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Catégorie parente: Science
Catégorie : Hydrographie
S. f. (Hydrographie) c'est l'art ou l'action de naviguer ou de conduire un navire d'un lieu dans un autre par le chemin le plus sur, le plus court et le plus commode. Voyez NAVIRE, etc.

Cet art, dans le sens le plus étendu qu'on puisse donner au mot qui l'exprime, comprend trois parties ; 1°. l'art de construire, de bâtir les vaisseaux, voyez CONSTRUCTION ; 2°. l'art de les charger, voyez LEST et ARRIMAGE ; 3°. l'art de les conduire sur la mer, qui est l'art de la Navigation proprement dit.

Dans ce dernier sens limité, la Navigation est commune ou propre.

La Navigation commune, autrement appelée Navigation le long des côtes, est celle qui se fait d'un port dans un autre situé sur la même côte ou sur une côte voisine, pourvu que le vaisseau s'éloigne presqu'entièrement de la vue des côtes et ne trouve plus de fond. Voyez CABOTAGE.

Dans cette navigation il suffit d'avoir un peu de connaissance des terres, du compas, et de la ligne avec laquelle les marins sondent. Voyez COMPAS, SONDE, etc.

Navigation propre se dit quand le voyage est long et se fait en plein Océan.

Dans ces voyages, outre les choses qui sont nécessaires dans la Navigation commune, il faut encore des cartes réduites de Mercator, des compas d'azimuth et d'amplitude, un lock, et d'autres instruments nécessaires pour les observations astronomiques, comme quart de cercle, quartier anglais. Voyez chacun de ces instruments en son lieu, CARTE, QUART DE CERCLE, etc.

Tout l'art de la Navigation roule sur quatre choses, dont deux étant connues, les deux autres sont connues aisément par les tables, les échelles et les cartes.

Ces quatre choses sont la différence en latitude, la différence en longitude, la distance ou le chemin parcouru, et le rhumb de vent sous lequel on court.

Les latitudes se peuvent aisément déterminer, et avec une exactitude suffisante. Voyez LATITUDE.

Le chemin parcouru s'estime par le moyen du lock. Voyez LOCK.

Ce qui manque le plus à la perfection de la Navigation, c'est de savoir déterminer la longitude. Les Géomètres se sont appliqués de tous les temps à résoudre ce grand problème, mais jusqu'à-présent leurs efforts n'ont pas eu beaucoup de succès, malgré les magnifiques récompenses promises par divers princes et par divers états à celui qui le résoudrait.

Si on veut connaître les différentes méthodes dont on se sert aujourd'hui en mer pour trouver la longitude, on les trouvera au mot LONGITUDE. Chambers. (O)

Les Poètes attribuent à Neptune l'invention de l'art de naviguer ; d'autres l'attribuent à Bacchus, d'autres à Hercule, d'autres à Jason, d'autres à Janus, qu'on dit avoir eu le premier un vaisseau. Les Historiens attribuent cet art aux Eginetes, aux Phéniciens, aux Tyriens, et aux anciens habitants de la Grande-Bretagne. L'Ecriture attribue l'origine d'une si utîle invention à Dieu même, qui en donna le premier modèle dans l'arche qu'il fit bâtir par Noé. En effet, ce patriarche parait dans l'Ecriture avoir construit l'arche sur les conseils de Dieu même : les hommes étaient alors non-seulement ignorants dans l'art de naviguer, mais même persuadés que cet art était impossible. Voyez ARCHE.

Cependant les Historiens nous représentent les Phéniciens, et particulièrement les habitants de Tyr, comme les premiers navigateurs ; ils furent, dit-on, obligés d'avoir recours au commerce avec les étrangers, parce qu'ils ne possédaient le long des côtes qu'un terrain stérîle et de peu d'étendue ; de plus, ils y furent engagés, parce qu'ils avaient deux ou trois excellents ports ; enfin ils y furent poussés par leur génie, qui était naturellement tourné au commerce.

