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Catégorie : Littérature
(Belles Lettres) terme collectif qu'on applique à un assemblage de plusieurs collèges établis dans une ville, où il y a des professeurs en différentes sciences, appointés pour les enseigner aux étudiants, et où l'on prend des degrés ou des certificats d'études dans les diverses facultés.

Dans chaque université on enseigne ordinairement quatre sciences, savoir la théologie, le droit, la médecine, et les humanités ou les arts, ce qui comprend aussi la philosophie. Il y a cependant en France quelques universités où l'on ne prend des degrés que dans certaines facultés, par exemple à Orléans et à Valence pour le droit, à Montpellier pour la médecine. Voyez THEOLOGIE, etc.

On les appelle universités, ou écoles universelles, parce qu'on suppose que les quatre facultés font l'université des études, ou comprennent toutes celles que l'on peut faire. Voyez FACULTE.

Les universités ont commencé à se former dans le douzième et treizième siècles. Celles de Paris et de Boulogne en Italie, prétendent être les premières qui aient été établies en Europe ; mais elles n'étaient point alors sur le pied que sont les universités de notre temps. Voyez SEMINAIRE et ECOLE.

On commençait ordinairement par étudier les arts pour servir d'introduction aux sciences, et ces arts étaient la grammaire, la dialectique, et tout ce que nous appelons humanités et philosophie. De-là on montait aux facultés supérieures, qui étaient la physique ou médecine, les lois ou le droit civil, les canons, c'est-à-dire le décret de Gratien, et ensuite les décrétales, la théologie qui consistait alors dans le maître des sentences, et ensuite dans la somme de S. Thomas. Les papes exemptèrent ces corps de docteurs et d'écoliers de la juridiction de l'ordinaire, et leur donnèrent autorité sur tous les membres de leur corps, de quelque diocèse et de quelque nation qu'ils fussent ; et à ceux qu'ils auraient éprouvés et faits docteurs, pouvoir d'enseigner par toute la chrétienté. Les rois les prirent aussi sous leur protection ; et outre que comme clercs, les membres de ces universités étaient exempts de la juridiction laïque, ils leur donnèrent encore droit de committimus, et exemption des charges publiques ; enfin la portion des bénéfices qui fut affectée aux gradués, contribua à peupler les universités, et à en faire instituer de nouvelles dans toutes les parties de l'Europe.

On dit que l'université de Paris prit naissance sous Charlemagne, et qu'elle doit son origine à quatre Anglais, disciples du vénérable Bede ; que ces Anglais ayant formé le dessein d'aller à Paris pour se faire connaître, ils y donnèrent leurs premières leçons dans les places qui leur furent assignées par Charlemagne. Telle est l'opinion de Gaguin, de Gilles de Beauvais, etc. mais les auteurs contemporains, comme Eginart, Almon, Reginon, Sigebert, etc. ne font pas la moindre mention de ce fait. Au contraire Pasquier, du Tillet, etc. assurent expressément, que les fondements de cette université ne furent jetés que sous les règnes de Louis le jeune, et de Philippe Auguste, dans le douzième siècle. Celui qui en a parlé le premier est Rigord, contemporain de Pierre Lombard, le maître des sentences, et le principal ornement de l'université de Paris, en mémoire duquel les bacheliers en licence sont obligés d'assister tous les ans, le jour de saint Pierre, à un service dans l'église de S. Marcel, lieu de sa sépulture.

Il est certain que l'université de Paris ne fut point établie d'abord sur le pied qu'elle est aujourd'hui, et il parait que ce n'était au commencement qu'une école publique, tenue dans la cathédrale de Paris : que cette université ne se forma en corps régulier que par degrés, et sous la protection continuée des rois de France.

