Imprimer
Catégorie parente: Beaux-arts
Catégorie : Architecture
S. f. (Architecture) pierre débitée de peu d'épaisseur pour couvrir un mur de terrasse, un bord de réservoir ou de bassin. Toutes les tablettes se font de pierre dure.

On donne aussi le nom de tablette à une banquette.

Tablette d'appui, tablette qui couvre l'appui d'une croisée, d'un balcon, etc.

Tablette de bibliothèque, assemblage de plusieurs ais transversans, soutenus de montants, rangés avec ordre et symétrie, et espacés les uns des autres à certaine distance, pour porter des livres dans une bibliothèque. Ces sortes de tablettes sont quelquefois décorées d'architecture composée de montants, pilastres, consoles, corniches, etc. On les appelle aussi armoires.

Tablette de cheminée, c'est une planche de bois ou une tranche de marbre profilée d'une moulure ronde, posée sur le chambranle, au-bas d'un attique de cheminée.

Tablette de jambe étrière, c'est la dernière pierre qui couronne une jambe étrière, et qui porte quelque moulure en saillie sous un ou deux poitrails. On la nomme imposte ou coussinet, quand elle reçoit une ou deux retombées d'arcade. Daviler. (D.J.)

TABLETTE, LA, (Fortification) c'est dans la fortification le revêtement du parapet au-dessus du cordon. (q)

TABLETTE, (ustencîle d'ouvriers) la tablette du boulanger est un ais sur lequel il met le pain dans sa boutique.

La tablette du chandelier est une espèce de petite table sur laquelle il pose le moule dont il se sert pour faire de la chandelle. (D.J.)

La tablette de la presse d'imprimerie est faite de deux planches de chêne, chacune environ de deux pieds de long sur quatre pouces de large et seize à dix-huit lignes d'épaisseur, jointes l'une contre l'autre ; elles sont arrêtées par les deux extrémités (au moyen de deux espèces de chevilles de bois carrés, qui vont néanmoins un peu en diminuant d'une extrémité à l'autre ; leur longueur est de cinq à six pouces sur quatre pouces de diamètre ; elles servent, et on les appelle aussi clé de la tablette), parce qu'elles entrent avec elles dans des mortaises prises dans l'épaisseur et dans le dedans de chaque jumelle : ces deux planches sont cependant entaillées carrément dans leur milieu, pour donner passage à la boète qu'elles entourent dans sa circonférence, et maintiennent dans un état fixe et stable, ainsi que la platine liée aux quatre coins de cette même boète. Voyez BOETE, PLATINE. Voyez les Planches de l'Imprimerie.

TABLETTE EN CIRE, (Littérature) en latin tabula cerâ linita ou illita ; on appelle tablettes de cire des feuillets ou planches minces enduites de cire, sur lesquelles on a longtemps écrit, à l'exemple des Romains, avec une espèce de stîle ou de poinçon de métal. Ces sortes de tablettes étaient communément enduites de cire noire, et quelquefois de cire verte, pour l'agrément de la vue. On en faisait un grand nombre de portatives de différentes grandeurs et largeurs, qu'on renfermait dans un étui fait exprès, ou dans un coffre, ou même dans un sac.

Toutes ces sortes de tablettes ne sont pas encore perdues ; on en conserve à Paris dans la bibliothèque du roi, dans celle qui était au collège des Jésuites, dans celle des Carmes déchaux, dans celle de Saint-Germain des prés et de Saint-Victor ; on voit encore des tablettes en cire à Florence et à Genève.

Les tablettes en cire de la bibliothèque du roi sont dans un maroquin rouge doré, et y sont conservées apparemment depuis longtemps, puisque le portefeuille a déjà été coté trois fais, premièrement 1272, ensuite 5653, et enfin 8727 B. Ce porte-feuille a huit tablettes, toutes enduites de cire noire des deux côtés, excepté une qui ne l'est que d'un côté, et qui est vraisemblablement la dernière du livre. Toutes ces petites planches sont détachées et sans numero. On y distingue cependant le folio recto d'avec le folio verso, par le moyen de la dorure qui est seulement du côté extérieur qu'on regardait comme celui de la tranche.

