Astronomia, sub. f. composé de ἀστὴρ, étoile, et de νόμος, règle, loi. L'Astronomie est la connaissance du ciel et des phénomènes célestes. (Voyez CIEL.) L'Astronomie est, à proprement parler, une partie des Mathématiques mixtes, qui nous apprend à connaître les corps célestes, leurs grandeurs, mouvements, distances, périodes, éclipses, etc. Voyez MATHEMATIQUES.

Il y en a qui prennent le terme Astronomie dans un sens beaucoup plus étendu : ils entendent par-là la connaissance de l'univers et des lois primitives de la nature. Selon cette acception, l'Astronomie serait plutôt une branche de la Physique, que des Mathématiques. Voyez PHYSIQUE, SYSTEME, NATURE.

Les auteurs varient sur l'invention de l'Astronomie : on l'attribue à différentes personnes ; différentes nations s'en font honneur, et on la place dans différents siècles. A s'en rapporter aux anciens historiens, il parait que des rois inventèrent et cultivèrent les premiers cette science : Belus roi d'Assyrie, Atlas roi de Mauritanie, et Uranus, qui regnait sur les peuples qui habitaient les bords de l'océan Atlantique, passent pour avoir donné aux hommes les premières notions de l'Astronomie.


Si on croit Diodore de Sicile, Uranus, père d'Atlas, forma l'année sur le cours du soleil et sur celui de la lune. Atlas inventa la sphère ; ce qui donna lieu à la fable qu'il portait le ciel sur ses épaules. Le même auteur ajoute qu'il enseigna cette science à Hercule, qui la porta en Grèce : ce ne saurait être Hercule fils d'Alcmene, puisqu'Atlas, selon le témoignage de Suidas, vivait onze âges avant la guerre de Troie ; ce qui remonte jusqu'au temps de Noé et de ses fils. En descendant plus bas, on trouve des traces plus marquées de l'étude que l'on faisait de l'Astronomie dans les temps fabuleux. Newton a remarqué que les noms des constellations sont tous tirés des choses que les Poètes disent s'être passées dans le temps de la guerre de Troie, et lors de l'expédition des Argonautes : aussi les fables parlent-elles de personnes savantes dans l'Astronomie ; elles font mention de Chiron, d'Ancée, de Nausicaè, etc. qui tous paraissent avoir contribué au progrès de cette science.

Ce dont on ne peut douter, c'est que plusieurs nations ne se soient appliquées à l'étude du ciel longtemps avant les Grecs : Platon convient même que ce fut un Barbare qui observa le premier les mouvements célestes ; occupation à laquelle il fut déterminé par la beauté du ciel pendant l'été, soit en Egypte, soit en Syrie, où l'on voit toujours les étoiles ; les nuées et les pluies ne les dérobant jamais à la vue. Ce philosophe prétend que si les Grecs se sont appliqués fort tard à l'Astronomie, c'est au défaut seul d'une atmosphère, telle que celle des Egyptiens et des Syriens, qu'il faut s'en prendre.

Aussi quelque audace qu'aient eu les Grecs pour s'attribuer les premiers commencements des Sciences et des Beaux Arts, elle n'a cependant jamais été assez grande pour qu'ils se soient donné l'honneur d'avoir jeté les fondements de l'Astronomie. Il est vrai qu'on apprend par un passage de Diodore de Sicile, que les Rhodiens prétendaient avoir porté cette science en Egypte : mais ce récit est mêlé de tant de fables, qu'il se détruit de lui-même ; et tout ce qu'on en peut tirer de vraisemblable, c'est que comme les Rhodiens étaient de grands navigateurs, ils pouvaient avoir surpassé les autres Grecs par rapport aux observations astronomiques qui regardent la Marine ; tout le reste doit être regardé comme fabuleux. Quelques auteurs, il est vrai, ont donné les premières observations célestes à Orphée (comme Diogène Laerce sur l'autorité d'Eudemus, dans son Histoire Astrologique, qui a été suivie par Théon et par Lucien), à Palamède, à Atrée, et à quelques autres, ce qu'Achilles Statius tâche de prouver par des passages d'Eschyle et de Sophocle, dans son commentaire sur les phénomènes d'Aratus : mais il est certain que le plus grand nombre des auteurs Grecs et Latins est d'un avis contraire, presque tous les attribuant aux Chaldéens ou Babyloniens.

L'Astronomie et l'Astrologie prirent donc naissance dans la Chaldée, au jugement du grand nombre des auteurs : aussi le nom de Chaldéen est-il souvent synonyme à celui d'Astronome dans les anciens écrivains. Il y en a qui sur l'autorité de Josephe aiment mieux attribuer l'invention de ces sciences aux anciens Hébreux, et même aux premiers hommes.

Quelques Juifs et quelques Chrétiens s'accordent avec les Musulmants pour en faire honneur à Enoch : quant aux autres Orientaux, ils regardent Caïn comme le premier Astronome : mais toutes ces opinions paraissent destituées de vraisemblance à ceux qui sont versés dans la langue de ces premiers peuples de la terre ; ils ne rencontrent dans l'Hébreu pas un terme d'Astronomie ; le Chaldéen au contraire en est plein. Cependant il faut convenir qu'on trouve dans Job et dans les livres de Salomon quelque trace légère de ces sciences.

Quelques-uns ont donné une parfaite connaissance de l'Astronomie à Adam ; et l'on a fait, comme nous venons de le dire, le même honneur aux descendants de Seth, mais tout cela gratuitement. Il ne faut pas cependant douter que l'on n'eut quelque connaissance de l'Astronomie avant le déluge : nous apprenons par le journal de ce terrible événement, que l'année était de 360 jours, et qu'elle était formée de douze mois ; arrangement qui suppose quelque notion du cours des astres. Voyez ANTE-DILUVIENNE.

M. l'abbé Renaudot parait incliner pour l'opinion qui attribue l'invention de l'Astronomie aux anciens patriarches ; et il se fonde pour cela sur plusieurs raisons.

1°. Sur ce que les Grecs et les Latins ont compris les Juifs sous le nom de Chaldéens ; 2°. sur ce que la distinction des mois et des années, qui ne se pouvait connaître sans l'observation du cours de la lune et celui du soleil, est plus ancienne que le déluge, comme on le voit par différents passages de la Genèse ; 3°. sur ce qu'Abraham était sorti de Chaldée, de Ur Chaldaeorum, et que des témoignages de Berose et d'Eupolemus, cités par Eusebe, liv. IX. de la Préparation évangélique, prouvent qu'il était , savant dans les choses célestes, et qu'il avait inventé l'Astronomie et l'Astrologie judiciaire ; ; 4°. sur ce qu'on trouve dans la sainte Ecriture plusieurs noms de planètes et de constellations.

D'un autre côté, M. Basnage prétend que tout ce qu'on débite sur ce sujet a fort l'air d'un conte. Philon nous apprend que l'on instruisit Moyse dans la science des astres ; il ne faut pas douter que ce législateur n'en eut quelque connaissance : mais l'on ne saurait croire que l'on eut fait venir des Grecs pour l'instruire, comme le dit cet auteur Juif. Du temps de Moyse il n'y avait point de philosophes dans la Grèce ; et c'est de l'Egypte ou de la Phénicie que les Grecs ont tiré leurs premières connaissances philosophiques. A l'égard de Job, ceux qui le qualifient astronome, se fondent sur quelques passages où l'on croit qu'il nomme les endroits les plus remarquables du ciel, et des principales constellations. Mais outre que les interpretes ne sont point d'accord sur le sens des termes employés dans ces textes, la connaissance des noms de certaines constellations ne serait point une preuve que Job fût astronome.

Quoi qu'il en sait, il ne parait pas qu'on puisse douter que l'Astronomie n'ait commencé dans la Chaldée ; au moins c'est le jugement qu'on doit en porter d'après toutes les preuves historiques qui nous restent ; et M. l'abbé Renaudot en rapporte un fort grand nombre dans son mémoire sur l'origine de la sphère, imprimé dans le premier volume du Recueil de l'Académie royale des Sciences et des Belles-Lettres.

Nous trouvons dans l'Ecriture sainte divers passages qui marquent l'attachement des Chaldéens à l'étude des astres. Nous apprenons de Pline que l'inventeur de cette science chez les Chaldéens fut Jupiter Belus, lequel fut mis ensuite au rang des dieux : mais on est fort embarrassé à déterminer qui est ce Belus, et quand il a vécu. Parmi les plus anciens astronomes Chaldéens, on compte Zoroastre : mais les mêmes difficultés ont lieu sur le temps de son existence, aussi bien que sur celle de Belesis et de Berose.

Ne serait-ce point s'exposer à partager avec Rudbeck le ridicule de son opinion, que de la rapporter ? Il prétend que les Suédais ont été les premiers inventeurs de l'Astronomie ; et il se fonde sur ce que la grande diversité dans la longueur des jours en Suède, a dû conduire naturellement ses habitants à conclure que la terre était ronde, et qu'ils étaient voisins de l'une de ses extrémités ; deux propositions dont la vérité était, dit-il, moins sensible pour les Chaldéens, et pour ceux qui habitaient les régions moyennes du globe. De-là, continue notre auteur, les Suédais engagés dans l'examen et dans la recherche des causes de la grande différence des saisons, n'auront pas manqué de découvrir que le progrès du soleil dans les cieux est renfermé dans un certain espace, etc. mais tous ces raisonnements ne sont point appuyés sur le témoignage de l'histoire, ni soutenus d'aucun fait connu.

