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Catégorie parente: Beaux-arts
Catégorie : Architecture
S. m. (Architecture) c'est le corps du chapiteau corinthien et du chapiteau composite.

Vase d'amortissement. Vase qui termine la décoration des façades, et qui est ordinairement isolé, orné de guirlandes et couronné de flammes. Cet ornement s'emploie encore au-dedans des bâtiments, au-dessus des portes, cheminées, etc.

Vase d'enfaitement. On nomme ainsi les vases qu'on met sur les poinçons des combles, et qui sont ordinairement de plomb, quelquefois doré, comme au château de Versailles, par exemple. (D.J.)

VASE, s. f. (Architecture hydraulique) terrain marécageux et sans consistance. On ne peut fonder sur la vase sans pilotage ni grille.

VASE, (Orfèvrerie) les Orfèvres travaillent à toutes sortes de vases, soit pour les églises, soit pour les particuliers ; il faut ici leur faire connaître le livre d'un italien fort curieux sur leur art, c'est celui de Jean Giadini ; il a publié à Rome en 1750, in-folio, des modèles de pièces d'orfèvrerie propres à fournir des idées pour inventer, et faire toutes sortes de vases élégans, d'or, d'argent ou autre métal. Cet ouvrage contient cent planches gravées sur cuivre, et qui sont d'un fort beau dessein. (D.J.)

VASE, s. m. (Sculpture) ornement de sculpture, isolé et creux, qui, posé sur un socle ou piédestal, sert pour décorer les bâtiments et les jardins. Il y en a de pierre, de fer, de plomb, de marbre, de bronze, etc. Les premiers servent d'amortissement. Les vases de fer sont employés pour décorer les jardins, de même que les vases de fayance. On peint les premiers d'une couleur à l'huile. On orne les parcs avec des vases de marbre, placés dans les endroits les plus apparents, et on réserve les vases de marbre précieux, tels que ceux de porphyre, d'agate, d'albâtre, etc. pour la décoration du-dedans. Enfin l'usage des vases de bronze, qui sont toujours de moyenne grandeur, est d'embellir les tablettes des terrasses.

Une figure gracieuse et variée, constitue la beauté des vases. On en trouvera des modèles dans l'essai d'Architecture historique de Fischer, l. IV. (D.J.)

VASE D'ALBATRE, (Critique sacrée) il est dit dans l'Evangile, Matth. xxvj. vers. 6. et 7. que Jesus-Christ étant à table à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, Marie, sœur de Marthe et de Lazare, y oignit et répandit sur les pieds du Sauveur un vase d'albâtre, plein d'un nard d'épic très-précieux. Ce vase d'albâtre était d'une sorte de marbre blanc, dans lequel on conservait les essences. Pline, l. XXXVI. c. VIIIe dit que l'on trouvait ces espèces de pierres ou de marbres dans des carrières aux environs de Thèbes, d'Egypte et de Damas, de Syrie ; on les façonnait au tour avec assez de facilité, parce que cette pierre n'était ni dure, ni cassante. On donna néanmoins le nom d'albâtre en général à tous les vases propres à contenir des liqueurs, de quelque matière que ces vases fussent composés.

Quelques savants craient que le vase dont il est question dans l'Evangile, était de verre, parce que S. Marc dit que la femme qui répandit le parfum sur le Sauveur, brisa ce vase d'albâtre ; mais cela ne prouve rien, parce qu'on peut casser un vase de pierre, comme un vase de verre : enfin, selon d'autres critiques, le mot alabastrum marque plutôt la forme que la matière du vase, car souvent ce mot signifie un vase qui n'a point d'anse. (D.J.)

VASE de treillage, (Décorat. de jardin) ornement à jour fait de verges de fer et de bois de boisseau, contourné selon un profil qui sert d'amortissement sur les portiques et cabinets de treillage. Les vases de cette espèce les plus riches sont remplis de fleurs et de fruits qui imitent le naturel, et ont des ornements pareils à ceux de sculpture. (D.J.)

VASES ANTIQUES, (Arts, Littérat. antiq.) les vases antiques peuvent se diviser en vases de sacrifices, vases funéraires, vases d'ornements d'architecture, vases de buffets et coupes, ou vases à boire : nous avons parlé de presque tous ces vases en particulier.

