S. m. (Belles Lettres) se dit d'une exposition abrégée, ou de l'épitome d'un plus grand ouvrage. Voyez EPITOME.

Un extrait est ordinairement plus court et plus superficiel qu'un abrégé. Voyez ABREGE.

Les journaux et autres ouvrages périodiques qui paraissent tous les mois, et où l'on rend compte des livres nouveaux, contiennent ou doivent contenir des extraits des matières les plus importantes, ou des morceaux les plus frappans de ces livres. Voyez JOURNAL. (G)

L'extrait d'un ouvrage philosophique, historique, etc. n'exige, pour être exact, que de la justesse et de la netteté dans l'esprit de celui qui le fait. Exprimer la substance de l'ouvrage, en présenter les raisonnements ou les faits capitaux dans leur ordre et dans leur jour, c'est à quoi tout l'art se réduit ; mais pour un extrait discuté, combien ne faut-il pas réunir de talents et de lumières ? Voyez CRITIQUE.

On se plaignait que Bayle en imposait à ses lecteurs, en rendant intéressant l'extrait d'un livre qui ne l'était pas : il faut avouer que la plupart de ses successeurs ont bien fait ce qu'ils ont pu pour éviter ce reproche ; rien de plus sec que les extraits qu'ils nous donnent, non-seulement des livres scientifiques, mais des ouvrages littéraires.

Nous ne parlerons point des extraits dont l'ignorance et la mauvaise foi ont de tout temps inondé la Littérature. On voit des exemples de tout ; mais il en est qui ne doivent point trouver place dans un ouvrage sérieux et décent, et nous ne devons nous occuper que des journalistes estimables. Quelques-uns d'entr'eux, par égard pour le public, pour les auteurs et pour eux-mêmes, se font une loi de ne parler des ouvrages qu'en historiens du bon ou du mauvais succès, ne prenant sur eux que d'en exposer le plan dans une froide analyse. C'est pour eux que nous hasardons ici quelques réflexions que nous avons faites ailleurs sur l'art des extraits, appliquées au genre dramatique, comme à celui de tous qui est le plus généralement connu et le plus légèrement critiqué.

La partie du sentiment est du ressort de toute personne bien organisée ; il n'est besoin ni de combiner ni de réflechir pour savoir si l'on est ému, et le suffrage du cœur est un mouvement subit et rapide. Le public à cet égard est donc un excellent juge. La vanité des auteurs mécontens peut bien se retrancher sur la legereté française, si contraire à l'illusion, et sur ce caractère enjoué qui nous distrait de la situation la plus pathétique, pour saisir une allusion ou une équivoque plaisante. La figure, le ton, le geste d'un acteur, un bon mot placé à propos, ou tel autre incident plus étranger encore à la pièce, ont quelquefois fait rire où l'on eut dû pleurer ; mais quand le pathétique de l'action est soutenu, la plaisanterie ne se soutient point : on rougit d'avoir ri, et l'on s'abandonne au plaisir plus décent de verser des larmes. La sensibilité et l'enjouement ne s'excluent point, et cette alternative est commune aux François avec les Athéniens, qui n'ont pas laissé de couronner Sophocle. Les François frémissent à Rodogune, et pleurent à Andromaque : le vrai les touche, le beau les saisit ; et tout ce qui n'exige ni étude ni réflexion, trouve en eux de bons critiques. Le journaliste n'a donc rien de mieux à faire que de rendre compte de l'impression générale pour la partie du sentiment. Il n'en est pas ainsi de la partie de l'art ; peu la connaissent, et tous en décident : on entend souvent raisonner là-dessus, et rarement parler raison. On lit une infinité d'extraits et de critiques des ouvrages de théâtre ; le jugement sur le Cid est le seul dont le goût soit satisfait ; encore n'est-ce qu'une critique de détail, où l'académie avoue qu'elle a suivi une mauvaise méthode en suivant la méthode de Scudéri. L'académie était un juge éclairé, impartial et poli, peu de personnes l'ont imitée ; Scudéri était un censeur malin, grossier, sans lumières, sans goût : il a eu cent imitateurs.

Les plus sages, effrayés des difficultés que présente ce genre de critique, ont pris modestement le parti de ne faire des ouvrages de théâtre que de simples analyses : c'est beaucoup pour leur commodité particulière, mais ce n'est rien pour l'avantage des Lettres. Supposons que leur extrait embrasse et développe tout le dessein de l'ouvrage, qu'on y remarque l'usage et les rapports de chaque fil qui entre dans ce tissu, l'analyse la plus exacte et la mieux détaillée sera toujours un rapport insuffisant dont l'auteur aura droit de se plaindre. Rappelons-nous ce mot de Racine, ce qui me distingue de Pradon, c'est que je sai écrire : cet aveu est sans-doute très-modeste ; mais il est vrai du moins que nos bons auteurs diffèrent plus des mauvais par les détails et le coloris, que par le fond et l'ordonnance.