Si l'on en croit Porphyre, la connaissance de l'Astronomie est fort ancienne dans l'Orient. Si l'on en croit cet auteur, après la prise de Babylone par Alexandre, on apporta de cette ville des observations célestes depuis 1903 ans, et dont les premiers étaient par conséquent de l'an 115 du déluge, c'est-à-dire, qu'elles avaient été commencées 15 ans après l'érection de la tour de Babel. Pline nous apprend qu'Epigène assurait que les Babyloniens avaient des observations de 720 ans gravées sur des briques. Achilles Tatius attribue l'invention de l'Astronomie aux Egyptiens ; et il ajoute que les connaissances qu'ils avaient de l'état du ciel, se transmettaient à leur postérité sur des colonnes sur lesquelles elles étaient gravées.

Les payens eux-mêmes se sont moqués, comme a fait entr'autres Cicéron, de ces prétendues observations célestes que les Babyloniens disaient avoir été faites parmi eux depuis 470000 ans, ainsi que de celles des Egyptiens : on peut en dire autant de la tradition confuse et embrouillée de la plupart des Orientaux, que les premiers Européens qui entrèrent dans la Chine y trouvèrent établie, et de celle des Persans touchant leur roi Cayumarath, qui régna 1000 ans, et qui fut suivi de quelques autres rois dont le règne durait des siècles. Ces opinions, toutes ridicules qu'elles sont, ont été conservées par un assez grand nombres d'auteurs, qui les avaient prises de quelques livres grecs, où cette prodigieuse antiquité des Assyriens et des Babyloniens était établie comme la base de l'histoire.

Diodore dit que lors de la prise de Babylone par Alexandre, ils avaient des observations depuis 43000 ans. Quelques-uns prennent ces années pour des mois, et les réduisent à 3476 ans solaires ; ce qui remonterait encore jusque bien près de la création du monde, puisque la ruine de l'empire des Perses tombe à l'an du monde 3620. Mais laissant les fables, tenons-nous-en à ce que dit Simplicius : il rapporte d'après Porphyre, que Callisthene disciple et parent d'Aristote, trouva à Babylone, lorsqu'Alexandre s'en rendit maître, des observations depuis 1903 ans ; les premières avaient donc été faites l'an du monde 1717, peu après le déluge.

Les auteurs qui n'ont pas confondu la fable avec l'histoire, ont donc réduit les observations des Babyloniens à 1900 années ; nombre moins considérable de beaucoup, et qui cependant peut paraitre excessif. Ce qu'il y a pourtant de singulier, c'est qu'en comptant ces 1900 ans depuis Alexandre, on remonte jusqu'au temps de la dispersion des nations et de la tour de Babylone, au-delà duquel on ne trouve que des fables. Peut-être la prétendue histoire des observations de 1900 ans signifie-t-elle seulement que les Babyloniens s'étaient appliqués à l'Astronomie depuis le commencement de leur empire. On croit avec fondement que la tour de Babel élevée dans la plaine de Sennaar, fut construite dans le même lieu où Babylone fut ensuite bâtie. Cette plaine était fort étendue, et la vue n'y était bornée par aucune montagne ; ce qui a pu donner promptement naissance aux observations astronomiques.

Les Chaldéens n'étaient pas versés dans la Géométrie, et ils manquaient des instruments nécessaires pour faire des observations justes : leur grande étude était l'Astrologie judiciaire ; science dont on reconnait bien aujourd'hui le ridicule. Leur observatoire était le fameux temple de Jupiter Belus, à Babylone.

Les longues navigations des Phéniciens n'ont pu se faire sans quelque connaissance des astres : aussi voyons-nous que Pline, Strabon, et quelques autres, rendent témoignage à leur habileté dans cette science : mais nous ne savons rien de certain sur les découvertes qu'ils peuvent avoir faites. Plusieurs historiens rendent aux Egyptiens le témoignage d'avoir cultivé l'Astronomie avant les Chaldéens. Diodore de Sicîle avance que les colonies égyptiennes portèrent la connaissance des astres dans les environs de l'Euphrate. Lucien prétend que comme les autres peuples ont tiré leurs connaissances des Egyptiens, ceux-ci les tiennent des Ethiopiens, dont ils sont une colonie. Les moins favorables aux Egyptiens, les joignent pour l'invention de l'Astronomie aux Chaldéens. Il n'est pas aisé de découvrir qui fut l'inventeur de l'Astronomie chez les Egyptiens. Diodore en fait honneur à Mercure ; Socrate, à Thaul ; Diogène Laerce l'attribue à Ninus, fils de Vulcain ; et Isocrate à Busiris. Les connaissances astronomiques des Egyptiens les avaient conduits à pouvoir déterminer le cours du soleil et de la lune, et à former l'année : ils observaient le mouvement des planètes ; et ce fut à l'aide de certaines hypothèses, et par le secours de l'Arithmétique et de la Géométrie, qu'ils entreprirent de déterminer quel en était le cours. Ils inventèrent aussi diverses périodes des mouvements des cieux ; enfin ils s'adonnèrent à l'Astrologie. Tout cela est appuyé sur le témoignage d'Hérodote et de Diodore, etc. Nous apprenons de Strabon, que les prêtres égyptiens, qui étaient les astronomes du pays, avaient renoncé de son temps à cette étude, et qu'elle n'était plus cultivée parmi eux. Les Egyptiens, qui prétendaient être le plus ancien peuple de l'univers, regardaient leur pays comme le berceau des sciences, et par conséquent de l'Astronomie.

L'opinion commune est que l'Astronomie passa de l'Egypte dans la Grèce : mais la connaissance qu'on en eut, fut d'abord extrêmement grossière, et on peut en juger par ce que l'on en trouve dans Homère et dans Hésiode ; elle se bornait à connaître certains astres qui servaient de guides, soit pour le travail de la terre, soit pour les voyages sur mer ; c'est ce que Platon a fort bien remarqué ; ils ne faisaient aucunes observations exactes, et ils ignoraient l'Arithmétique et la Géométrie nécessaires pour les diriger.

Laerce dit que Thalès fit le premier le voyage d'Egypte dans le dessein d'étudier cette science, et qu'Eudoxe et Pythagore l'imitèrent en cela. Thalès vivait vers la quatre-vingt-dixième olympiade ; il a le premier observé les astres, les éclipses de soleil, les solstices, et les avait prédits ; c'est ce qu'assurent Diogène Laerce, d'après l'Histoire Astrologique d'Eudemus ; Pline, liv. II. chap. XIIe et Eusebe dans sa Chronique. Il naquit environ 640 ans avant Jesus-Christ. On peut voir dans Stanley (Histoire, Philosophie) un détail circonstancié de ses connaissances philosophiques. Anaximandre son disciple cultiva les connaissances qu'il avait reçues de son maître ; il plaça la terre au centre de l'univers ; il jugea que la lune empruntait sa lumière du soleil, et que ce dernier était plus grand que la terre, et une masse d'un feu pur. Il traça un cadran solaire, et construisit une sphère. Anaximene de Milet né 530 ans avant Jesus-Christ, regardait les étoiles fixes comme autant de soleils, autour desquelles des planètes faisaient leurs révolutions, sans que nous puissions découvrir ces planètes, à cause de leur grand éloignement. Trente ans après naquit Anaxagoras de Clazomene. Il enseignait que le soleil était une masse de fer enflammée plus grande que la Péloponnèse ; que la lune était un corps opaque éclairé par le soleil, et qu'elle était habitée comme la terre. Il eut pour disciples le fameux Periclès et Archelaus, qui fut le dernier de la secte Ionique. Pythagore ayant passé sept ans dans le séminaire, et dans une étroite fréquentation des prêtres égyptiens, fut profondément initié dans les mystères de leur religion, et éclairé sur le vrai système du monde ; il répandit les connaissances qu'il avait acquises, dans la Grèce et dans l'Italie. Il avança que la terre et les planètes tournaient autour du soleil immobîle au centre du monde ; que le mouvement diurne du soleil et des étoiles fixes n'était qu'apparent, et que le mouvement de la terre autour de son axe était la vraie cause de cette apparence. Plutarque donne à Pythagore l'honneur d'avoir observé le premier l'obliquitté de l'écliptique, de Placitis Philosoph. liv. II. chap. XIIe On lui attribue aussi les premières observations pour régler l'année à 365 jours, plus la 59e partie de 22 jours. Ce qu'il y avait de plus singulier dans son système d'Astronomie, c'est l'imagination qu'il eut que les planètes formaient dans leurs mouvements un concert harmonieux ; mais que la nature des sons qui n'étaient pas proportionnés à notre oreille, empêchait que nous ne puissions l'entendre. Empedocle, disciple de Pythagore, ne débita que des rêveries. Il imaginait, par exemple, que chaque hémisphère a son soleil ; que les astres étaient de crystal, et qu'ils ne paraissaient lumineux que par la réflexion des rayons de lumière venans du feu qui environne la terre. Philolaus de Crotone florissait vers l'an 450 avant Jesus-Christ. Il crut aussi que le soleil était de crystal, et il ajouta que la terre se mouvait autour de cet astre. Eudoxe de Cnide qui vivait 370 ans avant Jesus-Christ, fut au jugement de Ciceron et de Sextus Empiricus, un des plus habiles Astronomes de l'antiquité. Il voyagea en Asie, en Afrique, en Sicile, et en Italie, pour faire des observations astronomiques. Nous apprenons de Pline, qu'il trouva que la révolution annuelle du soleil était de 365 jours six heures ; il détermina aussi le temps de la révolution des planètes, et fit d'autres découvertes importantes. Aelien fait mention d'Oenopide de Chio, lequel était aussi de l'école de Pythagore. Stobée lui attribue l'invention de l'obliquitté de l'écliptique ; il exhortait ses disciples à étudier l'Astronomie, non par simple curiosité, mais pour faciliter aux hommes les voyages, la navigation, etc.