Le mont Liban et d'autres montagnes voisines leur fournissaient d'excellents bois pour la construction des vaisseaux ; en peu de temps ils se virent maîtres d'une flotte nombreuse, en état de soutenir des voyages réitérés ; augmentant par ce moyen leur commerce de jour en jour, leur pays devint en peu de temps extraordinairement riche et peuplé, au point qu'ils furent obligés d'envoyer des colonies en différents endroits, principalement à Carthage. Cette dernière ville conservant le goût des Phéniciens pour le commerce, devint bientôt non-seulement égale, mais supérieure à Tyr. Elle envoyait ses flottes par les colonnes d'Hercule (aujourd'hui le détroit de Gibraltar) le long des côtes occidentales de l'Europe et de l'Afrique ; et même, si on en croit quelques auteurs, jusque dans l'Amérique même, dont la découverte a fait tant d'honneur à l'Espagne plusieurs siècles après.

La ville de Tyr, dont les richesses et le pouvoir immense sont tant célébrés dans les auteurs sacrés et prophanes, ayant été détruite par Alexandre le Grand, sa navigation et son commerce furent transférés par le vainqueur à Alexandrie, ville que ce prince avait bâtie, admirablement située pour le commerce maritime, et dont Alexandre voulait faire la capitale de l'empire de l'Asie qu'il méditait. C'est ce qui donna naissance à la navigation des Egyptiens, rendue si florissante par les Ptolomées ; elle a fait oublier celle de Tyr et même celle de Carthage. Cette dernière ville fut détruite après avoir longtemps disputé l'empire avec les Romains.

L'Egypte ayant été réduite en province romaine après la bataille d'Actium, son commerce et sa navigation commença à dépendre d'Auguste ; Alexandrie fut pour lors inférieure à Rome seulement : les magasins de cette capitale du monde étaient remplis des marchandises de la capitale de l'Egypte.

Enfin Alexandrie eut le même sort que Tyr et Carthage ; elle fut surprise par les Sarrazins, qui, malgré les efforts de l'empereur Heraclius, infestaient les côtes du nord de l'Afrique. Les marchands qui habitaient cette ville l'ont quittée peu-à-peu, et le commerce d'Alexandrie a commencé à languir, quoique cette ville soit encore aujourd'hui la principale où les chrétiens font le commerce dans le levant.

La chute de l'empire Romain entraina après elle non-seulement la perte des Sciences et des arts, mais encore celle de la Navigation. Les Barbares qui ravagèrent Rome se contentèrent de jouir des dépouilles de ceux qui les avaient précédés.

Mais les plus braves et les plus sensés d'entre ces barbares ne furent pas plutôt établis dans les provinces qu'ils avaient conquises (les uns dans les Gaules, comme les Francs, les autres en Espagne, comme les Goths, les autres en Italie, comme les Lombards), qu'ils comprirent bientôt tous les avantages de la Navigation ; ils surent y employer habilement les peuples qu'ils avaient vaincus ; et ce fut avec tant de succès, qu'en peu de temps ils furent en état de leur donner eux-mêmes des leçons, et de leur faire connaître les nouveaux avantages qui pourraient leur en revenir.

C'est, par exemple, aux Lombards qu'on attribue l'établissement des banques, des teneurs de livres, des changes, etc. Voyez BANQUE, CHANGE, etc.

On ignore quel peuple de l'Europe a commencé le premier à faire le Commerce et la Navigation, après l'établissement de ces nouveaux maîtres. Quelques-uns craient que ce sont les Francs, quoique les Italiens paraissent avoir des titres plus authentiques, et soient ordinairement regardés comme les restaurateurs de cet art, aussi-bien que de tous les beaux-arts qui avaient été bannis de leur pays après la division de l'Empire romain.

C'est donc aux Italiens et particulièrement aux Vénitiens et aux Génois, que l'on doit le rétablissement de la Navigation ; et c'est en partie à la situation avantageuse de leur pays pour le commerce, que ces peuples doivent cette gloire.

