(Chimie et Matière médicinale) l'analyse chimique prouve clairement que le jayet est un bitume fort analogue au charbon de terre, dont il ne différe presque que par un plus grand degré de pureté, et une moindre proportion de parties terrestres. Le jayet distillé sans intermède donne d'abord un phlegme blanchâtre un peu acide, et une huîle empyreumatique qui devient de plus en plus noire et épaisse. Il laisse un residu abondant très-spongieux, qui n'a pas été examiné que je sache.

Le jayet s'enflamme aisément et sans le secours des soufflets ; il brule en repandant une fumée noire et épaisse, et il ne se fond point au feu. L'esprit-de-vin n'en tire qu'une teinture très-légère.

Quelques anciens, tels que Dioscoride et Aètius, ont celebré dans le jayet la vertu émolliente et résolutive ; le dernier de ces auteurs dit que le vin, dans lequel on a éteint des morceaux de jayet enflammés, guérit la cardialgie. On ne fait plus d'usage, parmi nous, que de son huile, soit noire, soit rectifiée. On la fait flairer aux femmes pendant les paroxysmes de passion hystérique, et l'odeur bien forte de cette huîle les soulage en effet ; on donne aussi quelquefois intérieurement cette huîle rectifiée, aussi bien que l'huîle de succin, contre les vapeurs hystériques, et la supression des menstrues et des vuidanges. Il règne au sujet de ce remède une erreur populaire qui n'a pas le plus leger fondement. On pense communément que l'usage intérieur de l'huîle de jayet cause infailliblement la stérilité, et que les lois défendent au médecin d'en donner à une femme sans l'aveu de son mari. (b)