On commença par les faire de corne, de bois, de terre cuite, de pierre, de marbre, d'ivoire ; enfin on les fit de pierres précieuses, d'agate, de crystal, de porcelaine, on les incrusta d'or et d'argent, on y représenta toutes sortes de figures, et la beauté de l'exécution surpassa le prix de la matière ; on en changea les formes à l'infini, et leurs formes se perfectionnèrent au point que ces monuments nous donnent aujourd'hui la plus grande idée du travail des anciens.

Athénée parle d'un vase sur lequel la prise de Troie était gravée, c'est-à-dire formait un ornement en relief. On y lisait le nom de l'artiste, il se nommait Mus ; le nom de Parrhasius, auteur de l'inscription qui s'y lisait aussi, prouve que ce Parrhasius comptait vivre dans les temps à venir, en s'associant à un ouvrage estimé. Cicéron, dans la sixième harangue contre Verrès, dit qu'un des fils d'Antiochus, dixième roi de Syrie, aborda en Sicile, et que Verrès, qui en était prêteur, trouva moyen de lui dérober plusieurs vases d'or enrichis de pierres précieuses, dont les rais, et principalement ceux de Syrie, étaient dans l'habitude de se servir ; mais, selon le même auteur, on en distinguait un qui était d'une seule pierre, et qui avait une anse d'or.

Un fragment d'Athénée nous apprend que Parménion mandait à Alexandre, qu'il s'était trouvé parmi les dépouilles de Darius pour soixante-treize talents babyloniens et douze mines de vases d'or, et pour cinquante-six talents trente-six mines de vases enrichis de pierreries.

On sait que les poids babyloniens étaient d'un cinquième plus forts que ceux de l'Attique ; ainsi en évaluant le talent attique à 4500 liv. de notre monnaie ou environ, le talent babylonien reviendrait à 5400 livres. Quelqu'étonnant que soit une pareille somme, qui doit monter à un peu plus de sept cent mille francs de notre monnaie, on ne serait point étonné que cette somme fût peu forte, avec les idées que l'on a des richesses et du luxe des rois de Perse. Mais il en résulte toujours une preuve de la considération que l'on avait pour ce genre d'ouvrage ; car il n'est pas douteux que les princes n'ont jamais rassemblé que les choses qui peuvent flatter leur vanité, et faire impression tout-à-la-fais sur leurs peuples et sur leurs voisins.

Quand Pline ne nous apprendrait pas en quel temps le goût des vases s'accrédita dans Rome, je ne crois pas qu'on eut été feuilleter les auteurs pour trouver des curiosités de ce genre dans le temps de la république. Entre le nombre des richesses dont Pompée embellit son troisième triomphe, on voyait des vases d'or en assez grande quantité pour en garnir neuf buffets. Je ne parlerai point ici des vases myrrhins qui ornaient le triomphe du même Pompée, et qu'il consacra à Jupiter capitolin, je réserve à ces vases un petit article à part.

M. de la Chausse, Pietro Santo-Bartoli, et autres antiquaires nous ont donné le dessein d'un grand nombre de vases, qui ont échappé aux outrages des temps. Le trésor de l'abbaye de S. Denis conserve en particulier trois vases antiques d'agate orientale, qui sont dignes de notre attention.

Le premier est une coupe ronde en forme de gobelet, évidée avec la plus grande exactitude, mais dont la cannelure qui fait l'ornement extérieur est exactement partagée et travaillée avec un soin qui fait admirer, malgré son apparente simplicité, la justesse et la précision de l'ouvrier.

Le second forme une coupe ovale, dont les bords sont très-peu relevés, et qui peut avoir sept à huit pouces dans sa longueur ; elle est admirable par le rapport que les cannelures tenues fort larges et d'un bon gout, dans leur proportion, ont de l'extérieur à l'intérieur : la dureté de la matière, les outils que l'on peut employer, enfin la difficulté du travail donnent un grand prix à de pareils morceaux.