Dans le fond de la mer Adriatique étaient un grand nombre d'iles, séparées les unes des autres par des canaux fort étroits, mais fort à couvert d'insulte, et presqu'inaccessibles ; elles n'étaient habitées que par quelques pêcheurs qui se soutenaient par le trafic du poisson et du sel, qui se trouve dans quelques-unes de ces iles. C'est là que les Vénitiens, qui habitaient les côtes d'Italie sur la mer Adriatique, se retirèrent, quand Attila, roi des Goths, et après lui Alaric, roi des Huns, vinrent ravager l'Italie.

Ces nouveaux insulaires ne croyant pas qu'ils dussent établir dans cet endroit leur résidence pour toujours, ne songèrent point à composer un corps politique ; mais chacune des 72 îles qui composaient ce petit archipel, fut longtemps soumise à différents maîtres, et fit une république à part. Quand leur commerce fut devenu assez considérable pour donner de la jalousie à leurs voisins, ils commencèrent à penser qu'il leur était avantageux de s'unir en un même corps ; cette union, qui commença vers le VIe siècle et qui ne fut achevée que dans le huitième, fut l'origine de la grandeur de Venise.

Depuis cette union, leurs marchands commencèrent à envoyer des flottes dans toutes les parties de la Méditerranée et sur les côtes d'Egypte, particulièrement au Caire, bâti par les Sarrazins sur le bord oriental du Nil : là ils trafiquaient leurs marchandises pour des épices et d'autres productions des Indes.

Ces peuples continuèrent ainsi à faire fleurir leur commerce et leur navigation, et à s'agrandir dans le continent par des conquêtes, jusqu'à la fameuse ligue de Cambray en 1508, dans laquelle plusieurs princes jaloux conspirèrent leur ruine. Le meilleur moyen d'y parvenir était de ruiner leur commerce dans les Indes orientales, les Portugais s'emparèrent d'une partie, et les François du reste.

Gènes, qui s'était appliquée à faire fleurir la Navigation dans le même temps à-peu-près que Venise, fut longtemps pour elle une dangereuse rivale, lui disputa l'empire de la mer, et partagea avec elle le commerce. La jalousie commença peu-à-peu à s'en mêler, et enfin les deux républiques en vinrent à une rupture ouverte. Leur guerre dura trois siècles, sans que la supériorité de l'une des nations sur l'autre fût décidée. Enfin sur la fin du xiv. siècle, la funeste bataille de Chiozza mit fin à cette longue guerre : les Génois qui jusqu'alors avaient presque toujours eu l'avantage, le perdirent entièrement dans cette journée ; et les Vénitiens au contraire, dont les affaires étaient presque totalement désespérées, les virent relevées au-delà de leurs espérances dans cette bataille, qui leur assura l'empire de la mer et la supériorité dans le commerce.

Dans le même temps qu'on retrouvait au midi de l'Europe l'art de naviger, il se formait dans le nord une société de marchands, qui non-seulement portèrent le Commerce à toute la perfection dont il était susceptible jusqu'à la découverte des Indes orientales et occidentales, mais formèrent aussi un nouveau code de lois pour établir de certaines règles ; code dont on fait usage encore aujourd'hui sous le nom d'us et coutumes de la mer.

Cette société est la fameuse ligue des villes anséatiques, qu'on croit communément avoir commencé à se former vers l'an 1164. Voyez ANSEATIQUES.

Si on examine pourquoi le commerce a passé des Vénitiens, des Génois et des villes anséatiques aux Portugais et aux Espagnols, et de ceux-ci aux Anglais et aux Hollandais, on peut établir pour maxime générale que les rapports ou, s'il est permis de parler ainsi, l'union de la Navigation avec le Commerce est si intime, que la ruine de l'un entraîne nécessairement celle de l'autre, et qu'ainsi ces deux choses doivent fleurir ou décheoir ensemble. Voyez COMMERCE, COMPAGNIE, etc.

Delà sont venues tant de lois et de statuts, pour établir des règles dans le commerce d'Angleterre, et principalement ce fameux acte de Navigation, qu'un auteur célèbre appelle le palladium ou le dieu tutelaire du commerce de l'Angleterre, acte qui contient les règles que les Anglais doivent observer entr'eux et avec les nations étrangères chez qui ils trafiquent. Chambers. (G)

NAVIGATION se dit en particulier de l'art de naviguer ou de déterminer tous les mouvements d'un vaisseau par le moyen des cartes marines.

