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Catégorie : Littérature
S. m. (Histoire ancienne et moderne, Belles Lettres) nom que les anciens donnaient à certains esprits ou génies, qu'on croyait apparaitre aux hommes pour leur rendre service ou pour leur nuire. Voyez GENIE.

La première idée des démons est venue de Chaldée ; de-là elle s'est répandue chez les Perses, chez les Egyptiens, et chez les Grecs. Pythagore et Thalès sont les premiers qui ont introduit les démons en Grèce. Platon a embrassé cette opinion, et l'a développée d'une manière plus étendue et plus claire qu'aucun des philosophes qui l'avaient précédé. Par démons, il entendait des esprits inférieurs aux dieux, mais supérieurs aux hommes ; des esprits qui habitaient la moyenne région de l'air, et entretenaient la communication entre les dieux et les hommes ; portant aux dieux les offrandes et les prières des hommes, et annonçant aux hommes la volonté des dieux. Il n'en admettait que de bons et de bien-faisants. Mais ses disciples, dans la suite, embarrassés de rendre raison de l'origine du mal, en adoptèrent d'autres, ennemis des hommes. Chambers. (G)

Cette nouvelle opinion n'était pas moins révoltante pour la raison, que la nécessité du mal dans l'ordre des choses. Car en supposant, comme on y était obligé, un être supérieur dont ces esprits étaient dépendants, comment cet être leur aurait-il laissé la liberté de nuire à des créatures qu'il destinait au bonheur ? c'était un abîme pour l'intelligence humaine, et dans lequel la religion seule a pu porter le flambeau. Article de M. MARMONTEL.

Il n'y a rien de plus commun dans la théologie payenne, que ces bons et ces mauvais génies. Cette opinion superstitieuse passa chez les Israèlites par le commerce qu'ils eurent avec les Chaldéens ; mais par les démons ils n'entendaient point le Diable ou un esprit malin. Ce mot n'a été employé dans ce dernier sens que par les évangélistes et par quelques Juifs modernes.

Un auteur anglais nommé Gale, s'est efforcé de prouver que l'origine et l'établissement des démons était une invention d'après l'idée du Messie. Les Phéniciens les appelaient baalim. Ils reconnaissaient un être suprême, qu'ils nommaient Baal et Moloch ; mais outre cela ils admettaient sous le nom de baalim quantité de divinités inférieures dont il est si souvent fait mention dans l'ancien Testament. Le premier démon des Egyptiens fut Mercure ou Theut. L'auteur que nous venons de citer trouve beaucoup de ressemblance entre différentes fonctions attribuées aux démons et celles du Messie. Chambers. (G)

DEMON DE SOCRATE, (Histoire anc. et hist. de la Philosophie) Ce philosophe disait avoir un génie familier, dont les avertissements ne le portaient jamais à aucune entreprise, mais le détournaient seulement d'agir lorsqu'une action lui aurait été préjudiciable. Cicéron rapporte dans son livre de la divination, qu'après la défaite de l'armée athénienne, commandée par le préteur Lachez, Socrate fuyant avec ce général, et étant arrivé dans un lieu où aboutissaient plusieurs chemins différents, il ne voulut jamais suivre la même route que les autres, alléguant pour raison que son démon l'en détournait. Socrate en effet se sauva, tandis que tous les autres furent tués ou pris par la cavalerie ennemie. Ce trait, et quelques autres semblables, persuadèrent aux contemporains de Socrate, qu'il avait effectivement un démon ou un génie familier. Les écrivains, tant anciens que modernes, ont beaucoup recherché ce que ce pouvait être que ce démon, et plusieurs ont été jusqu'à mettre en question si c'était un bon ou mauvais ange. Les plus sensés se sont réduits à dire que ce n'était autre chose que la justesse et la force du jugement de Socrate, qui par les règles de la prudence et par le secours d'une longue expérience, soutenue de sérieuses réflexions, faisait prévoir à ce philosophe quelle serait l'issue des affaires sur lesquelles il était consulté, ou sur lesquelles il déliberait pour lui-même. Le fait rapporté par Cicéron, et qui parut alors merveilleux, tient bien moins du prodige que du sens froid que Socrate conserva dans sa fuite ; la connaissance d'ailleurs qu'il avait du pays put le déterminer à préférer ce chemin, qui le préserva des ennemis, à la cavalerie desquels il était peut-être impraticable. Mais on conjecture que Socrate ne fut peut-être pas fâché de persuader à ses concitoyens, que quelque divinité s'intéressait à son sort, et par le commerce particulier qu'elle entretenait avec lui, le tirait du niveau des autres hommes. (G)




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