S. m. (Catoptrique) corps dont la surface représente par réflexion les images des objets qu'on met au-devant. Voyez REFLEXION.

L'usage des miroirs est très-ancien, car il est parlé de certains miroirs d'airain, au chap. xxxviij. de l'Exode, vers. 8. où il est dit que Moïse fit un bassin d'airain des miroirs des femmes qui se tenaient assidument à la porte du tabernacle. Il est vrai que quelques commentateurs modernes prétendent que ces miroirs n'étaient pas d'airain ; mais quoi qu'il en sait, le passage précédent suffit pour constater l'ancienneté de l'usage des miroirs : d'ailleurs les plus savants rabbins conviennent que dans ce temps-là chez les Hébreux, les femmes se servaient de miroirs d'airain pour se coèffer. L e s Grecs ont eu aussi autrefois des miroirs d'airain, comme il serait aisé de le prouver par beaucoup de passages d'anciens poètes. Voyez ARDENT.

Miroir, dans un sens moins étendu, signifie une glace de verre fort unie et étamée par-derrière, qui représente les objets qui y sont présentés.

Miroir, en Catoptrique, signifie un corps poli qui ne donne point passage aux rayons de lumière, et qui par conséquent les réfléchit. Voyez RAYON et LUMIERE. Ainsi l'eau d'un puits profond ou dune rivière, et les métaux dont la surface est polie, font autant d'espèces de miroirs. La théorie des propriétés des miroirs fait l'objet de la Catoptrique. Voyez CATOPTRIQUE.

La science des miroirs est fondée sur les principes généraux suivants. 1°. La lumière se réfléchit sur un miroir, de façon que l'angle d'incidence soit égal à l'angle de réflexion. Voyez l'article REFLEXION.

D'où il s'ensuit qu'un rayon de lumière comme H B (Pl. d'Optique, figure 26,) tombant perpendiculairement sur la surface d'un miroir D E, retournera en arrière dans la même ligne par laquelle il est venu, et le rayon oblique A B se réfléchira par une ligne B C, telle que l'angle C B G soit égal à A B F, ce que l'expérience vérifie en effet.

Car si on place l'oeil en C à la même distance du miroir que l'objet A, et qu'on couvre d'un corps opaque, comme d'un petit morceau de drap, le point B qui est le milieu de F G, on ne verra plus alors l'objet A dans le miroir : ce qui prouve que le rayon par lequel on le voit est A B C, puisqu'il n'y a que ce rayon qui soit intercepté et arrêté par l'interposition du corps opaque en B. Or les côtés F B, B G sont égaux ainsi que les côtés A F, C C sont égaux ; d'où il s'ensuit que l'angle A B F est égal à l'angle C B G : par conséquent le rayon ABC qui vient de l'objet A à l'oeil en C, se réfléchit en B, de manière que les angles d'incidence et de réflexion sont égaux.

Ainsi il n'est pas possible que plusieurs rayons différents tombant sur un même point du miroir, se réfléchissent vers un même point hors de sa surface ; puisqu'en ce cas plusieurs angles de réflexion seraient égaux au même angle de réflexion A B D, et qu'ils le seraient par conséquent les uns aux autres, ce qui est absurde. 2°. Il tombe sur un même point du miroir des rayons qui partent de chaque point de l'objet radieux et qui se réfléchissent ; et par conséquent, puisque les rayons qui partent de différents points d'un même objet, et qui tombent sur un même point du miroir, ne peuvent se réfléchir en arrière vers un même point, il s'ensuit de-là que les rayons envoyés par différents points de l'objet, se sépareront de nouveau après la réflexion, de façon que la situation de chacun des points où il parviendra, pourra indiquer ceux dont ils sont partis.

De-là vient que les rayons réfléchis par les miroirs représentent les objets à la vue. Il s'ensuit aussi de-là que les corps dont la surface est raboteuse et inégale, doivent réfléchir la lumière, de façon que les rayons qui partent de différents points se mêlent confusément les uns avec les autres.

Les miroirs se peuvent diviser en plans, concaves, convexes, cylindriques, coniques, paraboliques, elliptiques, etc.

Les miroirs plans sont ceux dont la surface est plane. Voyez PLAN. Ce sont ceux qu'on appelle ordinairement miroirs tout court.

Lais et effets des miroirs plans. 1°. Dans un miroir plan, chaque point A de l'objet, Pl. d'Optique fig. 27, est Ve dans l'intersection B de la cathète d'incidence A B avec le rayon réfléchi C B.

Or 1°. tous les rayons réfléchis rencontrent la cathète d'incidence en B, c'est-à-dire dans un point B autant éloigné de la surface du miroir en-dessous que A l'est en-dessus. Car l'angle A D G qui est l'angle d'incidence, est égal à l'angle de réflexion C D H, et celui-ci est égal à l'angle G D B ; d'où il s'ensuit que les angles A D G, G D B sont égaux, et qu'ainsi A G est égal à G B. Donc on verra toujours l'objet dans le même lieu, quel que soit le rayon réfléchi qui le fasse apercevoir. Et par conséquent plusieurs personnes qui voient le même objet dans le même miroir, le verront tous au même endroit derrière le miroir ; de-là vient que chaque objet n'a qu'une image pour les deux yeux, et c'est pour cette raison qu'il ne parait point double.

Il s'ensuit aussi de-là que la distance de l'image B à l'oeil C est composée du rayon d'incidence A D et du réfléchi C D, et que l'objet A envoie des rayons par réflexion de la même manière qu'il le ferait directement, s'il était situé derrière le miroir dans le lieu de l'image.

2°. L'image d'un point B parait précisément aussi loin du miroir par-derrière que le point en est éloigné en-devant. Ainsi le miroir C fig. 28. étant placé horizontalement, le point A paraitra autant abbaissé au-dessous de l'horizon qu'il est réellement élevé au-dessus, les objets droits y paraitront donc renversés. Un homme, par exemple, qui est sur ses pieds, y paraitra la tête en-bas. Ou, si le miroir est attaché à un plafond parallèle à l'horizon, les objets qui seront sur le carreau, paraitront autant au-dessus du plafond qu'ils sont réellement au-dessous, et c'en-dessus-dessous.

3°. Dans les miroirs plans, les images sont parfaitement semblables et égales aux objets.

4°. Les parties des objets qui sont placés à droite, y paraissent à gauche, et réciproquement.

En effet, quand on se regarde dans un miroir, par exemple, les parties qui sont à droite et à gauche nous paraissent dans des lignes menées de ces parties perpendiculairement au miroir : c'est donc la même chose que si nous regardions une personne qui serait directement tournée vers nous. Or en ce cas, la gauche de cette personne répondrait à notre droite, et sa droite à notre gauche ; par conséquent nous jugeons que les parties d'un objet placées à droite, sont à gauche dans le miroir, et réciproquement. C'est pour cette raison que nous nous croyons gauchers, quand nous nous regardons écrire ou faire autre chose, dans un miroir.

L'égalité des angles d'incidence et de réflexion dans les miroirs plans fournit une méthode pour mesurer des hauteurs inaccessibles au moyen d'un miroir plan. Placez pour cela votre miroir horizontalement comme en C, fig. 28 ; et éloignez-vous-en jusqu'à ce que vous y puissiez apercevoir, par exemple, la cime d'un arbre, dont le pied répond bien verticalement au sommet ; mesurez l'élévation D E de votre oeil au-dessus de l'horizon ou du miroir, ainsi que la distance E C de la station au point de réflexion, et la distance du pied de l'arbre à ce même point. Enfin, cherchez une quatrième proportionnelle A B aux lignes E C, C B, E D : et ce sera la hauteur cherchée. Voyez HAUTEUR.