Il y a trois espèces de Navigation ; la navigation plane, celle de Mercator, et la circulaire.

Dans la navigation plane on se sert des rhumbs tracés sur une carte plate. Voyez CARTE et RHUMB.

Ces cartes planes ont été mises en usage dans ces derniers temps pour la première fais, par le prince Henri, fils de Jean, roi de Portugal, qui vivait à la fin du XVe siècle, et auquel l'Europe est redevable des découvertes des Portugais, et de celles qui les ont suivies. Nous disons que dans ces derniers temps ce prince est le premier qui ait fait usage de ces cartes ; car il parait par ce que dit Ptolémée dans sa géographie, qu'autrefois Marin de Tyr en avait fait de pareilles, et Ptolémée en indique le défaut.

Dans la navigation de Mercator, on se sert de rhumbs tracés sur les cartes de Mercator, qu'on appelle cartes réduites. Voyez CARTE DE MERCATOR.

Ces cartes réduites avaient été en effet inventées par Mercator, mais il ignorait la loi suivant laquelle les degrés du méridien doivent croitre dans ces cartes en allant de l'équateur aux pôles. Edouard Wright est le premier qui ait connu cette loi. Les cartes réduites commencèrent à être mises en usage par les Navigateurs vers l'année 1630. Voyez l'hist. des Mathématiques de M. Montucla, fol. 1. pag. 608. Voyez aussi LOXODROMIE ; car la théorie de cette courbe est essentiellement liée à celle des cartes réduites.

Dans la navigation circulaire on se sert d'arcs de grands cercles : c'est la route la plus courte de toutes, mais on ne s'en sert plus, parce qu'elle est peu commode dans la pratique.

Navigation plane. I. La longitude, et la latitude de deux lieux étant donnée, trouver les lieues mineures de longitude.

1°. Si les deux lieux sont à l'orient ou à l'occident du premier méridien, soustrayez la moindre longitude de la plus grande, et le reste sera la différence des méridiens. Si l'un des deux lieux est à l'orient et l'autre à l'occident du premier méridien, ajoutez la longitude de celui qui est à l'orient au complément de la longitude de l'autre à 360 degrés, la somme sera la différence des méridiens.

2°. Divisez la différence des méridiens en autant de parties qu'il y a de degrés dans la différence en latitude, en employant de plus petites parties que les degrés si la différence des latitudes est plus grande que celle des méridiens.

3°. Réduisez pour le premier cas les minutes de longitude répondant à chaque partie, en milles de chaque parallèle ; et pour le second cas, en milles du parallèle qui est moyen proportionnel entre les deux.

4°. La somme de toutes ces parties étant faite, vous aurez à-peu-près les lieues mineures de longitude.

Exemple. Supposons que la longitude d'un de ces lieux soit de 35°. et l'autre de 47°. la différence des méridiens sera de 12°. Supposons de plus que la latitude du premier soit de 4°. celle du second de 8°, la différence sera de 4°, et conséquemment on aura été du quatrième au huitième parallèle ; c'est pourquoi il faudra diviser 12 par 4, et réduire le quotient qui est trois degrés en milles des différents parallèles 4, 5, 6, 7. Voyez DEGRE et MILLES DE LONGITUDE, dont la somme sera les lieues mineures de longitude cherchée.

Suivant Mercator, la réduction se fait beaucoup plus commodément par les cartes réduites de Mercator ; car il suffit dans ces cartes de porter l'arc intercepté entre deux méridiens sur l'arc du méridien intercepté, entre les deux parallèles, et la distance qu'on trouve par ce moyen donne les lieues mineures de longitude. Voyez CARTE DE MERCATOR.

II. La longitude et la latitude de deux lieux étant données, trouver le rhumb de vent qu'un vaisseau doit suivre pour aller d'un de ces lieux à l'autre, et la longueur de la route.

