S. m. (Théologie) c'est le lieu ou l'édifice dans lequel on conserve l'eau pour baptiser. voyez BAPTEME.

Les premiers Chrétiens, suivant S. Justin martyr et Tertullien, n'avaient d'autres baptistères que les fontaines, les rivières, les lacs, ou la mer, qui se trouvaient plus à portée de leur habitation : et comme souvent la persécution ne leur permettait pas de baptiser en plein jour, ils y allaient de nuit, ou donnaient le baptême dans leurs maisons.

Dès que la religion Chrétienne fut devenue celle des empereurs, outre les églises, on bâtit des édifices particuliers uniquement destinés à l'administration du baptême, et que par cette raison on nomma baptistères.

Quelques auteurs ont prétendu que ces baptistères étaient anciennement placés dans le vestibule intérieur des églises, comme le sont aujourd'hui nos fonts baptismaux. C'est une erreur. Les baptistères étaient des édifices entièrement séparés des basiliques, et placés à quelque distance des murs extérieurs de celles-ci. Les témoignages de S. Paulin, de S. Cyrille de Jérusalem, de S. Augustin, etc. ne permettent pas d'en douter.

Ces baptistères ainsi séparés ont subsisté jusqu'à la fin du VIe siècle, quoique dès-lors on en voie déjà quelques-uns placés dans le vestibule intérieur de l'eglise, tel que celui où Clovis reçu le baptême des mains de saint Remi. Cet usage est ensuite devenu général, si l'on en excepte un petit nombre d'églises qui ont retenu l'ancien, comme celle de Florence, et toutes les villes épiscopales de Toscane, la métropole de Ravenne, et l'église de saint Jean de Latran à Rome.

Ces édifices pour la plupart étaient d'une grandeur considérable, eu égard à la discipline des premiers siècles, le baptême ne se donnant alors que par immersion, et (hors le cas de nécessité) seulement aux deux fêtes les plus solennelles de l'année, pâque et la pentecôte. Le concours prodigieux de ceux qui se présentaient au baptême, la bienséance qui demandait que les hommes fussent baptisés séparément des femmes, demandaient un emplacement d'autant plus vaste, qu'il fallait encore y ménager des autels où les néophytes reçussent la confirmation et l'eucharistie immédiatement après leur baptême. Aussi le baptistère de l'église de sainte Sophie à Constantinople était-il si spacieux, qu'il servit d'asîle à l'empereur Basilisque, et de salle d'assemblée à un concîle fort nombreux.

Les baptistères avaient plusieurs noms différents, tels que ceux de piscine, lieu d'illumination, etc. tous rélatifs aux différentes grâces qu'on y recevait par le sacrement.

On trouve peu de choses dans les anciens auteurs sur la forme et les ornements des baptistères, ou du moins ce qu'on y en lit est fort incertain. Voici ce qu'en dit M. Fleuri sur la foi d'Anastase, de Grégoire de Tours, et de Durand, dans ses notes sur le pontifical attribué au pape Damase. " Le baptistère était d'ordinaire bâti en rond, ayant un enfoncement où l'on descendait par quelques marches pour entrer dans l'eau ; car c'était proprement un bain. Depuis on se contenta d'une grande cuve de marbre ou de porphyre comme une baignoire, et enfin on se réduisit à un bassin, comme sont aujourd'hui les fonts. Le baptistère était orné de peintures convenables à ce sacrement, et meublé de plusieurs vases d'or et d'argent pour garder les saintes huiles et pour verser l'eau. Ceux-ci étaient souvent en forme d'agneaux ou de cerfs, pour représenter l'agneau dont le sang nous lave, et pour marquer le désir des âmes qui cherchent Dieu, comme un cerf altéré cherche une fontaine, suivant l'expression du pseaume 41. On y voyait l'image de saint Jean-Baptiste et une colombe d'or ou d'argent suspendue, pour mieux représenter toute l'histoire du baptême de Jésus-Christ, et la vertu du S. Esprit qui descend sur l'eau baptismale. Quelques-uns même disaient le jourdain, pour dire les fonts ". Mœurs des Chrétiens, tit. xxxvj. Ce qu'ajoute Durand, que les riches ornements dont l'empereur Constantin avait décoré le baptistère de l'église de Rome, étaient comme un mémorial de la grâce qu'il avait reçue par les mains du pape saint Sylvestre, est visiblement faux, puisqu'il est aujourd'hui démontré que ce prince fut baptisé à Nicodémie peu de temps avant sa mort.

Il n'y eut d'abord des baptistères que dans les villes seules épiscopales : d'où vient qu'encore aujourd'hui le rit Ambraisien ne permet point qu'on fasse la bénédiction des fonts baptismaux les veilles de pâque et de pentecôte, ailleurs que dans l'église métropolitaine, d'où les églises paroissiales prennent l'eau qui a été bénite pour la mêler avec d'autre, depuis qu'on leur a permis d'avoir des baptistères ou fonts particuliers. Dans l'église de Meaux les curés de la ville viennent baptiser les enfants depuis le samedi saint jusqu'au samedi suivant sur les fonts de l'église cathédrale. C'est un droit attaché à chaque paraisse en titre et à quelques succursales ; mais non pas à toutes celles-ci, non plus qu'aux chapelles et aux monastères, qui, s'ils en ont, ne les possèdent que par privilège et par concession des évêques.

On confond aujourd'hui le baptistère avec les fonts baptismaux. Anciennement on distinguait exactement ces deux choses, comme le tout et la partie. Par baptistère, on entendait tout l'édifice où l'on administrait le baptême ; et les fonts n'étaient autre chose que la fontaine ou le réservoir qui contenait les eaux dont on se servait pour le baptême. Voyez FONTS. (G)