Mais le plus beau de tous, et peut-être un des plus singuliers qu'il y ait en Europe, est une coupe remarquable, surtout par le temps qu'il a fallu pour exécuter ses anses, et la quantité de ses ornements en relief ; car la matière est plus recommandable pour son volume que pour sa beauté. Les pampres et les seps de vigne qui renferment tout l'ouvrage, ne laissent rien à désirer. Ce beau morceau est fidèlement représenté dans l'histoire de S. Denys, par dom Félibien.

Personne n'ignore que le roi de France a une des plus superbes collections qui puisse se voir en fait de vases. Cette collection en contient plus de huit cent qui sont de pierres précieuses ou de crystal de roche, tous richement montés en or, le plus souvent émaillés avec une grande intelligence. Le plus grand nombre de ces vases a été rassemblé par monseigneur grand-pere du roi ; quelques-uns sont décrits ou indiqués dans la description de Paris, de Piganiol de la Force.

Il est vrai cependant que tout n'est pas antique ; car lors du renouvellement des arts, les princes de l'Europe placèrent une partie de leur luxe à faire décorer les vases échappés à la fureur des temps et des barbares, ou bien à en travailler d'autres de nouveaux. Aussi les Graveurs en pierres fines, tant français qu'italiens, en ont-ils exécuté et restauré un très-grand nombre pendant le cours des deux derniers siècles. Les habiles orfèvres de ce temps-là les ont montés avec tant d'élégance, que la plus grande partie fait admirer leur gout, leur adresse et leur savoir.

Le roi possède encore un autre trésor ; c'est un grand in fol. de 220 pages, qu'on garde dans le cabinet de ses estampes ; c'est dommage que ce beau recueil ne se trouve accompagné d'aucune sorte d'explications.

On y voit d'abord douze vases de marbre dessinés d'après l'antique par Errard, peintre du roi, et qui ont été gravés sur ces desseins par Tournier. On y trouve ensuite les desseins de plusieurs autres monuments antiques, principalement des vases de métal de formes singulières, qui paraissent avoir servi dans les sacrifices, et qui sont en général dessinés avec une telle intelligence et une telle vérité, qu'il n'est pas possible de mieux rendre un objet en faisant même sentir à l'oeil la matière dont il est formé.

Pour donner une plus juste idée de la forme et des ornements de ces morceaux rares, on les a non-seulement représentés dans plusieurs aspects différents, mais les figures ou les ornements qui en font la richesse sont le plus souvent dessinés séparément, et plus en grand ; et quant aux vases qui se trouvent d'agate ou d'autres matières précieuses, on les a coloriées avec une grande précision, pour en donner une idée plus exacte. De ce nombre sont plusieurs vases qui se conservent au trésor S. Denys : le fameux monument d'agate dont j'ai parlé, s'y trouve beaucoup mieux rendu de toutes les façons que dans les auteurs qui l'ont donné au public ; et la comparaison de ces copies avec leurs originaux, augmente et confirme la confiance que la vérité de la touche et l'exécution peuvent donner à un connaisseur sur les morceaux qu'il ne connait pas, ou qui n'existent plus.

Ces desseins sont entremêlés d'autres desseins faits par d'excellents artistes du seizième siècle, la plus grande partie faite pour des ouvrages d'orfèvrerie, que l'on exécutait alors avec autant de goût et de finesse, que de magnificence, pour la décoration des tables et des buffets ; aussi l'on avait grand soin de choisir pour les exécuter, les hommes les plus habiles et les plus célèbres dans l'orfèvrerie : ainsi l'on peut assurer qu'elle nous a conservé et ramené le dessein et la sculpture.

Quelques-uns de ces desseins sont d'après Polidor ; mais il ne faut pas passer sous silence ceux d'un orfèvre français, nommé maître Etienne de l'Aulne ; ils sont d'une fermeté de touche merveilleuse.

M. de Caylus parle aussi des études qui ont été faites par un autre habîle homme, lequel a fait des recherches fort utiles d'après les monuments antiques, et découvert différents vases et différents instruments en usage chez les anciens ; toutes ces choses peuvent beaucoup servir à ceux qui font leur étude de l'antique, et l'on doit par conséquent les indiquer, pour recourir dans le besoin à une source aussi exacte qu'abondante.