Pour la Navigation plane. 1. Trouvez les lieues mineures de longitude par le cas précédent. 2 Par le moyen de ces lieues et de la différence en latitude, trouvez l'angle loxodromique ou la ligne de rhumb, ce qui se fera par cette proportion, comme la différence de latitude est aux lieues mineures de longitude ; ainsi le sinus total est à la tangente de l'angle que le rhumb de vent cherché fait avec le méridien. Quant à la distance qu'il faudra courir sous ce rhumb, elle sera aux lieues mineures de longitude, comme le sinus total est au sinus de l'angle de rhumb. Voyez RHUMB et LOXODROMIE.

Suivant Mercator, 1. placez dans la carte réduite le centre d'une rose de boussole sur le lieu d'où il faut partir ; par exemple, en a, Voyez la fig. 4. de la Pl. de la Navigation, en observant que la ligne nord et sud soit parallèle à quelqu'un des méridiens ; 2. marquez le rhumb du compas dans lequel se trouve le lieu b où il faut aller, et ce rhumb sera celui sous lequel il faudra que le vaisseau parte ; 3. on peut trouver encore ce rhumb en tirant une ligne de a à b, et en mesurant par le moyen d'un rapporteur l'angle que le rhumb fait avec le méridien qu'il coupe ; 4. la distance a b se trouvera en portant cette distance de I en L, et il est à remarquer que le rhumb et la distance peuvent aussi être trouvés de la même manière sur la carte plane, au moins à-peu-près et par une route de peu d'étendue.

On peut encore faire la même opération de la manière suivante, en employant les tables loxodromiques.

Chaisissez à volonté un rhumb, et trouvez dans les tables les longitudes qui correspondent aux latitudes données, alors si la différence de ces longitudes s'accorde avec celle des longitudes données, le rhumb sera celui qu'on demandait ; mais si elle ne s'accorde pas, il faudra choisir un autre rhumb de vent soit d'un angle plus ouvert, soit d'un angle qui le soit moins, et répéter l'opération jusqu'à ce que la différence donnée par les tables s'accorde avec la différence qu'il faut trouver. 2. Le rhumb étant ainsi trouvé, on prendra dans les tables les distances qui répondent aux latitudes, et en retranchant la plus petite de la plus grande, on aura la distance cherchée.

III. Un rhumb étant donné avec la distance qu'on a couru sous ce rhumb, trouver la longitude et la latitude du lieu où l'on est arrivé.

Pour la Navigation plane. Par le moyen des données, trouvez la différence en latitude des deux lieux (ce qui se fera par le moyen de la proportion donnée à l'article LOXODROMIQUE). Cette différence étant ajoutée à la latitude du lieu d'où l'on est parti, ou en étant retranchée, suivant que le cas l'exige, donnera la latitude du lieu où l'on est arrivé. 2. Par le moyen des mêmes éléments et de la proportion donnée dans le n°. II. précédent, vous trouverez les lieues mineures de longitude, et ensuite la longitude du lieu où l'on est arrivé.

Suivant Mercator, 1. placez une rose de boussole sur la carte ; en sorte que le centre réponde au lieu a ; et que la ligne nord et sud soit parallèle au méridien de la carte. 2. Du point a, tirez une ligne a b qui représente la course du vaisseau ; prenez la distance donnée par parties en vous servant des échelles IK, KL, etc. et portez toute cette distance sur la ligne a b ; le point où elle sera terminée représentera le lieu où est arrivé le vaisseau, la longitude et la latitude de ce lieu seront données par la carte.

Par les tables loxodromiques. 1°. Cherchez sous le rhumb donné la distance qui répond à la latitude du lieu d'où l'on est parti, et ajoutez-la à la distance donnée, ou retranchez-la de cette même distance, suivant que le lieu d'où l'on est parti est plus au nord ou au sud de celui où l'on est arrivé. 2°. Continuez de parcourir le même rhumb jusqu'à ce que vous ayez atteint la distance exacte ; 3°. la latitude qui répondra alors à cette distance dans la première colomne sera la latitude du lieu où l'on est arrivé ; 4°. par la seconde colomne des tables, prenez les longitudes correspondantes, tant à la latitude du lieu de départ, qu'à la latitude du lieu où l'on est arrivé, et la différence de ces longitudes sera la différence de longitude cherchée entre le lieu d'où l'on est parti et celui où l'on est arrivé.

