Serrurerie

v. act. (Serrurerie et Taillanderie) c'est souder un morceau d'acier à l'extrémité d'un morceau de fer ; on pratique cette opération dans tous les outils tranchants qui servent à couper des matières dures.

On acère de différentes manières. S'il s'agit d'un marteau, soit de la tête, soit de la panne, on commence par corroyer un morceau d'acier de la largeur et de la forme de la tête du marteau ; puis on le soude à un morceau de fer menu de la même forme. Ensuite on fait chauffer la tête du marteau et cette acérure, et on soude le tout ensemble comme il sera dit à l'article SOUDER. On ne pratique l'acérure avec le fer que pour conserver à l'acier sa qualité. Il y a des ouvriers qui pour s'épargner de la peine, s'en dispensent et n'en font pas mieux. S'il s'agit de la panne, on peut employer la même façon : mais ordinairement on fend le côté de la panne du marteau, et on y insere un morceau d'acier amorcé en forme de coin.

S. f. (Serrurerie et Taillanderie) On donne ce nom aux morceaux d'acier préparés pour être soudés à l'extrémité de morceaux de fer, ou autrement, suivant le besoin, et comme on voit à l'article ACERER.
en Serrurerie ; ce sont tous les morceaux ajoutés au nud d'un ouvrage, de manière qu'ils en soient excédés ; en sorte qu'on pourrait dire que si l'avant-corps fait relief sur le nud, le nud au contraire fait relief sur l'arriere-corps. Les rinceaux et autres ornements de cette nature ne font jamais arriere-corps. Des moulures formées sur les arêtes de barres de fer ou d'ornement, formeraient sur le nud des barres dont elles porteraient le carré, arriere-corps. Les avant et arriere-corps devraient être pris dans le corps de la pièce ; et si on les rapporte, et s'ils sont des pièces détachées, c'est seulement pour la facilité du travail et éviter la dépense. Voyez AVANT-CORPS.
ou AUBERON, s. m. (Serrurerie) c'est une espèce de cramponet à peu près en fer à cheval, lequel entre dans la tête du palatre d'une serrure à pêne en bord, et qui reçoit les pênes et gachettes de ladite serrure. Il se rive sur une plaque de fer de même largeur et longueur, que la tête du palatre de la serrure, et s'attache au couvercle du coffre. On trouvera dans nos planches de Serrurerie plusieurs figures d'aubron et d'aubronnière.
S. m. terme d'Architecture saillie pratiquée sur la façade extérieure d'un bâtiment, portée par des colonnes ou des consoles ; on y fait un appui de pierre ou de fer, qui lorsqu'il est de maçonnerie, s'appelle balustrade ; et quand il est de serrurerie, s'appelle aussi balcon : il en est de grands, de moyens et de petits, selon l'ouverture des croisées ou avant-corps qui les reçoit. Voyez BANQUETTE, terme de Serrurerie.

en terme de Serrurier, Coutelier, et autres ouvriers en fer, c'est unir deux pièces de fer avec du cuivre. On braze dans les occasions surtout où la crainte de gâter les formes d'une pièce rompue, empêche de la souder. Pour brazer, il faut ajuster les pièces à brazer le plus exactement qu'on pourra, de manière qu'elles ne vacillent point, parce que si elles s'ébranlaient, elles se déplaceraient et ne se brazeraient pas où l'on veut ; c'est pourquoi on les lie avec de petits fils de fer ; après quoi on prend du laiton ou de la mitraille la plus jaune et la plus mince que faire se peut ; on la coupe par petites bandes, que l'on met autour des pièces qu'on veut brazer, on les couvre avec du papier ou du linge qu'on lie avec un fil ; alors on prend de la terre franche qui soit un peu sablonneuse, car autrement elle pourrait fondre et couler : s'il arrivait que la terre fût trop grasse, on y mêlerait du sable et de l'argille, et de l'écaille de fer, avec un peu de fiente de cheval et de bourre ; puis on la bat avec un bâton. et on la détrempe avec de l'eau claire en consistance de pâte ; plus elle sera battue, mieux elle vaudra. On en couvre l'ouvrage accommodé comme nous l'avons dit ci-dessus, de l'épaisseur de 2, 3, 4, 5, 6 lignes ou davantage, suivant la grosseur des pièces à brazer. Ainsi couvert, on le mouille avec de l'eau, puis on met de l'écaille de fer par-dessus ; cela fait on le met dans le feu, et on le chauffe doucement. Quand on voit la terre rouge, on le tourne et retourne doucement dans le feu, et on chauffe encore un espace de temps, toujours tournant et retournant à plusieurs reprises, de peur qu'il ne chauffe trop d'un côté ; on chauffe jusqu'à ce qu'on aperçoive une fumée bleue qui s'échappe de la terre ; on est surtout exact à tourner et retourner lorsqu'on voit la flamme bleue violette, car c'est une marque que le laiton est fondu. On chauffe encore un peu, afin que la fusion du laiton soit parfaite, et qu'il coule également par tous les endroits nécessaires. On ôte ensuite l'ouvrage du feu, et on le tourne et retourne doucement sur l'enclume pour faire aller le laiton partout, jusqu'à ce que l'ouvrage soit un peu refroidi, et qu'il soit à présumer que le laiton ne coule plus ; sans cette précaution il se trouverait plus épais en un endroit qu'en un autre. On laisse refroidir l'ouvrage sous la terre, et l'on ne songe à le découvrir que quand on peut facilement y appliquer la main. Cette façon est commune à toutes les grosses pièces.

