adj. (Littérature) espèce de vers composé entièrement, ou, pour la plus grande partie, d'un pied qu'on appelle ïambe. Voyez IAMBE.

Les vers ïambiques peuvent être considérés ou selon la diversité des pieds qu'ils reçoivent, ou selon le nombre de leurs pieds. Dans chacun de ce genre, il y a trois espèces qui ont des noms différents.

1°. Les purs ïambiques sont ceux qui ne sont composés que d'ïambes, comme la quatrième pièce de Catulle, faite à la louange d'un vaisseau.

Phaselus ille, quem videtis hospites.

La seconde espèce sont ceux qu'on appelle simplement ïambes ou ïambiques. Ils n'ont des ïambes qu'aux pieds pairs, encore y met-on quelquefois des tribraques, excepté au dernier qui doit toujours être un ïambe ; et aux impairs des spondées, des anapestes, et même un dactyle au premier. Tel est celui que l'on cite de la Médée de Seneque.

Servare potui, perdere an possim rogas ?

La troisième espèce sont les vers ïambiques libres, qui n'ont par nécessité d'ïambe qu'au dernier pied, comme tous les vers de Phèdre.

Amittit meritò proprium, qui alienum appetit.

Dans les comedies, on ne s'est pas plus gêné, et peut-être moins encore, comme on le voit dans Plaute et dans Térence, mais le sixième pied est toujours indispensablement un ïambe.

Quant aux variétés qu'apporte le nombre de syllabes, on appelle ïambe ou ïambique dimètre celui qui n'a que quatre pieds.

Queruntur in sylvis aves.

Ceux qui en ont six s'appellent trimètres, ce sont les plus beaux, et ceux qu'on emploie pour le théâtre, surtout pour la tragédie ; ils sont infiniment préférables aux vers de dix ou douze pieds en usage dans nos pièces modernes, parce qu'ils approchent plus de la prose, et qu'ils sentent moins l'art et l'affectation.

Dii conjugales, tuque genialis tori

Lucina custos, &c.

Ceux qui en ont huit, se nomment tétramètres, et l'on n'en trouve que dans les comédies.

Pecuniam in loco negligère, maximum

Interdum est lucrum. Tèrent.

Quelques-uns ajoutent un ïambe monomètre, qui n'a que deux pieds.

Virtus beat.

On les appelle monomètres, dimètres, trimètres et tétramètres, c'est-à-dire, d'une, de deux, de trois, et quatre mesures, parce qu'une mesure était de deux pieds, et que les Grecs les mesuraient deux pieds à deux pieds, ou par épitrices, et en joignant l'ïambe et le spondée ensemble.

Tous ceux dont on a parlé jusqu'ici sont parfaits, ils ont leur nombre de pieds complets, sans qu'il y manque rien, ou qu'il y ait rien de trop.

Les imparfaits sont de trois sortes ; les catalectiques auxquels il manque une syllabe.

Musae jovem canebant.

Les brachycatalectiques auxquels il manque un pied entier.

Musae jovis gnatae.

Les hypercatalectiques qui sont ceux qui ont une syllabe ou un pied de trop.

Musae sorores sunt Minervae,

Musae sorores Palladis lugent.

La plupart des hymnes de l'Eglise sont des ïambiques dimètres, c'est-à-dire de quatre pieds. Dict. de Trévoux.