Ce recueil est encore enrichi de plusieurs vases étrusques, de patères d'argent, dont les ornements sont rendus avec la plus grande précision, et dans lesquels on trouve des masques scéniques, disposés de la même manière et dans la même proportion que sur la belle coupe de saint Denys.

Tout prouve la magnificence des anciens en fait de vases, et les grandes dépenses qu'ils ont faits avec profusion en ce genre. Le luxe, cet ennemi de la durée des empires, et qui n'a pour excuse que la perfection des arts, dont il est un abus ; le luxe, dis-je, ne s'étend que par la séduction qu'il cause dans l'esprit des particuliers, et par l'imitation des princes et des gens riches à laquelle il les engage. Cette imitation, quoiqu'en petit, Ve presque toujours par-delà leurs fortunes ; malheureusement encore l'engagement que l'usage leur fait prendre, devient successivement général, et par conséquent nécessaire : enfin cette nécessité conduit au dérangement des fortunes, en faisant préférer des choses frivoles qui flattent la vanité, à de plus essentielles qui demeurent cachées. Ainsi pour satisfaire ces prétendus besoins, l'art a cherché les moyens d'imiter la nature, afin de remplacer avec une moindre dépense, ce qu'elle ne pouvait fournir aux désirs trop étendus des peuples policés. Les anciens n'ont pas été plus sages que nous ; les hommes ont fait et feront toujours les mêmes folies. Extrait d'un mémoire de M. de Caylus, qui est dans le recueil des inscr. tom. XXIII. Voyez aussi son ouvrage des antiquités. (D.J.)

VASES de sacrifice, s. m. pl. (Sculpture antique) vases qui servaient aux anciens pour les sacrifices, et qui étaient souvent employés dans les bas-reliefs de leurs temples, tels que les vases par exemple, nommés proefericulum, simpulum, etc. Le premier était une sorte de grande burette, ornée de sculpture ; on en voit encore un de cette façon à la frise corinthienne du temple de Jupiter tonnant, et rapporté dans les édifices antiques de Rome de M. Desgodets, un plus petit vase, en manière de lampe, qui servait aux libations des augures, formait le second, c'est-à-dire le simpule.

On a introduit ces vases dans quelques bâtiments modernes ; mais comme on ne les emploie que dans les édifices sacrés, nos calices, burettes, benitiers, etc. conviennent mieux à la décoration de l'architecture de nos églises. (D.J.)

VASES à boire, (Arts et Littérat.) Les hommes commencèrent à faire usage des cornes de certains animaux, pour leur tenir lieu de vases à boire, ou de coupe, dont le nom était aussi général que celui de verre peut l'être parmi nous. Du temps de Jules-César, les Germains et les Gaulois buvaient dans des cornes de bœuf. Nous voyons que cette espèce de vase était encore en usage sous Trajan, puisque la corne qu'il trouva dans les dépouilles de Décébale, à la vérité roi d'un peuple barbare, fut consacrée par ce grand prince à Jupiter Césius, lorsqu'il allait combattre les Parthes, et qu'il traversa la Syrie. Cet usage de coupes de corne régnait aussi parmi les Juifs, car Samuel prit une corne remplie d'huile, pour sacrer David, et vraisemblablement il ne la versa pas toute entière sur sa tête : on ne peut douter du long et du grand usage que les hommes, dans tout pays, ont fait des cornes d'animaux, par la façon dont on voit qu'ils les ont employées, soit entières, soit coupées, et parce qu'ils les ont données pour attribut à un grand nombre de figures seules ou grouppées avec plusieurs autres.

Athénée qui avait examiné cette matière à fond, dit que les vases à boire, qu'on appelait , avaient une coudée de haut, et qu'ils étaient faits en forme de corne. Le même Athénée rapporte encore, et dans le même endroit, que le était une sorte de vase semblable à une corne, mais percé par le bas ; apparemment que la main ou le doigt retenant la liqueur, obligeait le convive à ne rien laisser dedans. Cette invention a été attribuée à Ptolomée Philadelphe : ce prince parait en avoir été infiniment flatté ; ainsi nous voyons clairement que ces mêmes anciens conservèrent cette forme, lors même qu'ils commencèrent à employer d'autres matières à ce même usage. Nous allons voir qu'ils l'ont ensuite altérée, mais sans la rendre méconnaissable : c'est la voie générale de la nature ; les idées des hommes ne vont jamais que de proche en proche, surtout dans les arts.

