S. m. (Histoire ecclésiastique) nom qu'on a donné à certains hérétiques qui enseignaient, qu'on devait toujours célébrer la Pâque le quatorzième de la lune de Mars, quelque jour de la semaine qu'il arrivât, comme faisaient les juifs ; au lieu que le plus grand nombre des églises la célébrait le dimanche qui suivait le quatorzième jour de cette lune.

Les Asiatiques étaient extrêmement attachés à la première de ces opinions, et ils la fondaient sur l'autorité de S. Jean qu'ils reconnaissaient pour leur apôtre. Le pape Victor voulut les obliger de changer cette coutume, et de suivre la pratique de l'église de Rome. Il alla même jusqu'à les menacer de les excommunier pour ce sujet ; quelques-uns prétendent qu'il les excommunia en effet : mais le sentiment le plus suivi, est qu'il s'en tint à la menace ; car Polycrate, évêque d'Ephèse, écrivit au pape Victor et au clergé de Rome une longue lettre, dans laquelle il soutient fortement la tradition des églises d'Asie, depuis l'apôtre S. Jean, et les évêques des Gaules, entr'autres S. Irenée, le dissuadèrent de troubler la paix de l'église, en excommuniant des peuples qui n'avaient commis d'autre crime, que de demeurer inviolablement attachés à la tradition de leurs ancêtres.

Mais le premier concîle général de Nicée fit un règlement, par lequel il obligea toutes les églises de célebrer la Pâque le jour du dimanche d'après le quatorze de la lune, et Constantin fit publier ce decret dans tout l'empire. Quelques églises et quelques évêques ayant refusé de s'y conformer, on les traita comme rébelles et comme schismatiques, en leur donnant le nom de Tessaradecatites ou de quarto-decimants ; et en effet, ce n'est proprement qu'à ces derniers qu'il convient, en qualité de sectaires : l'église n'ayant encore rien décidé sur cet article du temps de la dispute des églises d'Asie avec le pape Victor. Voyez PAQUES.