En effet, l'égalité des angles d'incidence et de réflexion A C B, D C E rend semblables les triangles A C B, D C E qui sont rectangles en B et en E, d'où il s'ensuit que ces triangles ont leurs côtés proportionnels, et qu'ainsi C E est à D E dans le même rapport que C B à B A.

5°. Si un miroir plan est incliné de 45 degrés à l'horizon, les objets verticaux y paraitront horizontaux, et réciproquement. D'où il suit qu'un globe qui descendrait sur un plan incliné, peut dans un miroir paraitre monter dans une ligne verticale, phénomène assez surprenant pour ceux qui ne sont point initiés dans la Catoptrique.

Car, pour cela, il n'y a qu'à disposer un miroir à un angle de 45 degrés avec l'horizon, et faire descendre un corps sur un plan un peu incliné, ce plan paraitra dans le miroir presque vertical. Ou, si on veut que le plan paraisse exactement vertical, il faut que le miroir fasse avec l'horizon un angle un peu plus grand que 45 degrés. Par exemple, si le plan sur lequel le corps descend, fait avec l'horizon un angle de 50 degrés, il faudra que le miroir soit incliné de 45 degrés plus la moitié de 3 degrés ; si le plan fait un angle de 5 degrés, il faudra que le miroir fasse un angle de 45 degrés plus la moitié de 5 degrés, et ainsi du reste.

6°. Si l'objet A B, fig. 39, est situé parallèlement au miroir C D, et qu'il en soit à la même distance que l'oeil, la ligne de réflexion C D, c'est-à-dire la partie du miroir sur laquelle tombent les rayons de l'objet A B qui se réfléchissent vers l'oeil, sera la moitié de la longueur de l'objet A B.

Et ainsi, pour pouvoir apercevoir un objet entier dans un miroir plan, il faut que la longueur et la largeur du miroir soient moitié de la longueur et de la largeur de l'objet ; d'où il s'ensuit qu'étant données la longueur et la largeur d'un objet qui doit être Ve dans un miroir, on aura aussi la longueur et la largeur que doit avoir le miroir, pour que j'objet placé à la même distance de ce miroir que l'oeil, puisse y être Ve en entier.

Il s'ensuit encore de-là que, puisque la longueur et la largeur de la partie réfléchissante du miroir sont soudoubles de la longueur et de la largeur de l'objet, la partie réfléchissante de la surface du miroir est à la surface de l'objet en raison de 1 à 4. Et par conséquent, si en une certaine position, nous voyons dans un miroir un objet entier, nous le verrons de même dans tout autre lieu, soit que nous nous en approchions, soit que nous nous en éloignions, pourvu que l'objet s'approche ou s'éloigne en même temps, et demeure toujours à la même distance du miroir que l'oeil.

Mais si nous nous éloignons du miroir, l'objet restant toujours à la même place, alors la partie de la surface du miroir, qui doit réfléchir l'image de l'objet, doit être plus que le quart de la surface de l'objet ; et par conséquent, si le miroir n'a de surface que le quart de celle de l'objet, on ne pourra plus voir l'objet entier. Au contraire, si nous nous approchons du miroir, l'objet restant toujours à la même place, la partie réfléchissante du miroir sera moindre que le quart de la surface de l'objet. Ainsi on verra, pour ainsi dire, plus que l'objet tout entier ; et on pourrait même diminuer encore le miroir jusqu'à un certain point, sans que cela empêchât de voir l'objet dans toute son étendue.

7°. Si plusieurs miroirs ou plusieurs morceaux de miroirs sont disposés de suite dans un même plan, ils ne nous feront voir l'objet qu'une fais.

Voilà les principaux phénomènes des objets vus par un seul miroir plan. En général, pour les expliquer tous avec la plus grande facilité, on n'a besoin que de ce seul principe, que l'image d'un objet Ve dans un seul miroir plan, est toujours dans la perpendiculaire menée de l'objet à ce miroir, et que cette image est autant au-delà du miroir que l'objet est en-deçà. Avec le secours de ce principe et des premiers éléments de la Géométrie, on trouvera facilement l'explication de toutes les questions qu'on peut proposer sur cette matière. Passons présentement aux phénomènes qui résultent de la combinaison des miroirs plans entr'eux.

8°. Si deux miroirs plans se rencontrent en faisant un angle plan quelconque, l'oeil placé en-dedans de cet angle plan, verra l'image d'un objet placé en-dedans du même angle, aussi souvent répétée qu'on pourra tirer des cathetes propres à marquer les lieux des images, et terminés hors de l'angle.

Pour expliquer cette proposition, imaginons que X Y et XZ, fig. 30. Opt. soient deux miroirs plans disposés entr'eux de manière qu'ils forment l'angle Z X Y, et que A soit l'objet et O l'oeil. On menera d'abord de l'objet A la perpendiculaire ou cathète A T sur le miroir X Z qu'on prolongera jusqu'à ce que A T = T C. On menera ensuite du point C la cathète C E, de manière que D E soit égal à C D. Après cela on menera du point E la cathète E G sur le premier miroir, de manière que E F soit égal à F G ; ensuite la cathète G I sur le second, de manière que G H soit égal à H I. Enfin, la cathète I L sur le premier, et cette cathète I L sera la dernière ; parce qu'en faisant K L égal à I K, l'extrémité L tombe au-dedans de l'angle Z X Y. Or, comme il y a quatre cathetes A C, C E, E G, G I, dont les extrémités C, E, G, I, tombent hors de l'angle formé par les miroirs, l'oeil O verra l'objet A quatre fais. De plus, si du même objet A on mène sur le miroir X Y une première cathète, qu'on prolongera jusqu'à une égale distance ; qu'ensuite on tire de l'extrémité de cette cathète une cathète nouvelle sur le miroir X Z, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on arrive à une cathète qui soit terminée au-dedans de l'angle des miroirs, on trouvera le nombre d'images que l'oeil O peut avoir, en supposant la première cathète tirée sur le miroir X Y, et ainsi on aura le nombre total d'images que les deux miroirs représentent.

Pour en faire sentir la raison en deux mots, on remarquera 1°. que l'objet A est Ve en C par le rayon réfléchi A, T, O. 2°. Que ce même objet A est Ve en E par le rayon A V R O, qui se réfléchit deux fais. 3°. Qu'il est Ve en G par un rayon qui se réfléchit trois fais, et qui vient à l'oeil dans la direction G O, le dernier point de réflexion étant M, et ainsi de suite. De plus, si la perpendiculaire I L est telle que la ligne menée du point L à l'oeil O coupe le miroir ou plan X Z en quelques points entre X et Z, on pourra voir encore l'image L ; autrement on ne la verra point : la raison de cela est que l'image L doit être vue par un rayon mené du point L à l'oeil O ; et ce rayon doit être réfléchi, de manière qu'étant prolongé il passe par le point I, d'où il s'ensuit qu'il doit être réfléchi par le miroir X Z auquel I L est perpendiculaire. Or, si le rayon mené de O en L ne coupe point le miroir X Y entre X et Y, il est impossible qu'il en soit réfléchi : par conséquent on ne pourra voir l'image L.

Par ce principe général on déterminera très-facilement le nombre des images de l'objet A que l'oeil O doit voir.

Ainsi, comme on peut tirer d'autant plus de cathetes terminées hors de l'angle, que l'angle est plus aigu ; plus l'angle sera aigu, plus on verra d'images. Ainsi l'on trouvera qu'un angle d'un tiers de cercle représentait l'objet deux fois ; que celui d'un quart de cercle le représentait trois fois ; celui d'un cinquième cinq fois ; celui d'un douzième onze fais. De plus, si l'on place ces miroirs dans une situation verticale, qu'ensuite on resserre l'angle qu'il forme, ou bien qu'on s'en éloigne, ou qu'on s'en approche, jusqu'à ce que les images se confondent en une seule, elles n'en paraitront alors que plus difformes et monstrueuses.