Le temps de ce changement ne peut être fixé ni calculé, d'autant que ces différentes pratiques se sont perpétuées plus ou moins, selon le degré de culture des arts chez les differents peuples. Les deux vases de marbre qui sont placés sur le perron de la vigne Borghese à Rome, sont des imitations de coupes dont les anciens se servaient pour boire : ce sont des cornes terminées par des têtes de bœufs ; leur grandeur et la beauté du travail, semblent persuader qu'ils ont été consacrés à quelque ancien temple de Bacchus.

Quoiqu'on ne puisse déterminer combien de temps les hommes se sont servi de cornes d'animaux en guise de coupes, il est constant que ces premiers vases, donnés par la nature, aussi-bien que ceux qui furent formés à leur imitation, furent dans la suite remplacés par d'autres, dont les formes nous sont rapportées avec une grande variété ; il suffit de lire le livre onzième d'Athénée, pour en être convaincu.

Les anciens ne négligèrent rien encore pour l'élégance du trait, la beauté du travail, et la recherche des matières des vases destinés à leur table et à l'ornement de leur buffet ; ce luxe a été un de ceux auxquels ils ont été le plus constamment attachés ; et c'est peut-être à ce même luxe qu'ils ont été redevables d'un grand nombre de découvertes dans les arts, et de la recherche des belles matières que la nature pouvait leur fournir ; il est prouvé que leur curiosité a été aussi grande en ce genre, que leur attention à les faire valoir par le travail le plus exact, le plus couteux, et le plus difficîle à exécuter.

On voit que l'ancienne forme des vases à boire, changea de très-bonne heure dans la Grèce, puisque Homère parle de deux coupes dans son Iliade, très-éloignées de cette forme ; l'une de ces coupes est celle que Vulcain présente aux dieux pour les réconcilier, et l'autre est celle que le poète, l. II. donne à Nestor. Cette dernière coupe était piquée de clous d'or, avec quatre anses, accompagnées chacune de deux colombes ; cette même coupe était à deux fonds et fort pesante lorsqu'elle était remplie : tout autre que Nestor, un jeune homme même, l'eut difficilement levée de dessus la table ; mais le bon vieillard la levait encore, et la vuidait sans peine. Qu'Homère n'ait point décrit d'après nature la coupe qu'il donna à Nestor, ou qu'il l'ait rapportée d'imagination, cette imagination a toujours eu pour fondement des objets réels, et reçus de son temps pour usage en ce genre ; mais Athénée prouve que ces coupes existaient réellement du temps d'Homère et dans le sien. L'on se vantait de conserver à Capoue la coupe de Nestor ; jactance qui montre que non-seulement des particuliers, mais des villes et des peuples entiers ont toujours attaché de l'opinion aux choses antiques, et que cette opinion a constamment ajouté au mérite réel. La raison de ce préjugé ne viendrait-elle pas de ce que l'esprit, flatté d'embrasser plusieurs idées, se trouve non-seulement touché de l'objet en lui-même, mais qu'il aime à se trouver étendu par les idées des hommes et des temps qui l'ont précédé ?

Anacréon, ce poète délicieux à qui sa coupe a le plus souvent servi de lyre, nous prouve par ses Odes XVII. et XVIII. que de son temps on faisait représenter tout ce que l'on voulait sur les coupes des festins, et que les artistes étaient en état de satisfaire la volonté des particuliers, quant aux compositions et à la dépense. Hérodote parle aussi quelquefois des vases de festin ; et c'en est assez pour prouver l'estime qu'on en faisait.

Suétone, dans la vie de Néron, c. xlvij. dit que ce prince renversa la table sur laquelle il mangeait, lorsqu'il apprit la révolte de ses armées, et qu'il brisa deux belles coupes sur lesquelles on avait gravé des vers d'Homère. Pline dit que ces deux coupes étaient de crystal. Si les hommes n'eussent point été frappés du mérite de ces coupes, un historien n'aurait pas cité leur perte comme une preuve de l'impression que ce prince, tout insensé qu'il était, reçut d'une nouvelle qui lui annonçait ses malheurs.

