S. f. (Théologie) En général, c'est l'acte de révéler, ou de rendre publique une chose qui auparavant était secrète et inconnue.

Ce mot vient du latin revelo, formé de re et de velum, voile, comme qui dirait tirer le voîle ou le rideau qui cachait une chose, pour la manifester et l'exposer aux yeux.

On se sert particulièrement de ce mot révélation, pour exprimer les choses que Dieu a découvertes à ses envoyés et à ses prophetes, et que ceux-ci ont révélées au monde. Voyez PROPHETIE.

On l'emploie encore dans un sens plus particulier pour signifier les choses que Dieu a manifestées au monde par la bouche de ses prophetes, sur certains points de spéculation et de Morale, que la raison naturelle n'enseigne pas, ou qu'elle n'aurait pu découvrir par ses propres forces ; et c'est en ce sens que la révélation est l'objet et le fondement de la foi. Voyez FOI.

La religion se divise en religion naturelle, et religion révélée. Voyez RELIGION.

La révélation considérée par rapport à la véritable religion, se divise en révélation juive, et révélation chrétienne. La révélation juive a été faite à Moïse, aux prophêtes, et aux autres écrivains sacrés dans l'ancien Testament. La révélation chrétienne a été faite par J. C. et à ses apôtres dans le nouveau. Voyez TESTAMENT.

Un auteur moderne a cru proposer une difficulté solide, en remarquant que les révélations sont toujours fondées sur des révélations antérieures. Ainsi, dit-il, la mission de Moïse suppose une première révélation faite à Abraham ; la mission de J. C. suppose celle de Moïse ; la prétendue mission de Mahomet suppose celle de J. C. la mission de Zoroastre aux Perses, suppose la religion des mages, etc. Mais outre que cette dernière allégation est une pure ignorance, puisque Zoroastre passe constamment pour l'instituteur de la religion des mages, et qu'on ne peut sans impiété, faire un parallèle de deux imposteurs tels que Zoroastre et Mahomet, avec deux législateurs aussi divins que Moïse et J. C. on ne voit pas pourquoi la mission de J. C. ne supposerait pas celle de Moïse, ou pourquoi celle-ci ne supposerait pas une révélation faite à Abraham. Y a-t-il de l'absurdité à ce que Dieu manifeste par degrés aux hommes les vérités qu'il leur juge nécessaires ? Est-il indigne de sa sagesse et de sa bonté qu'il leur fasse des promesses dans un temps, et qu'il se réserve d'autres moments pour les accomplir ?

Toute révélation généralement est fondée sur ce que Dieu veut que l'homme connaisse ce qui le concerne plus particulièrement, comme la nature de Dieu et ses mystères, la dispensation de ses grâces, etc. objets aux quels les facultés naturelles qu'il a plu à Dieu de donner à l'homme, ne peuvent atteindre par leurs propres forces ; elle a aussi pour but d'exiger de la part de l'homme, un culte plus particulier que celui qu'il rend à Dieu à titre de créateur et de conservateur, et de lui prescrire les lois et les cérémonies de ce culte, afin qu'il soit agréable aux yeux de la divinité.

Les révélations particulières ont leur dessein et leur but caractéristique. Ainsi celles de Moïse et des prophêtes de l'ancienne loi, regardaient particulièrement les Israèlites, considérés comme descendants d'Abraham. Le dessein de ces révélations semble avoir été de retirer ce peuple de son esclavage ; de lui donner un nouveau pays, de nouvelles lais, de nouvelles coutumes ; de fixer son culte ; de lui faire affronter hardiment toutes sortes de dangers, et braver tous ses ennemis, en lui imprimant fortement dans l'esprit qu'il était protégé et gouverné directement par la divinité même ; de l'empêcher de se mêler par des alliances avec les peuples voisins, sur l'opinion qu'il était un peuple saint, privilégié, chéri de Dieu, et que le Messie devait naître au milieu de lui ; enfin, de lui laisser une idée de rétablissement, au cas qu'il vint à être opprimé, par l'attente d'un libérateur. C'est à quelques-unes de ces fins que toutes les prophéties de l'ancien Testament semblent tendre. Mais ajoutons qu'elles eussent été insuffisantes pour captiver un peuple aussi opiniâtre que les Hébreux, si ces révélations n'eussent été soutenues par des caractères véritablement divins, le miracle et la prophétie.

La révélation chrétienne est fondée sur une partie de celle des Juifs. Le Messie est prédit et promis chez ces derniers ; il est manifesté et accordé chez les Chrétiens. Tout le reste des révélations qui regardent directement le peuple juif n'a plus lieu dans la loi nouvelle, à l'exception de ce qui concerne la Morale. Nous ne nous servons d'ailleurs que de la partie de cette ancienne révélation qui regarde le monde en général, et dans laquelle il est parlé de la venue du Messie.