On peut même, sans tirer les cathetes, déterminer aisément par le calcul combien il doit y en avoir qui soient terminées hors de l'angle, et par-là on trouvera le nombre des images plus facilement et plus simplement qu'on ne ferait par une construction géométrique.

Nous avons dit ci-dessus que l'image L devait paraitre ou non, selon que le rayon mené de L en O coupait le miroir X Y au-dessous de X, ou non ; d'où il s'ensuit, que selon la situation de l'oeil, on verra une image de plus ou de moins. Par exemple, si deux miroirs plans sont disposés de manière qu'ils fassent entr'eux un angle droit, chacun de ces miroirs fera d'abord voir une image de l'objet ; de plus, on verra une troisième image, si on n'est pas dans la ligne qui joint l'objet avec l'angle des miroirs ; mais si on est dans cette ligne, on ne verra point cette troisième image.

Les miroirs de verre ainsi multipliés, réfléchissent deux ou trois fois l'image d'un objet lumineux ; il s'ensuit que si l'on met une bougie allumée, etc. dans l'angle des deux miroirs, elle y paraitra multipliée.

C'est sur ces principes que sont fondées différentes machines catoptriques, dont quelques-unes représentent les objets très-multipliés, disloqués et difformes, d'autres infiniment grossis et placés à de grandes distances. Voyez BOITE CATOPTRIQUE.

Si deux miroirs B C D S, fig. 29 n. 2 sont disposés parallèlement l'un à l'autre, on verra une infinité de fois l'image de l'objet A placé entre ces deux miroirs ; car soit fait A D égale à D F, il est d'abord évident que l'oeil O verra l'image de l'objet A en F par une seule réflexion, savoir par le rayon O M A. Sait ensuite F B égale à B L, et L D égale à D H, l'oeil O verra l'objet A en H par trois réflexions et par le rayon O S R L A, et ainsi de suite ; de même si on mène la perpendiculaire A B, et qu'on fasse B I égale à F B, D G égale à I D, l'oeil O verra l'objet A en I par une seule réflexion, et en G par le rayon O P N A qui a souffert deux réflexions. On trouvera de même les yeux des images de l'objet vues par quatre réflexions, par cinq, par six, par sept, etc. et ainsi à l'infini ; d'où il s'ensuit que l'oeil O verra une infinité d'images de l'objet A par le moyen des miroirs plans parallèles B C, D E ; au reste, il est bon de remarquer que dans ce cas et dans celui des miroirs, joints ensemble sous un angle quelconque, les images seront plus faibles, à mesure qu'elles seront vues par un plus grand nombre de réflexions ; car la réflexion affoiblit la vivacité des rayons lumineux.

Il ne sera peut-être pas inutîle d'expliquer ici une observation curieuse sur les miroirs plans : quand on place un objet assez petit, comme une épingle, perpendiculairement à la surface d'un miroir, et qu'on regarde l'image de cet objet en mettant l'oeil assez près du miroir, on voit deux images au lieu d'une, l'une plus faible, l'autre plus vive. La première parait immédiatement contiguè à l'objet ; de sorte que la pointe de l'image, si l'objet est une épingle, parait toucher la pointe de l'épingle véritable ; mais la pointe de la seconde image parait un peu éloignée de la pointe de l'objet, et d'autant plus que la glace est plus épaisse. On voit outre cela très-souvent plusieurs autres images qui vont toutes en s'affoiblissant, et qui sont plus ou moins nombreuses, selon la position de la glace et de l'oeil, et selon que l'objet est plus ou moins lumineux. Pour expliquer ces phénomènes nous remarquerons, 1°. que de tous les rayons que l'objet envoie sur la surface du miroir, il n'y en a qu'une partie qui est renvoyée ou réfléchie par cette surface, et cette partie même est assez peu considerable ; car l'image qui parait la plus proche de l'objet, et dont l'extrémité est contiguè à l'extrémité de l'objet, est celle qui est formée par les rayons que réfléchit la surface du miroir. Or cette image, comme nous l'avons dit, est souvent assez faible. 2°. La plus grande partie des rayons qui viennent de l'objet pénètrent la glace et rencontrent la seconde surface dont le derrière est étamé, et par conséquent les empêche de sortir ; ces rayons se réfléchissent donc au-dedans de la glace, et repassant par la première surface, ils arrivent à l'oeil du spectateur. Or ces rayons sont en beaucoup plus grand nombre que les premiers qui sont immédiatement réfléchis par la première surface. En effet, le verre ainsi que tous les autres corps a beaucoup plus de pores que de matière solide ; car l'or qui est le plus pesant de tous est lui-même fort poreux, comme on le voit par les feuilles d'or minces qui sont transparentes, et qui donnent passage à l'eau, et l'or est beaucoup plus pesant que le verre, d'où il s'ensuit que le verre a beaucoup plus de pores que de parties propres. De plus, le verre ayant, selon toutes les apparences, une grande quantité de pores en lignes droites, surtout lorsqu'il est peu épais ; il s'ensuit qu'il doit laisser passer beaucoup plus de rayons que la première surface n'en réfléchit ; mais ces rayons étant arrivés à la seconde surface sont presque tous renvoyés, parce qu'elle est étamée, et lorsqu'ils arrivent de nouveau à la première surface, la plus grande partie de ces rayons sort du verre, par la même raison que la plus grande partie des rayons de l'objet est entré au-dedans du verre. Ainsi, l'image formée par ces rayons doit être plus vive que la première : enfin, les rayons qui reviennent à la première surface, après avoir souffert une réflexion au-dedans du verre, ne sortent pas tous, mais une partie est réfléchie au-dedans de la glace par cette première surface, et de-là sont renvoyés de nouveau par la seconde, et ressortant en partie par la première surface, ils produisent une nouvelle image beaucoup plus faible, et ainsi il se forme plusieurs images de suite par les réflexions réitérées des rayons au-dedans de la glace, et ces images doivent aller toujours en s'affoiblissant.

Les miroirs convexes, sont ceux dont la surface est convexe ; cette surface est pour l'ordinaire sphérique.

Les lois des phenomenes des miroirs, soit convexes, soit concaves, sont beaucoup plus compliquées que celles des phénomènes des miroirs plans, et les auteurs de Catoptrique sont même assez peu d'accord entr'eux là-dessus.