IV. Les latitudes, tant du lieu d'où le vaisseau est parti, que de celui où il est arrivé, étant données avec le rhumb qu'il a suivi, trouver la distance et la différence en longitude.

Pour la Navigation plane. Par le moyen de la différence en latitude et du rhumb donné, trouvez la distance, et par les mêmes éléments trouvez les lieues mineures de longitude ; convertissez ensuite ces lieues mineures en degrés de grand cercle, et vous aurez la différence en longitude cherchée.

Suivant Mercator, 1. placez le compas de variation sur la carte, comme dans le cas précédent, tirant ensuite par le point a sous le rhumb donné la ligne a b, prolongez-la jusqu'à ce qu'elle rencontre le parallèle de la latitude donnée. 2. Le point d'intersection de ces deux lignes sera le lieu où le vaisseau est arrivé ; 3. il sera alors bien facîle d'avoir la longitude et la distance. Voyez RHUMB.

Par les tables. Prenez, tant les longitudes que les distances qui répondent aux latitudes données ; soustrayez ensuite l'une des longitudes de l'autre, et de même pour les distances ; la première différence sera celle des longitudes qu'on cherche, et l'autre la distance demandée entre les lieux.

V. Les latitudes des deux lieux étant données avec leur distance, trouver le rhumb et la différence en longitude.

Pour la Navigation plane. Par la différence de latitude et par la distance, trouvez le rhumb par les mêmes éléments ; trouvez aussi les lieues mineures de longitude, ce que vous pourriez faire encore en vous servant du rhumb déjà trouvé et de la différence en latitude, ou bien du rhumb et de la distance parcourue ; enfin, par les lieues mineures de longitude, trouvez la différence en longitude.

Suivant Mercator ; tirez sur la carte le parallèle C D du lieu où le vaisseau est arrivé ; réduisez la distance parcourue en parties proportionnelles aux degrés de la carte. A Z étant cette distance réduite, de a décrivez un axe qui coupe le parallèle C D en Z, et ce point Z sera le lieu cherché sur la carte ; vous en trouverez ensuite facilement la longitude.

Par les tables. Soustrayez les latitudes données l'une de l'autre, et cherchez dans les tables le rhumb sous lequel la distance parcourue répondrait à la différence donnée en latitude ; soustrayez ensuite l'une de l'autre, les longitudes qui répondent sont le rhumb donné ; l'une au lieu d'où l'on est parti, et l'autre au lieu où l'on est arrivé ; le reste sera la différence en longitude cherchée.

VI. La différence en longitude des deux lieux étant donnée, avec la latitude du premier et la distance parcourue, trouver le rhumb et la latitude du second lieu.

Pour la Navigation plane. Convertissez la différence de longitude en lieues mineures de longitude ; trouvez le rhumb par les lieues mineures de longitude et par la distance parcourue, et par le moyen de ces deux éléments, cherchez ensuite la différence en latitude, et vous aurez aussi-tôt par cette différence et par la première latitude qui est donnée, la latitude cherchée de l'autre lieu.

Suivant Mercator, par le point donné dans la carte, tirez une droite E F parallèle au méridien A H, et faites F L égale à la différence des longitudes de L ; tirez LM parallèle à EF et vous aurez le méridien du lieu où le vaisseau est arrivé ; ensuite du lieu donné d'où l'on est parti, et de l'intervalle qui exprime la distance parcourue, décrivez un arc qui coupe le méridien en M L, et l'intersection sera le lieu cherché. Cela fait, il ne faudra plus que placer une rose de boussole sur la carte, suivant la manière enseignée et la ligne de rhumb cherchée sera celle qui tombe sur le lieu qu'on vient de trouver. Enfin, tirant par le lieu trouvé N O parallèle à AB, N M sera la latitude demandée, en supposant que M A représentent une portion de l'équateur.

