S. f. (Géométrie) C'est un instrument fait de bois ou de métal, qui sert à tracer et mesurer des angles droits, comme L E M, Planche de Géom. fig. 42.

Elle est composée de deux règles ou jambes, qui sont jointes ou attachées perpendiculairement sur l'extrémité l'une de l'autre. Quand les deux branches sont mobiles à un point, on l'appelle biveau ou fausse équerre. Voyez BIVEAU.

Pour examiner si une équerre est juste ou non, décrivez un demi-cercle A E F d'un diamètre à discrétion ; et dans ce demi-cercle tirez de chaque extrémité du diamètre A et F des lignes droites, vers un point pris à volonté dans la circonférence, comme E : appliquez l'équerre aux côtés de l'angle AEF, de manière que son sommet soit en E. Si l'équerre s'ajuste exactement aux côtés de l'angle, elle est juste ; autrement, elle est fausse. Harris et Chambers.

On dit que deux lignes, etc. sont d'équerre, quand elles sont perpendiculaires l'une à l'autre.

EQUERRE D'ARPENTEUR, en terme d'Arpentage ; c'est un cercle de cuivre d'une bonne consistance, de 4, 5 ou 6 pouces de diamètre. Pl. d'Arpent. fig. 17. On le divise en quatre parties égales, par deux lignes qui s'entre-coupent à angles droits au centre. Aux quatre extrémités de ces lignes et au milieu du limbe, on met quatre fortes pinnules bien rivées dans des trous carrés, et très-perpendiculairement fendues sur ces lignes, avec des trous au-dessous de chaque fente, pour mieux distinguer les objets éloignés. On évide ce cercle, pour le rendre leger.

Au-dessous et au centre de l'instrument se doit monter à vis une virole, qui sert à soutenir l'équerre sur son bâton de 4 à 5 pieds (fig. 18.) suivant la hauteur de l'oeil de l'observateur. Ce bâton est garni d'un fer pointu par le bout qui entre en terre, et l'autre bout est arrondi, pour que la virole y reste juste.

Toute la précision de cet instrument consiste en ce que les pinnules soient bien exactement fendues à angles droits ; ce que l'on connaitra facilement en bornayant par deux pinnules un objet éloigné, et un autre objet par les deux autres pinnules. Il faut ensuite tourner l'équerre bien juste sur son bâton, et regarder les mêmes objets par les pinnules opposées : s'ils se rencontrent bien exactement dans l'alignement des fentes, c'est une marque de la justesse de l'instrument.

Pour éviter de fausser cette équerre, il faut, 1° enfoncer en terre le bâton seul ; et quand il est bien affermi, placer ladite équerre sur la virole, par le moyen de sa vis.

On fait aussi de ces sortes d'équerres où l'on met huit pinnules, de la même manière que celles décrites ci-dessus ; elles servent pour avoir les angles de 45 degrés, ainsi qu'aux Jardiniers pour aligner et planter des allées d'arbres en étoile.

Voici la manière de se servir de cet instrument. Supposons qu'on veuille lever le plan du champ A B C D E (Pl. de l'Arpent. figure 24.), on plantera des jalons ou des piquets bien à-plomb à tous les angles ; on mesurera la ligne A C, et les perpendiculaires qui tombent des angles sur cette ligne, et l'on écrira séparément ces mesures. Pour trouver le point F, extrémité d'une des perpendiculaires, on plantera des jalons à discrétion sur la ligne A C, et l'on mettra le pied de l'instrument sur la même ligne, de manière qu'à-travers deux alidades opposées on puisse voir deux des jalons plantés sur cette ligne ; et à-travers les deux autres alidades, le jalon E. Si dans cette station le point E n'est point visible, on reculera ou l'on avancera l'instrument, jusqu'à ce que les lignes AF, EF fassent un angle droit en F : par ce moyen on aura le plan du triangle A F E. On trouvera de la même manière le point H où tombe la perpendiculaire D H, dont on mesurera la longueur avec celle de H F, pour avoir le plan du trapese E F H D.

On mesurera ensuite H C, qui fait un angle droit avec H D, et on aura le plan du triangle D H C. Il ne restera plus après cela qu'à trouver le point G, où tombe la perpendiculaire B G. On trouvera ce point de la même manière que les autres, et on aura par ce moyen le plan de tout le champ A B C D E, dont on aura l'aire ou la surface en ajoutant ensemble les triangles et les trapeses. Voyez AIRE, SURFACE, TRIANGLE, TRAPESE, etc. Voyez aussi ARPENTEUR, CHAINE, LEVER UN PLAN, etc. (E)

EQUERRE, (Architecture) L'équerre des Architectes n'a rien de particulier ; c'est une équerre commune, telle que celle des Géomètres, dont on a donné la description au commencement de cet article. Il n'y a presqu'aucun art où elle ne soit d'usage, et nous y renverrons dans les articles suivants.