Une des principales difficultés qu'il y ait à résoudre dans cette matière, c'est de déterminer le lieu de l'image d'un objet Ve par un miroir, convexe ou concave ; or les Opticiens sont partagés là dessus en deux opinions. La première et la plus ancienne, place l'image de l'objet dans le lieu où le rayon réfléchi qui Ve à l'oeil, coupe la cathète d'incidence, c'est-à-dire la perpendiculaire menée de l'objet à la surface réfléchissante ; laquelle perpendiculaire, dans les miroirs sphériques, n'est autre chose que la ligne menée de l'objet au centre du miroir. Ce qui a donné naissance à cette opinion, c'est qu'on a remarqué que dans les miroirs plans, le lieu de l'image était toujours dans l'endroit où la perpendiculaire menée de l'objet sur le miroir, était rencontrée par le rayon réfléchi ; on a donc cru qu'il devait en être de même dans les miroirs sphériques, et on s'est même imaginé que l'expérience était assez conforme à ce sentiment. Cependant le P. Taquet, un de ceux qui ont le plus soutenu que le lieu de l'image était dans le concours de la cathète et du rayon réfléchi, convient lui-même qu'il y a des cas où l'expérience est contraire à ce principe ; malgré cela, il ne laisse pas de l'adopter ; et de prétendre qu'il est confirmé par l'expérience dans un grand nombre d'autres cas. Si les auteurs d'optique qui ont suivi cette opinion sur le lieu de l'image, avaient approfondi davantage les raisons pour lesquelles les miroirs plans font toujours voir de l'image dans le concours de la cathète et du rayon réfléchi ; ils auraient Ve que dans ces sortes de miroirs, le point de concours de la cathète et du rayon réfléchi, est aussi le point de concours commun de tous les rayons réfléchis, que par conséquent des rayons réfléchis qui entrent dans l'oeil, y entrent comme s'ils venaient directement de ce point de concours, et que c'est pour cette raison que ce point de concours est le lieu où l'on aperçoit l'image. Or dans les miroirs soit convexes, soit concaves, le point de concours des rayons réfléchis n'est pas le même que le point de concours de ces rayons avec la perpendiculaire. Ces raisons ont engagé plusieurs Opticiens à abandonner l'opinion commune sur le lieu de l'image : M. Barrow, Newton, Musschenbroeck, etc. prétendent qu'elle doit être dans le lieu où concourent les rayons réfléchis qui entrent dans l'oeil, c'est-à-dire, à-peu-près dans l'endroit où concourent deux rayons réfléchis infiniment proches, venant de l'objet et passant par la prunelle de l'oeil. Cependant il faut avouer, et Barrow lui-même en convient à la fin de son optique, que ce principe, quoique fondé sur des raisons plus plausibles que le premier, n'est pas encore absolument général, et qu'il y a des cas où l'expérience y est contraire. Il est vrai que dans ces cas, l'image de l'objet parait presque toujours confuse ; ce sont ceux où les rayons réfléchis entrent dans l'oeil convergent, c'est-à-dire en se rapprochant l'un de l'autre, de sorte que dans ces cas on devrait voir l'image derrière soi, suivant le principe, parce que le point de concours des rayons est derrière. Barrow, en rapportant ces expériences, dit qu'elles ne l'empêchent pas de regarder comme vraie son opinion sur le lieu de l'image, et que les difficultés auxquelles elle peut être sujette viennent de ce que l'on ne connait point encore parfaitement les lois de la vision directe. En effet, la difficulté se réduit ici à savoir, quel devrait être le lieu apparent d'un objet qui nous enverrait des rayons, non pas divergens, mais convergens ; or comme ces rayons devraient presque toujours se réunir avant d'arriver au fond de l'oeil, il s'ensuit que la vision devrait en être fort confuse ; et comme une longue expérience nous a accoutumés à juger, que les objets que nous voyons, soit confusément, soit distinctement, sont au-devant de nous ; cette image, quoique confuse, nous paraitrait au-devant de nous, quoique nous dussions naturellement la juger derrière ; peut-être expliquerait-on par-là le phénomène dont il s'agit, quoiqu'il en sait, on ne saurait nier que le principe de Barrow ne soit appuyé sur des raisons bien plus plausibles que celui des anciens.

M. Wolf dans son optique embrasse un sentiment moyen. Il prétend que quand les deux yeux sont dans le même plan de réflexion, l'objet est Ve dans le concours des rayons réfléchis, suivant l'opinion de Barrow, mais que quand les yeux sont dans différents plans, ce qui arrive presque toujours, l'objet est Ve dans le concours de rayon réfléchi avec la cathète. Voici comme il démontre cette dernière proposition : soient, dit-il (fig. 38 de l'Opt.) G, H, les deux yeux, A, l'objet, A F la cathète d'incidence, et A D G un rayon réfléchi qui concoure avec la cathète en C ; le rayon réfléchi A E H qui passe par l'oeil H, concourra aussi au même point C, et par conséquent l'objet sera Ve en C ; mais 1°. cette démonstration suppose que les rayons réfléchis E H, G D, sont dans le même plan, ce qui est fort rare ; 2°. la proposition est fausse lors même qu'ils y sont : car alors on ne devrait voir qu'une seule image de l'objet A, cependant il y a des cas où l'on en voit deux. Voyez Barrow, lec. 15. 3°. pourquoi l'auteur veut-il que l'on voie l'objet dans l'endroit où les rayons D G, H E concourent ? Cela serait vrai, si tous les rayons qui vont à l'oeil G et à l'oeil H partaient du point C, comme il arrive dans la vision directe, et l'objet serait alors Ve en C, non parce que les axes optiques G D, H E concouraient en C, mais parce que tous les rayons qui entreraient dans chacun des yeux partiraient du point C : or, dans le cas présent, ils n'en partent pas. Il n'y a donc point de raison pour que l'objet paraisse en C.

Nous avons cru devoir exposer ici avec quelque étendue ces différentes opinions : nous allons marquer le plus succinctement qu'il nous sera possible, l'explication des différents phénomènes des miroirs courbes, suivant le principe des anciens, et nous en marquerons en même temps l'explication dans le principe de Barrow, afin qu'on juge de la différence, et qu'on puisse décider auquel des deux l'expérience est le plus conforme. Nous remarquerons d'abord, qu'il y a bien des cas où ces deux principes s'accordent à-peu-près : par exemple, lorsque l'objet est fort près de l'oeil, c'est-à-dire que l'oeil est presque dans la cathète, le point de concours des rayons réfléchis est à-peu-près le même que le point de concours de ces rayons avec la cathète ; ainsi le lieu de l'image est alors à-peu-près le même dans les deux principes. Voyez DIOPTRIQUE.

Lais et phénomènes des miroirs convexes. 1°. Dans un miroir convexe sphérique, l'image d'un point radieux parait entre le centre et la tangente du miroir sphérique au point d'incidence, mais plus près de la tangente que du centre, ce qui fait que la distance de l'objet à la tangente est plus grande que celle de l'image, et par conséquent que l'objet est plus loin du miroir que l'image.

2°. Si l'arc B D (fig. 31.) intercepté entre le point d'incidence D et la cathète A B, ou l'angle C formé au centre du miroir par la cathète d'incidence A C, et celle d'obliquation F C est double de l'angle d'incidence, l'image paraitra sur la surface du miroir.

3°. Si cet arc ou cet angle sont plus que doubles de l'angle d'incidence, l'image se verra hors du miroir.

Suivant le principe de Barrow, le lieu de l'image dans les miroirs convexes est toujours au-dedans du miroir, parce que le point de concours des rayons réfléchis n'est jamais hors du miroir. Ainsi, voilà déjà un moyen de décider lequel des deux principes s'accorde le plus avec les observations. Le P. Dechales dit, qu'après en avoir fait l'expérience plusieurs fais, il ne peut assurer là-dessus rien de positif, mais M. Wolf en propose une dans laquelle on voit clairement, selon lui, l'image hors du miroir. Il prétend qu'ayant pris un fil d'argent A B C courbé en équerre (fig. 38. n °. 3. d'Opt.) et l'ayant exposé à un miroir convexe de telle sorte, que la partie A B était située très-obliquement à la surface du miroir, il a Ve clairement l'image du fil B A contiguè à ce même sil, quoique le fil B A ne touchât point le miroir.

4°. Si cet arc ou cet angle sont moins que doubles de l'angle d'incidence, l'image paraitra en dedans du miroir.

5°. Dans un miroir convexe, un point A plus éloigné (fig. 32.) est réfléchi par un point F plus près de l'oeil O que tout autre point B, situé dans un même cathète d'incidence ; d'où il s'ensuit, que si le point A de l'objet est réfléchi par le point F du miroir, et que le point B de l'objet le soit par le point E du miroir, tous les points intermédiaires entre A et B dans l'objet, seront réfléchis par les points intermédiaires entre F et E : et ainsi F E sera la ligne qui réfléchira A B, et par conséquent le point B de la cathète semble à une plus grande distance C B du centre C, que tout autre point A plus éloigné.