Meton vers la quatre-vingt-septième olympiade, publia le cycle de 19 ans, appelé Ennéadécatéride. Dans la cent vingt-septième olympiade, Aratus composa ses Phénomènes par ordre d'Antigonus Gonathas, fils de Démetrius Poliorcetes, et suivant les observations astronomiques d'Eudoxe, disciple d'Archytas de Tarente et de Platon, qui avait été quelque temps en Egypte pour s'instruire à fond de l'Astronomie.

Cependant Vitruve expose l'établissement de l'Astronomie en Grèce d'une manière un peu différente. Il prétend que Berose Babylonien l'apporta dans cette contrée immédiatement de Babylone, et qu'il ouvrit une école d'Astronomie dans l'île de Cos. Pline ajoute, liv. VII. chap. xxxvij. qu'en considération de ses prédictions surprenantes, les Athéniens lui élevèrent une statue dans le Gymnasium, avec une langue dorée. Si ce Berose est le même que l'auteur de l'histoire chaldéenne, il doit avoir existé avant Alexandre.

Après la mort de Pythagore, l'étude de l'Astronomie fut négligée ; la plupart des observations célestes qu'on avait apportées de Babylone se perdirent, et Ptolomée qui en fit la recherche, n'en put recouvrer de son temps qu'une très-petite partie. Cependant quelques disciples de Pythagore continuèrent de cultiver l'Astronomie : entre ces disciples on peut compter Aristarque de Samos.

Ce dernier eut une haute réputation vers la cent quarantième olympiade, et il suivit l'hypothèse de Pythagore et de Philolaus, touchant l'immobilité du soleil. Il reste quelques fragments de lui, sur les grandeurs et les distances du soleil et de la lune.

Archimède vivait dans le même temps, et il ne se rendit pas moins célèbre par ses observations, touchant les solstices et les mouvements des planètes, que par l'ouvrage merveilleux qu'il fit, dans lequel ces mouvements étaient représentés.

Démocrite et les Eléatiques ne firent pas de grands progrès. Metrodore croyait la pluralité des mondes, et s'imaginait que la voie lactée avait été autrefois la route du soleil : Xenophanes disait que le soleil était une nuée enflammée, et qu'il y en avait plusieurs, pour éclairer les différentes parties de notre terre.

Leucippe enfin prétendait que la violence du mouvement des étoiles fixes les faisait enflammer, qu'elles allumaient le soleil, et que la lune participait peu-à-peu à cette inflammation.

Chrysippe chef de la secte des Stoïciens qui se forma 400 ans avant Jesus-Christ, croyait que les étoiles, tant fixes qu'errantes, étaient animées par quelque divinité.

Platon recommande l'étude de l'Astronomie en divers endroits de ses ouvrages : mais il ne parait pas qu'il ait fait aucunes découvertes dans cette science : il croyait que le monde entier était un animal intelligent.

Aristote composa un livre sur l'Astronomie, qui n'est pas parvenu jusqu'à nous. Il croyait comme Platon que l'univers et chacune de ses parties étaient animées par des intelligences. Il a observé Mars éclipsé par la lune, et une comete. Les écoles de Platon et d'Aristote ont produit divers astronomes distingués. Tel était entr'autres Helicon de Cyzique, qui poussa l'étude de l'Astronomie, jusqu'à prédire une éclipse de soleil à Denys de Siracuse.

Numa second roi de Rome, qui vivait 736 ans avant Jesus-Christ, réforma l'année de son prédécesseur sur le cours du soleil et de la lune en même temps. Tous les deux ans il plaçait un mois de vingt-deux jours, après celui de Février, afin de regagner les onze jours que la révolution annuelle du soleil avait de plus que douze révolutions lunaires.

Les savants sont fort partagés sur le temps auquel Pytheas de Marseille a vécu : sans entrer dans cette dispute, remarquons seulement que c'est lui qui le premier prit la hauteur du soleil à midi dans le temps du solstice, et qui par ce moyen trouva l'obliquitté de l'écliptique ; ce qui est une des plus importantes observations de l'Astronomie. Enfin les Ptolemées, ces rois d'Egypte et ces protecteurs des sciences, fondèrent dans Alexandrie une école d'Astronomie.

Les premiers Astronomes de cette écoles furent Timochares et Aristyllus, qui faisaient leurs observations de concert. Ptolomée nous en a conservé une partie.

Vers l'an 270 avant Jesus-Christ, florissait Aratus dont nous avons déjà parlé, lequel composa son poème sur l'Astronomie. Les anciens en ont fait tant de cas, qu'il a eu un grand nombre de commentateurs. Il s'écarte de l'opinion, qui était généralement reçue alors, que le lever et le coucher des astres étaient la cause du changement de l'air.

Dans le même temps qu'Aristarque, vivait le fameux Euclide. Outre ses ouvrages de Géométrie, on a encore de lui, un livre des principes de l'Astronomie, où il traite de la sphère et du premier mobile. Sous le règne de Ptolemée Philadelphe parut Phanethon, dont il nous reste un ouvrage que Jacques Gronovius fit imprimer à Leyde en 1698. Eratosthene fut appelé d'Athènes à Alexandrie par Ptolemée Evergete. Il s'appliqua beaucoup à l'Astronomie, relativement à la Géographie. Il fixa la distance de la terre au soleil et à la lune ; détermina la longitude d'Alexandrie et de Syene, qu'il jugeait être sous le même méridien ; et ayant calculé la distance d'une de ces deux villes à l'autre, il osa mesurer la circonférence de la terre, qu'il fixa entre 250000 et 252000 stades.

Conon qui vivait sous les Ptolemées Philadelphe et Evergete, fit plusieurs observations sur les éclipses de soleil et de lune, et il découvrit une constellation qu'il nomma chevelure de Bérénice : Callimaque en fit un poème, duquel nous avons la traduction par Catulle. Mais à la tête de tous ces astronomes on doit placer Hipparque, qui entreprit, pour me servir des expressions de Pline, un ouvrage si grand, qu'il eut été glorieux pour un dieu de l'avoir achevé, rem etiam deo improbam : c'était de nombrer les étoiles, et de laisser, pour ainsi dire, le ciel à la postérité comme un héritage. Il calcula les éclipses de lune et de soleil pour six cens ans, et ce fut sur ses observations que Ptolemée établit son fameux traité intitulé . Hipparque commença à paraitre dans la cent cinquante-quatrième olympiade ; il commença les phénomènes d'Aratus, et il a montré en quoi cet auteur s'était trompé.

Les plus illustres astronomes qui sont venus ensuite, ont été Géminus de Rhode, dans l'olympiade 178 ; Théodore Tripolitain ; Sosigènes, dont César se servit pour la réformation du calendrier ; Andromaque de Crète : Agrippa Bithynien dont parle Ptolemée, lib. VII. chap. IIIe Ménelaus sous Trajan ; Théon de Smyrne ; et enfin Claude Ptolomée qui vivait sous Marc-Aurele, et dont les ouvrages ont été jusqu'aux derniers siècles le fondement de toute l'Astronomie, non-seulement parmi les Grecs, mais encore parmi les Latins, les Syriens, les Arabes et les Persans. Il naquit à Peluse en Egypte, et fit la plus grande partie de ses observations à Alexandrie. Profitant de celles d'Hipparque et des autres anciens astronomes, il forma un système d'Astronomie qui a été suivi pendant plusieurs siècles. Sextus Empiricus, originaire de Cheronée et neveu du fameux Plutarque, qui vivait dans le même siècle, et qui dans les ouvrages qui nous restent de lui, se moque de toutes les Sciences, n'a cependant osé s'attaquer à l'Astronomie. Bien plus, le cas qu'il en fait le porte à réfuter solidement les Chaldéens, qui abusant de l'Astronomie, la rendaient méprisable. Nous trouvons encore au deuxième siècle Hypsicles d'Alexandrie, auteur d'un livre d'Astronomie qui nous reste.