Combien de situations, combien de traits, de caractères que les détails préparent, fondent, adoucissent, et qui révoltent dans un extrait ? Qu'on dise simplement du Misantrope qu'il est amoureux d'une coquette qui joue cinq ou six amants à-la-fais ; qu'on dise de Cinna qu'il conseille à Auguste de garder l'empire, au moment où il médite de le faire périr comme usurpateur ; quoi de plus choquant que ces disparates ? mais qu'on lise les scènes où le Misantrope se reproche sa passion à lui-même, où Cinna rend raison de son dessein à Maxime, on trouvera dans la nature ce qui choquait la vraisemblance. Il n'est point de couleurs qui ne se marient, tout l'art consiste à les bien nuer, et ce sont ces nuances qu'on néglige de faire apercevoir dans les linéaments d'un extrait. On croit avoir assez fait, quand on a donné quelques échantillons du style ; mais ces citations sont très-équivoques, et ne laissent présumer que très-vaguement de ce qui les précède ou les suit, Ve qu'il n'est point d'ouvrage où l'on ne trouve quelques endroits au-dessus ou au-dessous du style général de l'auteur. On est donc injuste sans le vouloir, peut-être même par la crainte de l'être, lorsqu'on se borne au simple extrait et à l'analyse historique d'un ouvrage de théâtre. Que penserait-on d'un critique qui, pour donner une idée du S. Jean de Raphaël, se bornerait à dire qu'il est de grandeur naturelle, porté sur une aigle, tenant une table de la main gauche, et une plume de la main droite ? Il est des traits sans-doute dont la beauté n'a besoin que d'être indiquée pour être sentie ; tel est, par exemple, le cinquième acte de Rodogune : tel est le coup de génie de ce peintre qui, pour exprimer la douleur d'Agamemnon au sacrifice d'Iphigénie, l'a représenté le visage couvert d'un voîle ; mais ces traits sont aussi rares que précieux. Le mérite le plus général des ouvrages de Peinture, de Sculpture, de Poésie, est dans l'exécution ; et dès qu'on se bornera à la simple analyse d'un ouvrage de gout, pour le faire connaître, on sera aussi peu raisonnable que si l'on prétendait sur un plan géométral faire juger de l'architecture d'un palais. On ne peut donc s'interdire équitablement dans un extrait littéraire, les réflexions et les remarques inséparables de la bonne critique. On peut parler en simple historien des ouvrages purement didactiques, mais on doit parler en homme de goût des ouvrages de gout. Supposons que l'on eut à faire l'extrait de la tragédie de Phèdre ; croirait-on avoir bien instruit le public, si, par exemple, on avait dit de la scène de la déclaration de Phèdre à Hyppolite :

" Phèdre vient implorer la protection d'Hyppolite pour ses enfants, mais elle oublie à sa vue le dessein qui l'amene. Le cœur plein de son amour, elle en laisse échapper quelques marques. Hyppolite lui parle de Thésée, Phèdre croit le revoir dans son fils ; elle se sert de ce détour pour exprimer la passion qui la domine : Hyppolite rougit et veut se retirer : Phèdre le retient, cesse de dissimuler, et lui avoue en même temps la tendresse qu'elle a pour lui, et l'horreur qu'elle a d'elle-même ".

Croirait-on de bonne-foi trouver dans ses lecteurs une imagination assez vive pour suppléer aux détails qui font de cette esquisse un tableau admirable ? Croirait-on les avoir mis à portée de donner à Racine les éloges qu'on lui aurait refusés en ne parlant de ce morceau qu'en simple historien ?

Quand un journaliste fait à un auteur l'honneur de parler de lui, il lui doit les éloges qu'il mérite, il doit au public les critiques dont l'ouvrage est susceptible, il se doit à lui-même un usage honorable de l'emploi qui lui est confié : cet usage consiste à s'établir médiateur entre les auteurs et le public ; à éclairer poliment l'aveugle vanité des uns, et à rectifier les jugements précipités de l'autre. C'est une tâche pénible et difficîle ; mais avec des talents, de l'exercice et du zèle, on peut faire beaucoup pour le progrès des Lettres, du goût et de la raison. Nous l'avons déjà dit, la partie du sentiment a beaucoup de connaisseurs, la partie de l'art en a peu, la partie de l'esprit en a trop. Nous entendons ici par esprit, cette espèce de chicane qui analyse tout, et même ce qui ne doit pas être analysé.