6°. Un point B plus proche, fig. 33, mais qui ne sera pas situé dans la même cathète qu'un autre point H plus près, sera réfléchi à l'oeil O par un point de miroir plus voisin que celui par lequel sera réfléchi le point le plus proche H. Ainsi, si le point A d'un objet est réfléchi par le point C du miroir, et le point B de l'objet par le point C du miroir, l'un et l'autre vers le même point O, tous les points intermédiaires entre A et B dans l'objet seront réfléchis par des points intermédiaires entre C et D dans le miroir.

7°. Dans un miroir convexe sphérique, l'image est moindre que l'objet ; et de-là l'usage de ces sortes de miroirs dans la Peinture, lorsqu'il faut représenter des objets plus petits qu'au naturel.

8°. Dans un miroir convexe, plus l'objet sera éloigné, plus l'image sera petite.

9°. Dans un miroir convexe, les parties de l'objet situées à droite sont représentées à gauche et réciproquement, et les objets perpendiculaires au miroir paraissent c'en-dessus-dessous.

10°. L'image d'une droite perpendiculaire au miroir est une droite ; mais celle d'une droite ou oblique ou parallèle au miroir est convexe.

Cette proposition est encore une de celles sur lesquelles les Opticiens ne sont point d'accord. Ainsi un autre moyen de décider entre les deux principes, serait d'examiner si l'image d'un objet long, comme d'un bâton placé perpendiculairement au miroir, parait exactement droite ou courbe ; car suivant le P. Taquet, les images des différents points du bâton doivent être dans les concours des rayons réfléchis avec la cathète, et comme le bâton est la cathète lui-même, il s'ensuit que l'image du bâton doit former une ligne droite dans la direction même du bâton. Au contraire, suivant le principe de Barrow, cette même image doit paraitre courbe ; il est vrai que sa courbe ne sera pas considérable, et c'est ce qui rend cette expérience délicate. Quoiqu'il en sait, les uns et les autres conviennent que l'image d'un objet infiniment long ainsi placé, ne doit paraitre que de la longueur d'environ la moitié du rayon.

11°. Les rayons réfléchis par un miroir convexe divergent plus que s'ils l'étaient par un miroir plan.

C'est pour cela que les myopes voient dans un miroir convexe les objets éloignés plus distinctement qu'ils ne les verraient à la vue simple. Voyez MYOPE.

Les rayons réfléchis par un miroir convexe d'une plus petite sphère, divergent plus que s'ils l'étaient par une sphère plus grande ; et par conséquent la lumière doit s'affoiblir davantage, et ses effets doivent être moins puissants dans le premier cas que dans le dernier.

Miroirs concaves sont ceux dont la surface est concave, voyez CONCAVE. Remarquez que les auteurs entendent ordinairement par miroirs concaves les miroirs d'une concavité sphérique.

Lais et phénomènes des miroirs concaves. 1°. Si un rayon K I, fig. 34, tombe sur un miroir concave L I sous un angle de 6°. et parallèle à l'axe A B, le rayon réfléchi I B concourra avec l'axe A B dans le sommet A du miroir. Si l'inclinaison du rayon incident est moindre que 6°. comme celle de H E, le rayon réfléchi E F concourra alors avec l'axe à une distance B F, moindre que le quart du diamètre ; et généralement la distance du centre C au point F, où le rayon H E concourt avec l'axe, est à la moitié du rayon C D, en raison du sinus total au cosinus d'inclinaison. On a conclu de là par le calcul, que dans un miroir sphérique concave dont la largeur comprend un angle de 6°. les rayons parallèles se rencontrent après la réflexion dans une portion de l'axe moindre que 1/1457 du rayon ; que si la largeur du miroir concave est de 6°. 9°. ou 18°. la partie de l'axe où les rayons parallèles se rencontreront après la réflexion est moindre que 1/363, 1/160, 1/89, 1/56, 1/36 du rayon, et c'est sur ce principe qu'on construit les miroirs ardents.

Car puisque les rayons répandus sur toute la surface du miroir concave sont resserrés par la réflexion dans un très-petit espace, il faut par conséquent que la lumière et la chaleur des rayons parallèles y augmentent considérablement, c'est-à-dire en raison doublée de celle de la largeur du miroir, et de celle du diamètre du cercle où les rayons sont rassemblés ; et les rayons du soleil qui tombent sur la terre devant d'ailleurs être censés parallèles (voyez LUMIERE), on ne doit donc pas s'étonner que les miroirs concaves brulent avec tant de violence. Voyez aussi ARDENT.

Il est facîle de voir, par les règles que nous venons d'établir que les rayons du soleil réfléchis par le miroir ne rencontrent jamais l'axe B A en un point qui soit plus éloigné du sommet B que de la moitié du rayon : ainsi, comme le point de milieu entre C et B est toujours la limite du concours des rayons, on a appelé ce point de milieu le foyer du miroir, parce que c'est auprès de ce point que les rayons concourent, et qu'ils sont d'autant plus serrés, qu'ils en sont plus proches ; d'où il s'ensuit que c'est en ce point qu'ils doivent faire le plus d'effet. Voyez FOYER.

2°. Un corps lumineux étant placé au foyer d'un miroir concave E I, fig. 34, les rayons deviendront parallèles après la réflexion, ce qui fournit le moyen de projeter une lumière très-forte à une grande distance, en mettant, par exemple une bougie allumée au foyer d'un miroir concave ; il s'ensuit encore de là, que si les rayons qui sont renvoyés par le miroir sont reçus par un autre miroir concave, ils concourront de nouveau dans le foyer de celui-ci, et ils y bruleront. Zahnius fait mention d'une expérience pareille faite à Vienne : on plaça deux miroirs concaves, l'un de six, l'autre de trois pieds de diamètre, à environ 24 pieds l'un de l'autre ; on mit un charbon rouge au foyer de l'un et une meche avec une amorce au foyer de l'autre, et les rayons qui partirent du charbon allumèrent la meche.

3°. Si on place un corps lumineux entre le foyer F, fig. 37, et le miroir H B C, les rayons divergeront de l'axe après la réflexion.

4°. Si un corps lumineux se trouve placé entre le foyer F et le centre G, les rayons se rencontreront après la réflexion dans l'axe et au-delà du centre.

Ainsi une bougie étant placée en I, on verra son image en A ; et si elle est placée en A, on verra son image en I, &c.

5°. Si l'on met un corps lumineux dans le centre du miroir, tous les rayons se réfléchiront sur eux-mêmes. Ainsi l'oeil étant placé au centre d'un miroir concave, il ne verra rien autre que lui-même confusément et dans tout le miroir.

6°. Si un rayon tombant d'un point H de la cathète, fig. 35, sur le miroir convexe b E, est prolongé, ainsi que son rayon réfléchi I F dans la concavité du miroir, F H sera le rayon incident du point H de la cathète, E F O réfléchi ; et par conséquent si le point H est l'image du point h dans le miroir convexe, h est l'image de H dans le concave. Si donc l'image d'un objet réfléchi par un miroir convexe, était Ve par la réflexion dans le même miroir, supposé concave, elle paraitrait semblable à l'objet même.

Et puisque l'image d'un cathète infini est moindre dans son miroir convexe que le quart du diamètre, il s'ensuit encore de-là que l'image d'une portion de cathète moindre que le quart du diamètre, peut être dans un miroir concave aussi grand que l'on voudra.

Ainsi tout point distant du miroir concave de moins que le quart du diamètre, doit paraitre plus ou moins loin derrière le miroir.