Du Boulay qui a écrit une histoire très-ample de l'université de Paris, a adopté les vieilles traditions incertaines, pour ne pas dire fabuleuses, qui en font remonter l'origine jusqu'au temps de Charlemagne. Il est vrai que ce prince rétablit les écoles monastiques et épiscopales, et qu'il en fonda même une dans son palais ; mais on n'a point de monuments certains qu'il ait institué une université dans Paris. Ce ne fut que sur la fin de l'onzième siècle que Géoffroi de Boulogne, chancelier de France et évêque de Paris, forma des écoles séculières où Guillaume de Champeaux, et après lui Abailard, enseignèrent la rhétorique, la dialectique, et la théologie. Ils eurent des successeurs, et l'émulation qui se mit tant entre les maîtres qu'entre les disciples, ayant rendu l'école de Paris florissante pendant le douzième siècle, elle s'attira au commencement du treizième les regards et les bienfaits de nos rois et des souverains pontifes. Ses premiers statuts furent dressés par Robert de Corcéon, légat du saint siege, en 1215. mais alors elle n'était encore composée que d'artistes qui enseignaient les arts et la philosophie, et de théologiens qui donnaient des commentaires sur le livre des sentences de Pierre Lombard, et expliquaient l'Ecriture. Il y avait pourtant dès-lors à Paris des maîtres en droit civil et en médecine. Ils furent peu de temps après unis aux deux autres facultés : car Grégoire IX. par sa bulle de l'an 1231, fait mention des maîtres en théologie, en droit, des physiciens (c'est ainsi qu'on appelait alors les médecins), et des artistes : cette forme a toujours subsisté depuis, et subsiste encore aujourd'hui ; et la division de la faculté des arts en quatre nations, s'introduisit vers l'an 1250. Le recteur qui dans l'origine était à la tête de cette faculté, devint le chef de toute l'université. Il est appelé dans un édit de saint Louis, capital parisiensium scolarium, et ne peut être choisi que dans la faculté des arts. Il est électif et peut être changé à chaque trimestre. Mais l'université a d'autres officiers perpétuels, savoir les deux chanceliers, le syndic, le greffier ; elle a onze collèges de plein exercice, sans parler des écoles de théologie, de droit, et de médecine ; ses suppôts jouissent de plusieurs privilèges, aussi-bien que ses étudiants, auxquels le roi a procuré l'instruction gratuite, en assignant aux professeurs des honoraires réglés. Les services importants que ce corps a rendus et rend encore tous les jours à l'état et à la religion, doivent le rendre également cher à l'un et à l'autre.

Les universités d'Oxford et de Cambridge peuvent disputer le mérite de l'ancienneté à toutes les universités du monde.

Les collèges de l'université de Baliol et de Merton, à Oxford, et le collège de saint Pierre à Cambridge, ont tous été fondés dans le treizième siècle, et on peut dire qu'il n'y a point en ce genre de plus anciens établissements en Europe.

Quoique le collège de l'université à Cambridge ait été une place fréquentée par les étudiants depuis l'année 872, cependant ce n'était point un collège en forme, non plus que plusieurs autres collèges anciens au-delà des mers de la Grande-Bretagne ; ils ressemblaient à l'université de Leyden, où les étudiants ne sont point distingués par des habits particuliers, ne logent que dans les maisons bourgeoises où ils sont en pension, et ne font que se trouver à certains rendez-vous, qui sont des écoles où l'on dispute et où l'on prend les leçons.

Dans la suite des temps on bâtit des maisons, afin que les étudiants pussent y vivre en société, desorte cependant que chacun y faisait sa propre dépense, et la payait comme à l'auberge, et comme font encore aujourd'hui ceux qui étudient dans les collèges de droit à Londres. Ces bâtiments s'appelaient autrefois hôtelleries ou auberges, mais on leur donne aujourd'hui le nom de halles. Voyez AUBERGE, HALLE.

Enfin on attacha des revenus solides à la plupart de ces halles, à condition que les administrateurs fourniraient à un certain nombre d'étudiants la nourriture, le vêtement, et autres besoins de la vie : ce qui fit changer le nom de halle en celui de collège. Voyez COLLEGE.

La même chose eut lieu dans l'université de Paris, où les collèges sont encore autant de petites communautés composées d'un certain nombre de bourses ou places pour de pauvres étudiants, sous la direction d'un maître ou principal. Les premiers furent des hospices pour les religieux qui venaient étudier à l'université, afin qu'ils pussent vivre ensemble séparés des séculiers. On en fonda plusieurs ensuite pour les pauvres étudiants qui n'avaient pas de quoi subsister hors de leur pays, et la plupart sont affectés à certains diocèses. Les écoliers de chaque collège vivaient en commun, sous la conduite d'un proviseur ou principal, qui avait soin de leurs études et de leurs mœurs, et ils allaient prendre les leçons aux écoles publiques ; et c'est ce qui se pratique encore dans la plupart de ces petits collèges qui ne sont point de plein exercice.

Les universités d'Oxford et de Cambridge sont gouvernées sous l'autorité immédiate du roi, par un chancelier qui préside à l'administration de toute l'université, et qui a soin d'en maintenir les privilèges et immunités. Voyez CHANCELIER.

Ce chancelier a sous lui un grand maître d'hôtel, qui aide le chancelier et les autres suppôts de l'université à faire leurs fonctions lorsqu'il en est requis, et à juger les affaires capitales conformément aux lois du royaume et aux privilèges de l'université.

Le troisième office est celui de vice-chancelier, qui fait les fonctions du chancelier en l'absence de ce chef.

Il y a aussi deux procureurs qui aident à gouverner l'université, surtout dans ce qui regarde les exercices scolastiques, la prise des degrés, la punition de ceux qui violent les statuts, etc. Voyez PROCUREUR.

Enfin il y a un orateur public, un garde des archives, un greffier, des bedeaux, et des porte-verges.

A l'égard des degrés que l'on prend dans chaque faculté, et des exercices que l'on fait pour y parvenir, voyez les articles DEGRE, DOCTEUR, BACHELIER, etc.




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