Si chacun de ces juges se renfermait dans les bornes qui lui sont prescrites, tout serait dans l'ordre : mais celui qui n'a que de l'esprit, trouve plat tout ce qui n'est que senti : celui qui n'est que sensible, trouve froid tout ce qui n'est que pensé ; et celui qui ne connait que l'art, ne fait grâce ni aux pensées ni aux sentiments, dès qu'on a péché contre les règles : voilà pour la plupart des juges. Les auteurs de leur côté ne sont pas plus équitables ; ils traitent de bornés ceux qui n'ont pas été frappés de leurs idées, d'insensibles ceux qu'ils n'ont pas émus, et de pédants ceux qui leur parlent des règles de l'art. Le journaliste est témoin de cette dissention, c'est à lui d'être le conciliateur. Il faut de l'autorité, dira-t-il, oui sans-doute ; mais il lui est facîle d'en acquérir. Qu'il se donne la peine de faire quelques extraits, où il examine les caractères et les mœurs en philosophe, le plan et la contexture de l'intrigue en homme de l'art, les détails et le style en homme de goût : à ces conditions, qu'il doit être en état de remplir, nous lui sommes garants de la confiance générale. Ce que nous venons de dire des ouvrages dramatiques, peut et doit s'appliquer à tous les genres de Littérature. Voyez CRITIQUE. Cet article est de M. MARMONTEL.

EXTRAIT, (Jurisprudence) signifie ce qui est tiré d'un acte ou d'un registre, ou autre pièce. Quelquefois on entend par cet extrait un abrégé, quelquefois une copie entière.

EXTRAIT BAPTISTAIRE, est une expédition d'un acte de baptême tiré sur le registre destiné à écrire ces sortes d'actes. Voyez BAPTEME et REGISTRES.

EXTRAIT LEGALISE, est celui dont la vérité est attestée par une personne supérieure à celle qui a délivré l'extrait. Voyez LEGALISATION.

EXTRAIT DE MARIAGE, est une expédition ou copie authentique d'un acte de célébration de mariage, tiré sur le registre destiné à écrire les mariages. Voyez MARIAGE et REGISTRE DES MARIAGES.

EXTRAIT SUR LA MINUTE, est une expédition tirée sur la minute même d'un acte, à la différence de ceux qui sont tirés seulement sur une expédition ou sur une copie collationnée. Le premier, c'est-à-dire celui qui est tiré sur la minute, est le plus authentique.

EXTRAIT MORTUAIRE, est l'expédition d'un acte mortuaire, c'est-à-dire la mention qui est faite du décès de quelqu'un sur le registre destiné à cet effet. Voyez MORTUAIRE et REGISTRES MORTUAIRES.

EXTRAIT D'UN PROCES, est l'abrégé d'un procès, c'est-à-dire un mémoire qui contienne la date de toutes les pièces, et le précis de ce qui peut servir à la décision du procès. Les rapporteurs ont ordinairement un extrait à la main, pour soulager leur mémoire, lorsqu'ils font le rapport d'un procès. Le secrétaire du rapporteur fait communément son extrait du procès, pour soulager le rapporteur ; mais le rapporteur doit voir les choses par lui-même, et ne doit pas se fier à l'extrait de son secrétaire, qui peut être infidèle, soit par inadvertance, ou pour favoriser une des parties au préjudice de l'autre. Le rapporteur doit donc régulièrement faire lui-même son extrait, ou si bien vérifier celui de son secrétaire, qu'il puisse attester les faits par lui-même. On voit dans le style des cours, des lettres patentes du roi de l'année 1625, pour dispenser un conseiller de faire lui-même ses extraits, à cause qu'il avait la vue basse. Ceux qui se servent de l'extrait de leur secrétaire, font ordinairement, en le vérifiant, un extrait à leur manière, et plus concis, qu'on appelle le sous-extrait.

EXTRAIT DES REGISTRES, c'est ce qui est tiré de quelque registre public. Cet intitulé se met en tête des expéditions des jugements qui ne sont délivrés qu'en abrégé, c'est-à-dire qui ne sont pas en forme exécutoire. Les extraits des registres des baptêmes, mariages, sépultures, etc. sont ordinairement des expéditions entières des actes qu'ils contiennent. Voyez EXPEDITION, REGISTRES et JUGEMENT.