Les huit tables dont nous parlons, contiennent les dépenses d'un maître d'hôtel ; mais elles sont assez difficiles à déchiffrer, à cause de la poussière qui couvre la plupart des mots. Il y a des articles pro coquinâ, pro pullis, pro avenâ : des articles pour les bains, ad balnea ; tout y est spécifié en latin ; les sommes sont toujours cotées en chiffres romains ; les jours que se sont faites les dépenses, y sont marqués ; en sorte qu'on s'aperçoit qu'il n'y a dans chaque tablette ou feuillet que la dépense de quatre ou cinq jours : ce qui fait que tous les huit ensemble ne renferment que la dépense d'un mois ou environ. L'écrivain n'y nomme jamais le lieu où s'est faite la dépense, non plus que l'année ; mais par la ressemblance pour la grandeur des formes et pour le caractère de l'écriture avec d'autres tablettes, on peut conclure que ces tables de cire sont de la fin du règne de Philippe le hardi. Dans le haut d'une des pages se lit distinctement die lunae, in festo omnium sanctorum : ce qui suffit pour désigner l'an 1283, auquel la toussaint tomba effectivement un lundi ; il y a des pages entières qui paraissent avoir été effacées en les présentant au feu.

Les tablettes en cire qui étaient au collège des Jésuites, forment, comme celles de la bibliothèque du roi, sept ou huit planches dont l'écriture est la même que celles des tablettes dont je vais bientôt parler. Ce sont des comptes de dépenses, autres que pour la bouche, mais toujours pour le roi ou pour la cour. L'année y est marquée simplement par anno LXXXIII. ce qui veut dire, selon les apparences, l'an 1283 ; le comptable fait souvent des payements à un Marcellus, lequel se trouve nommé fréquemment dans celles que les Carmes conservent, et qui sont certainement de l'année 1284.

Les tablettes écrites en cire, les moins mal conservées, et les plus dignes de l'attention des historiens par rapport au règne de Philippe le hardi, sont celles qui sont renfermées avec les manuscrits de la bibliothèque des Carmes déchaux de Paris. Elles consistent en 12 planches, dont il y en a deux qui contiennent la recette des deniers du roi, et dix autres qui contiennent la dépense. Lorsqu'on a lu les quatre pages de la recette, et qu'on veut lire les vingt pages de la dépense, il est bon de retourner les planches du haut en-bas.

Les tablettes de Saint-Germain des prés sont fort gâtées ; dans les 16 pages qui les composent, et dont les feuillets sont séparés, sans avoir jamais été chiffrés, on aperçoit seulement qu'il y a des dépenses pour les achats de faucons, pour des messagers chargés d'aller présenter des cerfs à tels ou telles personnes ; et d'autres messagers qui achetèrent des drogues à Orléans pour l'impératrice de Constantinople qui était malade.

Le docteur Antoine Cocchi Muchellani a publié une notice imprimée des tablettes de Florence. Elles contiennent les voyages d'été du roi Philippe-le-bel en 1301 ; et les tablettes de Saint-Victor, dont nous parlerons bientôt, contiennent les voyages d'hiver de la même année. Elles ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes, et n'en sont, à ce qu'on dit, qu'une continuation.

M. Cocchi a fait remarquer en général que dans ces tablettes, à chaque jour du voyage, il y a la dépense de la cour en six articles, savoir pour le pain, le vin, la cire, la cuisine, l'avoine et la chambre, et qu'après une traite d'un mois ou environ, le comptable donne l'état du payement des gages des officiers, puis des chevaliers et des valets pendant cet intervalle. Après cela, il continue les différentes stations du voyage ; et afin qu'on put juger de l'utilité de ces tablettes, il rapporte les noms des officiers, chevaliers et valets qui furent payés, etc. M. Cocchi finit par quelques réflexions sur l'usage où l'on était alors d'user d'eau rose et de grenade après le repas, et cela à l'occasion de quelque dépense de cette nature.

Les tablettes de Saint-Victor ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes, et n'en sont qu'une continuation ; elles renferment 26 pages.

Les tablettes que la ville de Genève possede, sont des planches fort minces de la grandeur d'un in-folio, enduites de cire noire. Elles contiennent la dépense journalière de Philippe-le-bel durant six mois, et la suite de celle de Saint-Germain des prés, ce qui forme onze pages. Les savants de Genève ont pris la peine de les déchiffrer, et d'en publier la notice dans la bibliothèque raisonnée, tome XXVIII. Ils en ont aussi communiqué une copie très-exactement figurée à M. Schoeflin, membre de l'académie des Inscript. de Paris.