S. m. (Serrurier, Argenteur, Doreur, Fondeur) ustensîle domestique auquel tous ces ouvriers travaillent quelquefois. On le place dans les âtres des cheminées par paire. Les deux chenets soutiennent et élèvent le bois qui en brule plus facilement. Si on imagine, 1° une barre de fer carrée, horizontale, dont un des bouts que j'appelle a soit coudé d'environ quatre à cinq pouces en un sens, un dont l'autre bout que j'appelle b soit coudé dans un sens opposé ; en sorte que la barre et les parties coudées soient dans un même plan, et que les parties coudées soient parallèles entr'elles et perpendiculaires à la barre : si l'on imagine, 2° qu'une des parties coudées a soit plus forte d'étoffe et plus longue que la partie b ; qu'à l'endroit du coude elle soit refendue en deux parties ; qu'on étire ces deux parties ; qu'on les ceintre vers le coude ; qu'on les écarte, l'une d'un côté de la partie a, l'autre de l'autre côté ; que la partie a soit perpendiculaire sur le milieu de ce cintre ; que la partie a et ses portions refendues et ceintrées soient dans un même plan ; que ces parties ceintrées forment deux pieds à-peu-près de la même hauteur et grosseur que la partie b, et que le tout puisse se soutenir sur ces deux pieds et sur la partie b, en sorte que la barre soit à-peu-près horizontale, ou soit seulement un peu inclinée vers la partie b, on aura un chenet de cuisine, un chenet de la construction la plus simple. Ceux des appartements communément sont à double barre, contournés, et tiennent quelquefois par une barre ou deux qui les assemblent vers les parties coudées b, et les conservent à une distance parallèle et proportionnée à la grandeur de l'âtre ; alors la partie a a peu de hauteur ; elle sert seulement de support à des ornements ; soit en acier poli, soit en cuivre fondu et ciselé ; ce sont ou des bas-reliefs ; ou des figures grouppées, ou des boules, ou des pots-à-feu. Nos ayeux n'avaient que des chenets ; le luxe nous a donné des feux ; car c'est ainsi qu'on appelle l'assemblage des deux chenets ; et ces feux sont des meubles argentés, dorés, quelquefois émaillés, et très-précieux, soit par la matière, soit par le travail.
(Serrurerie) c'est une sorte de pointe acérée dont la tête forme un tour d'équerre, et est ronde de même que le reste du corps de cet outil : il est de cinq à six pouces, et son usage est de chercher dans le bois le trou qui est dans l'aîle de la fiche lorsque cette aîle est dans la mortaise, afin d'y pouvoir placer la pointe qui doit arrêter la fiche.

L'usage de la tête est d'enfoncer les pointes entièrement en appliquant la partie ronde sur la pointe, et en s'en servant comme de repoussoir ; c'est même le nom qu'on donne à cette tête : on dit qu'elle est faite en repoussoir en L.