EXTRAIT DE SEPULTURE, voyez EXTRAIT MORTUAIRE.

EXTRAIT DE BATARD dans quelques coutumes, comme Boulenais, Hainaut et Montreuil, signifie le droit que les seigneurs hauts-justiciers ont de partager entr'eux les biens d'un bâtard décédé sans hoirs et ab intestat. Voyez ESTRAYERES. (A)

EXTRAIT, (Chimie, Pharmacie, et Thérapeutique) Ce mot pris dans le sens chimique le plus général, signifie un principe quelconque, séparé par le moyen d'un menstrue d'un autre principe, avec lequel il était combiné, ou pour le définir en deux mots, le produit de l'extraction. Voyez EXTRACTION.

Le nom d'extrait est beaucoup plus usité dans un sens moins général, et il est presque restreint par l'usage à designer une matière particulière, retirée de certaines substances végétales, par le moyen de l'eau.

Le menstrue aqueux, qui est l'instrument de cette séparation, ou se trouve dans la plante même, ou on le prend du dehors : dans le premier cas, qui est celui des plantes aqueuses, on les écrase et on les exprime ; par-là on obtient un suc chargé par dissolution réelle de la partie extractive, et par contusion de la fécule de la plante, et de sa résine particulière, lorsqu'elle est résineuse. Si on applique une eau étrangère à une plante, on en fait l'infusion ou la décoction, et ensuite l'expression : la liqueur fournie par ces opérations, est aussi ordinairement troublée, par la présence de quelques matières non dissoutes : or ce n'est que la matière réellement dissoute, combinée chimiquement avec l'eau, qui est le véritable extrait dont il s'agit ici. Voyez SUC, INFUSION, DECOCTION, CULECULE.

Pour préparer un extrait, c'est-à-dire pour le retirer de l'eau, et le séparer des parties étrangères ou féculentes, on n'a donc qu'à prendre certaines infusions, certaines décoctions, certains sucs, les défoequer par la résidence, par la filtration à-travers la chausse, ou les clarifier par le blanc-d'œuf (voyez DEFECATION, FILTRATION, CLARIFICATION), et évaporer ensuite, à feu doux, ordinairement au bain marie, jusqu'à la consistance appelée d'extrait mou, ou simplement d'extrait ; expression suffisamment exacte, parce qu'on ne réduit que rarement les extraits sous forme solide.

La consistance d'extrait, est l'état de la mollesse à-peu-près, moyen entre la consistance sirupeuse, et la consistance des tablettes, ou l'état solide (voyez SIROP, TABLETTES). On apprend suffisamment par l'habitude, à saisir quelques signes sensibles, auxquels on reconnait cet état, qui est essentiel à la perfection de l'extrait, et surtout à sa conservation ; il faut que le doigt éprouve quelque résistance, en pressant un extrait refroidi ; il doit laisser à sa surface une pression durable, et s'en détacher sans en rien emporter, c'est-à-dire ne pas coller.

L'extrait que nous voulons désigner ici, est d'une couleur noirâtre, et d'une saveur plus ou moins amère, toujours mêlée d'un goût de résine, ou de caramel. Les substances végétales, qui fournissent un pareil extrait, sont les racines, les tiges, les bois, les écorces, les plantes, celles des fruits et des semences, et enfin les fleurs.

L'extrait, considéré généralement comme la matière des décoctions par l'eau de ces substances végétales ; ou comme leur suc clarifié, épaissi, et auquel convient la description que nous venons d'en faire, peut contenir diverses substances ; savoir, toutes les matières végétales, solubles par l'eau (voyez EAU, Chimie), le corps doux, le mucilage, et les autres espèces du corps muqueux : mais les substances retirées par l'évaporation des décoctions et des sucs végétaux, ne sont appelés extraits, qu'autant qu'une certaine substance particulière, savoir, celle qui donne lieu à cet article, y prédomine.

