S. m. (Métallurgie) c'est une opération de Métallurgie, par laquelle on se propose de calciner ou de dégager des mines avant que de les fondre les parties sulfureuses, arsénicales, antimoniales et volatiles qui sont combinées avec le métal lorsqu'il est minéralisé ; parce que ces parties étrangères, si elles restaient unies avec le métal, nuiraient à sa pureté, le rendraient aigre, cassant, et difficîle à fondre. Comme presque toutes les mines d'argent, de plomb, de cuivre, d'étain, etc. contiennent ou du soufre, ou de l'arsenic, ou l'un et l'autre à-la-fais, on est obligé de les faire passer par l'opération du grillage avant que de les faire fondre : cette opération est de la plus grande importance ; et l'on en peut tirer un très-grand fruit quand elle se fait d'une façon convenable et analogue à la nature de la mine que l'on a à traiter. L'expérience a fait voir que le grillage n'est point du-tout indifférent, et que les mines qui ont été grillées, donnaient toujours plus de métal que celles qui ne l'avaient point été.

La grande diversité qui se trouve dans la combinaison des différentes mines, fait que les méthodes qu'on emploie pour le grillage, sont très-variées, et diffèrent autant que les mines elles-mêmes ; de-là vient aussi qu'il y en a qu'on est obligé de griller un très-grand nombre de fais, tandis que d'autres n'exigent qu'un petit nombre de grillages ; cela dépend de la quantité des matières que l'on doit dégager, et de leur combinaison plus ou moins intime avec le métal lorsqu'il est minéralisé. C'est donc aux directeurs des mines et des fonderies à connaître parfaitement la nature de leur mine, et des matières qui entrent dans sa composition et qui l'accompagnent, pour juger de la manière dont le grillage doit lui être appliqué.

L'opération du grillage se pratique, ou avant de donner aux mines la première fonte au fourneau de fusion, ou bien il se fait sur la matte, c'est-à-dire sur la matière impure et mélangée que l'on obtient après la première fonte de la mine ; ainsi on distingue deux espèces de grillages, savoir, celui de la mine, et celui de la matte. L'une et l'autre de ces opérations se fait de plusieurs façons différentes, qui varient avec les lieux et suivant la nature des mines. On se contentera d'indiquer les méthodes les plus communes. Il y a des grillages qui se font à l'air libre : d'autres se font sous des angars ou toits ; d'autres se font dans des fourneaux voutés. Pour le grillage simple qui se fait à l'air libre, on choisit auprès de la fonderie un terrain uni, sur lequel on dispose en carré du bois ou des fagots ; l'on étend la mine par-dessus, et l'on continue ainsi à faire des couches alternatives de bois et de mine : ce qui fait un tas qui a la forme d'une pyramide tronquée, comme on peut voir dans les Planches de Métallurgie, fig. 1. On a soin de laisser un intervalle vide entre le sol du terrain et la première couche de bois, afin de pouvoir allumer le tas que l'on veut griller.

Le grillage à l'air libre se fait aussi sur une aire entourée d'un mur, à qui on donne des formes différentes dans les différents pays. A Fahlun en Suède, ce mur ressemble à un fer à cheval (Voyez dans la Planche la figure 2. la lettre A marque le registre ou la cheminée qu'on pratique pour que l'air fasse aller le feu). Mais la forme la plus ordinaire qu'on donne à ce mur, est celle qu'on voit à la fig. 3. c'est un mur à trois côtés A B C, partagé par plusieurs autres murailles D D D, qui forment comme des cloisons ; c'est dans l'espace compris entre ces murs ou cloisons, que l'on arrange le bois et la mine pour le grillage. Dans d'autres endroits le fourneau de grillage est un grand carré de maçonnerie, voyez la figure 4, a a a sont les soupiraux pour le cours libre de l'air ; b est l'entrée du fourneau. A Freyberg en Saxe, on grille la mine d'argent et de plomb dans un fourneau qu'on voit représenté à la fig. 5. dont le sol A A sur lequel se fait le grillage, est revêtu de briques ; ce fourneau est couvert d'un tait soutenu par des piliers de brique, qui portent sur la maçonnerie des côtés du fourneau ; on laisse une ouverture à ce tait, pour que la fumée se dégage. Il y a des occasions où l'on est obligé de faire le grillage dans des fourneaux de réverbere, voutés et arrangés de manière que la flamme qu'on allume dessous, vient rouler sur la matière que l'on veut griller. Schlutter en inventa un de cette espèce, dont il se servit avec succès ; il pouvait contenir jusqu'à 32 quintaux de mine à-la-fais. Il en donne une description très-circonstanciée dans son traité de la fonte des mines, tom. II. p. 31. et §. de la traduction française.