Par les tables. Cherchez dans les tables pour un rhumb pris à volonté, la longitude et la distance qui répondent à la latitude donnée ; ajoutez la distance donnée à la distance trouvée dans les tables, si le vaisseau s'éloigne de l'équateur ; et retranchez-la au contraire, si le vaisseau s'en approche. Cherchez dans les tables la longitude qui répond à cette somme ou à cette différence, et soustrayez ou ajoutez-la à celle qui a été trouvée exactement. Si alors le reste s'accorde avec la différence donnée des longitudes, le rhumb aura été bien choisi ; s'il ne s'accorde pas, il faudra choisir d'autres rhumbs plus ou moins obliques, jusqu'à ce que le reste soit la différence donnée en longitude. Aussi-tôt que cette opération sera finie, la latitude qui répondra dans la première colonne à la distance parcourue sera la latitude du second lieu.

VII. La différence de longitude des deux lieux, et la latitude de l'un étant données, avec le rhumb, trouver la distance parcourue et la latitude du second lieu.

Pour la navigation plane. Réduisez la différence de longitude en lieues mineures de longitude, comme dans le premier cas. Par ces lieues mineures et par le rhumb, trouvez la distance parcourue, voyez RHUMB. Et par ces deux éléments, ou par le rhumb et la distance parcourue, trouvez la différence en latitude. L'ayant trouvée, et ayant déjà (Hyp.) une des latitudes, on aura aussi-tôt l'autre.

Suivant Mercator. Placez une rose de boussole sur la carte, comme ci-dessus, et par le moyen du rhumb donné, tirez la ligne de rhumb, tirez ensuite le méridien EF, qui passe par le lieu donné O, et à une distance de ce méridien, égale à la différence donnée en longitude, tirez un autre méridien qui sera celui du lieu c où le vaisseau est arrivé ; on aura donc facilement la latitude N A de ce lieu, en tirant par c la ligne NO parallèle à AB. Quant à la distance parcourue, elle sera aisément réduite en lieues par le moyen de l'échelle.

Par les tables. Sous le rhumb donné, cherchez la distance parcourue et la différence de longitude pour la latitude donnée ; ajoutez ensuite cette différence en longitude à la différence en longitude donnée, si le vaisseau a cinglé vers le pôle, retranchez - la au contraire, si le vaisseau a été vers l'équateur. Cela fait, si c'est le premier de ces deux cas qui a lieu, parcourez en descendant la table, jusqu'à ce que la somme des deux quantités dont on vient de parler, se trouve dans la colonne de longitude. Dans le second cas, ce sera au contraire la différence des deux mêmes quantités qu'on cherchera en remontant : dans la table, la latitude qui répondra alors à cette longitude dans la première colonne sera celle qu'on cherche. Et en retranchant la distance qui répond à cette latitude, de la distance trouvée par les tables, on aura la distance parcourue si le vaisseau a été au nord ; mais s'il a été au sud, il faudra faire la soustraction contraire.

Par la résolution de ces différentes questions de la Navigation, on voit que les cartes réduites sont plus commodes en plusieurs cas que les tables, et que ces mêmes cartes réduites sont préférables aux cartes planes, parce qu'elles sont beaucoup plus exactes. Voyez CARTE.

Théorie de la navigation circulaire. Quoique cette navigation ne soit plus en usage, nous en dirons un mot pour la simple curiosité.

I. Connaissant la latitude et la longitude, tant du lieu d'où l'on est parti, que du lieu où l'on est arrivé, trouver l'angle M fig. 5. sous lequel le chemin du vaisseau M O, qu'on suppose faire une course circulaire, coupe le méridien du lieu de départ.

Puisque dans le triangle P M N, l'on connait P M et P N compléments des latitudes données H M et T N, et l'angle M P N mesuré par l'arc H T différence des longitudes données H et T ; il est clair qu'on aura facilement l'angle P M N par la trigonométrie sphérique.

