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Catégorie : Littérature
adj. qui se prend quelquefois substantivement, (Belles Lettres) sorte de poésie triviale et plaisante qu'on emploie pour jeter du ridicule sur les choses et sur les personnes. Voyez TRAVESTI.

La poésie burlesque parait être moderne, aussi-bien que le nom qu'on a donné à ce genre singulier. Le P. Vavasseur, jésuite, dans un traité qu'il a donné sur cette matière, intitulé de ludicrâ dictione, assure que le burlesque était entièrement inconnu aux anciens. Cependant quelques auteurs parlent d'un certain Raintovius, qui du temps de Ptolomée Lagus travestit en burlesque quelques tragédies grecques : mais ce fait, s'il est constant, prouve plutôt l'antiquité de la farce que celle du burlesque. D'autres, qui veulent qu'on trouve dans l'antiquité des traces de tous les genres, même les moins parfaits, font remonter l'origine du burlesque jusqu'à Homère, dont la batrachomyomachie, disent-ils, n'est composée que de lambeaux de l'Iliade et de l'Odyssée travestis et tournés en ridicule, par l'application qu'on y fait de ce qu'il a dit des combats des héros, à la guerre des rats et des grenouilles. Voyez BATRACHOMYOMACHIE.

On regarde pourtant les Italiens comme les vrais inventeurs du burlesque. Le premier d'entr'eux qui se signala en ce genre fut Bernia, imité par Lalli Caporali, etc. D'Italie, le burlesque passa en France, où il devint tellement à la mode, qu'il parut en 1649 un livre sous le titre de la Passion de Notre-Seigneur en vers burlesques. En vain a-t-on voulu l'introduire en Angleterre ; le flegme de la nation n'a jamais pu goûter cette extravagance, et à peine compte-t-on deux auteurs qui y aient réussi.

Boileau, dans son Art poétique, a frondé le burlesque, dont il avait pu voir le règne, qu'il attribue à la nouveauté.

" Il semble, dit à cette occasion un auteur qui a écrit depuis peu sur la poésie, que la première aurore du bon goût ne dû. luire qu'à-travers les nuages ténébreux que le mauvais goût s'efforçait de lui opposer. En effet, rien était-il plus contraire au bon sens et à la nature, qu'un style qui choquait directement l'un et l'autre, et dont les termes bas, les expressions triviales, les imaginations ridicules, formaient les prétendues grâces, sans parler du mépris que ses partisans faisaient des bienséances ? On a peine à comprendre comment une nation qui les connait et qui les observe si exactement aujourd'hui, les négligeait et se faisait en quelque sorte honneur de les violer, il n'y a pas cent ans. Quoique l'Académie Française eut été établie par le cardinal de Richelieu, pour ramener et fixer le bon gout, quelques membres de cette compagnie, tels que Voiture, Benserade, etc. étaient encore partisans du burlesque.

Il est cependant croyable, ajoute-t-il, et il faut le dire pour l'honneur de notre nation, que ce genre si justement méprisé doit son origine à une erreur par laquelle ceux qui ont donné dans le burlesque, ont été entrainés insensiblement et comme par degrés, ne distinguant pas assez le naïf du plat et du bouffon, comme l'insinue M. Despreaux. En conséquence on a d'abord employé le burlesque à décrire des aventures ordinaires, comme ayant plus d'aisance et plus de simplicité que le style noble affecté aux grands sujets. On l'a donc confondu avec le style naïf qui embellit les plus simples bagatelles. La facilité apparente de celui-ci a séduit ceux qui s'y sont attachés les premiers : mais elle a bientôt dégénéré en négligence ; celle-ci a entrainé la bassesse, et la bassesse a produit la licence. Cette conjecture est fondée : 1°. sur ce que la plus grande partie des vers burlesques de ce temps-là consiste en récits : 2°. sur ce que des auteurs contemporains, tels que Balzac, ont confondu ces deux genres, néanmoins si différents. Abusés par la facilité d'un style bas, ils se sont persuadés faussement qu'ils avaient trouvé l'art d'écrire avec cette molle aisance, avec ce badinage délicat dans lequel Marot a excellé ". Voyez MAROTIQUE. Princip. pour la lect. des Poèt. tom. I.

Tout le monde sait que Scarron a mis l'Eneïde en vers burlesques, sous le titre de Virgile travesti, et d'Assouci les Métamorphoses en même style, sous celui d'Ovide en belle humeur ; et que ces ouvrages sont aujourd'hui aussi décriés qu'ils étaient autrefois goutés. (G)




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