Les Juifs s'attribuaient directement l'accomplissement de cette partie de leur révélation, pensant en être plus particulièrement les objets que le reste du monde ; que c'était à eux exclusivement que le Messie était promis ; qu'il devait être leur libérateur et le restaurateur de leur nation. Mais une nouvelle révélation est substituée à l'ancienne, tout change de face ; cette partie de l'ancienne était, comme il est démontré, toute allégorique et toute symbolique ; les prophéties qui y avaient rapport ne devaient point être prises à la lettre. Elles présentaient un sens charnel et grossier ; elles en cachaient un autre spirituel et sublime. Le Messie ne devait pas être le restaurateur de la liberté et de la puissance temporelle des Juifs, qui étaient alors sous la domination des Romains ; mais il devait rétablir et délivrer le monde qui avait perdu toute justice, et s'était rendu l'esclave du péché. Il devait prêcher la pénitence et la rémission des crimes ; et à la fin souffrir la mort, afin que tous ceux qui croiraient en lui fussent délivrés de l'esclavage de la mort et du péché, et qu'ils obtinssent la vie éternelle qu'il était venu leur acquérir par son sang.

Telle a été la teneur et le dessein de la révélation chrétienne, dont l'événement a été si différent et si éloigné de celui que se figurait le peuple auquel le Messie avait été promis en premier lieu ; en sorte qu'au lieu de rétablir et de confirmer les autres branches de leur révélation, elle les a au contraire détruites et renversées. L'avantage d'être enfant d'Abraham a cessé d'en être un particulier et propre aux Juifs ; tous les peuples de l'univers, sans distinction de juif ni de gentil, de grec ni de barbare, ayant été invités à jouir du même privilège. Et les Juifs refusant de reconnaître le Messie qui leur avait été promis, comme incapables de voir que toutes les prophéties se trouvaient accomplies en lui, et que ces prophéties n'avaient qu'un sens allégorique et représentatif, ont été exclus des avantages de cette mission qui les regardait particulièrement ; et leur destruction totale est venue de la même cause d'où ils attendaient leur rédemption. Mais ce qu'ils ne sauraient se dissimuler, c'est que cette opiniâtreté même à rejeter le Messie, et cet aveuglement de leur part à n'interprêter les prophéties qui le concernent, que dans un sens littéral et charnel, et enfin leur ruine et leur dispersion ont été prédites. L'accomplissement de ces trois points devrait leur ouvrir les yeux sur le reste. C'est une preuve subsistante de la religion, et de la vérité de la révélation, attestée d'ailleurs suffisamment dans la loi nouvelle, comme dans l'ancienne, par les miracles et les prophéties de J. C. et de ses apôtres.

Ce double tableau suffit pour sentir l'utilité et la nécessité de la révélation, et pour voir d'un même coup-d'oeil l'enchainement qui règne entre la révélation qui fait le fondement de la loi de Moïse, et celle qui sert de base à la religion de J. C.

Un auteur moderne qui a écrit sur la religion, définit la révélation, la connaissance de quelque doctrine que Dieu donne immédiatement, et par lui-même, à quelques-unes de ses créatures, pour la communiquer aux autres de sa part, et pour les en instruire.

Il ajoute que le terme de révélation pris à la rigueur, suppose dans celui qui la reçoit une ignorance absolue de ce qui en est l'objet. Mais que dans un sens moins restreint et plus étendu, il signifie la manifestation d'un point de doctrine, soit qu'on l'ignore, soit qu'on le connaisse parfaitement, soit qu'il soit simplement obscurci par les passions des hommes. Si la révélation a pour objet un point entièrement inconnu, elle retient le nom de révélation ; si au contraire elle a pour objet un point connu ou obscurci, elle prend celui d'inspiration. Voyez INSPIRATION.

Après avoir démontré la nécessité de la révélation, par des raisons que nous avons rapportées en substance, et que le lecteur peut voir sous le mot RELIGION, il trace ainsi les caractères que doit avoir la révélation, pour qu'on puisse en reconnaître la divinité. Nous ne donnerons ici que le précis de ce qu'il traite et prouve d'une manière fort étendue.

Toute révélation, dit-il, peut être considérée sous trois différents rapports, ou en elle-même et dans son objet, ou dans sa promulgation, ou dans ceux qui la publient et qui en instruisent les autres.

1°. Pour qu'une révélation, considérée en elle-même et dans son objet, soit marquée au sceau de la divinité il faut, 1°. que ce qu'elle enseigne ne soit point opposé aux notions claires et évidentes de la lumière naturelle. Dieu est la source de la raison aussi-bien que de la révélation. Il est par conséquent impossible que la révélation propose comme vrai, ce que la raison démontre être faux. 2°. Une révélation vraiment divine, ne peut être contraire à elle-même. Il est absolument impossible qu'elle enseigne comme vérité dans un endroit, ce qu'elle produit comme un mensonge dans un autre. Dieu qu'on en suppose être l'auteur et le principe, ne peut jamais se démentir. 3°. Une vraie révélation doit perfectionner les connaissances de la lumière naturelle, sur tout ce qui regarde les vérités de la religion, et leur donner une consistance inébranlable ; parce que la révélation suppose un obscurcissement, ou des erreurs dans l'esprit humain, qu'elle doit dissiper. 4°. Elle ne doit être reçue comme émanée de Dieu, qu'autant qu'elle prescrit des pratiques capables de rendre l'homme meilleur, et de le rendre maître de ses passions. Le créateur étant par sa nature incapable d'autoriser une doctrine licencieuse. 5°. Toute révélation, pour prouver la doctrine qu'elle propose à croire, doit être claire et précise. C'est par bonté et par miséricorde que Dieu se détermine à instruire, par lui-même, ses créatures des vérités qu'elles doivent croire, ou des obligations qu'elles ont à remplir. Il est donc nécessaire qu'il leur parle clairement.