Puisque l'image d'un objet aussi large qu'on voudra est comprise dans un miroir convexe entre les deux lignes d'incidence de ses deux points externes, nous pouvons conclure de là que si on place un objet entre ces deux lignes dans le miroir concave, et à une distance moindre que le quart de son diamètre, la grandeur de l'image pourra paraitre aussi grande qu'on voudra ; d'où nous pouvons conclure que les objets placés entre le foyer d'un miroir concave et le miroir, doivent paraitre dans ce miroir d'une grandeur énorme : et en effet, l'image est d'autant plus grande dans le miroir concave, qu'elle est plus petite dans le convexe.

Dans un miroir convexe l'image d'un objet éloigné paraitra plus proche du centre que celle d'un objet plus voisin ; et par conséquent dans un miroir concave l'image d'un objet éloigné du miroir paroitra plus éloignée que celle d'un objet plus voisin, pourvu cependant que la distance du sommet au centre soit moindre que le quart du diamètre.

Dans un miroir convexe, l'image d'un objet éloigné est moindre que celle d'un objet voisin ; et par conséquent dans un miroir concave l'image d'un objet placé entre le foyer et le miroir, doit paraitre d'autant plus grand, que l'objet est plus près du foyer.

Ainsi, l'image d'un objet qui s'éloigne continuellement du miroir concave, doit devenir de plus en plus grande, pourvu que l'objet ne s'éloigne point jusque derrière le foyer, où elle deviendrait confuse, et de même l'objet s'approchant, l'image diminuera de plus en plus.

Plus la sphère dont un miroir convexe est le segment, est petite, plus l'image l'est aussi ; et par conséquent plus celle dont un miroir concave est le segment, sera petite, plus l'image sera grande. D'où il s'ensuit que les miroirs concaves qui sont segments de très-petites sphères, peuvent servir de microscopes.

7°. Si on place un objet entre un miroir concave et son foyer, son image paraitra derrière le miroir et dans sa situation naturelle, excepté que ce qui est à droite paraitra à gauche et réciproquement.

8°. Si on met un objet A B, fig. 35, entre le foyer et le centre, son image E F paraitra renversée et en plein air, l'oeil étant placé au-delà du centre.

9°. Si on met un objet E F par-delà le centre C, et que l'oeil soit aussi par-delà le centre, l'image paraitra renversée en plein air entre le centre et le foyer.

Il n'est pas inutîle de remarquer que lorsque l'objet est au foyer ou proche du foyer, alors l'image est très-souvent confuse, à cause que les rayons réfléchis par le miroir étant parallèles, entrent dans l'oeil avec trop peu de divergence ; et quand l'objet est placé entre le foyer et le centre, il faut que l'oeil soit placé au-delà du centre, et assez loin du point de concours des rayons, pour que l'image puisse être vue distinctement, car sans cela on la verra très-confuse. C'est l'expérience de Barrow dont nous avons déjà parlé.

D'où il s'ensuit que les images renversées des objets placés au-delà du centre d'un miroir concave, seront réfléchies directes par un miroir, et pourront être reçues en cet état sur un papier placé entre le centre et le foyer ; surtout si la chambre est obscure ; que si l'objet E F est plus éloigné du centre que ne l'est le foyer, l'image sera en ce cas moindre que l'objet. Sur ce principe on peut représenter diverses apparences extraordinaires au moyen des miroirs concaves, surtout de ceux qui sont segments de grandes sphères, et qui peuvent réfléchir des objets entiers. Ainsi un homme qui fera le moulinet avec son épée au devant d'un miroir concave, en verra un autre venir à lui dans le même mouvement ; et la tête de cette image sortant de ce miroir, s'il se met en attitude de la lui couper avec son épée réelle, l'épée imaginaire paraitra alors lui couper sa propre tête. S'il tend sa main à l'image, l'autre main s'avancera vers la sienne, et viendra la rencontrer en plein air, et à une grande distance du miroir.

10°. L'image d'une droite perpendiculaire à un miroir concave, est une droite, mais toute ligne oblique ou parallèle y est représentée concave ; et selon Barrow, elle doit être courbe dans tous les cas.

Formule pour trouver le foyer d'un miroir quelconque, convexe ou concave. 1°. Si le miroir est concave, et qu'on nomme y la distance de l'objet au miroir (on suppose l'objet placé dans l'axe, z la distance de l'image au miroir, et a le rayon, on aura z = ; voyez les mémoires académiq. 1710 : d'où il est aisé de voir, 1°. que si y = a/z, les rayons réfléchis seront parallèles à l'axe, z étant alors infinie ; 2°. 2 y < a, zsera négative, c'est-à-dire que les rayons réfléchis seront divergens, et concourront au-delà du miroir, etc. 3°. que si le miroir est convexe, il n'y a qu'à faire a négative, et on aura z = : ce qui montre que les rayons réfléchis par un miroir convexe sont toujours divergens. Voyez LENTILLE.

Les miroirs cylindriques, paraboliques et miptiques sont ceux qui sont terminés par des surfaces cylindriques, paraboliques et sphéroïdes. Voyez CYLINDRE, CONE et PARABOLE, etc.

Phénomènes ou propriétés des miroirs cylindriques. 1°. Les dimensions des objets qu'on place en long devant ces miroirs n'y changent pas beaucoup ; mais les figures de ceux qu'on y place en large, y sont fort altérées, et leurs dimensions y diminuent d'autant plus, qu'ils sont plus éloignés du miroir, ce qui les rend très-difformes.

La raison de cela est que les miroirs cylindriques sont plans dans le sens de leur longueur, et convexes dans le sens de leur largeur : de sorte qu'ils doivent représenter à-peu-près au naturel celle des dimensions de l'objet qui est placée en long, c'est-à-dire qui se trouve dans un plan passant par leur axe ; au contraire, la dimension placée en large, c'est-à-dire parallèlement à un des diamètres du cylindre, doit paraitre beaucoup plus petite qu'elle n'est en effet.

2°. Si le plan de réflexion coupe le miroir cylindrique par l'axe, la réflexion se fera alors de la même manière que dans un miroir plan ; s'il le coupe parallèlement à la base, la reflexion se fera alors comme dans un miroir sphérique : si enfin elle le coupe obliquement ou si elle est oblique à la base, la réflexion se fera dans ce dernier cas comme dans un miroir elliptique.

3°. Si on présente au soleil un miroir cylindrique creux, on verra les rayons se réfléchir, non dans un foyer, mais dans une ligne lumineuse parallèle à l'axe, et à une distance un peu moindre que le quart du diamètre.

Les propriétés des miroirs coniques et pyramidaux sont assez analogues à celles des miroirs cylindriques, et on en déduit la méthode de tracer des anamorphoses, c'est-à-dire des figures difformes sur un plan, lesquelles paraissent belles et bien proportionnées lorsqu'elles sont vues dans un miroir cylindrique. Voyez ANAMORPHOSE.

Quant aux miroirs elliptiques, paraboliques, on n'en sait guère que les propriétés suivantes :

1°. Si un rayon tombe sur un miroir elliptique en partant d'un des foyers, il le réfléchit à l'autre foyer : de façon qu'en mettant à l'un des foyers une bougie allumée, sa lumière doit se rassembler à l'autre.

Si le miroir est parabolique, les rayons qui partent de son foyer et qui tombent sur la surface du miroir sont réfléchis parallèlement à l'axe ; et réciproquement les rayons qui viennent parallélement à l'axe tomber sur la surface du miroir, comme ceux du soleil, sont tous réfléchis au foyer.