On ne trouve pas que dans un assez long espace de temps il y ait eu parmi les anciens Romains de grands astronomes. Les défauts de l'année de Numa, et le peu d'ordre qu'il y eut dans le calendrier jusqu'à la réformation de Jules César, doivent être regardés plutôt comme un effet de l'incapacité des pontifes, que comme une marque de leur négligence. L'an 580 de Rome, Sulpicius Gallus, dans la guerre contre les Perses, voyant les soldats troublés par une éclipse de lune, les rassura en leur en expliquant les causes. Jules César cultiva l'Astronomie ; Macrobe et Pline assurent même qu'il composa quelque chose sur cette science. Elle fut aussi du goût de Cicéron, puisqu'il fit la version du poème d'Aratus sur l'Astronomie. Terentius Varron, cet homme universel, fut aussi astronome. Il y en eut même qui firent leur unique étude de cette science. Tel fut P. Rigodius, qui donna dans l'Astrologie judiciaire, et qui, à ce qu'on prétend, prédit l'empire à Auguste le jour même de sa naissance. Manilius qui florissait sous cet empereur, fit un poème sur cette science. Nous avons aussi l'ouvrage de Caius Julius Hyginus, affranchi d'Auguste. Cependant le nombre des astronomes fut fort petit chez les Romains, dans des temps où les arts et les sciences paraissaient faire les délices de ce peuple. La véritable cause de cette négligence à cultiver l'Astronomie, est le mépris qu'ils en faisaient. Les Chaldéens, qui l'enseignaient à Rome, donnaient dans l'Astrologie : en fallait-il davantage pour dégoûter des gens de bon sens ? aussi les magistrats chassèrent-ils diverses fois ces fourbes.

Seneque avait du goût pour l'Astrologie, comme il parait par quelques endroits de ses ouvrages. Pline le Naturaliste, dans son important ouvrage, parait n'avoir pas ignoré l'Astronomie ; il a même beaucoup contribué aux progrès de cette science, en ce qu'il nous a conservé un grand nombre de fragments des anciens astronomes. Sous le règne de Domitien, Agrippa fit diverses observations astronomiques en Bithynie. L'on trouve dans les écrits de Plutarque divers passages qui marquent qu'il n'était pas ignorant dans cette science. Ménelaus était astronome de profession ; il fit ses observations à Rome ; Ptolomée en faisait grand cas. Il composa trois livres des figures sphériques, que le P. Mersenne a publiés. Enfin il faut encore placer dans ce siècle Théon de Smyrne, déjà nommé ; il écrivit sur les diverses parties des Mathématiques, du nombre desquelles est l'Astronomie. Les Astrologues, nommés d'abord Chaldéens, et ensuite Mathématiciens, étaient fort en vogue dans ce siècle à Rome, les Empereurs et les grands en faisaient beaucoup de cas.

Censorin, qui vivait sous les Gordiens, vers l'an 238 de J. C. a renfermé dans son petit traité de Die natali, un grand nombre d'observations qui ne se trouvent point ailleurs.

Anatolius, qui fut évêque de Laodicée, composa un traité de la Pâque, où il fait voir son habileté dans ce genre. Septime Sevère favorisa au commencement du troisième siècle les Mathématiciens ou Astrologues ; mais sur la fin de ce siècle Dioclétien et Maximien leur défendirent la pratique de leur art.

Macrobe, Marcianus Capella et quelques autres, n'ont parlé qu'en passant de l'Astronomie.

Nous avons de Firmicus huit livres sur l'Astronomie ; mais comme il donnait beaucoup dans les rêveries des Chaldéens, son ouvrage n'est pas fort instructif. Théon le jeune, d'Alexandrie, fit diverses observations, et composa un commentaire sur un ouvrage de Ptolomée, dont les savants font cas encore aujourd'hui. Hypatia se distingua dans la même science, mais il ne nous reste rien d'elle. Paul d'Alexandrie s'appliqua à la science des horoscopes, et nous avons son introduction à cette science prétendue.

Pappus est connu par divers fragments qui font regretter la perte de ses écrits. On place aussi dans le quatrième siècle Théodore Manlius, consul romain, qui, au rapport de Claudien, fit un ouvrage, qui s'est perdu, sur la nature des choses et des astres ; et Achilles Tatius, dont nous avons un commentaire sur les phénomènes d'Aratus.

Synésius, évêque de Ptolémaïde, fut disciple de la célèbre Hypatia. Il nous reste de lui un discours à Poeonius, où il fait la description de son astrolabe ; c'était une espèce de globe céleste. Rufus Festus Avienus fit une paraphrase en vers hexamètres des phénomènes d'Aratus, qui est parvenue jusqu'à nous. Le commentaire de Macrobe sur le songe de Scipion, fait voir qu'il n'était pas ignorant dans l'Astronomie. Capella, qui fut proconsul, écrivit sur cette science l'ouvrage que nous connaissons sous le nom de Satyricon. Proclus Lycius, cet ennemi du Christianisme, était savant dans l'Astronomie, comme plusieurs ouvrages qui nous restent de lui en font foi.

Parmi les astronomes du sixième siècle il faut placer Boèce, car ses écrits prouvent qu'il s'était appliqué à cette science. Thius fit des observations à Athènes au commencement du même siècle ; elles ont été imprimées pour la première fois à Paris en 1645, sur un manuscrit de la bibliothèque du Roi. Les progrès de Denys le Petit à cet égard sont connus. Laurentius de Philadelphie composa quelques ouvrages d'Astronomie qui ne subsistent plus. Ce que Cassiodore a écrit est trop peu de chose pour lui donner rang parmi les Astronomes. Il en faut dire autant de Simplicius ; son commentaire sur le livre d'Aristote, de Caelo, montre pourtant une teinture de cette science.

Dans les siècles VII. et VIII. nous trouvons Isidore de Séville, à qui l'Astronomie ne doit aucune découverte. Léontius, habîle dans la mécanique, construisit une sphère en faveur d'un de ses amis, et composa un petit traité pour lui en faciliter l'usage. L'on trouve dans les ouvrages du vénérable Bede diverses choses relatives à l'Astronomie. Alcuin son disciple cultiva aussi cette science, et porta Charlemagne, dont il avait été précepteur, à favoriser les savants.

Les auteurs qui ont écrit depuis Constantin jusqu'au temps de Charlemagne, et depuis, réduisaient toute leur étude à ce qui avait rapport au calendrier et au comput ecclésiastique. Charlemagne, suivant le témoignage d'Eginhard et de la plupart des historiens, était savant dans l'Astronomie ; il donna aux mois et aux vents les noms allemands qui leur restent encore, avec peu de changement. L'ambassade que lui envoya Aaron Rechild est fameuse dans l'histoire, à cause des présents rares dont elle était accompagnée, parmi lesquels on marque une horloge, ou, selon d'autres, un planisphère.

L'auteur anonyme de la chronique des rois francs, Pepin, Charlemagne et Louis, cultiva l'Astronomie. Il a inséré plusieurs de ses observations dans sa chronique. Une preuve de son habileté et de ses progrès, c'est qu'il prédit une éclipse de Jupiter par la lune, et qu'il l'observa. Sur la fin du dixième siècle on trouve le moine Gerbert, qui fut évêque et ensuite pape sous le nom de Sylvestre II. Il était savant dans l'Astronomie et dans la mécanique, ce qui lui attira le soupçon de magie. Il fit une horloge d'une construction merveilleuse, et un globe céleste. Il faut placer dans le onzième siècle Jean Campanus de Novare ; Michel Psellus, sénateur de Constantinople ; Hermannus Contractus, moine de Reichenau, et Guillaume, abbé de S. Jacques de Wurtzbourg. Ils ont tous écrit sur l'Astronomie. Dans le douzième siècle Sigebert de Gemblours s'attacha à marquer les temps selon le cours du soleil et de la lune. Athélard, moine anglais, fit un traité de l'astrolabe ; et Robert, évêque de Lincoln, un autre de la sphère. Jean de Séville traduisit l'Alfragan de l'arabe en latin.

Une des principales causes du peu de progrès que l'Astronomie a fait pendant plusieurs siècles, fut l'ordre que donna Omar III. calife des Sarrasins, de bruler tous les livres qui se trouvaient en Orient vers le milieu du septième siècle. Le nombre de ceux qui se trouvaient à Alexandrie était immense ; cependant comme il fallut employer plus de six mois pour exécuter l'ordre du calife, qui achevait pour lors la conquête de la Perse, les ordres qu'il avait envoyés ne furent pas si rigoureusement exécutés en Egypte, qu'il n'échappât quelques manuscrits. Enfin la persécution que les différentes sectes qui s'étaient élevées parmi les Mahométans, avaient fait naître tant en Afrique qu'en Asie, ayant cessé presqu'entièrement, les mêmes Arabes ou Sarrasins recueillirent bientôt après un grand nombre d'écrits que les premiers califes Abbassides firent traduire d'après les versions syriaques, et ensuite du grec en leur langue, laquelle est devenue depuis ce temps la langue savante de tout l'Orient.