2°. La révélation, envisagée dans sa promulgation, pour être reçue comme divine doit être accompagnée de trois caractères. 1°. Il est nécessaire que la promulgation en soit publique et solennelle, parce que personne n'est tenu de se soumettre à des instructions qu'il ne connait pas. 2°. Cette promulgation doit être revêtue de marques extérieures qui fassent connaître que c'est Dieu qui parle par la bouche de celui qui se dit inspiré ; sans cela on prendrait pour des oracles divins, les discours du premier fanatique. 3°. La prophétie et les miracles faits en confirmation d'une doctrine, annoncée de la part de Dieu, sont ces marques extérieures qui doivent accompagner la promulgation de la révélation, et conséquemment en démontrer la divinité ; parce que Dieu ne confiera jamais ces marques éclatantes de sa science de l'avenir, et de son pouvoir sur toute la nature, à un imposteur pour entraîner les hommes dans le faux.

3°. Les caractères de la révélation, considérée dans ceux qui la publient et qui en instruisent les autres, peuvent être envisagés sous deux faces, comme les signes auxquels un homme peut connaître s'il est inspiré de Dieu, ou les marques auxquelles les autres peuvent reconnaître si un homme qui se dit envoyé de Dieu, est réellement revêtu de cette qualité.

Quant au premier moyen, 1°. Les merveilles opérées en confirmation de la divinité de la mission qu'on croit recevoir : 2°. des prédictions faites pour en constater la vérité, et qu'il voit s'accomplir : 3°. le pouvoir qu'il reçoit lui-même de faire des miracles, ou de prédire l'avenir, pouvoir confirmé par des effets dans l'un ou l'autre genre : 4°. l'humilité, le désintéressement, la profession de la saine doctrine ; toutes ces choses réunies sont des motifs suffisans à un homme qui les éprouve, pour se croire inspiré de Dieu.

Quant au second moyen, si le prophète a des mœurs saintes et réglées ; s'il annonce une doctrine pure ; si, pour la confirmer, il prédit l'avenir, et que ses prédictions soient vérifiées par l'événement ; s'il joint à cela le don des miracles, les autres hommes à ces traits doivent le reconnaître pour l'envoyé de Dieu, et ses paroles pour autant de révélations. Traité de la véritable religion, par M. de la Chambre, docteur de Sorbonne, tom. II. part. III. dissert. j. ch. j. IIe et IIIe p. 202. et suiv.

Le mot de révélation se prend en divers sens dans l'Ecriture. 1°. Pour la manifestation des choses que Dieu découvre aux hommes d'une manière surnaturelle, soit en songe, en vision ou en extase. C'est ainsi que S. Paul appelle les choses qui lui furent manifestées dans son ravissement au troisième ciel. II. Cor. XIIe 1. 7. 2°. Pour la manifestation de J. C. aux Gentils et aux Juifs. Luc, IIe 32. 3°. Pour la manifestation de la gloire dont Dieu comblera ses élus au jugement dernier. Rom. VIIIe 9. 4 °. Pour la déclaration de ses justes jugements, dans la conduite qu'il tient tant envers les élus, qu'envers les réprouvés. Rom. XIe 5.

REVELATION, en grec, , est le nom qu'on donne quelquefois à l'Apocalypse de S. Jean l'évangeliste. Voyez APOCALYPSE.

REVELATION, (Jurisprudence) est une déclaration qui se fait par-devant un curé ou vicaire, en conséquence d'un monitoire qui a été publié, sur des faits dont on cherchait à acquérir la preuve par la voie de ce monitoire.

Ces révélations n'étant point précédées de la prestation du serment, elles ne forment point une preuve juridique, jusqu'à ce que les témoins aient été répétés devant le juge dans la forme ordinaire de l'information ; jusqu'à ce moment elles ne sont regardées que comme de simples mémoires, auxquels les témoins peuvent augmenter ou retrancher.

Tous ceux qui ont connaissance du fait pour lequel le monitoire est obtenu, ne peuvent se dispenser de venir à révélation sans encourir la peine de l'excommunication ; les impuberes même, les ecclésiastiques, les religieux, et toutes personnes en général y sont obligées.

Il faut cependant excepter celui contre lequel le monitoire est publié, ses conseils, tels que les avocats, confesseurs, médiateurs, ses parents ou alliés jusqu'au quatrième degré inclusivement. Voyez l'ordonnance de 1670, tit. 7. et le mot MONITOIRE. (A)