2°. Comme tous les rayons que ces miroirs réfléchissent doivent se rassembler en un même point, ils doivent être par cette raison les meilleurs miroirs ardents, au moins, si on considère la chose mathématiquement ; cependant les miroirs sphériques sont pour le moins aussi bons. On en verra la raison à l'article ARDENT.

3°. Comme le son se réfléchit suivant les mêmes lois que la lumière, il s'ensuit qu'une figure elliptique ou parabolique est la meilleure qu'on puisse donner aux voutes d'un bâtiment pour le rendre sonore. C'est sur ce principe qu'est fondée la construction de ces sortes de cabinets appelés cabinets secrets, dont la voute est en forme d'ellipse ; car si une personne parle tout bas au foyer de cette ellipse, elle sera entendue par une autre personne qui aura l'oreille à l'autre foyer, sans que ceux qui sont répandus dans le cabinet entendent rien. De même si la voute a une forme parabolique, et qu'une personne soit placée au foyer de cette voute, elle entendra facilement tout ce qu'on dira très-bas dans la chambre, et ceux qui y sont entendront réciproquement ce qu'elle dira fort bas. Voyez CABINETS SECRETS, ÉCHO, etc. Chambers et Wolf. (O)

MIROIRS ARDENS, (Physiq. Chimie et Arts.) dans le premier volume de ce Dictionnaire on a donné la description de plusieurs miroirs ardents. Voyez l'article ARDENS, (MIROIRS). Mais depuis la publication de ce volume, on a fait quelques découvertes intéressantes à ce sujet qui méritent de trouver place ici : elles sont dû.s à M. Hoesen, mécanicien du roi de Pologne électeur de Saxe, établi à Dresde.

On avait jusqu'ici imaginé deux manières de faire les miroirs ardents métalliques : 1°. on se servait pour cela d'un alliage de cuivre, d'étain et d'arsenic ; on faisait fondre ces substances, ensuite de quoi on creusait la masse fondue pour la rendre concave et quand elle avait été suffisamment creusée, on leur donnait le poli. Ces miroirs ardents réfléchissent très-bien les rayons du soleil, mais ils ont l'inconvénient d'être fort couteux, très-pesans et difficiles à remuer ; d'ailleurs il n'est point aisé de les fondre parfaitement, on ne peut leur donner telle grandeur que l'on voudrait, ni leur faire prendre exactement une courbure donnée.

2°. Gartner avait imaginé un moyen qui remédiait à une partie de ces inconvénients ; il faisait des miroirs de bois qu'il couvrait de feuilles d'or, ou qu'il dorait à l'ordinaire ; il est vrai que par-là il les rendait beaucoup plus légers, mais la dorure se gâtait facilement par les étincelles, les éclats et les matières fondues qui partent des substances que l'on expose au foyer d'un pareil miroir ardent.

M. Hoesen a tâché de remedier à tous ces défauts, pour cet effet il commence par assembler plusieurs pièces de bois solides et épaisses, qui en se joignant bien exactement, forment un parquet parabolique, ou qui a la concavité que le miroir doit avoir ; il recouvre cette partie concave avec des lames de cuivre jaune, qui s'y adaptent parfaitement ; ces lames se joignent si exactement les unes les autres, que l'on a de la peine à apercevoir leur jonction : on polit ensuite ces lames avec le plus grand soin. Lorsque le miroir ardent a été ainsi préparé, on le fixe par le moyen de deux vis de fer sur deux bras de bois qui portent sur un pivot sur lequel ils tournent ; le tout est soutenu sur un trépié dont chaque pied est porté sur une roulette, de manière qu'un seul homme suffit pour donner au miroir telle position que l'on souhaite. Outre la légéreté, ces miroirs ne sont point sujets à être endommagés par les matières qui peuvent y tomber. Un arc de fer flexible est assujetti à deux des extrémités d'un des diamètres du miroir ; il est destiné à présenter les objets que l'on veut exposer au feu solaire : au moyen de deux écrous on peut à volonté éloigner et rapprocher les objets du foyer. Au milieu de cet arc est une ouverture ovale, aux deux côtés de laquelle sont deux fourchettes, sur lesquelles on appuie les objets que l'on veut mettre en expérience, et que l'on assujettit par de petites plaques mobiles de fer blanc.

En 1755 M. Hoesen avait fait quatre miroirs ardents de cette espèce, qu'il fit annoncer aux curieux. Le premier de ces miroirs avait neuf pieds et demi de diamètre ; sa plus grande concavité ou courbure avait seize pouces ; la distance du foyer était de quatre pieds. Le second avait environ six pieds et demi de diamètre ; la distance du foyer était de trois pieds. Le troisième avait cinq pieds trois pouces de diamètre ; le foyer était à vingt-deux pouces. Enfin le quatrième avait quatre pieds deux pouces de diamètre, sept pouces de concavité, et le foyer était à vingt-un pouces.

Les foyers de tous ces miroirs ardents n'avaient point au-delà d'un demi-pouce de diamètre ; ce qui fait voir qu'ils étaient très-propres à rapprocher les rayons du soleil. Le docteur Chrétien Gothold Hoffman a fait un grand nombre d'expériences avec le troisième de ces miroirs, c'est-à-dire avec celui qui avait cinq pieds trois pouces de diamètre, dix pouces de concavité, et dont la distance du foyer était de vingt-deux pouces : par son moyen il est parvenu à vitrifier les substances les plus réfractaires.

En trois secondes un morceau d'amiante se réduisit en un verre jaune verdâtre : en une seconde du talc blanc fut réduit en verre noir.

Un morceau de spath calcaire feuilleté entra en fusion au bout d'une minute. La même chose arriva en une demi-seconde à des crystaux gypseux. En un mot toutes les terres et les pierres subirent la vitrification, les unes plus tôt, les autres plus tard. La craie fut de tous les corps celui qui résista le plus longtemps à la chaleur du miroir ardent. Ces expériences sont rapportées au long dans un mémoire inséré dans un des magasins de Hambourg.

MIROIR DES ANCIENS, (Histoire des Invent.) voici sur ce sujet des recherches qu'on a insérées dans l'histoire de l'acad. des Inscriptions, et qui méritent de trouver ici leur place.

La nature a fourni aux hommes les premiers miroirs. Le crystal des eaux servit leur amour propre, et c'est sur cette idée qu'ils ont cherché les moyens de multiplier leur image.

Les premiers miroirs artificiels furent de métal. Cicéron en attribue l'invention au premier Esculape. Une preuve plus incontestable de leur antiquité, si notre traduction est bonne, serait l'endroit de l'exode, chap. xxxviij. Ve 8. où il est dit qu'on fondit les miroirs des femmes qui servaient à l'entrée du tabernacle, et qu'on en fit un bassin d'airain avec sa base.

Outre l'airain on employa l'étain et le fer bruni ; on en fit depuis qui étaient mélés d'airain et d'étain. Ceux qui se faisaient à Brindes passèrent longtemps pour les meilleurs de cette dernière espèce ; mais on donna ensuite la préférence à ceux qui étaient faits d'argent ; et ce fut Praxitele, diffèrent du célèbre sculpteur de ce nom, qui les inventa. Il était contemporain de Pompée le grand.

Le badinage des poètes et la gravité des jurisconsultes se réunissent pour donner aux miroirs une place importante dans la toilette des dames. Il fallait pourtant qu'ils n'en fussent pas encore, du-moins en Grèce, une pièce aussi considérable du temps d'Homère, puisque ce poète n'en parle pas dans l'admirable description qu'il fait de la toilette de Junon, où il a pris plaisir à rassembler tout ce qui contribuait à la parure la plus recherchée.