On sait qu'en général les Arabes ont fort cultivé les Sciences ; c'est par leur moyen qu'elles ont passé aux Européens. Lorsqu'ils se rendirent maîtres de l'Espagne, ils avaient traduit en leur langue les meilleurs ouvrages des Grecs. C'est sur ces traductions que les Occidentaux se formèrent d'abord quelqu'idée des sciences des Grecs. Ils s'en tinrent à ces traductions jusqu'à ce qu'ils eussent les originaux. L'Astronomie n'était pas la science la moins cultivée parmi ces peuples. Ils ont écrit un grand nombre de livres sur ce sujet ; la seule bibliothèque d'Oxfort en contient plus de 400, dont la plupart sont inconnus aux savants modernes. L'on n'en sera pas surpris, si l'on fait attention que les califes eux-mêmes s'appliquaient à l'Astronomie, et récompensaient en princes magnifiques ceux qui se distinguaient dans cette science. Le plus illustre parmi les princes mahométants qui ont contribué à perfectionner l'Astronomie, non-seulement par la traduction des livres grecs, mais encore par des observations astronomiques faites avec autant d'exactitude que de dépense, a été le calife Almamoun, septième de la famille des Abbassides, qui commença son empire en 813. Il était fils de cet Aaron Rechild dont nous avons parlé à l'occasion de Charlemagne. On dressa sur les observations qu'il fit faire, les tables astronomiques qui portent son nom. Il en fit faire d'autres pour la mesure de la terre, dans les plaines de Sinjar ou Sennaar, par trois frères très-habiles astronomes, appelés les enfants de Mussa. Le détail de ces observations est rapporté par différents auteurs cités par Golius dans ses savantes notes sur l'Alfragan. Il ramassa de tous côtés les meilleurs ouvrages des Grecs, qu'il fit traduire en arabe ; il les étudiait avec soin, il les communiquait aux savants de son empire : il eut surtout un grand soin de faire traduire les ouvrages de Ptolomée. Sous son règne fleurirent plusieurs savants astronomes ; et ceux qui sont curieux de connaître leurs ouvrages et ce que l'Astronomie leur doit, trouveront de quoi se satisfaire dans Abulfarage, d'Herbelot, Hottinger, etc. qui sont entrés sur ce sujet dans un assez grand détail.

Quelques savants se sont appliqués à traduire quelques-uns de leurs ouvrages, ce qui a répandu beaucoup de jour sur l'Astronomie. Il serait à souhaiter que l'on prit le même soin de ceux qui n'ont pas encore été traduits. Depuis ce temps les Arabes ont cultivé l'Astronomie avec grand soin. Alfragan, Abumassar, Albategni, Geber, etc. ont été connus par nos auteurs, qui les ont traduits et commentés sur des traductions hébraïques faites par des Juifs ; car jusqu'aux derniers siècles presque aucune traduction n'avait été faite sur l'arabe. Il y en a encore un grand nombre d'autres qui ne le cedent point à ceux que nous connaissons. De plus, à l'exemple d'Almamoun, divers princes ont fait renouveller les observations astronomiques pour fixer le temps, ainsi que fit Melikschah, le plus puissant des sultants Seljukides, lorsqu'il établit l'époque gélaléenne, ainsi appelée à cause que Gelaleddin était son surnom. Les califes Almanzor et Almamoun étant souverains de la Perse, inspirèrent aux Persans du goût pour cette science. Depuis eux il y a eu dans cette nation de temps en temps des astronomes célèbres. Quelques-uns des monarques persans ont pris des soins très-louables pour la réformation du calendrier. Aujourd'hui même ces princes font de grandes dépenses pour le progrès de cette science, mais avec fort peu de succès : la raison est qu'au lieu de s'appliquer à l'Astronomie, ils n'étudient les astres que pour prédire l'avenir. On trouve dans les voyages de Chardin, un long passage tout à fait curieux, qui donne une juste idée de l'état de cette science chez les Persans modernes.

Les Tartares descendants de Ginghischan et de Tamerlan, eurent la même passion pour l'Astronomie. Nassireddin, natif de Tus dans le Corasan, auteur d'un commentaire sur Euclide, qui a été imprimé à Rome, a dressé des tables astronomiques fort estimées : il vivait en 1261. Le prince Olugbeg qui était de la même maison, fit bâtir à Samarcande un collège et un observatoire, pour lequel il fit faire de très-grands instruments ; il se joignit à ses astronomes pour faire des observations. Les Turcs disent qu'il fit faire un quart de cercle, dont le rayon avait plus de 180 pieds : ce qui est plus sur, c'est qu'à l'aide de ses astronomes il fit des tables pour le méridien de Samarcande, dressa un catalogue des étoiles fixes visibles dans cette ville, et composa divers ouvrages, dont quelques-uns sont traduits en latin, et les autres sont encore dans la langue dans laquelle ils ont été composés. Il y a tout lieu de croire que les observations astronomiques, trouvées dans le siècle dernier entre les mains des Chinois, y avaient passé de Tartarie : car il y a des preuves certaines que Ginghischan entra dans la Chine, et que ses descendants furent maîtres d'une grande partie de ce vaste empire, où ils portèrent vraisemblablement les observations et les tables qui avaient été faites par les astronomes de Corasan. Au reste, l'Astronomie a été cultivée presque de temps im mémorial à la Chine. Les missionnaires Jésuites se sont fort appliqués à déchiffrer les anciennes observations. L'on en peut voir l'histoire dans les observations du P. Souciet. Environ 400 ans avant J. C. les Sciences furent négligées chez les Chinois. Cette négligence alla en croissant jusqu'à l'empereur Tsin-Chi-Hoang. Celui-ci fit bruler, 246 avant J. C. tous les livres qui traitaient des Sciences, à l'exception de ceux de Médecine, d'Astrologie, et d'Agriculture : c'est par-là que périrent toutes les observations antérieures à ce temps : 400 ans après, Licou-Pang rétablit les Sciences dans son empire, et érigea un nouveau tribunal de Mathématiques. L'on fit quelques instruments pour observer les astres, et l'on régla le calendrier. Depuis ce temps-là l'Astronomie n'a point été négligée chez ce peuple. Il semble que les observations faites depuis tant de siècles, sous les auspices et par les ordres de puissants monarques, auraient dû fort enrichir l'Astronomie.

Cependant les missionnaires qui pénétrèrent dans cet empire sur la fin du XVIe siècle, trouvèrent que l'état où était cette science parmi les Chinois, ne répondait point à la longue durée de leurs observations. Ceux d'entre les missionnaires Jésuites qui entendaient les Mathématiques, s'insinuèrent par ce moyen dans l'esprit du monarque. Les plus habiles devinrent présidents du tribunal de Mathématiques, et travaillèrent à mettre l'Astronomie sur un meilleur pied qu'elle n'avait été auparavant. Ils firent des instruments plus exacts que ceux dont on s'était servi jusqu'alors, rendirent les observations plus justes, et profitèrent des connaissances des Occidentaux. Voyez les relations du P. Verbiest, et des autres missionnaires, ou bien la description de la Chine, par le P. Duhalde.

A l'égard des Juifs, quoiqu'ils aient composé un assez grand nombre d'ouvrages sur la sphère, dont quelques-uns ont été imprimés par Munster en hébreu et en latin, il y a peu de choses néanmoins où ils puissent être considérés comme originaux. Cependant comme la plupart d'entr'eux savaient l'Arabe, et que ceux qui ne le savaient pas trouvaient des traductions hébraïques de tous les anciens astronomes Grecs, ils pouvaient aisément avec ce secours faire valoir leur capacité parmi les Chrétiens. Depuis la naissance de J. C. quelques-uns de leurs docteurs ont étudié l'Astronomie, pour régler seulement le calendrier, et pour s'en servir à l'Astrologie, à laquelle ils sont fort adonnés. Celui qui parait avoir fait le plus de progrès dans cette science, c'est R. Abraham Zachut. Il vivait sur la fin du XVe siècle, et fut professeur en Astronomie à Carthage en Afrique, et ensuite à Salamanque : on a de lui divers ouvrages sur cette science.

Les Sarrasins avaient pris en conquérant l'Egypte, une teinture d'Astronomie, qu'ils portèrent avec eux d'Afrique en Espagne ; et ce fut-là le circuit par lequel cette science rentra dans l'Europe après un long exil. Voici les plus fameux astronomes qui se soient distingués en Europe depuis le XIIe siècle. Clément de Langhton, prêtre et chanoine Anglais, écrivit vers la fin du XIIe siècle sur l'Astronomie. Le XIIIe siècle offre d'abord Jordanus Vemoracius, et ensuite l'empereur Fréderic II. qui fit traduire de l'arabe en latin les meilleurs ouvrages de Philosophie, de Médecine et d'Astronomie. Il avait beaucoup de goût pour cette dernière science, jusque-là qu'il disait un jour à l'abbé de Saint-gall, qu'il n'avait rien de plus cher au monde que son fils Conrad, et une sphère qui marquait le mouvement des planètes. Jean de SacroBosco vivait dans le même temps ; il était Anglais de naissance, et professeur en Philosophie à Paris, où il composa son livre de la sphère, qui fut si estimé, que les professeurs en Astronomie l'expliquaient dans leurs leçons. Albert le grand, évêque de Ratisbonne, s'acquit aussi une grande réputation : il composa un traité d'Astronomie, et se distingua dans la Mécanique par l'invention de plusieurs machines surprenantes pour ce temps-là. Depuis ce siècle l'Astronomie a fait des progrès considérables : elle a été cultivée par les premiers génies, et protégée par les plus grands princes. Alphonse, roi de Castille, l'enrichit même des tables qui portent toujours son nom. Ces tables furent dressées en 1270 ; et ce furent des Juifs qui y eurent la plus grande part. Voyez TABLE. Roger Bacon, moine Anglais vivait dans le même temps. Guido Bonatus, Italien, de Frioul, en 1284. En 1320, Pretus Aponensis, qui fut suivi de quelques autres moins considérables en comparaison de Pierre d'Ailly, cardinal et évêque de Cambrai, et du cardinal Nicolas du Cusa, Allemand, en 1440 ; Dominique Maria, Bolonais, précepteur de Copernic ; George Purbachius, ainsi appelé du bourg de Burbach sur les frontières d'Autriche et de Bavière, qui enseigna publiquement la Philosophie à Vienne, est un de ceux qui ont le plus contribué au rétablissement de l'Astronomie. Il fit connaissance avec le cardinal Bessarion pendant sa légation vers l'empereur. Par le conseil de Bessarion, Purbachius alla en Italie pour apprendre la langue grecque, et aussi-tôt il s'appliqua à la lecture de l'Almageste de Ptolomée, qu'on n'avait lu depuis plusieurs siècles que dans ces traductions imparfaites, dont il a été parlé ci-dessus, faites sur les hébraïques, qui avaient été faites sur les Arabes, et celles-ci sur les Syriaques. Il avait commencé un abrégé de l'Almageste sur l'original grec : mais il ne put aller qu'au sixième livre, étant mort en 1461, âgé seulement de 39 ans. Son principal disciple fut George Muller, appelé communément Regiomontanus, parce qu'il était natif de Konisberg en Prusse. Il fut le premier qui composa des éphémerides pour plusieurs années, et divers autres ouvrages très-estimés, entr'autres les Théoriques des planètes. Après la mort de Purbachius il passa en Italie avec le cardinal Bessarion ; après avoir visité les principales académies d'Italie, il revint à Vienne, d'où le roi de Hongrie l'appela à Bude : mais la guerre allumée dans ce pays inquiétant Régiomontanus, il se retira à Nuremberg en 1471, et s'y lia d'amitié avec un riche bourgeois nommé Bernard Walther, qui avait beaucoup de goût pour l'Astronomie. Cet homme fit la dépense d'une Imprimerie et de plusieurs instruments astronomiques, avec lesquels ils firent diverses observations. Sixte IV. appela Régiomontanus à Rome pour la réforme du calendrier : il partit au mois de Juillet 1475, après avoir été créé évêque de Ratisbonne : il ne fit pas long séjour à Rome, y étant mort au bout d'un an. Régiomontanus avait donné du goût pour l'Astronomie à plusieurs personnes, tant à Vienne qu'à Nuremberg : ce qui fit que cette science fut cultivée avec soin dans ces deux villes après sa mort. Divers astronomes y parurent avec éclat dans le XVIIe siècle.

