S. m. (Théologie) un des livres sacrés de l'ancien Testament, et le dernier de ceux qu'a écrit Moyse. Voyez PENTATEUQUE.

Ce mot est grec, composé de , second, et de , règle ou loi, parce qu'en effet le deutéronome contient une répétition des lois comprises dans les premiers livres de Moyse, et c'est pour cette raison que les Rabbins le nomment quelquefois misna, c'est-à-dire répétition de la loi.

Il ne parait pas que Moyse ait divisé en livres les ouvrages qu'il a écrits, ni qu'il ait donné des noms et des titres différents aux diverses parties qui les composent. Aujourd'hui même, les Juifs ne mettent point ces divisions aux livres répandus dans leurs synagogues ; ils les écrivent de suite comme on ferait un même ouvrage, sans les distinguer autrement que par grands ou petits parasches. Il est vrai que dans les autres copies dont se servent les particuliers, ils sont divisés en cinq parties, comme parmi nous, mais ils n'ont point d'autre nom que le premier mot par lequel commence chaque livre : on divisait à-peu-près comme nous faisons en citant une loi ou un chapitre du droit canon. Ainsi ils appellent la genese beresith ou bereschith, parce qu'elle commence par ce mot. Par la même raison l'exode est appelé veellesemoth ; le lévitique, vaïcra ; les nombres, vaicdabber ; et le deuteronome, elle haddebarim. Cette coutume est fort ancienne parmi les rabbins, comme il parait par les anciens commentaires faits sur ces livres, et qui sont intitulés, Bereschith, Rabba, veelle semoth Rabba ; et par l'ouvrage de S. Jérôme intitulé, Prologus galcatus, qu'on trouve à la tête de toutes les bibles. Ce furent les Septante qui donnèrent aux cinq parties du pentateuque les noms de genese, d'exode, de lévitique, des nombres, et de deutéronome, qui sont grecs (excepté celui de lévitique qui est originairement hébreu) et qui expriment en général ce qu'il y a de plus remarquable contenu dans ces livres, suivant la forme des titres que les Grecs avaient coutume de mettre à la tête de leurs ouvrages.

Le livre du deutéronome, comme nous l'avons insinué, fut ainsi nommé, parce qu'il renferme une récapitulation de la loi. Les Juifs le nomment encore le livre des reprimandes, à cause du xxviij chapitre qui contient les bénédictions promises à ceux qui accompliront fidèlement la loi, et les malédictions réservées à ceux qui oseront la transgresser.

Ce livre fut écrit la quarantième année après la sortie d'Egypte dans le pays des Moabites, au-delà du Jourdain. Expression équivoque qui a fait douter si Moyse en était véritablement l'auteur, puisqu'il est certain que Moyse n'a jamais passé ce fleuve ; mais les interpretes répondent que l'expression qu'on a traduite par ces mots au-delà est équivoque, et peut être également rendue par ceux-ci en-deçà. La description de la mort de Moyse qu'on y lit à la fin, semble former une difficulté plus considérable ; mais on croit communément que ce morceau fut ajouté par Josué ou par Esdras, dans la révision qu'il fit des livres sacrés, ou plutôt c'est le commencement du livre de Josué, comme il sera aisé de s'en apercevoir en comparant le premier verset du livre de Josué, selon la division présente, avec le dernier verset du deutéronome. La mort de Moyse n'est donc rapportée à la fin du deutéronome, que par la faute de ceux qui ont fait la division de ce livre d'avec celle du livre de Josué qui y était joint anciennement sans aucune division. Dans l'hébreu, le deutéronome contient onze parasches, quoiqu'il n'y en ait que dix dans l'édition que les rabbins en ont donnée à Venise ; celle-ci n'a que 20 chapitres, et 955 versets ; mais dans le grec, le latin, et les autres versions, le deutéronome contient 34 chapitres, et 952 versets. Mais ces différentes divisions ne font rien pour l'intégrité du livre qui a toujours été reconnu pour canonique par les Juifs et par les Chrétiens. (G)