Imprimer
Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Histoire ecclésiastique
S. f. (Histoire ecclésiastique) bible disposée en six colonnes, qui contient le texte et les différentes versions qui en ont été faites, recueillies et publiées par Origène ; voyez BIBLE. Ce mot est formé d', six, et , j'explique, je débrouille.

Eusebe (hist. eccles. lib. VI. cap. xvj.) rapporte qu'Origène étant de retour d'un voyage qu'il fit à Rome sous Caracalla, s'appliqua à l'étude de l'Hébreu, et commença à ramasser les différentes versions des livres sacrés, et à en composer des tétraples et des hexaples. Il y a cependant des auteurs qui prétendent qu'il ne commença cet ouvrage que sous Alexandre, après qu'il se fut retiré de la Palestine en 231. Voyez TETRAPLES.

Pour comprendre ce que c'était que les hexaples d'Origène, il faut savoir qu'outre la traduction des livres sacrés appelée la version des Septante, et faite sous Ptolomée Philadelphe, plus de 200 ans avant J. C. l'Ecriture avait encore depuis été traduite en grec par d'autres interpretes. La première de ces versions, ou la seconde en comptant celle des septante, était celle d'Aquila, qui la fit vers l'an 140. La troisième était celle de Symmaque, qui parut à ce que l'on croit sous Marc Aurele. La quatrième était celle que Théodotion donna sous Commode. La cinquième fut trouvée à Jéricho, la septième année de l'empire de Caracalla, 217 de J. C. La sixième fut découverte à Nicopolis sur le cap d'Actium en Epire, vers l'an 228. Origène en trouva une septième, qui ne comprenait que les pseaumes.

Origène, qui avait eu souvent à disputer avec les Juifs en Egypte et en Palestine, remarquant qu'ils s'inscrivaient en faux contre les passages de l'Ecriture qu'on leur citait des Septante, et qu'ils en appelaient toujours à l'hébreu ; pour défendre plus aisément ces passages, et mieux confondre les Juifs, en leur faisant voir que les Septante n'étaient point contraires à l'hébreu, ou du moins pour montrer par ces différentes versions ce que signifiait l'hébreu, il entreprit de réduire toutes ces versions en un seul corps avec le texte hébreu, afin qu'on put aisément et d'un coup d'oeil confronter ces versions et le texte.

Pour cet effet, il mit en huit colonnes d'abord le texte hébreu en caractères hébreux, puis le même texte en caractères grecs, et ensuite les versions dont nous avons parlé. Tout cela se répondait verset par verset, ou phrase par phrase, vis-à-vis l'une de l'autre, chacune dans sa colonne. Dans les pseaumes, il y avait une neuvième colonne pour la septième version. Origène appela cet ouvrage hexaple, , c'est-à-dire, sextuple, ou ouvrage à six colonnes, parce qu'il n'avait égard qu'aux six premières versions grecques.

S. Epiphane, qui comptait les deux colonnes du texte, a appelé cet ouvrage octaple, à cause de ses huit colonnes. Voyez OCTAPLE.

Ce fameux ouvrage a péri il y a longtemps ; mais quelques anciens auteurs nous en ont conservé des morceaux, surtout S. Chrysostome sur les pseaumes, Philoponus dans son hexameron. Quelques modernes en ont aussi ramassé les fragments, entr'autres Drusius et le P. Montfaucon.

Cependant comme cette collection d'Origène était si considérable que peu de personnes étaient en état de se procurer un ouvrage si cher dans un temps où l'on ne connaissait encore que les manuscrits, Origène lui-même l'abréga ; et pour cet effet il publia la version des Septante, à laquelle il ajouta des suppléments pris de celle de Théodotion dans les endroits où les Septante n'avaient point rendu le texte hébreu, et ces suppléments étaient désignés par une astérisque ou étoile. Il ajouta de plus une marque particulière en forme d'obélisque ou de broche aux endroits où les Septante avaient quelque chose qui n'était point dans l'original hébreu ; et ces notes ou signes qui étaient alors en usage chez les grammairiens, faisaient connaître du premier coup d'oeil ce qui était de plus ou de moins dans les Septante que dans l'Hébreu, et par-là les Chrétiens pouvaient prévoir les objections des Juifs tirées de l'Ecriture ; mais dans la suite les copistes négligèrent les astérisques et les obélisques, ce qui fait que nous n'avons plus la version des Septante dans sa pureté. Voyez SEPTANTE et VERSION. Simon, hist. critiq. du vieux testam. Dupin, biblioth. des auteurs eccl. Fleury, hist. eccles. tom. II. liv. VI. n°. 11. p. 138. et suiv. (G)




Affichages : 1516