S. f. (Serrurerie) instrument de fer qui sert à ouvrir et fermer une serrure. On y distingue trois parties principales, l'anneau, la tige, et le panneton : l'anneau est la partie évuidée en cœur ou autrement, qu'on tient à la main quand on ouvre ou ferme la serrure ; la tige est le petit cylindre compris entre l'anneau et le panneton ; le panneton est cette partie saillante à l'autre extrémité de la clé et placée dans le même plan que l'anneau. On voit que le panneton étant particulièrement destiné à faire mouvoir les parties intérieures de la serrure, doit changer de forme selon le nombre, la qualité, et la disposition de ces parties. Pour faire une clé ordinaire, on prend un morceau de fer proportionné à la grosseur de la clé : on ménage à une extrémité une portion d'étoffe pour le panneton ; on forge la tige : on ménage à l'autre bout une autre portion d'étoffe pour l'anneau, puis on sépare sur la tranche la clé qui est pour ainsi dire enlevée ; on donne au marteau et à la forge, à l'étoffe destinée pour le panneton, la forme la plus approchée de celle qu'il doit avoir : on perce à la pointe l'étoffe destinée pour l'anneau, qu'on a auparavant aplatie au marteau ; puis on acheve la clé à la lime et à l'étau. On verra dans nos Planches de Serrurerie, des clés de plusieurs sortes, tant simples qu'ornées, tant ébauchées que finies, tant à panneton plat qu'à panneton en S, tant solides que forées, tant à simple forure qu'à forures multipliées. Les clés simples sont telles que celles que je viens de décrire ; elles sont quelquefois terminées par un bouton. Les clés ornées sont celles dont l'anneau évuidé et solide en plusieurs endroits, forme par les parties solides et évuidées des desseins d'ornements. Les clés à pannetons plats sont celles dont cette partie terminée par des surfaces parallèles, a par-tout la même épaisseur. Les clés à panneton en S, sont celles où cette partie a la figure d'une S. Pour former les ventres de l'S avec plus de facilité, on fore le panneton en deux endroits : ces forures se font au foret à l'ordinaire ; on enlève ensuite à la lime le reste d'épaisseur d'étoffe qui se trouve au-delà de la forure, et l'S se trouve faite. Exemple : 8 14 32, soit 1 et 2 les trous ou forures, il est évident qu'en enlevant les parties 3 et 4, on formera une S. Les clés solides sont celles dont la tige n'est point percée par le bout d'un trou pour y recevoir une broche, les clés percées sont celles où le bout de la tige foré peut recevoir une broche. Quelquefois cette forure, au lieu d'être ronde, est en tiers-point, ou d'une autre forme singulière. Pour le faire facilement, on commence par pratiquer à la tige, au foret, un trou rond ; puis à l'aide d'un mandrin d'acier bien trempé, et figuré comme la forure qu'on veut faire, on donne à ce trou rond, en y forçant peu-à-peu le mandrin à coups de marteau, la figure du mandrin même, ou de la broche qu'on veut être reçue dans la clé forée. Si la broche est en fleur de lis, et que la forure doive être en fleur de lis, il faudra commencer par travailler en acier un mandrin en fleur de lis. On voit que ces clés à forure singulière demandent beaucoup de temps et de travail. Si vous concevez une clé forée, et que dans la forure on ait placé une bouterolle, en sorte que la bouterolle ne remplisse pas exactement la forure, vous aurez une clé à triple forure. On voit que par cet artifice de placer une bouterolle dans une bouterolle, et cet assemblage dans une forure, on peut ménager des espaces vides et profonds entre des espaces solides et profonds, dans la solidité de ce corps de la tige, et même donner à ces espaces telle forme que l'on veut, ce qui parait surprenant à ceux qui ignorent ce travail. Voyez dans nos Planches de Serrurerie le détail en figures de toutes ces clés, et des instruments destinés à les forer.

S. m. (Serrurerie) c'est dans une serrure une pièce appliquée au-dessus du pesle et de sa longueur ; elle a une tête qui sort hors du palâtre et entre dans le mantonnet ; elle est arrêtée avec un étochio par l'autre bout au bas du palâtre ; au-dessus il y a un ressort double qui tient toute la longueur du palâtre, et qui sert à faire tomber le clinche dans le mantonnet : quand on ouvre la porte, le clinche s'ouvre avec une petite clé, pour éviter de porter la grosse clé : mais quand on ouvre avec la grosse clé, la grosse clé ouvre le clinche, qu'elle attrape par une barbe qu'on y a pratiquée. On pratique un clinche aux serrures des portes-cochères.