S. f. (Belles Lettres) termes qu'on rencontre fréquemment dans les vieux romans et les anciennes traditions ; il signifie une espèce de génies ou de divinités imaginaires qui habitaient sur la terre, et s'y distinguaient par quantité d'actions et de fonctions merveilleuses, tantôt bonnes, tantôt mauvaises.

Les fées étaient une espèce particulière de divinités qui n'avaient guère de rapport avec aucune de celles des anciens Grecs et Romains, si ce n'est avec les larves. Voyez LARVES. Cependant d'autres prétendent avec raison qu'on ne doit pas les mettre au rang des dieux ; mais ils supposent qu'elles étaient une espèce d'êtres mitoyens qui n'étaient ni dieux ni anges, ni hommes ni démons.

Leur origine vient d'Orient, et il semble que les Persans et les Arabes en sont les inventeurs, leur histoire et leur religion étant remplies d'histoires de fées et de dragons. Les Perses les appellent peri, et les Arabes ginn, parce qu'ils ont une province particulière qu'ils prétendent habitée par les fées ; ils l'appellent Gimnistan, et nous la nommons pays des fées. La reine des fées, qui est le chef-d'œuvre du poète anglais Spencer, est un poème épique, dont les personnages et les caractères sont tirés des histoires des fées.

Naudé, dans son Mascurat, tire l'origine des contes des fées, des traditions fabuleuses sur les parques des anciens, et suppose que les unes et les autres ont été des députés et des interpretes des volontés des dieux sur les hommes ; mais ensuite il entend par fées, une espèce de sorcières qui se rendirent célébres en prédisant l'avenir, par quelque communication qu'elles avaient avec les génies. Les idées religieuses des anciens, observe-t-il n'étaient pas à beaucoup près aussi effrayantes que les nôtres, et leur enfer et leurs furies n'avaient rien qui put être comparé à nos démons. Selon lui, au lieu de nos sorcières et de nos magiciennes, qui ne font que du mal, et qui sont employées aux fonctions les plus viles et les plus basses les anciens admettaient une espèce de déesses moins malfaisantes, que les auteurs latins appelaient albas dominas : rarement elles faisaient du mal, elles se plaisaient davantage aux actions utiles et favorables. Telle était leur nymphe Egerie, d'où sont sorties sans-doute les dernières reines fées, Morgane, Alcine, la fée Manto de l'Arioste, la Gloriane de Spencer, et d'autres qu'on trouve dans les romans anglais et français ; quelques-unes présidaient à la naissance des jeunes princes et des cavaliers, pour leur annoncer leur destinée, ainsi que faisaient autrefois les parques, comme le prétend Hygin, ch. clxxj et clxxjv.

Quoiqu'en dise Naudé, les anciens ne manquaient point de sorcières aussi méchantes qu'on suppose les nôtres, témoin la Canidie d'Horace, ode V. et satyre j. 5. Les fées ne succédèrent point aux parques ni aux sorcières des anciens, mais plutôt aux nymphes ; car telle était Egerie. Voyez NYMPHES, PARQUES, etc.

Les fées de nos romans modernes sont des êtres imaginaires que les auteurs de ces sortes d'ouvrages ont employés pour opérer le merveilleux ou le ridicule qu'ils y sement, comme autrefois les poètes faisaient intervenir dans l'épopée, dans la tragédie, et quelquefois dans la comédie, les divinités du Paganisme : avec ce secours, il n'y a point d'idée folle et bizarre qu'on ne puisse hasarder. Voyez l'article MERVEILLEUX. Dictionnaire de Chambers. (G)