S. f. (Sciences, Belles-Lettres, Antiquité) terme général, qui désigne l'érudition, la connaissance des Belles-Lettres et des matières qui y ont rapport. Voyez le mot LETTRES, où en faisant leur éloge on a démontré leur intime union avec les Sciences proprement dites.

Il s'agit ici d'indiquer les causes de la décadence de la Littérature, dont le goût tombe tous les jours davantage, du moins dans notre nation, et assurément nous ne nous flattons pas d'y apporter aucun remède.

Le temps est arrivé dans ce pays, où l'on ne tient pas le moindre compte d'un savant, qui pour éclaircir, ou pour corriger des passages difficiles d'auteurs de l'antiquité, un point de chronologie, une question intéressante de Géographie ou de Grammaire, fait usage de son érudition. On la traite de pédanterie, et l'on trouve par-là le véritable moyen de rebuter tous les jeunes gens qui auraient du zèle et des talents pour réussir dans l'étude des humanités. Comme il n'y a point d'injure plus offensante que d'être qualifié de pédant, on se garde bien de prendre la peine d'acquérir beaucoup de littérature pour être ensuite exposé au dernier ridicule.

Il ne faut pas douter que l'une des principales raisons qui ont fait tomber les Belles-Lettres, ne consiste en ce que plusieurs beaux-esprits prétendus ou véritables, ont introduit la coutume de condamner, comme une science de collège, les citations de passages grecs et latins, et toutes les remarques d'érudition. Ils ont été assez injustes pour envelopper dans leurs railleries, les écrivains qui avaient le plus de politesse et de connaissance de la science du monde. Qui oserait donc après cela aspirer à la gloire de savant, en se parant à propos de ses lectures, de sa critique et de son érudition ?

Si l'on s'était contenté de condamner les Hérilles, ceux qui citent sans nécessité les Platons et les Aristotes, les Hippocrates et les Varrons, pour prouver une pensée commune à toutes les sectes et à tous les peuples policés, on n'aurait pas découragé tant de personnes estimables ; mais avec des airs dédaigneux, on a relégué hors du beau monde, et dans la poussière des classes, quiconque osait témoigner qu'il avait fait des recueils, et qu'il s'était nourri des auteurs de la Grèce et de Rome.

L'effet de cette censure méprisante a été d'autant plus grand, qu'elle s'est couverte du prétexte spécieux de dire, qu'il faut travailler à polir l'esprit, et à former le jugement, et non pas à entasser dans sa mémoire ce que les autres ont dit et ont pensé.

Plus cette maxime a paru véritable, plus elle a flatté les esprits paresseux, et les a porté à tourner en ridicule la Littérature et le savoir ; tranchons le mot, le principal motif de telles gens, n'est que d'avilir le bien d'autrui, afin d'augmenter le prix du leur. Incapables de travailler à s'instruire, ils ont blamé ou méprisé les savants qu'ils ne pouvaient imiter ; et par ce moyen, ils ont répandu dans la république des lettres, un goût frivole, qui ne tend qu'à la plonger dans l'ignorance et la barbarie.

Cependant malgré la critique amère des bouffons ignorants, nous osons assurer que les lettres peuvent seules polir l'esprit, perfectionner le gout, et prêter des grâce aux Sciences. Il faut même pour être profond dans la Littérature, abandonner les auteurs qui n'ont fait que l'effleurer et puiser dans les sources de l'antiquité, la connaissance de la religion, de la politique, du gouvernement, des lais, des mœurs, des coutumes, des cérémonies, des jeux, des fêtes, des sacrifices et des spectacles de la Grèce et de Rome. Nous pouvons appliquer à ceux qui seront curieux de cette vaste et agréable érudition, ce que Plaute dit plaisamment dans le prologue des Ménechmes : " La scène est à Epidamne, ville de Macédoine ; allez-y, Messieurs, et demeurez-y tant que la pièce durera ". (D.J.)