II. La latitude H M et la longitude H du lieu M d'où l'on est parti étant données, ainsi que la distance parcourue, et la latitude L S du lieu où le vaisseau est arrivé en décrivant un arc de cercle, trouver la longitude du lieu L, et l'angle P L M compris entre le chemin du vaisseau et le méridien P S.

Dans le triangle P L M, P M complément de la latitude H M est connu ainsi que P L complément de la latitude L S. Donc, si on convertit le chemin M L du vaisseau en degrés de l'équateur, on aura par la trigonométrie sphérique l'angle M P L, qui est égal à la différence H S des longitudes, et par conséquent aussi l'angle P L M.

On pourrait résoudre de la même manière plusieurs autres questions de navigation ; mais comme on parvient plus aisément à leurs solutions par les rhumbs que par les cercles, nous n'en parlerons pas davantage.

NAVIGATION DROITE, est celle par laquelle on fait voîle directement vers un des quatre points cardinaux de l'horizon. Voyez POINTS CARDINAUX.

Si un vaisseau fait voîle sur le méridien, c'est-à-dire, s'il Ve droit au nord ou au sud, il ne change point du tout de longitude, mais de latitude seulement, d'autant de degrés qu'il y en a dans le chemin qu'il fait. Voyez LATITUDE.

Si un vaisseau fait voîle sous l'équateur, vers l'est ou vers l'ouest, il ne change point de latitude, mais de longitude seulement, et d'autant de degrés qu'il y en a dans le chemin qu'il fait.

S'il fait voîle sous un même parallèle vers l'est ou vers l'ouest, sa latitude ne change point, mais sa longitude change, non pas d'autant de degrés qu'il y en a dans un arc de l'équateur égal à l'arc du parallèle qu'il parcourt, mais d'autant de degrés qu'il y en a dans l'arc même du parallèle ; de sorte que plus le parallèle est près du pôle, plus le vaisseau fait de chemin en longitude, toutes choses égales d'ailleurs.

NAVIGATION, (Médecine) comme on entend ordinairement par ce terme, la manière de voyager sur mer, il doit être question ici des effets qu'elle produit relativement à la santé.

La plupart des personnes qui ne sont point accoutumées aux différents mouvements d'un vaisseau, ne tardent pas d'en éprouver des incommodités, des indispositions considérables : savoir d'abord, des tournements de tête, des vertiges ; ensuite des nausées, des vomissements très-fatigans, qui sont des effets à-peu-près semblables à ceux qu'éprouvent bien des gens, lorsqu'ils sont portés à-rebours dans une voiture roulante, ou après avoir tourné, marché en rond ; ce qu'on ne peut attribuer qu'à la trop grande mobilité du genre nerveux, telle qu'elle se trouve dans les femmes hystériques, et dans les hommes d'un tempérament sensible, délicat. Ainsi on peut regarder ces différents accidents comme provenans d'une même cause dans tous ces cas ; on peut, par conséquent, regarder cette cause comme étant de la même nature que celle des vapeurs. Voyez VAPEURS.

La navigation (c'est-à-dire les voyages en mer) est mise au nombre des choses qui contribuent le plus à établir la disposition au scorbut. Voyez SCORBUT.

Les mauvais effets que produit souvent la navigation sont incontestables ; il n'en est pas de même des bons effets que quelques auteurs lui ont attribué pour la conservation de la santé, ou pour son rétablissement. Van Helmont prétend, Tr. blas. human. n. 36. tr. aliment. tartar. in santic. n. 15. que ceux qui ne sont pas incommodés de l'air de la mer, ou du mouvement du vaisseau, ont le double et le triple de l'appétit qui leur est ordinaire sur terre. Selon Stahl, in prop. emptico. ad disput. in augur. de fundam. pathol. practic. d'après Pline, Celse et Coelius Aurelian, les voyages par mer, et même de longs cours, sont fort utiles pour la guérison de la pthisie, de l'hectisie, du marasme ; c'est un grand remède dans ces contrées, très-vanté par les anciens, mais en faveur duquel les modernes ne rapportent rien d'assuré. Voyez Lexic. Castell.



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