S. f. (Physique) débordement d'eaux qui sortent de leur lit.

" Presque tous les pays arrosés par de grands fleuves, dit M. de Buffon dans le premier volume de son histoire naturelle, sont sujets à des inondations périodiques sur tous les pays bas et voisins de leur embouchure ; et les fleuves qui tirent leurs sources de fort loin, sont ceux qui débordent le plus régulièrement. Tout le monde a entendu parler des inondations du Nil ; il conserve dans un grand espace, et fort loin dans la mer, la douceur et la blancheur de ses eaux. Strabon et les autres anciens auteurs ont écrit qu'il avait sept embouchures ; mais aujourd'hui il n'en reste que deux qui soient navigables ; il y a un troisième canal qui descend à Alexandrie, pour remplir les citernes, et un quatrième canal qui est encore plus petit ; comme on a négligé depuis fort longtemps de nettoyer les canaux, ils se sont comblés : les anciens employaient à ce travail un grand nombre d'ouvriers et de soldats, et tous les ans, après l'inondation, l'on enlevait le limon et le sable qui étaient dans les canaux ; ce fleuve en charrie une très-grande quantité. Tout le plat pays d'Egypte est inondé par le Nil ; mais ce débordement est bien moins considérable aujourd'hui qu'il ne l'était autrefois (voyez FLEUVE) ; car Hérodote nous dit que le Nil était cent jours à croitre, et autant à décroitre ; si le fait est vrai, on ne peut guère en attribuer la cause qu'à l'élevation du terrain que le limon des eaux a haussé peu-à-peu, et à la diminution de la hauteur des montagnes de l'intérieur de l'Afrique dont il tire sa source : il est assez naturel d'imaginer que ces montagnes ont diminué, parce que les pluies abondantes qui tombent dans ces climats pendant la moitié de l'année, entraînent les sables et les terres du dessus des montagnes dans les vallons, d'où les torrents les charrient dans le canal du Nil, qui en emporte une bonne partie en Egypte, où il les dépose dans ses débordements.

Le Nil n'est pas le seul fleuve dont les inondations soient périodiques et annuelles ; on a appelé la rivière de Pégu le Nil indien, parce que ses débordements se font tous les ans régulièrement ; il inonde ce pays à plus de trente lieues de ses bords, et il laisse comme le Nil un limon qui fertilise si fort la terre, que les pâturages y deviennent excellents pour le bétail, et que le riz y vient en si grande abondance, qu'on en charge tous les ans un grand nombre de vaisseaux, sans que le pays en manque. Quelques autres fleuves débordent aussi tous les ans (voyez FLEUVE) ; mais tous les autres fleuves n'ont pas des débordements périodiques, et quand il arrive des inondations, c'est un effet de plusieurs causes qui se combinent pour fournir une plus grande quantité d'eau qu'à l'ordinaire, et pour retarder en même temps la vitesse du fleuve ". Voyez les articles FLEUVE et DEBORDEMENT.