S. m. (Architecture) colonne carrée, à laquelle on donne la même mesure, le même chapiteau, la même base, et les mêmes ornements qu'aux autres colonnes, et cela suivant les ordres. Le pilastre est quelquefois isolé ; mais il est plus souvent engagé dans le mur. Dans ce second cas, on le fait sortir du tiers, du quart, du sixième, ou de la huitième partie de sa largeur, selon les ouvrages. On cannele les pilastres comme les colonnes, et on leur donne sept cannelures dans chaque face du fust.

Le pilastre a la même origine que les colonnes, c'est-à-dire, qu'il représente des arbres équarris. Voyez COLONNE. Ce mot vient de l'italien pilastro qui a la même signification.

Pilastre attique. C'est un petit pilastre d'une proportion particulière, et plus courte qu'aucune de ceux des cinq ordres. Il y a deux sortes de pilastres attiques, de simples, et de ravalés. On voit un modèle des premiers à la porte de l'hôtel de Jars, du dessein de François Mansard, rue de Richelieu, à Paris ; et un modèle du second, au château de Versailles.

Pilastre bandé. Pilastre qui, à l'imitation des colonnes bandées, a des bandes sur son fust, uni ou cannelé. Tels sont les pilastres toscan de la galerie du Louvre du côté de la rivière.

Pilastre cannelé. C'est un pilastre qui a des cannelures.

Pilastre ceintré. Pilastre dont le plan est curviligne, parce qu'il suit le contour du mur circulaire d'une tour ronde ou creuse, comme les pilastres du chevet d'une église, d'un dôme, etc.

Pilastre cornier ou angulaire. Pilastre qui cantonne l'angle ou l'encoignure d'un bâtiment, comme au portail du Louvre, par exemple.

Pilastre coupé. C'est un pilastre qui est traversé par une imposte qui passe par-dessus ; ce qui fait un mauvais effet. On en peut juger par les pilastres ioniques des portiques du château des Tuileries.

Pilastre dans l'angle. Pilastre qui ne présente qu'une encoignure, et qui n'a de saillie de chaque côté que le sixième ou le septième de son diamètre. Il y a de ces pilastres au portail du Louvre.

Pilastre de rampe. On appelle ainsi tous les pilastres à hauteur d'appui, qui ont quelquefois des bases et des chapiteaux, et qui servent à retenir les travées des balustres, des rampes d'escaliers, et des balcons.

Pilastre diminué. C'est un pilastre qui étant derrière ou à côté d'une colonne, en retient le même contour, et est diminué par le haut, pour empêcher qu'il n'excéde l'aplomb de l'entablement. Tel est le portail de l'église de S. Gervais, et celui du collège Mazarin, à Paris.

Pilastre doublé. Pilastre formé de deux pilastres en tiers, qui se joignent à angles droits et rentrants, et qui ont leurs bases et leurs chapiteaux confondus, comme, par exemple, les pilastres corinthiens au grand salon de Clagny, ou en angle obtus, tels que ceux qui sont derrière les huit colonnes corinthiennes du dedans de l'église des Invalides.

Pilastre ébrasé. Pilastre plié en angle obtus, par sujétion d'un pan coupé, comme on le pratique aux églises qui ont un dôme sur leurs croisées.

Pilastre engagé. C'est un pilastre qui, quoique placé derrière une colonne auquel elle est adossée, n'en suit cependant pas le contour ; mais qui est contenu entre deux lignes parallèles, et a sa base et son chapiteau confondus avec ceux de la colonne. Tels sont les pilastres des quatre chapelles d'encoignure de l'église des Invalides.

Pilastre en gaine de terre. Pilastre qui est plus étroit par le bas que par le haut. C'est ainsi que sont les grands pilastres rustiques de la haute terrasse de Meudon.

Pilastre flanqué. Pilastre accompagné de deux demi-pilastres avec une médiocre saillie. Tels sont les pilastres conrinthiens de l'église de S. André della Valle, à Rome.