ÉQUERRE, en Architecture, s'entend aussi d'un lien de fer coudé, qu'on met aux poteaux corniers d'une encoignure de pan de bois, aux portes de menuiserie et à d'autres ouvrages. (P)

EQUERRES, (Hydraulique) sont des coudes qu'on est obligé de faire à une conduite, lorsque le dessein d'un jardin vous assujettit à des angles indispensables.

Equerre se dit encore de grosses plates-bandes de fer dont on garnit les angles des réservoirs de plomb élevés en l'air, pour soutenir la poussée et l'écartement des côtés. (K)

EQUERRE, en terme de Bijoutier, est un instrument formant un triangle équilatéral, dont ils se servent pour tracer des angles.

EQUERRE dont se servent les Graveurs et Dessinateurs, est une planche de bois représentée figure 12. Pl. I. de la Gravure, qui a deux arêtes, AB, CD, perpendiculaires l'une à l'autre ; et un trou D, pour pouvoir mettre le doigt et lever l'équerre facilement, et sans toucher à l'encre dont les arêtes peuvent être mouillées.

EQUERRE DES JARDINIERS, voyez EQUERRE DES ARPENTEURS.

EQUERRE DES MAÇONS, voyez EQUERRE DES GEOMETRES.

EQUERRE DES CHARPENTIERS, voyez EQUERRE DES GEOMETRES.

EQUERRE A EPAULEMENT, (Charpentier) Celle-ci ne diffère de l'équerre ordinaire, qu'en ce qu'une des branches est triple en épaisseur de l'autre : c'est par cette raison qu'elle a un épaulement de chaque côté. Cet épaulement sert à soutenir l'équerre ferme, lorsque l'on veut tracer une ligne. Voyez la fig. 10. Pl. des outils du Charpentier.

EQUERRE DU CHARRON, voyez EQUERRE DES GEOMETRES : ils en ont de grandes et de petites.

EQUERRE, outil de Graveur de poinçons à lettres, est un morceau de bois ou de cuivre plié en équerre (fig. 53. Planche III. de la Gravure) ; en sorte que la ligne AB, qui est l'angle ou jonction des deux parties de l'équerre, soit perpendiculaire au plan ou face de la pierre à l'huîle sur laquelle on la pose. Le dessous de l'équerre est garni d'une semelle d'acier, qui glisse sur la pierre à l'huile. Lorsqu'on s'en sert pour dresser un poinçon par la face de la lettre, on place le poinçon dans l'angle de l'équerre, où on le tient assujetti avec le pouce, pendant que les autres doigts pressent extérieurement l'équerre. On fait glisser le tout sur la pierre, qui use à-la-fais la semelle d'acier de l'équerre, et la face du poinçon où la lettre est gravée, qui par ce moyen est parfaitement dressée. Voyez l'article GRAVURE DES POINÇONS A LETTRE, et la figure 51. qui représente le poinçon dans l'équerre à dresser qui est posée sur la pierre à l'huile.

EQUERRE DES FERBLANTIERS, voyez EQUERRE DES GEOMETRES.

EQUERRE DU MENUISIER, voyez EQUERRE DU GEOMETRE et DU CHARPENTIER.

EQUERRE DE L'ECRIVAIN, voyez EQUERRE DU GEOMETRE.

EQUERRE DE L'ARQUEBUSIER, voyez EQUERRE DU GEOMETRE.

EQUERRE, en terme de Potier de terre, est une plaque de fer à plusieurs pans, qui sert de patron ou de modèle sur lequel on coupe le carreau.

EQUERRE, en termes de Vitrier, est une grande équerre d'acier percée d'espace en espace, et à biseaux en-dedans : elle sert à mettre les panneaux à l'équerre.

EQUERRES DES CLOCHERS, (Jurisprudence) ou ESQUIERS DES CLOCHERS et DES EGLISES, signifie, selon quelques-uns, l'endroit où sont assis les clochers ; ou, selon d'autres, l'espace qui se trouve d'un clocher à l'autre. Plusieurs coutumes disent que le droit de vaine pâture pour les bestiaux d'une paraisse, s'étend jusqu'aux équerres des clochers voisins, c'est-à-dire d'un clocher à l'autre. Voyez les coutumes de Vitry, art. 212. Châlons, 266. Chaumont, art. 103. Troie., 169. Sens, 145. Melun, art. 302. et PATURAGE, PATURE, VAINE-PATURE. (A)