S. f. (Métaphysique et Physique) qualité de ce qui ne se peut pénétrer ; propriété des corps qui occupent tellement un certain espace, que d'autres corps ne peuvent plus y trouver de place. Voyez MATIERE.

Quelques auteurs définissent l'impénétrabilité, ce qui distingue une substance étendue d'avec une autre, ou ce qui fait que l'extension d'une chose est différente de celle d'une autre ; en sorte que ces deux choses étendues ne peuvent être en même lieu, mais doivent nécessairement s'exclure l'une l'autre. Voyez SOLIDITE.

Il n'y a aucun doute sur cette propriété à l'égard des corps solides, car il n'y a personne qui n'en ait fait l'expérience, en pressant quelque métal, pierre, bois, etc. Quant aux liquides, il y a des preuves qui les démontrent à ceux qui pourraient en douter. L'eau, par exemple, renfermée dans une boule de métal, ne peut être comprimée par quelque force que ce sait. La même chose est vraie encore à l'égard du mercure, des huiles et des esprits. Pour ce qui est de l'air renfermé dans une pompe, il peut en quelque sorte être comprimé, lorsqu'on pousse le piston en bas ; mais quelque grande que soit la force qu'on emploie pour enfoncer le piston dans la pompe, on ne lui pourra jamais faire toucher le fond.

En effet, dès que l'air est fortement comprimé, il fait autant de résistance qu'en pourrait faire une pierre.

Les Cartésiens prétendent que l'étendue est impénétrable par la nature : d'autres philosophes distinguent l'étendue des parties pénétrables et immobiles qui constituent l'espace, et des parties pénétrables et mobiles qui constituent les corps. Voyez ETENDUE, ESPACE et MATIERE.

Si nous n'eussions jamais comprimé aucun corps, quand même nous eussions Ve son étendue, il nous eut été impossible de nous former aucune idée de l'impénétrabilité. En effet, on ne se fait d'autre idée d'un corps lorsqu'on le voit, sinon qu'il est étendu de la même manière que lorsqu'on se trouve devant un miroir ardent de figure sphérique et concave, on aperçoit entre le miroir et son oeil d'autres objets représentés dans l'air, lesquels personne ne pourrait jamais distinguer des objets solides et véritables, si l'on ne cherchait à les toucher avec la main, et si l'on ne découvrait ensuite que ce ne sont que des images. Si un homme n'eut Ve pendant toute sa vie que de pareils fantômes, et qu'il n'eut jamais senti aucun corps, il aurait bien pu avoir une idée de l'étendue, mais il n'en aurait eu aucune de l'impénétrabilité. Les Philosophes qui dérivent l'impénétrabilité de l'étendue, le font parce qu'ils veulent établir dans la seule étendue la nature et l'essence du corps. C'est ainsi qu'une erreur en amène une autre. Ils se fondent sur ce raisonnement. Par-tout où il y a une étendue d'un pied cube, il ne peut y avoir aucune autre étendue d'un second pied cube, à moins que le premier pied cube ne soit anéanti : par conséquent l'étendue oppose à l'étendue une résistance infinie, ce qui marque qu'elle est impénétrable. Mais c'est une pure pétition de principe, qui suppose ce qui est en question, que l'étendue soit la seule notion primitive du corps, laquelle étant posée, conduit à toutes les autres propriétés. Article de M. FORMEY.