Cette substance particulière, appelée spécialement extrait, est mal connue des Chimistes. Voici cependant les propriétés auxquelles on la reconnait : l'extrait, proprement dit, a éminemment cette saveur amère, suivie d'un arriere-goût de sucre brulé, que nous avons énoncé plus haut. Distillé à la violence du feu (dans des vaisseaux très-élevés, car il se gonfle facilement, voyez DISTILLATION) ; il donne à-peu-près les mêmes principes qu'une plante purement extractive (voyez ANALYSE VEGETALE, au mot VEGETAL) ; il est combustible : on retrouve dans ses cendres, comme dans celles d'une plante de l'alkali fixe, du tartre vitriolé et du sel marin : lorsqu'il est bien desséché, il est en partie soluble par l'esprit de vin ; mais ce qui le caractérise proprement, c'est son universalité dans toutes les substances que nous avons nommées plus haut. Les différentes espèces de corps muqueux, se trouvent dans un petit nombre de ces substances, et y sont comme accidentelles ou étrangères : l'extrait est le principe de la composition intérieure des organes de la plante ; il est cette matière générale, qui se retire par l'eau de toute feuille, racine, etc. Comme ce n'est ordinairement que dans des vues pharmaceutiques qu'on prépare des extraits, et qu'on n'a pas observé que le mélange des substances muqueuses altérât la vertu médicinale de l'extrait proprement dit ; on ne se met point en peine de les en séparer, excepté qu'elles n'empêchassent que le médicament ne fût de garde ; car dans ce cas, ou il faudrait les séparer, ou renoncer à posséder sous la forme d'extrait, la matière médicamentale d'une pareille plante : on ne s'avise point, par exemple, de préparer l'extrait de guimauve, par cette dernière raison.

Mais si on voulait préparer un extrait dans des vues philosophiques, il faudrait tâcher de le séparer de ces diverses substances ; ce qui n'est pas aisé : l'unique moyen que nous connaissons aujourd'hui, c'est de partager le temps pendant lequel on applique l'eau, ou d'en varier la chaleur, et d'observer dans quel temps ou à quel degré se sépare la substance qu'on veut rejeter, et celle qu'on veut retenir.

Les extraits renferment sous un petit volume tous les principes utiles des substances, dont la vertu médicinale ne résidait point dans des principes volatils, dissipés par la décoction ou l'évaporation, ou dans des parties terreuses ou résineuses, séparées par la défoecation, ou épargnées par le menstrue aqueux.

Les plantes aromatiques, et celles qui contiennent un alkali volatil libre, ne doivent donc point être exposées aux opérations qui fournissent des extraits ; au moins ne doit-on pas espérer de concentrer toute la vertu de la plante dans l'extrait : on ne doit pas non plus se proposer d'extraire, par le moyen de l'eau, les parties médicamenteuses des substances, qui n'opèrent que par leurs racines ; c'est ainsi qu'on ne doit point substituer la décoction ou l'extrait de jalap à sa poudre. Certaines écorces très-terreuses, comme le quinquina, peuvent être dans plusieurs cas, des remèdes bien différents de ces matières données en substance, à cause de l'effet absorbant dû à leur terre, qui ne passe qu'en petite quantité dans l'extrait.

Certains végétaux inodores, tels que le sené, l'ellébore, qui sont des purgatifs très-efficaces, donnés en substance ou en infusion, fournissent des extraits qui ne purgent que très-foiblement : les roses perdent aussi, par une longue évaporation, leur vertu purgative ; quelques autres au contraire, tels que l'écorce de sureau, donnent des extraits qui retiennent toute leur vertu purgative.

Le principal avantage que nous fournissent les remèdes réduits sous la forme d'extraits, c'est la facilité de les conserver, et de les faire prendre aux malades.

L'extrait est toujours une préparation officinale. On trouve dans diverses pharmacopées plusieurs extraits composés. La pharmacopée de Paris n'a retenu que l'extrait panchymagogue. Voyez PANCHYMAGOGUE.

Les sels de la Garaye sont des extraits. Voyez HYDRAULIQUE, (Chimie).

Certains sucs épaissis, comme le cachou, l'hypocistis, l'opium, et l'aloès, sont des extraits solides ; voyez ces articles. La thériaque céleste est un extrait composé. Voyez THERIAQUE.

Outre les médicaments dont nous venons de parler, on connait encore sous le nom d'extrait, plusieurs préparations pharmaceutiques, tirées des substances métalliques ; mais ces préparations sont plus connues sous le nom de teinture (voyez SUBSTANCES METALLIQUES et TEINTURE) : le seul extrait de Mars est spécialement connu sous ce nom. Voyez FER. (b)

EXTRAIT, dans le Commerce, a diverses significations.

Il signifie 1°. un projet de compte qu'un négociant envoye à son correspondant, ou un commissionnaire à son commettant, pour le vérifier.

2°. Ce qui est tiré d'un livre ou d'un registre d'un marchand. L'extrait d'un journal forme un mémoire.

3°. C'est aussi un des livres dont les marchands et banquiers se servent dans leur commerce : on l'appelle autrement livre de raison, et plus ordinairement le grand livre. Voyez LIVRE. Chambers.