Jean Bianchini, Ferrarais, travailla presque en même temps avec réputation à des tables des mouvements célestes. Les Florentins cultivèrent aussi en ce temps-là l'Astronomie, mais ils ne firent aucun ouvrage comparable à ces premiers ; et Marsîle Ficin, Jovianus Pontanus, Joannes Abiosus, et plusieurs autres, s'adonnèrent un peu trop à l'Astrologie.

Le Juif Abraham Zachut, astrologue du roi de Portugal D. Emmanuel, et dont nous avons déjà parlé, composa un calendrier perpétuel, qui fut imprimé en 1500, et qui lui acquit une grande réputation : mais il n'y mit rien de lui-même que l'ordre et la disposition, le reste étant tiré des anciennes tables que plusieurs autres Juifs avaient faites quelque temps auparavant, et qui se trouvent encore dans les bibliothèques.

Enfin Nicolas Copernic parut. Il naquit à Thorn au commencement de l'an 1472. Son inclination pour les Mathématiques se manifesta dès l'enfance. Il fit d'abord quelques progrès à Cracovie ; et à 23 ans il entreprit le voyage d'Italie. Il alla d'abord à Bologne, où il fit diverses observations avec Dominicus Maria. De-là il passa à Rome, où sa réputation égala bien-tôt celle de Régiomontanus. De retour dans sa patrie, Luc Wazelrodius, son oncle maternel, évêque de Warmie, lui donna un canonicat dans sa cathédrale. Ce fut alors qu'il se proposa de réformer le système reçu sur le mouvement des planètes. Il examina avec soin les opinions des anciens, prit ce qu'il y avait de bon dans chaque système, et en forma un nouveau, qui porte encore aujourd'hui son nom. Il fut enterré à Warmie en Mai 1543. Son système établit l'immobilité du soleil et le mouvement de la terre autour de cet astre, à quoi il ajouta le mouvement de la terre sur son axe, qui était l'hypothèse d'Heraclide de Pont et d'Ecphantus Pythagoricien.

Il ne faut pas oublier Jérome Cardan, né à Pavie en 1508. Il s'appliqua à la Médecine et aux Mathématiques. Comme il était fort entêté de l'Astrologie, il voulut remettre cette prétendue science en honneur, en faisant voir la liaison qu'elle avait avec la véritable Astronomie. Il composa divers ouvrages sur cette idée, et mourut à Milan en 1575. Guillaume IV. Landgrave de Hesse mérite aussi de tenir sa place parmi les astronomes célèbres du même siècle. Il fit de grandes dépenses à Cassel, pour faciliter les observations. Il avait à ses gages Juste Byrgius, Suisse très-habîle dans la Mécanique, qui lui fit quantité d'instruments astronomiques ; et Christophe Rothman savant astronome, de la principauté d'Anhalt, aidait le Landgrave dans ses observations.

Vers le même temps, Tycho-Brahé contribua aussi beaucoup à perfectionner l'Astronomie, non-seulement par ses écrits, mais par l'invention de plusieurs instruments qu'il mit dans son château d'Uranibourg, auquel il donna ce nom à cause de l'observatoire qu'il y fit construire. Il publia, d'après ses propres observations, un catalogue de 770 étoiles fixes. Tycho-Brahé était d'une famille illustre de Danemarck. Une éclipse de soleil qu'il vit à Copenhague en 1560, lorsqu'il n'était encore âgé que de 14 ans, lui donna un tel goût pour l'Astronomie, que dès ce moment il tourna ses études de ce côté-là. Ses parents voulaient le faire étudier en Droit : mais il s'appliquait à sa science favorite, et consacrait à l'achat des livres qui y étaient relatifs l'argent destiné à ses plaisirs. Il fit ainsi de grands progrès à l'aide de son propre génie ; et dès qu'il ne fut plus gêné, il visita les principales universités d'Allemagne, et les lieux où il savait qu'il y avait de savants astronomes. Après ce voyage il revint en Danemarck en 1571, où il se procura toutes les commodités qu'un particulier peut avoir pour faire de bonnes observations. Quatre ans après il fit un nouveau voyage en Allemagne et en Italie. Il vit les instruments dont se servait le Landgrave de Hesse, et il en admira la justesse et l'utilité. Il pensait à se fixer à Bâle : mais le roi Fréderic II. l'arrêta en lui donnant l'île d'Ween, où il lui bâtit un observatoire et lui fournit tous les secours nécessaires à ses vues. Il y resta jusqu'en 1597, que le roi étant mort, la cour ne voulut plus subvenir à cette dépense. L'empereur Rodolphe l'appela à Prague l'année suivante, et il y mourut en 1601, âgé de 55 ans. On sait qu'il inventa un nouveau système d'Astronomie, qui est une espèce de conciliation de ceux de Ptolomée et de Copernic. Il n'a pas été adopté par les astronomes : mais il sera toujours une preuve des profondes connaissances de son auteur. Le travail de Tycho conduisit, pour ainsi dire, Kepler à la découverte de la vraie théorie de l'Univers et des véritables lois que les corps célestes suivent dans leurs mouvements. Il naquit en 1571. Après avoir fait de grands progrès dans l'Astronomie, il se rendit en 1600 auprès de Tycho-Brahé, qui l'attira en lui faisant des avantages. Il eut la douleur de perdre ce maître dès l'année suivante : mais l'empereur Rodolphe le retint à son service, et il fut continué sur le même pied par Matthias et Ferdinand. Sa vie ne laissa pas d'être assez traversée : il mourut en 1636. Il avait une habileté peu commune dans l'Astronomie et dans l'Optique. Descartes le reconnait pour son maître dans cette dernière science, et l'on prétend qu'il a été aussi le précurseur de Descartes dans l'hypothèse des tourbillons. On sait que ses deux lois ou analogies sur les révolutions des planètes ont guidé Newton dans son système. Voyez PLANETE, PERIODE, GRAVITATION.

Galilée introduisit le premier l'usage des telescopes dans l'Astronomie. A l'aide de cet instrument, les satellites de Jupiter furent découverts par lui-même, de même que les montagnes dans la lune, les taches du soleil, et sa révolution autour de son axe. Voyez TELESCOPE, SATELLITE, LUNE, TACHES, etc. Les opinions de Galilée lui attirèrent les censures de l'inquisition de Rome : mais ces censures n'ont pas empêché qu'on ne l'ait regardé comme un des plus grands génies qui ait paru depuis longtemps. Ce grand homme était fils naturel d'un praticien de Florence, et il naquit dans cette ville en 1564. Ayant oui parler de l'invention du telescope en Hollande (voyez TELESCOPE) sans savoir encore comment l'on s'y prenait, il s'appliqua à en faire un lui-même ; il y réussit et s'en servit le premier et très-avantageusement pour observer les astres. A l'aide de ce secours, il découvrit dans les cieux, des choses qui avaient été inconnues à tous les anciens astronomes. Il prétendait trouver les longitudes par l'observation des éclipses des satellites de Jupiter : mais il mourut en 1642 avant que de parvenir à son but. On peut voir une exposition de ses vues et de ses découvertes, que M. l'abbé Pluche met dans la bouche de Galilée même, tome IV. de son spectacle de la nature.

Hevelius parut ensuite ; il donna d'après ses propres observations un catalogue des étoiles fixes beaucoup plus complet que celui de Tycho. Gassendi, Horrox, Bouillaud, Ward, contribuèrent aussi de leur côté à l'avancement de l'Astronomie. Voyez SATURNE, ANNEAU, ECLIPTIQUE, MICROMETRE.