Il y a encore un grand nombre de manières pour faire le grillage des mines ; et chaque endroit où l'on s'occupe des travaux de la métallurgie, suit à cet égard une méthode particulière, qui diffère à quelques égards de celle des autres pays ; mais celles qui viennent d'être décrites, suffisent pour qu'on se fasse une idée de cette opération ; ceux qui voudront de plus grands détails sur le grillage, les trouveront dans le traité de la fonte des mines d'André Schlutter, publié en français par M. Hellot, tom. II. et dans Emmanuel Swedenborg, opera mineralia. De cupro.

Les règles générales à observer pour le grillage, c'est d'employer un feu doux qui fasse simplement rougir doucement la mine sans la faire entrer en fusion. Il est nécessaire que le feu soit doux, parce que s'il était violent, en dégageant les parties volatiles qu'on veut faire partir, son impétuosité entraînerait aussi les parties métalliques qui sont écartées les unes des autres dans la mine, et divisées en particules très-déliées.

La plupart des métallurgistes préfèrent le feu de bois à celui de charbon pour le grillage des mines, tant parce qu'il est moins couteux que le charbon, que parce qu'il ne chauffe point si vivement, et remplit mieux les vues qu'on se propose dans cette opération. On regarde le bois de pin et de sapin comme préférable à tous les autres ; à son défaut on peut employer le bois de chêne ou de hêtre ; on peut aussi se servir de fagots. Il y a des endroits où l'on grille avec du bois verd et mouillé ; mais l'expérience a fait voir que l'usage du bois sec était beaucoup plus avantageux.

L'on est quelquefois obligé de réiterer le grillage de la même mine un grand nombre de fois ; cela dépend de sa nature et de ses propriétés ; et c'est l'expérience et l'habileté du métallurgiste qui doit en décider. Il y a des mines qu'on est obligé de faire passer par 16, 18, et même 20 feux ou grillages ; on voit que le traitement de ces sortes de mines ne peut être entrepris que dans des pays où le bois est très-commun, et la main-d'œuvre à très-bon marché, comme en Suède.

Lorsqu'on fait griller des mines, on est souvent obligé d'y faire des additions qui, jointes à l'action du feu, servent à les développer et à détruire les substances étrangères qui sont unies au métal dans sa mine ; c'est ainsi que l'on joint des pyrites avec de certaines mines de cuivre lorsqu'on les fait griller ; par-là l'acide du soufre que ces pyrites contiennent se dégage, et met en dissolution la minière ou la pierre qui sert d'enveloppe à la mine, et détruit les parties ferrugineuses qui s'y trouvent jointes ; lorsque les mines sont arsénicales, il est aussi à propos d'y joindre des pyrites, parce que leur soufre se combine avec l'arsenic, qui par-là se dégage du métal. Quelquefois lorsque la mine est sulfureuse, on y joint de la chaux, qui dans le grillage absorbe la trop grande quantité de soufre. Par ces additions la mine est développée, et plus propre à recevoir le feu de fusion. (-)

* GRILLAGE, (Serrurerie) petit tissu ou de bois, ou de fil-de-fer, ou de laiton, qui s'entrelacent, qui se croisent, et qui laissent entr'eux des intervalles carrés, oblongs, ou de toute autre figure. On pratique un grillage aux soupiraux des caves, aux portes d'un garde-manger, par-tout où l'on veut permettre l'entrée libre à l'air, et la fermer à toute autre chose.

GRILLAGE, en terme de Fabriquant de blonde, est un plein dessiné diversement selon les gouts divers, et travaillé avec un seul fuseau pour chaque fil ou trait, chargé d'un fil qui n'a qu'un double. Quoique tout grillage s'appelle plein ou point de fuseau, il ne faut pas croire qu'il n'y ait point d'espace d'un fil à l'autre ; il y en a toujours de petits qui, pour l'ordinaire, forment autant de carrés un peu inclinés.

GRILLAGE, en termes de Confiseur, est un ouvrage à qui l'on donne ce nom, parce que l'on le laisse un peu roussir sur le feu. On fait des grillages d'amandes, de tailladin, de citron, etc.

GRILLAGE, (Docimasie) voyez l'article ROTISSAGE.