subst. f. ou diminutions en Rhétorique, (Littérature) Harris et Chambers disent que c'est un trope par lequel on dit moins qu'on ne pense ; comme lorsqu'on dit à quelqu'un à qui l'on a droit de commander : Je vous prie de faire telle ou telle chose. Le mot je vous prie, emporte une idée d'empire et d'autorité qu'il n'a pas naturellement. Voyez DIMINUTIONS. Harris cite un autre exemple, mais qui n'est pas intelligible.

Mais M. du Marsais, qui a examiné très-philosophiquement la matière des figures, dit que " c'est un trope par lequel on se sert de mots, qui, à la lettre, paraissent affoiblir une pensée dont on sait bien que les idées accessoires feront sentir toute la force : on dit le moins par modestie ou par égard ; mais on sait bien que ce moins réveillera l'idée du plus. Quand Chimène dit à Rodrigue (Cid, acte III. sc. 4.) Va, je ne te hais point, elle lui fait entendre bien plus que ces mots là ne signifient dans leur sens propre. Il en est de même de ces façons de parler : je ne puis vous louer, c'est-à-dire, je blâme votre conduite ; je ne méprise pas vos présents, signifie que j'en fais beaucoup de cas... On appelle aussi cette figure exténuation ; elle est opposée à l'hyperbole ".

Ce que j'ai remarqué sur l'ironie (voyez IRONIE) me parait encore vrai ici. Si les tropes, selon M. du Marsais même, qui pense en cela comme tous les Rhéteurs et les Grammairiens, (part. I. art. IXe sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification, qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot ; je ne vois pas qu'il y ait aucun trope, ni dans les exemples qu'on vient de voir, ni dans ceux qu'il cite encore : il n'est pas un sot, il n'est pas un poltron ; Pythagore n'est pas un auteur méprisable ; je ne suis pas si difforme. Chaque mot y conserve sa signification propre ; et la seule chose qu'il y ait de remarquable dans ces locutions, c'est qu'elles ne disent pas tout ce que l'on pense, mais les circonstances l'indiquent si bien, qu'on est sur d'être entendu. C'est donc en effet une figure de pensées, plutôt qu'une figure de mots, plutôt qu'un trope.

Le P. Lami, de l'Oratoire, dit dans sa rhétorique (liv. II. ch. iij.), que l'on peut rapporter à cette figure les manières extraordinaires de représenter la bassesse d'une chose, comme quand on lit dans Isaïe, (xl. 12.) Quis mensus est pugillo aquas, et caelos palma ponderavit ? Quis apprendit tribus digitis molem terrae, et libravit in pondere montes, et colles in statera ? Et plus bas lorsqu'il parle de la grandeur de Dieu (22) : Qui sedet super gyrum terrae, et habitatores ejus sunt quasi locustae ; qui extendit sicut nihilum caelos, et expandit eos sicut tabernaculum ad inhabitandum. J'avoue que je ne vois rien ici qui indique une pensée mise au-dessous de sa valeur, de propos délibéré, et par modestie ou par égard ; si elle y est au-dessous de la vérité, c'est que la vérité dans cette matière est d'une hauteur inaccessible à nos faibles regards.