Le luxe ne négligea pas d'embellir les miroirs. Il y prodigua l'or, l'argent, les pierreries, et en fit des bijoux d'un grand prix. Seneque dit qu'on en voyait dont la valeur surpassait la dot que le sénat avait assignée des deniers publics à la fille de Cn. Scipion. Cette dot fut de 11000 as ; ce qui selon l'évaluation la plus commune, revient à 550 livres de notre monnaie. On ornait de miroirs les murs des appartements ; on en incrustait les plats ou les bassins dans lesquels on servait les viandes sur la table, et qu'on appelait pour cette raison specillatae patinae ; on en revêtait les tasses et les gobelets, qui multipliaient ainsi l'image des convives ; ce que Pline appelle populus imaginum.

Sans nous arrêter aux miroirs ardents, qui ne sont pas de notre sujet, passons à la forme des anciens miroirs. Il parait qu'elle était ronde ou ovale. Vitruve dit que les murs des chambres étaient ornés de miroirs et d'abaques, qui faisaient un mélange alternatif de figures rondes et de figures carrées. Ce qui nous reste de miroirs anciens prouve la même chose. En 1647 on découvrit à Nimegue un tombeau où se trouva entr'autres meubles, un miroir d'acier ou de fer pur, de forme orbiculaire, dont le diamètre était de cinq pouces romains. Le revers en était concave, et couvert de feuilles d'argent, avec quelques ornements.

Il ne faut cependant pas s'y laisser tromper : la fabrication des miroirs de métal n'est pas inconnue à nos artistes ; ils en font d'un métal de composition qui approche de celui dont les anciens faisaient usage : la forme en est carrée, et porte en cela le caractère du moderne.

Le métal fut longtemps la seule matière employée pour les miroirs. Il est pourtant incontestable que le verre a été connu dans les temps les plus reculés. Le hasard fit découvrir cette admirable matière environ mille ans avant l'époque chrétienne. Pline dit que des marchands de nitre qui traversaient la Phénicie, s'étant arrêtés sur le bord du fleuve Bélus, et ayant voulu faire cuire leurs viandes, mirent au défaut de pierres, des morceaux de nitre pour soutenir leur vase, et que ce nitre mélé avec le sable, ayant été embrasé par le feu, le fondit, et forma une liqueur claire et transparente qui se figea, et donna la première idée de la façon du verre.

Il est d'autant plus étonnant que les anciens n'aient pas connu l'art de rendre le verre propre à conserver la représentation des objets, en appliquant l'étain derrière les glaces, que les progrès de la découverte du verre furent chez eux poussés fort loin. Quels beaux ouvrages ne fit-on pas avec cette matière ! quelle magnificence que celle du théâtre de M. Scaurus, dont le second étage était entièrement incrusté de verre ! Quoi de plus superbe, selon le récit de saint Clément d'Alexandrie, que ces colonnes de verre d'une grandeur et d'une grosseur extraordinaire, qui ornaient le temple de l'île d'Aradus !

Il n'est pas moins surprenant que les anciens connaissant l'usage du crystal plus propre encore que le verre à être employé dans la fabrication des miroirs, ils ne s'en soient pas servis pour cet objet.

Nous ignorons le temps où les anciens commencèrent à faire des miroirs de verre. Nous savons seulement que ce fut des verreries de Sidon que sortirent les premiers miroirs de cette matière. On y travaillait très-bien le verre, et on en faisait de très-beaux ouvrages, qu'on polissait au tour, avec des figures et des ornements de plat et de relief, comme on aurait pu faire sur des vases d'or et d'argent.

Les anciens avaient encore connu une sorte de miroir qui était d'un verre, que Pline appelle vitrum Obsidianum, du nom d'Obsidius qui l'avait découvert en Ethiopie ; mais on ne peut lui donner qu'improprement le nom de verre. La matière qu'on y employait était noire comme le jayet, et ne rendait que des représentations fort imparfaites.

Il ne faut pas confondre les miroirs des anciens avec la pierre spéculaire. Cette pierre était d'une nature toute différente, et employée à un tout autre usage. On ne lui donnait le nom de specularis qu'à cause de sa transparence ; c'était une sorte de pierre blanche et transparente qui se coupait par feuilles, mais qui ne résistait point au feu. Ceci doit la faire distinguer du talc, qui a bien la blancheur et la transparence, mais qui résiste à la violence des flammes.

On doit rapporter au temps de Séneque l'origine de l'usage des pierres spéculaires ; son témoignage y est formel. Les Romains s'en servaient à garnir leurs fenêtres, comme nous nous servons du verre surtout dans les sales à manger pendant l'hiver pour se garantir des pluies et des orages de la saison. Ils s'en servaient aussi pour les litières des dames, comme nous mettons des glaces à nos carrosses ; pour les ruches, afin d'y pouvoir considérer l'ingénieux travail des abeilles. L'usage des pierres spéculaires était si général, qu'il y avait des ouvriers dont la profession n'avait d'autre objet que celui de les travailler et de les mettre en place. On les appelait specularii.

Outre la pierre appelée spéculaire, les anciens en connaissaient une autre appelée phengitès, qui ne cédait pas à la première en transparence. On la tirait de la Cappadoce. Elle était blanche, et avait la dureté du marbre. L'usage en commença du temps de Néron ; il s'en servit pour construire le temple de la Fortune, renfermé dans l'enceinte immense de ce riche palais, qu'il appela la maison Dorée. Ces pierres répandaient une lumière éclatante dans l'intérieur du temple ; il semblait, selon l'expression de Pline, que le jour y était plutôt renfermé qu'introduit, tanquam inclusâ luce non transmissâ.

Nous n'avons pas de preuves que la pierre spéculaire ait été employée pour les miroirs ; mais l'histoire nous apprend que Domitien, dévoré d'inquiétudes et agité de frayeurs, avait fait garnir de carreaux de pierre phengite, tous les murs de ses portiques, pour apercevoir lorsqu'il s'y promenait, tout ce qui se faisait derrière lui, et se prémunir contre les dangers dont sa vie était menacée.

MIROIR, (Hydraulique) est une pièce d'eau ordinairement carrée ou échancrée comme un miroir. (K)

MIROIR, FRONTON, (Marine) c'est un cartouche de menuiserie placé au-dessus de la voute à l'arrière. On charge le miroir des armes du prince, et on y met quelquefois le nom ou la figure dont le vaisseau a tiré son nom. Voyez FRONTON et ECUSSON. Pl. III. fig. 1. le miroir coté O. (Z)

MIROIR, (Architecture) terme d'ouvrier de bâtiment ; c'est dans le parement d'une pierre une cavité causée par un éclat quand on la taille.

Ce sont aussi des ornements en ovale qui se taillent dans les moulures creuses, et sont quelquefois remplis de fleurons.

MIROIR, terme de Brasserie, qui signifie la même chose que clairière. Voyez CLAIRIERE.

MIROIR, (Chamoiseur) terme des ouvriers en peaux de chagrin, qui se dit des endroits de la peau de chagrin qui se rencontrent vides et unis, et où le grain ne s'est pas formé. Voyez CHAGRIN.

C'est un grand défaut dans une peau de chagrin que d'avoir des miroirs.

MIROIR, (Maréchalerie) Voyez A MIROIR.

MIROIR, en terme de Metteur en œuvre : est un espace uni réservé au milieu du fond d'une pièce quelconque, d'où partent les gaudrons comme de leur centre.

MIROIR, (Vénerie) on attire les alouettes dans les filets par un miroir, ou morceau de verre monté sur un pivot fiché en terre au milieu de deux nappes tendues ; celui qui est caché et tient les ficelles pour plier les nappes et les fermer comme deux battants de porte, lorsque les alouettes y donnent, tient aussi une ficelle attachée au pivot où est le miroir pour le faire remuer. Voyez nos Pl. de Chasse.