S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) ou NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL, ordre religieux qui tire son nom du Carmel, montagne de Syrie, autrefois habitée par les prophetes Elie et Elisée, et par les enfants des prophetes, desquels quelques auteurs peu intelligens ont prétendu que les Carmes descendaient par une succession non interrompue ; l'un d'entr'eux l'a même soutenu dans des thèses singulières imprimées à Besiers, et qu'on trouve dans les nouvelles de la république des lettres de Bayle.

D'autres, avec aussi peu de vraisemblance, leur donnent Jesus-Christ pour fondateur immédiat : quelques-uns ont imaginé que Pythagore avait été Carme, et cela naturellement, et sans le secours de la métempsycose ; et d'autres, que nos anciens druides des Gaules étaient une branche ou un rejeton de cet ordre. Phocas, moine grec, qui vivait en 1185, dit que de son temps on voyait encore sur le Carmel la caverne d'Elie, auprès de laquelle étaient des restes d'un bâtiment qui paraissait avoir été un monastère ; que depuis quelques années un vieux moine, prêtre de Calabre, s'était établi en ce lieu, en conséquence d'une révélation du prophète Elie ; et qu'il y avait assemblé dix frères. Albert, patriarche de Jérusalem, donna en 1209 à ces solitaires une règle qui fut approuvée deux ans après par le pape Honoré III. et que le père Papebrock a fait imprimer. En 1238, le roi S. Louis revenant de la Terre-Sainte, emmena avec lui quelques-uns de ces religieux, et les établit en France où ils ont sept provinces. Cet ordre qui est un des quatre mendiants agrégés à l'université de Paris, s'est rendu célèbre par les évêques, les prédicateurs, et les écrivains qu'il a donnés à l'Eglise. L'habit des Carmes est une robe noire, avec un scapulaire et un capuce de même couleur, et par dessus une ample chape et un camail de couleur blanche. Il n'était pas autrefois de même. Voyez BARRES. L'ordre des Carmes se divise en deux branches ; ceux de l'ancienne observance, qu'on appelle mitigés, parce que l'austérité de leur régle fut adoucie par Innocent IV. et par Eugène IV. et qui n'ont qu'un général auquel obéissent quarante provinces, et la congrégation de Mantoue qui a un vicaire général ; et l'étroite observance qui a deux généraux, l'un en Espagne, qui a huit provinces de son obéissance, et l'autre en Italie, qui a douze provinces en différentes parties de l'Europe.

CARMES DECHAUSSES ou DECHAUX, ainsi appelés parce qu'ils vont nud-piés ; c'est une congrégation religieuse établie dans le XVIe siècle par sainte Thérese ; cette sainte la remit dans sa première austérité vers l'an 1562. Elle commença par établir sa réforme dans les couvens de filles, et la porta ensuite dans ceux des hommes, aidée dans ce dessein par le père Antoine de Jesus, et le père Jean de la Croix, religieux Carmes. Pie V. l'approuva, et cette réforme fut confirmée par Grégoire XIII. en 1580. Il y a deux congrégations de Carmes déchaussés, dont chacune a son général et ses constitutions particulières : l'une est la congrégation d'Espagne, divisée en six provinces ; l'autre est la congrégation d'Italie, qui comprend tout ce qui ne dépend pas de l'Espagne. Ils ont quarante-quatre ou quarante-cinq couvents en France, où ils sont établis depuis 1605. (G)