L'Italie possédait alors J. B. Riccioli et Fr. Ma. Grimaldi, tous deux de la compagnie de Jesus, et associés dans leurs observations. Le premier, à l'imitation de Ptolomée, composa un nouvel Almageste, dans lequel il rassembla toutes les découvertes astronomiques, tant anciennes que modernes. Les Hollandais qui ont tant d'intérêt à cultiver cette science à cause de la navigation, eurent aussi dans ce XVIIe siècle d'habiles astronomes. Le plus illustre est Huygens, c'est à lui qu'on doit la découverte de l'anneau de Saturne, d'un de ses satellites, et l'invention des horloges à pendule. Il fit un livre sur la pluralité des mondes, accompagné de conjectures sur leurs habitants. Il mourut en 1695, âgé de 76 ans.

Newton, d'immortelle mémoire, démontra le premier, par des principes physiques, la loi selon laquelle se font tous les mouvements célestes ; il détermina les orbites des planètes, et les causes de leurs plus grands ainsi que de leurs plus petits éloignements du soleil. Il apprit le premier aux savants d'où nait cette proportion constante et régulière observée, tant par les planètes du premier ordre, que par les secondaires, dans leur révolution autour de leurs corps centraux, et dans leurs distances comparées avec leurs révolutions périodiques. Il donna une nouvelle théorie de la lune, qui répond à ses inégalités, et qui en rend raison par les lois de la gravité et par des principes de mécanique. Voyez ATTRACTION, LUNE, FLUX et REFLUX, etc.

Nous avons l'obligation à M. Halley de l'Astronomie des cometes, et nous lui devons aussi un catalogue des étoiles de l'hémisphère méridional. L'Astronomie s'est fort enrichie par ses travaux. Voyez COMETE, TABLE, etc.

M. Flamsteed a observé pendant quarante ans les mouvements des étoiles, et il nous a donné des observations très-importantes sur le soleil, la lune, et les planètes, outre un catalogue de 3000 étoiles fixes, nombre double de celui du catalogue d'Hevelius. Il parait qu'il ne manquait plus à la perfection de l'Astronomie, qu'une théorie générale et complete des phénomènes célestes expliqués par les vrais mouvements des corps et par les causes physiques, tant de ces mouvements que des phénomènes ; Gregori a rempli cet objet. Voyez CENTRIPETE, CENTRIFUGE, etc.

Charles II. roi d'Angleterre, ayant formé en 1660 la Société royale des Sciences de Londres, fit construire six ans après une observatoire à Greenwich. Flamsteed, qui commença à y faire des observations en 1676, est mort en 1719. Il a eu pour successeur l'illustre Edmond Halley, mort en 1742, et remplacé par M. Bradley, célèbre par sa découverte sur l'aberration des étoiles fixes.

L'Académie royale des Sciences de Paris, protégée par Louis XIV. et par Louis XV. a produit aussi d'excellents astronomes, qui ont fort enrichi cette science par leurs observations et par leurs écrits. M. Cassini, que Louis XIV. fit venir de Bologne, s'est distingué par plusieurs découvertes astronomiques. M. Picard mesura la terre plus exactement que l'on ne l'avait fait jusqu'alors ; et M. de la Hire publia en 1702 des tables astronomiques. Depuis ce temps les membres de cette compagnie n'ont point cessé de cultiver l'Astronomie en même temps que les autres sciences qui font son objet. Aidés des instruments dont l'observatoire de Paris est abondamment fourni, ils ont fait prendre une nouvelle face à l'Astronomie. Ils ont fait des tables exactes des satellites de Jupiter ; ils ont déterminé la parallaxe de Mars, d'où l'on peut tirer celle du soleil ; ils ont corrigé la doctrine des réfractions des astres ; enfin ils ont fait et font tous les jours un grand nombre d'observations sur les planètes, les étoiles fixes, les cometes, etc. L'Italie n'est pas demeurée en-arrière ; et pour le prouver il suffit de nommer MM. Gulielmini, Bianchini, Marsigli, Manfredi, Ghisleri, Capelli, etc. Le Nord a aussi eu de savants astronomes. M. Picard ayant amené Olaus Roemer, de Copenhague à Paris, il ne tarda pas à se faire connaître avantageusement aux académiciens. Il construisit diverses machines qui imitaient exactement le mouvement des planètes. Son mérite le fit rappeler dans sa patrie, où il continua à fournir glorieusement la même carrière. Le roi de Suède, Charles XI. observa lui-même le soleil à Torneo, dans la Bothnie, sous le cercle polaire arctique. L'on sait avec quels soins et quelles dépenses on cultive depuis quelque temps l'Astronomie à Petersbourg, et le grand nombre de savants que la libéralité du souverain y a attirés. Enfin les voyages faits au Nord et au Sud pour déterminer la figure de la Terre avec la plus grande précision, immortaliseront à jamais le règne de Louis XV. par les ordres et les bienfaits de qui ils ont été entrepris et terminés avec succès.

Outre les observatoires dont nous avons déjà parlé, plusieurs princes et plusieurs villes en ont fait bâtir de très-beaux, et fort bien pourvus de tous les instruments nécessaires. La ville de Nuremberg fit bâtir un observatoire en 1678, qui a servi successivement à MM. Eimmart, Muller, et Doppelmayer. Les curateurs de l'académie de Leyde en firent un en 1690 ; l'on y remarque la sphère armillaire de Copernic.

Fréderic I. roi de Prusse, ayant fondé au commencement de ce siècle une Société royale à Berlin, fit construire en même temps un observatoire ; M. Kirch s'y est distingué jusqu'à sa mort, arrivée en 1740. Le comte de Marsigli engagea en 1712 le sénat de Bologne à fonder une académie et à bâtir un observatoire. Voyez INSTITUT. L'année suivante l'académie d'Altorf fit aussi la dépense d'un pareil édifice. Le Landgrave de Hesse suivit cet exemple en 1714 ; le roi de Portugal en 1722, et la ville d'Utrecht en 1726 ; enfin en 1739 et l'année suivante le P. d'Evora en a fait construire un à Rome ; le roi de Suède un à Upsal ; l'on en a fait un troisième dans l'académie de Giesse.

Nous trouverons quelques dames qui ont marché sur les traces de la célèbre Hypatia ; telle a été Marie Cunitz, fille d'un médecin de Silésie, laquelle fit imprimer en 1650 des tables astronomiques suivant les hypothèses de Kepler. Maria Clara, fille du savant Eimmart et femme de Muller, tous deux habiles astronomes, fut d'un grand secours à son père et à son mari, tant dans les observations que dans les calculs. Jeanne du Mée fit imprimer à Paris, en 1680, des entretiens sur l'opinion de Copernic touchant la mobilité de la terre, où elle se propose d'en démontrer la vérité. Mademoiselle Winkelman, épouse de M. Godefroi Kirch, partageant le goût de l'Astronomie avec son mari, se mit à l'étudier, et y fit d'assez grands progrès pour aider M. Kirch dans ses travaux. Elle donna au public en 1712 un ouvrage d'Astronomie.

Il parait par les lettres de missionnaires Danois, que les Brachmanes qui habitent la côte de Malabar ont quelque connaissance de l'Astronomie : il y en a qui savent prédire les éclipses. Leur calendrier approche du calendrier Julien : mais ces connaissances sont obscurcies par quantité d'erreurs grossières, et en particulier par un attachement superstitieux à l'Astrologie judiciaire : ils abusent étrangement le peuple par ces artifices. Il en faut dire autant des habitants de l'île de Madagascar, où les prêtres sont tous astrologues. Les Siamais donnent aussi dans ces superstitions. M. de Laloubere, à son retour de Siam en France, apporta leurs tables astronomiques sur les mouvements du soleil et de la lune. M. Cassini trouva la méthode suivant laquelle ils les avaient dressées, assez ingénieuse, et après quelques changements, assez utile. Il conjectura que ces peuples les avaient reçues des Chinois.

Les peuples de l'Amérique ne sont pas destitués de toutes connaissances astronomiques. Ceux du Pérou réglaient leur année sur le cours du soleil ; ils avaient bâti des observatoires, et ils connaissaient plusieurs constellations.

Quoique cet article soit un peu long, on a cru qu'il ferait plaisir aux lecteurs ; il est tiré des deux extraits qu'un habîle journaliste a donnés de l'histoire de l'Astronomie, publiée en latin par M. Weidler, Wittemb. in-4°. 1740. Ces extraits se trouvent dans la nouvelle Biblioth. mois de Mars et d'Avril 1742 ; et ils nous ont été communiqués par M. Formey, historiographe et secrétaire de l'académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Prusse, à qui par conséquent nous avons obligation de presque tout cet article.

Ceux qui voudront une histoire plus détaillée de l'origine et des progrès de l'Astronomie, peuvent consulter différents ouvrages, entr'autres ceux d'Ismaèl Bouillaud, et de Flamsteed ; Jean Gerard Vossius, dans son volume de quatuor Artibus popularibus ; Horrius, dans son Histoire philosophique, imprimée à Leyde en 1655 in-4 °. Jonsius, de Scriptoribus historiae philosophicae, imprimé à Francfort, in-4 °. 1659. On peut encore consulter les vies de Regiomontanus, de Copernic et de Tycho, publiées par Gassendi. Feu M. Cassini a composé aussi un Traité de l'origine et du progrès de l'Astronomie, qu'il a fait imprimer à la tête du recueil des voyages de l'Académie, qui parut en 1693.

