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Catégorie parente: Beaux-arts
Catégorie : Littérature
S. m. (Littérature) celui qui est invité, et qui assiste en conséquence à un repas, à un festin avec d'autres personnes.

Dans les repas des Romains il y avait des convives, des ombres, et des parasites ; les derniers étaient appelés ou tolérés par le maître de la maison, et les ombres étaient amenés par les convives, tels qu'étaient chez Nasidiénus un Nomentanus, un Viscus Turinus, un Varius, et les autres, quos Moecenas adduxerat umbras. On leur destinait le dernier des trois lits, c'est-à-dire celui qui était à la gauche du lit-milieu. Voyez LIT.

Les convives se rendaient au repas à la sortie du bain, avec une robe qui ne servait qu'à cela, et qu'ils appelaient vestis coenatoria, triclinaria, convivalis : elle était pour le plus souvent blanche, surtout dans les jours de quelque solennité ; et c'était aussi-bien chez les Romains que chez les Orientaux, une indiscrétion punissable de se présenter dans la salle du festin sans cette robe. Cicéron fait un crime à Vatinius d'y être venu en habit noir, quoique le repas se donnât à l'occasion d'une cérémonie funèbre. Capitolin raconte que Maximin le fils, encore jeune, ayant été invité à la table de l'empereur Alexandre Sévère, et n'ayant point d'habit de table, on lui en donna un de la garderobe de l'empereur. Cet habit était une espèce de draperie qui ne tenait presqu'à rien, comme il parait dans les marbres, et qui était pourtant différente du pallium des Grecs. Martial reproche à Luseus d'en avoir plus d'une fois remporté chez lui deux au lieu d'une de la maison où il avait soupé.

Il était ordinaire d'ôter les souliers aux hommes conviés à un repas, de leur laver ou parfumer les pieds, quand ils venaient prendre leurs places sur les lits qui leur étaient destinés. On avait raison de ne pas exposer à la boue et à la poudre les étoffes précieuses dont ces lits étaient couverts.

Mais une chose qui paraitra ici fort bizarre, c'est que longtemps même après le siècle d'Auguste, ce n'était point encore la mode que l'on fournit de serviettes aux convives, ils en apportaient de chez eux.

Tout le monde étant rangé suivant l'ordre établi par un maître des cérémonies préposé à l'observation de cet ordre, on apportait des coupes qu'on plaçait devant chaque convive. Suétone dit qu'un seigneur de la cour de Claude ayant été soupçonné d'avoir volé la coupe d'or qu'on lui avait servie, fut encore invité pour le lendemain ; mais qu'au lieu d'une coupe d'or, telle qu'on en servait aux autres convives, on ne lui servit qu'un gobelet de terre.

Après la distribution des coupes, on commençait le premier service du repas. Dans les grandes fêtes, les esclaves, tant ceux de la maison que ceux que les particuliers avaient amenés, et qui demeuraient debout aux pieds de leurs maîtres, étaient couronnés de fleurs et de verdure aussi-bien que les convives, et il n'y avait rien alors qui n'inspirât la joie.

Quand un ami, un parent, un voisin, n'avait pu venir à un repas où il avait été invité, on lui en envoyait des portions ; et c'est ce qui s'appelait partes mittère, ou de mensâ mittère.

Pendant le repas les convives avaient coutume de boire à la santé des uns et des autres, de se présenter la coupe, et de faire des souhaits pour le bonheur de leurs amis, ainsi la coupe passait de main en main depuis la première place jusqu'à la dernière. Juvénal dit que rarement les riches faisaient cet honneur aux pauvres, et que les pauvres n'auraient pas été bien venus à prendre cette liberté avec les riches. C'était néanmoins, au rapport de Varron, un engagement pour tous les convives, lorsque pour conserver l'ancien usage on faisait un roi. Voyez ROI DU FESTIN.

Au moment que les convives étaient prêts à se séparer, ils finissaient la fête par des libations et par des vœux pour la prospérité de leur hôte, et pour celle de l'empereur. Les Anglais suivent encore cet usage.

Enfin les convives en prenant congé de leur hôte, recevaient de lui de petits présents, qui d'un mot grec étaient appelés apophoreta. Entre les exemples que nous en fournit l'histoire, celui de Cléopatre est d'une prodigalité singulière. Après avoir fait un superbe festin à Marc Antoine et à ses officiers dans la Cilicie, elle leur donna les lits, les courte-pointes, les vases d'or et d'argent, la suite des coupes qu'on avait mis devant chacun d'eux, avec tout ce qui avait servi au repas. Elle y ajouta encore des litières pour les reporter chez eux, avec les porteurs même, et des esclaves Mores pour les reconduire avec des flambeaux. Les Empereurs Verus et Eliogabale copièrent Cléopatre ; mais ils n'ont depuis été copiés par personne. Nous ne connaissons point ce genre de magnificence. Quand le doge de Venise fait la cérémonie stérîle d'épouser la mer, il ne donne de sa vaisselle d'argent à aucun convié ; et s'il parait en faire un usage plus fou, la jeter dans la mer, ce n'est que par fiction ; on a eu soin de placer des filets pour la retenir ; il n'en perd pas une seule pièce. Extr. des mém. de Littér. tome I. pag. 422-450. Art. de M(D.J.)




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