Les Romains abusèrent des formes qu'ils donnèrent à leurs vases. Je me contenterai de renvoyer au vers 95. de la seconde satyre de Juvénal. Pline, dans le liv. XIV. c. xxij. ainsi que dans l'avant-propos du liv. XXIII. s'élève vivement contre l'usage où l'on était de son temps, d'employer ces vases obscènes, ce qu'il appelle per obscoenitates bibere. Mém. des Inscriptions, tom. XXIII. (D.J.)

VASE myrrhin, (Littérature) Parmi les riches dépouilles que Pompée, vainqueur de Mithridate, et maître d'une partie de l'Asie, fit voir à Rome, lorsqu'il obtint le triomphe, entre une infinité de bijoux de toute espèce, de pierres précieuses, et d'ouvrages inestimables où l'art le disputait avec la nature, on admira pour la première fois plusieurs de ces beaux vases appelés vasa myrrhina. C'était une nouveauté pour les Romains, une nouveauté de matière fragile, et qu'on leur présentait comme une chose aussi rare qu'elle était parfaite : on en voulut à tout prix.

On vit un ancien consul y consumer tout son patrimoine ; acheter un seul de ces vases 70 talents, qui font plus de 150 mille livres de notre monnaie, et boire, tout brisé qu'il était, sur ses bords avec la même satisfaction, et peut-être encore avec plus de délices, que quand il était entier. Mais Néron, et Pétrone le ministre de ses plaisirs, allèrent encore bien au-delà, et je n'ose écrire les sommes qu'ils y dépensèrent, on ne me croirait point. Une pareille folie était digne d'un empereur, qui, après avoir rassemblé autant qu'il avait pu de vases de cette espèce, et en avoir enrichi le théâtre sur lequel il osait faire, à la vue de tout un public, le personnage d'acteur, ne rougissait point de recueillir jusqu'aux débris de ces vases, de leur préparer un tombeau, et de les y placer à la honte du siècle, avec le même appareil que s'il se fût agi de rendre un honneur semblable aux cendres d'Alexandre.

Il en couta à Pétrone pour acquérir un bassin, trullum myrrhinum, 300 talents, qui réduits à leur moindre valeur, font la somme de 720 mille livres ; et Néron en dépensa autant pour un vase à deux anses de la même matière.

Pline, qui s'est attaché à nous décrire l'auguste cérémonie du triomphe de Pompée d'après les actes mêmes qu'il avait eus en communication, nous parle de vases faits avec de l'or et avec les pierres les plus précieuses qui ornèrent ce triomphe, et qui étaient en si grande abondance, c'étaient les vases de Mithridate ; mais le même Pline ne tarde pas à nous avertir que ce fut en cette occasion qu'on vit paraitre les premiers vases myrrhins : vases qui furent reçus avec une admiration mêlée, si on peut le dire, de respect, jusque-là que Pompée crut qu'il était de son devoir d'en consacrer au moins six dans le temple de Jupiter capitolin.

Ces vases précieux par leur belle forme, leur éclat, leur transparence en plusieurs endroits, nous ignorons quelle en était la matière ; mais on conçoit bien qu'elle n'était pas de myrrhe, cette idée serait ridicule.

Plusieurs savants ont jugé que ces vases étaient d'une sorte d'agate, comme par exemple de celle que Pline nomme antachates ; mais cette conjecture souffre aussi de fortes difficultés. Ces vases myrrhins étaient d'une grandeur considérable, ayant une même disposition de figures, avec des ornements de couleur différente du fonds ; or la nature produit rarement des morceaux d'agate d'une certaine étendue ; on n'y trouve jamais les mêmes dispositions de figures ; il est contre le caractère de l'agate d'être litée en sens contraire comme il le faudrait pour rencontrer dans le même morceau des ornements d'une couleur différente du fonds.