M. l'abbé Renaudot nous a laissé sur l'origine de la sphère un Mémoire que nous avons déjà cité, et dont nous avons fait beaucoup d'usage dans cet article : on peut encore consulter, si l'on veut, les préfaces des nouvelles éditions faites en Angleterre, de Manilius et d'Hésiode. Parmi les anciens écrivains, Diogène Laerce et Plutarque, sont ceux qu'il est le plus à propos de lire sur ce même sujet.

On distribue quelquefois l'Astronomie, relativement à ses différents états, en Astronomie nouvelle, et Astronomie ancienne.

L'Astronomie ancienne, c'est l'état de cette science sous Ptolomée et ses successeurs ; c'est l'Astronomie avec tout l'appareil des orbes solides, des épicycles, des excentriques, des déférents, des trépidations, etc. Voyez CIEL, EPICYCLE, etc.

Claud. Ptolomée a exposé l'ancienne Astronomie dans un ouvrage que nous avons de lui, et qu'il a intitulé . Cet ouvrage, dont nous avons déjà parlé, a été traduit en arabe en 827 ; et Trapezuntius l'a donné en latin.

Purbachius et son disciple Regiomontanus, publièrent en 1550 un abrégé du , à l'usage des commençans. Cet abrégé contient toute la doctrine des mouvements célestes, les grandeurs des corps, les éclipses, etc. L'arabe Albategni compila aussi un autre ouvrage sur la connaissance des étoiles ; cet ouvrage parut en latin en 1575.

L'Astronomie nouvelle, c'est l'état de cette science depuis Copernic, qui anéantit tous ces orbes, épicycles et fictices, et réduisit la constitution des cieux à des principes plus simples, plus naturels, et plus certains. Voyez COPERNIC ; voyez aussi SYSTEME, SOLEIL, TERRE, PLANETE, ORBITE, etc. Voyez de plus SPHERE, GLOBE, etc.

L'Astronomie nouvelle est contenue, 1°. dans les six livres des révolutions célestes publiées par Copernic l'an de J. C. 1566. C'est dans cet ouvrage que corrigeant le système de Pythagore et de Philolaus sur le mouvement de la terre, il pose les fondements d'un système plus exact.

2°. Dans les commentaires de Kepler sur les mouvements de Mars, publiés en 1609 : c'est dans cet ouvrage qu'il substitue aux orbites circulaires qu'on avait admis jusqu'alors, des orbites elliptiques qui donnèrent lieu à une théorie nouvelle, qu'il étendit à toutes les planètes dans son abrégé de l'Astronomie de Copernic, qu'il publia en 1635.

3°. Dans l'Astronomie Philolaïque de Bouillaud, qui parut en 1645 ; il s'y propose de corriger la théorie de Kepler, et de rendre le calcul plus exact et plus géométrique. Seth Ward fit remarquer dans son examen des fondements de l'Astronomie Philolaïque, quelques erreurs commises par l'auteur, qu'il se donna la peine de corriger lui-même dans un ouvrage qu'il publia en 1657, sous le titre d'exposition plus claire des fondements de l'Astronomie Philolaïque.

4°. Dans l'Astronomie géométrique de Ward, publiée en 1656, où cet auteur propose une méthode de calculer les mouvements des planètes avec assez d'exactitude, sans s'assujettir toutefois aux vraies lois de leurs mouvements, établies par Kepler. Le comte de Pagan donna la même chose l'année suivante. Il parait que Kepler même avait entrevu cette méthode, mais qu'il l'avait abandonnée, parce qu'il ne la trouvait pas assez conforme à la nature.

5°. Dans l'Astronomie Britannique publiée en 1657, et dans l'Astronomie Caroline de Stret, publiée en 1661 ; ces deux ouvrages sont fondés sur l'hypothèse de Ward.

6°. Dans l'Astronomie Britannique de Wings, publiée en 1669, l'auteur donne d'après les principes de Bouillaud, des exemples fort bien choisis de toutes les opérations de l'Astronomie pratique, et ces exemples sont mis à la portée des commençans.

Riccioli nous a donné dans son Almageste nouveau, publié en 1651, les différentes hypothèses de tous les Astronomes, tant anciens que modernes ; et nous avons dans les éléments de l'Astronomie physique et géométrique de Gregori, publiés en 1702, tout le système moderne d'Astronomie, fondé sur les découvertes de Copernic, de Kepler, et de Newton.

Taquet a écrit un ouvrage intitulé, la Moelle de l'Astronomie ancienne. Whiston a donné ses Prélections astronomiques, publiées en 1707. Au reste les ouvrages les plus proportionnés à la capacité des commençans, sont les Instructions astronomiques de Mercator, publiées en 1606 : elles contiennent toute la doctrine du ciel, tant ancienne que moderne ; et l'Introduction à la vraie Astronomie de Keill, publiée en 1718, où il n'est question que de l'Astronomie moderne. Ces deux ouvrages sont également bien faits l'un et l'autre, et également propres au but de leurs auteurs. Le dernier de ces traités a été donné en français par M. le Monnier en 1746, avec plusieurs augmentations très-considérables, relatives aux nouvelles découvertes qui ont été faites dans l'Astronomie ; il a enrichi cet ouvrage de nouvelles tables du soleil et de la lune, et des satellites, qui seront d'une grande utilité pour les Astronomes. Enfin il a mis à la tête un essai en forme de préface, sur l'histoire de l'Astronomie moderne, où il traite du mouvement de la terre, de la précession des équinoxes, de l'obliquitté de l'écliptique, et du moyen mouvement de Saturne. M. Cassini, aujourd'hui pensionnaire vétéran de l'Académie royale des Sciences, a aussi publié des Eléments d'Astronomie en deux volumes in-4 °. qui répondent à l'étendue de ses connaissances, et à la réputation qu'il a parmi les savants.

Le ciel pouvant être considéré de deux manières, ou tel qu'il parait à la vue simple, ou tel qu'il est conçu par l'esprit, l'Astronomie peut se diviser en deux parties, la sphérique et la théorique ; l'Astronomie sphérique est celle qui considère le ciel tel qu'il se montre à nos yeux ; on y traite des observations communes d'Astronomie, des cercles de la sphère, des mouvements des planètes, des lieux des fixes, des parallaxes, etc.

L'Astronomie théorique est cette partie de l'Astronomie qui considère la véritable structure et disposition des cieux et des corps célestes, et qui rend raison de leurs différents phénomènes.

On peut distinguer l'Astronomie théorique en deux parties : l'une est pour ainsi dire purement astronomique, et rend raison des différentes apparences ou phénomènes qu'on observe dans le mouvement des corps célestes ; c'est elle qui enseigne à calculer les éclipses, à expliquer les stations, directions, rétrogradations des planètes, les mouvements apparents des planètes tant premières que secondaires, la théorie des cometes, etc.

L'autre se propose un objet plus élevé et plus étendu ; elle rend la raison physique des mouvements des corps célestes, détermine les causes qui les font mouvoir dans leurs orbites, et l'action qu'elles exercent mutuellement les unes sur les autres. Descartes est le premier qui ait tenté d'expliquer ces différentes choses avec quelque vraisemblance. Newton qui est venu depuis, a fait voir que le système de Descartes ne pouvait s'accorder avec la plupart des phénomènes, et y en a substitué un autre, dont on peut voir l'idée au mot PHILOSOPHIE NEWTONIENNE. On peut appeler cette seconde partie de l'Astronomie théorique, Astronomie physique, pour la distinguer de l'autre partie qui est purement géométrique. David Gregori a publié un ouvrage en deux volumes in -4°. qui a pour titre : Eléments d'Astronomie physique et géométrique, Astronomiae physicae et geometricae elementa. Voyez les différentes parties de l'Astronomie théorique, sous les mots SYSTEME, SOLEIL, ETOILES, PLANETE, TERRE, LUNE, SATELLITE, COMETE, etc.

On peut encore diviser l'Astronomie en terrestre et en nautique : la première a pour objet le ciel, en tant qu'il est considéré dans une observatoire fixe et immobîle sur la terre ferme : la seconde a pour objet le ciel Ve d'un observatoire mobîle ; par exemple, dans un vaisseau qui se meut en pleine mer. M. de Maupertuis, aujourd'hui président perpétuel de l'Académie des Sciences de Berlin, a publié à Paris en 1743 un excellent ouvrage, qui a pour titre, Astronomie nautique, ou Eléments d'Astronomie, tant pour un observatoire fixe, que pour un observatoire mobile.

L'Astronomie tire beaucoup de secours de la Géométrie, pour mesurer les distances et les mouvements tant vrais qu'apparents des corps célestes ; de l'Algèbre pour résoudre ces mêmes problèmes, lorsqu'ils sont trop compliqués ; de la Mécanique et de l'Algèbre, pour déterminer les causes des mouvements des corps célestes ; enfin des arts mécaniques, pour la construction des instruments avec lesquels on observe. Voyez TRIGONOMETRIE, GRAVITATION, SECTEUR, QUART DE CERCLE, etc. et plusieurs autres articles, qui seront la preuve de ce que l'on avance ici. (O)