes guerres de religion, les deux partis exercèrent des cruautés inouies, les Calvinistes obtinrent d'Henri IV. qui leur avait été attaché avant sa conversion, le libre exercice de leur religion. Ils excitèrent encore des troubles sous le règne de Louis XIII. et furent chassés du royaume sous celui de Louis-le-Grand.

Les Calvinistes ont emprunté une partie de leurs erreurs des hérétiques qui les avaient précédés, et y en ont ajouté de nouvelles. Les plus célèbres protestants conviennent que Calvin a pris pour le fonds de sa doctrine celle des Vaudais, particulièrement en ce qui regarde le S. Sacrement, la Messe, le purgatoire, l'invocation des saints, la hiérarchie de l'Eglise et ses cérémonies. A l'égard des autres points qui sont plus théologiques, il a presque tout pris de Luther ; comme les articles de sa doctrine qui concernent le libre arbitre, qu'il détruit ; la grâce, qui, selon lui, a toujours son effet, et entraîne le consentement de la volonté par une nécessité absolue ; la justification par la foi seule ; la justice de Jesus-Christ qui nous est imputée ; les bonnes œuvres sans aucun mérite devant Dieu ; les sacrements qu'il réduit à deux, et auxquels il ôte la vertu de conférer la grâce ; l'impossibilité d'accomplir les commandements de Dieu ; l'inutilité et la nullité des vœux, à la réserve de ceux du Baptême ; et autres semblables erreurs qu'il a tirées des écrits de Luther, et semées dans son livre de l'institution. Les opinions que Calvin y a ajoutées du sien, sont, que la foi est toujours mêlée de doute et d'incrédulité ; que la foi et la grâce sont inamissibles ; que le Père éternel n'engendre pas continuellement son Fils ; que Jesus-Christ n'a rien mérité à l'égard du jugement de Dieu ; que Dieu a créé la plupart des hommes pour les damner, parce qu'il lui plait ainsi, et antécédemment à toute prévision de leurs crimes. Quant à l'Eucharistie, Calvin assure que Jesus-Christ nous donne réellement son sacré corps dans la sainte cène ; mais il ajoute que c'est par la foi, et en nous communiquant son esprit et sa vie, quoique sa chair n'entre pas dans nous. Telle est l'idée qu'on peut se former des sentiments des Calvinistes d'après leurs livres, leurs catéchismes, leur discipline ecclésiastique, et les quarante articles de la profession de foi qu'ils présentèrent au roi de France.

Leurs disputes dans ces derniers temps avec les Catholiques sur l'autorité, la visibilité de l'Eglise et ses autres caractères, les ont jetés dans des opinions ou fausses ou absurdes, ou dans des contradictions dont les controversistes catholiques ont bien su tirer avantage pour les convaincre de schisme. Voyez l'histoire des variations de M. Bossuet, liv. XV. et ses instructions sur l'Eglise contre le ministre Jurieu. Voyez aussi les ouvrages de M. Nicole, intitulés de l'unité de l'Eglise, et les Prétendus-Réformés convaincus de schisme. (G)