Histoire ecclésiastique

S. f. termes de l’Histoire ecclésiastique. Ce mot est tiré du Grec ἀγαπὴ, amour, et on l’employait pour signifier ces repas de charité que faisaient entr’eux les premiers Chrétiens dans les Eglises, pour cimenter de plus en plus la concorde et l’union mutuelle des membres du même corps.

Dans les commencements ces agapes se passaient sans désordre et sans scandale, au moins les en bannissait-on sévèrement, comme il parait par ce que S. Paul en écrivit aux Corinthiens, Epit. I. ch. XIe Les Payens qui n'en connaissaient ni la police ni la fin, en prirent occasion de faire aux premiers fidèles les reproches les plus odieux. Quelque peu fondés qu'ils fussent, les pasteurs, pour en bannir toute ombre de licence, défendirent que le baiser de paix par où finissait cette assemblée se donnât entre les personnes de sexe différent, ni qu'on dressât des lits dans les églises pour y manger plus commodément : mais divers autres abus engagèrent insensiblement à supprimer les agapes. S. Ambraise et S. Augustin y travaillèrent si efficacement, que dans l'église de Milan l'usage en cessa entièrement, et que dans celle d'Afrique, il ne subsista plus qu'en faveur des clercs, et pour exercer l'hospitalité envers les étrangers, comme il parait par le troisième concîle de Carthage. Thomass. Discipl. de l'Eglise, part. III. ch. xlvij. n°. 1.

S. f. terme de l'Histoire ecclésiastique ; c'étaient dans la primitive Eglise des vierges qui vivaient en communauté, et qui servaient les ecclésiastiques par pur motif de piété et de charité.

Ce mot signifie bien aimées, et comme le précédent il est dérivé du grec ἀγαπάω.

Dans la première ferveur de l'Eglise naissante, ces pieuses sociétés, loin d'avoir rien de criminel, étaient nécessaires à bien des égards. Car le petit nombre de vierges, qui faisaient avec la mère du Sauveur partie de l'Eglise, et dont la plupart étaient parentes de Jesus-Christ ou de ses Apôtres, ont vécu en commun avec eux comme avec tous les autres fidèles. Il en fut de même de celles que quelques Apôtres prirent avec eux en allant prêcher l'Evangîle aux Nations ; outre qu'elles étaient probablement leurs proches parentes, et d'ailleurs d'un âge et d'une vertu hors de tout soupçon, ils ne les retinrent auprès de leurs personnes que pour le seul intérêt de l'Evangile, afin de pouvoir par leur moyen, comme dit saint Clement d'Alexandrie, introduire la foi dans certaines maisons, dont l'accès n'était permis qu'aux femmes ; car on sait que chez les Grecs surtout, le gynecée ou appartement des femmes était séparé, et qu'elles avaient rarement communication avec les hommes du dehors. On peut dire la même chose des vierges dont le père était promu aux Ordres sacrés, comme des quatre filles de saint Philippe, diacre, et de plusieurs autres : mais hors de ces cas privilégiés et de nécessité, il ne parait pas que l'Eglise ait jamais souffert que des vierges, sous quelque prétexte que ce fût, vécussent avec des ecclésiastiques autres que leurs plus proches parents. On voit par ses plus anciens monuments qu'elle a toujours interdit ces sortes de sociétés. Car Tertullien, dans son livre sur le voîle des vierges, peint leur état comme un engagement indispensable à vivre éloignées des regards des hommes ; à plus forte raison, à fuir toute cohabitation avec eux. Saint Cyprien, dans une de ses Epitres, assure aux vierges de son temps, que l'Eglise ne saurait souffrir non-seulement qu'on les vit loger sous le même tait avec des hommes, mais encore manger à la même table : nec pati virgines cum masculis habitare, non dico simul dormire, sed nec simul vivère. Le même saint évêque, instruit qu'un de ses collègues venait d'excommunier un diacre pour avoir logé plusieurs fois avec une vierge, félicite ce prélat de cette action comme d'un trait digne de la prudence et de la fermeté épiscopale : consultè et cum vigore fecisti, abstinendo diaconum qui cum virgine saepè mansit. Enfin les pères du concîle de Nicée défendent expressément à tout ecclésiastique d'avoir chez eux de ces femmes qu'on appelait subintroductae, si ce n'était leur mère, leur sœur ou leur tante paternelle ; à l'égard desquelles, disent-ils, ce serait une horreur de penser que des ministres du Seigneur fussent capables de violer les lois de la nature, de quibus nominibus nefas est aliud quam natura constituit suspicari.

S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) on donne ce nom à ceux qui ont prétendu se faire reconnaître pour souverains Pontifes, au préjudice d'un Pape légitimement élu ; on en compte depuis le troisième siècle jusqu'aujourd'hui, vingt-huit.
S. f. (Histoire ecclésiastique) en latin antiphona, du grec ἀντὶ, contre, et φωνή, voix, son.

Les antiennes ont été ainsi nommées, parce que dans l'origine on les chantait à des chœurs, qui se répondaient alternativement ; et l'on comprenait sous ce titre les hymnes et les pseaumes que l'on chantait dans l'Eglise. S. Ignace disciple des apôtres, a été, selon Socrate, l'auteur de cette manière de chanter parmi les Grecs, et S. Ambraise l'a introduite chez les Latins. Théodoret en attribue l'origine à Diodore et à Flavien.