Ces raisons ont déterminé quelques savants à penser que les vases myrrhins étaient des procédés de l'art, et c'est peut-être le seul sujet sur lequel Jules-César Scaliger et Jérôme Cardan se soient accordés. Ils ont avancé tous les deux que les vases myrrhins venaient de l'Inde, et qu'ils étaient de porcelaine. M. Mariette a adopté dernièrement la même opinion, et s'est si bien attaché à la faire valoir dans son traité des pierres gravées, que M. de Caylus avoue que ces preuves l'ont convaincu. Elles me paraissent en particulier d'autant plus vraisemblables, que Properce dit positivement que les vases myrrhins se faisaient au moyen du feu.

Myrrheaque in parthis pocula cocta focis.

(D.J.)

VASES de théâtre. (Antiquité grecque et romaine) C'étaient, selon Vitruve, certains vaisseaux d'airain ou de poterie qu'il appelle echeia, qui se mettaient en des endroits cachés sous les degrés de l'amphithéâtre, et qui servaient pour la repercussion de la voix.

Lorsque les Grecs eurent bâti des théâtres solides et d'une vaste étendue, ils s'aperçurent que la voix de leurs acteurs ne pouvait plus porter jusqu'au bout, ils résolurent d'y suppléer par quelque moyen qui en put augmenter la force, et en rendre les articulations plus distinctes. Pour cela, ils s'avisèrent de placer dans de petites chambres pratiquées sous les degrés du théâtre, des vases d'airain de tous les tons de la voix humaine, et même de toute l'étendue de leurs instruments, afin que tous les sons qui partaient de la scène pussent ébranler quelqu'un de ces vases, suivant le rapport qui était entr'eux, et profiter de leur consonnance pour frapper l'oreille d'une manière plus forte et plus distincte.

Ces vases étaient faits dans des proportions géométriques, et leurs dimensions devaient être tellement compassées, qu'ils sonnassent à la quarte, à la quinte les uns des autres, et formassent ainsi tous les autres accords jusqu'à la double octave. Il faut entendre par leurs dimensions leur hauteur, leur largeur, leurs différents degrés, et la courbure de leur évasement. On les arrangeait ensuite sous les gradins du théâtre dans des proportions harmoniques, et il fallait qu'ils fussent placés dans leurs chambres de manière qu'ils ne touchassent point aux murailles, et qu'ils eussent tout-autour, et par-dessus, une espèce de vide.

Vitruve ne nous apprend point quelle figure ils avaient ; mais comme il ajoute qu'ils étaient renversés et soutenus du côté de la scène par des coins de demi-pié de haut, il y a bien de l'apparence qu'ils avaient à-peu-près la forme d'une cloche ou d'un timbre de pendule, car c'est la plus propre au retentissement dont il s'agit.

Pour les chambres où ils étaient placés, il y en avait treize sous chaque étage de degrés, et comme elles devaient être disposées de manière qu'il y eut entre-elles douze espaces égaux, il fallait qu'elles fussent situées dans le milieu de ces étages, et non pas au bas comme le marque M. Perrault, à cause des portes et des escaliers qui se trouvaient au-dessous. Aussi Vitruve dit expressément que si le théâtre n'a qu'un étage de degrés, ces chambres doivent être placées dans le milieu de sa hauteur, et qu'il faut les disposer de même dans les autres étages, si le théâtre en a plusieurs ; car il y en avait jusqu'à trois rangs dans les grands théâtres, dont l'un était pour le genre enharmonique, l'autre pour le cromatique, et le troisième pour le diatonique, et dont les vases étaient par conséquent arrangés suivant les différentes proportions de ces trois genres de musique.

Toutes ces chambres au reste devaient avoir par en-bas des ouvertures longues de deux pieds, et larges d'un demi-pié, pour donner passage à la voix, et il fallait que leurs voutes eussent à-peu-près la même courbure que les vases, pour n'en point empêcher le retentissement. Par ce moyen, dit Vitruve, la voix s'étendant du centre à la circonférence, ira frapper dans la cavité de ces vases, et les ébranlant suivant leur consonnance, en sera non-seulement rendue plus forte et plus claire, mais encore plus douce et plus agréable.

On prétend qu'il y a des vases de l'espèce de ceux des anciens dans l'église cathédrale de Milan, qui est très-propre à l'harmonie ; mais on prétend communément des choses, qui bien examinées, ne se trouvent pas vraies. (D.J.)




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