S. m. (Belles Lettres) on donne ce nom à un homme de Lettres qui veut bien prendre le soin de publier les ouvrages d'un autre.

Les Bénédictins ont été éditeurs de presque tous les pères de l'Eglise. Les PP. Labbé et Hardouin ont donné des éditions des conciles. On compte parmi les éditeurs du premier ordre, les docteurs de Louvain, Scaliger, Petau, Sirmond, etc.

Il y a deux qualités essentielles à un éditeur ; c'est de bien entendre la langue dans laquelle l'ouvrage est écrit, et d'être suffisamment instruit de la matière qu'on y traite.

Ceux qui nous ont donné les premières éditions des anciens auteurs grecs et latins ont été des hommes savants, laborieux et utiles. Voyez l'art. CRITIQUE. Voyez aussi ERUDITION, TEXTE, MANUSCRIT, COMMENTATEURS, etc.

Il y a tel ouvrage dont l'édition suppose plus de connaissances qu'il n'est donné à un seul homme d'en posséder. L'Encyclopedie est singulièrement de ce nombre. Il semble qu'il faudrait pour sa perfection, que chacun fût éditeur de ses articles ; mais ce moyen entraînerait trop de dépenses et de lenteur.

Comme les éditeurs de l'Encyclopédie ne s'arrogent aucune sorte d'autorité sur les productions de leurs collègues, il serait aussi mal de les blâmer de ce qu'on y pourra remarquer de faible, que de les louer de ce qu'on y trouvera d'excellent.

Nous ne dissimulerons point qu'il ne nous arrive quelquefois d'apercevoir dans les articles de nos collègues, des choses que nous ne pouvons nous empêcher de désapprouver intérieurement, de même qu'il arrive, selon toute apparence, à nos collègues d'en apercevoir dans les nôtres, dont ils ne peuvent s'empêcher d'être mécontens.

Mais chacun a une manière de penser et de dire qui lui est propre, et dont on ne peut exiger le sacrifice dans une association où l'on n'est entré que sur la convention tacite qu'on y conserverait toute sa liberté.

Cette observation tombe particulièrement sur les éloges et sur les critiques. Nous nous regarderions comme coupables d'une infidélité très-repréhensible envers un auteur, si nous nous étions jamais servis de son nom pour faire passer un jugement favorable ou défavorable ; et le lecteur serait très-injuste à notre égard, s'il nous en soupçonnait.

S'il y a quelque chose de nous dans cet ouvrage que nous fassions scrupule d'attribuer à d'autres, c'est le bien et le mal que nous pouvons y dire des ouvrages. Voyez ELOGE.