Pilastre grêle. Pilastre placé derrière une colonne, et qui est plus étroit qu'il ne devrait être, s'il était proportionné à cette colonne, parce qu'il n'a de largeur parallèle que le diamètre de la diminution de la colonne, pour éviter un ressaut dans l'entablement.

Il y a des pilastres grêles à l'ordre dorique du gros pavillon du château de Clagny, et au grand portail de l'église de S. Louis des Invalides.

On nomme aussi pilastre grêle un pilastre qui a de hauteur plus de diamètre que le caractère de son ordre. C'est ainsi que sont les pilastres grêles corinthiens de l'église des religieuses Feuillantines du fauxbourg S. Jacques, à Paris, qui ont plus de douze diamètres, au lieu qu'ils devraient n'en avoir que dix.

Pilastre lié. On peut appeler ainsi non-seulement un pilastre qui est joint à une colonne par une languette, comme le cavalier Bernin l'a pratiqué à la colonnade de S. Pierre de Rome ; mais encore les pilastres qui ont quelques parties de leurs bases et de leurs chapiteaux jointes ensemble. On a des pilastres doriques de cette espèce au portail des Minimes de la place royale, à Paris.

Pilastre plié. Pilastre qui est partagé en deux moitiés dans un angle rentrant. Il y a de ces pilastres dans les angles de la place de Louis le Grand, à Paris.

Pilastre rampant. Il y a deux pilastres ainsi nommés. Le premier, quoiqu'à plomb, suivant la rampe d'un escalier, se trouve d'équerre sur les paliers, et sert pour la décoration des murs de la cage, ou de l'échiffre. Le second pilastre est assujetti par quelqu'autre pente. De cette dernière espèce de pilastre rampant, sont les pilastres doriques des ailes qui communiquent la colonade avec le portail de S. Pierre de Rome.

Pilastre ravalé. C'est un pilastre dont le parement est refouillé et incrusté d'une table de marbre bordée d'une moulure, ou avec des ornements, comme on en voit, par exemple, aux pilastres des arcs des orfèvres, ou avec des compartiments en relief, ou de marbre de diverses couleurs. Il y a aux chapelles Sixte et Pauline de sainte Marie Majeure, à Rome, des pilastres ravalés de cette seconde espèce.

Pilastre rudenté. Pilastre dont les cannelures sont remplies jusqu'au tiers d'une rudenture, comme les pilastres de la grande galerie du Louvre, ou d'une rudenture plate, tel que ceux du Val-de-Grace, à Paris ; ou enfin d'ornements semblables à ceux des colonnes rudentées.

Pilastres accouplées. Pilastres qui sont deux-à-deux. Tels sont les pilastres composites de la grande galerie du Louvre. Dict. d'architect. (D.J.)

PILASTRE de fer, (Serrurerie) c'est le nom qu'on donne à certains montants à jour, qu'on met d'espace en espace, pour entretenir les travées des grilles avec des ornements convenables. Tels sont, par exemple, les pilastres des grilles du château de Versailles et de ses écuries. (D.J.)

PILASTRE de lambris, (Menuiserie) espèce de montant, ordinairement ravalé entre les panneaux de lambris d'appui et de revêtement.

PILASTRE de vitre, (Vitrerie) espèce de montant de verre qui a base et chapiteau, avec des ornements peints, et qui termine les côtés de la forme d'un vitrail d'église.

PILASTRE de treillage, (Jardinage) corps d'architecture long et étroit, fait d'échalas en compartiment, pour décorer les portiques et cabinets de treillage dans les jardins.

PILASTRE, (Antiquité romaine) entre les sépulchres médiocres des Romains, on y comprend les pilastres et les coffres, qui ont servi pour des personnes d'une condition ordinaire, et quelquefois pour des princes même. Ces pilastres sont ou ronds ou carrés. Pline appelle les pilastres carrés qui sont de pierre, stelas lapideas. De la première espèce est le gros pilier du tombeau de Pacuvius, qui se trouve encore à Rome, tel qu'il nous est représenté dans le livre des tombeaux de Fondt, graveur polonais. Ce pilastre n'a que trois diamètres de sa partie basse, et est recouvert d'un chapiteau dorique.