S. f. (Mesure de continence) espèce de moyen vaisseau ou mesure dont on se sert pour mesurer le vin, l'eau-de-vie, l'huile, et autres semblables marchandises que l'on débite en détail.

La pinte de Paris revient à-peu-près à la sixième partie du conge romain, ou, pour parler plus surement, elle est équivalente à 48 pouces cubiques ; elle est à celle de Saint-Denis comme 9 à 14, et pese une livre 15 onces, selon M. Couplet. Il met la pinte comble équivalente à 49 pouces 13/35. Nous entrerons tout-à-l'heure dans de plus grands détails ; nous dirons seulement en passant que la pinte ordinaire de Paris se divise en deux chopines, que quelques-uns appellent septiers ; la chopine est de deux demi-septiers, et le demi-septier contient deux poissons, chaque poisson étant de six pouces cubiques. Les deux pintes font une quarte ou quarteau, que l'on nomme en plusieurs endroits pot ; mais il faut entrer dans des détails plus intéressants, car il importe de constater la quantité juste de liquide qu'une pinte doit contenir, parce que c'est de-là qu'on doit partir pour fixer toutes les autres mesures.

La pinte jusqu'à-présent a été regardée de deux manières, ou comme pinte rase, ou comme pinte comble : de-là vient que M. Mariotte, dans son traité des mouvements des eaux, distingue deux sortes de pintes, dont l'une qu'il dit ne remplir la pinte de Paris qu'à fleur de ses bords, pese deux livres moins sept gros d'eau, et qui étant remplie à surpasser ses bords sans répandre, pese deux livres d'eau.

Pour constater la juste mesure de la pinte et celle de ses parties, comme la chopine, le demi-septier, etc. il faut en rapporter la capacité à celle d'une mesure fixe. M. d'Ons-en-Bray, dans les mém. de l'acad. ann. 1739, propose le pied cube rase pour cette mesure fixe, comme la plus convenable : or le pied cube contient 36 pintes de celles qui ne sont remplies que jusqu'au bord, ou qui pesent environ deux livres moins sept gros ; car si l'on voulait se servir de la pinte qui pese environ deux livres, ou qui surpasse les bords, le pied cube n'en contient que 35. Voici les avantages particuliers qui se trouvent dans chacune de ces deux pintes.

La pinte comble pesant à-peu-près deux livres d'eau ou de 35 au pied cube, est très-commode pour la mesure du pouce d'eau, parce qu'on prend communément avec M. Mariotte pour un pouce d'eau, l'eau qui coulant continuellement par une ouverture circulaire d'un pouce de diamètre, donne par minute 14 pintes de celles de 35 au pied cube, ou qui pesent à-peu-près deux livres. Cette façon de compter et de régler le pouce d'eau, serait très-commode pour les distributions des eaux de la ville, car à ce compte un pouce d'eau donne trois muids par heure, et 72 muids en 24 heures.

Les avantages de la pinte de 36 au pied cube, ou de la pinte qui pese deux livres moins sept gros, sont en premier lieu que la capacité ou solidité de cette pinte est de 48 pouces cubes justes, ce qui est une partie aliquote du pied cube ; au lieu que la pinte de 35 au pied cube, ou qui pese à-peu-près deux livres, sa capacité ou solidité est de 49 pouces 13/35 de pouce.

Mais en second lieu un avantage très-important de la pinte de 36 au pied, et qui peut seul faire décider en sa faveur, est que le muid contenant 8 pieds cubes on a dans le muid 288 de ces pintes : ce qui s'accorde avec l'usage ordinaire, qui est de compter 280 pintes claires au muid, et 8 pintes de lie ; au lieu que si on prenait la pinte de 35 au pied cube, il n'y aurait au muid que 272 de claires, et 8 pintes pour la lie.

Il semble pour toutes ces raisons qu'il convient de prendre pour mesure fixe le pied cube ras, qui contient 36 pintes rases, ou qui, suivant M. Mariotte, pese environ deux livres moins sept gros.

Les mesures de Paris, tant celles qui servent de matrices pour le septier, la pinte, la chopine, etc. que celles qui servent journellement à étalonner celles des marchands, ne se rapportent point juste l'une à l'autre, non plus qu'entr'elles, c'est-à-dire que le septier ne contient point exactement 8 pintes, la pinte deux chopines, etc. En voici la principale cause.

Les diamètres des orifices ne sont point uniformes, c'est-à-dire deux mesures de pinte, par exemple, dont la forme est différente, n'ont pas chez les marchands des ouvertures égales ; et si elles ne sont pas remplies à ras, quoiqu'à pareille hauteur, il se trouve moins de liqueur dans la mesure dont l'ouverture est la plus grande.

Il parait qu'on peut aisément remédier à ce défaut en constatant à la ville la forme de chaque différente mesure, à laquelle tous Potiers d'étain seraient à l'avenir obligés de se conformer, leur laissant cependant un temps pour débiter les mesures qu'ils ont de faites, ainsi qu'on en a agi à l'égard des bouteilles.

2°. La nécessité où l'on est de remplir les mesures jusqu'aux bords, fait qu'il s'en répand toujours dans le transport et dans le comptoir des Cabaretiers.

L'on peut éviter ces inconvéniens, en réglant une hauteur plus grande qu'il ne faut : par exemple, pour la pinte, on peut lui donner en hauteur un pouce d'abord au-dessus de son solide de 48 pouces cubes, et ainsi à-proportion pour les autres mesures ; et pour constater jusqu'à quelle hauteur chaque mesure doit être remplie, on pourrait former en-dedans des orifices des mesures, un rebord qui termine exactement jusqu'où doit monter la liqueur.

Les cubes des diamètres ne sont pas proportionnels aux capacités des mesures, ainsi qu'ils devraient l'être.

Ces irrégularités causent des erreurs quand on se sert des unes et des autres pour mesure.

On y rémédiera sans peine, en faisant les diamètres des orifices tels que leurs cubes soient, comme nous avons dit, proportionnels à leur capacité ou contenu des mesures.

Pour déterminer quels diamètres on peut donner aux ouvertures proportionnelles des mesures, il faut observer que plus ces ouvertures seront petites, et plus les mesures seront exactes ; mais d'un autre côté l'usage de ces mesures chez les marchands, demande pour les nettoyer aisément, qu'on ne les fasse point trop petites ; ce n'est qu'aux mesures fiducielles de la ville qu'on peut faire ses orifices si petits qu'on voudra. On pourrait donner à l'orifice de la pinte des marchands 40 lignes de diamètre, ce qui détermine les diamètres proportionnels de la chopine, du demiseptier, et des autres mesures, que l'on trouvera facilement en se servant de la ligne des solides du compas de proportion.

Table des diamètres et des hauteurs des mesures.

Je pourrais ajouter, d'après M. d'Ons-en-Bray, une seconde table du diamètre des mesures pour la dépouille des moules ; mais je crains même d'en avoir trop dit. Qu'importe que notre pinte ne soit exacte ni en elle-même, ni vis-à-vis des autres mesures ? on ne jugera peut-être jamais à-propos de corriger des défauts ou des inconvénients dont le public même qui achète tous les jours à pinte et à chopine toutes sortes de liqueurs, n'a pas la moindre connaissance. (D.J.)

PINTE, en terme de Marchand de modes, est une espèce de gland en cannetille, foncé d'hanneton, et plus court et plus large que les glands des garnitures. Voyez GLAND et GARNITURE, dont on enjolive le nœud d'épée. Voyez NOEUD D'EPEE.