Ces tablettes postérieures à celles de Saint-Victor de 6 ou 7 ans, comprennent les articles des sommes payées à ceux qui apportaient des présents au roi, des aumônes distribuées dans les lieux de son passage aux pauvres, à des religieux ou religieuses, à des gens qui venaient de tous côtés pour être guéris de ce qu'ils appelaient morbus regis (des écrouelles), de la dépense pour les funérailles des officiers qui mouraient sur la route, des sommes données à l'abbaye de S. Denis pour des anniversaires, aux hôpitaux des lieux par où la cour passait, à certains officiers, lorsque cela était d'usage, outre leurs gages, pour l'achat de chevaux en place de ceux qui mouraient : d'autres sommes pour les offrandes que le roi et les princes, ou la reine, faisaient aux églises qu'ils visitaient : pour celles qu'ils employaient aux jeux : les sommes à quoi étaient évaluées les dixmes, soit du pain seul, soit du pain et du vin que le roi s'obligeait de payer à quelques monastères voisins des lieux où il s'arrêtait pour les repas, suivant d'anciennes concessions : le payement des gages des nouveaux chevaliers, à mesure que le roi en créait dans ses voyages, et le cout du cheval, ou au-moins du frein doré dont il leur faisait présent. En général les tablettes de Genève paraissent très-instructives, et il serait à souhaiter qu'on en eut conservé beaucoup d'autres de ce genre.

On peut tirer plusieurs utilités de ces sortes de tablettes, par rapport à d'anciens usages de la cour, du prince, ou de la nation, comme aussi pour la vérification de certaines époques, sur lesquelles on n'a pas de monuments plus certains. On y trouve avec plaisir le prix de diverses choses de ce temps-là ; par exemple, dans les tablettes en cire de Genève on voit que le cheval de somme et le roussin étaient payés 8 liv. le palfroi 10 liv. le cheval de trait simplement appelé equus, 12, 14 et 16 liv. un grand cheval (sans-doute de bataille) fut payé 32 liv. Le sieur de Trie pour avoir employé 24 jours en son voyage d'Angleterre, demanda 150 liv. mais pour son palfroi et deux roussins qui étaient morts, il requit 120 liv. ce qui faisait alors une somme fort considérable. On accorde à un valet du roi 2 sols 6 deniers pour ses gages par jour, et au cuisinier le double : ce qui est fort cher, si l'on évalue l'argent d'alors à celui de nos jours.

L'article des aumônes de nos rois forme dans les tablettes de Genève plus de trois grandes pages in-fol. parce qu'on y marquait le nom, la qualité et le pays des personnes auxquelles elles se faisaient. Mais ce qui mérite d'être observé dans ce détail, c'est qu'on y apprend que les malades qui étaient alors affligés des écrouelles, venaient trouver le roi de toutes les provinces du royaume, et même d'Espagne et d'Italie.

Il n'est pas à présumer que ces gens accourussent de si loin, seulement pour avoir 20 ou 30 sols qu'on leur donnait en aumône, mais apparemment parce que Philippe-le-bel les touchait, quelque jour que ce fût, et sans se faire attendre. Voyez ECROUELLES.

Remarquons encore qu'on qualifiait du titre d'aumône, per elemosynam, tout ce qui se donnait gratuitement. En vertu de cet usage, l'écrivain de ces mêmes tablettes marque au jeudi 29 Novembre 1308, que ce jour-là, le roi étant à Fontainebleau, Pierre de Condé, clerc de sa chapelle, reçut huit livres, per elemosynam.

Le père Alexandre, dominicain, voulant établir que la tradition des Provençaux sur la possession du corps de la Magdelaine est très-ancienne, se sert d'une inscription écrite sur une petite tablette enduite de cire, et pour donner du poids à cette inscription, il dit qu'elle est du ve. siècle de Jesus-Christ, parce qu'on n'a point écrit sur la cire depuis ce siecle-là. M. l'abbé Lebeuf, dans un mémoire sur cette matière, inséré dans le recueil de l'académie des Belles-Lettres, et dont nous venons de profiter, prouve invinciblement contre le dominicain, que l'usage d'écrire sur des tablettes de cire, loin d'avoir cessé avec le Ve siècle, a été pratiqué plus ou moins dans tous les siècles suivants, et même dans le dernier siècle.

L'abbé Chatelain de Notre-Dame de Paris témoigne qu'en 1692 les tables du chœur de S. Martin de Savigny, au diocèse de Lyon, qui est une maison d'anciens religieux de Clugny, étaient de cire verte, et qu'on écrivait dessus avec un stylet d'argent. La même chose est attestée pour la fin du même siècle, à l'égard de la cathédrale de Rouen, par le sieur de Brun des Marettes, auteur du voyage liturgique composé alors, et imprimé en 1718, à la réserve qu'on n'écrivait le nom des officiers qu'avec un simple poinçon. Peut-être que cet usage ne subsiste plus aujourd'hui à Rouen ; mais il y était encore en vigueur en 1722 ; car M. Lebeuf y vit alors les officiers de la semaine courante in tabulis sur de la cire. Les Romains s'en servaient à d'autres usages, et presque toujours pour les lettres qu'ils écrivaient à table, souvent entre les deux services, au sénat, au théâtre, en voyage dans leurs litières, etc. Ils nommaient ces petites planches ou tablettes enduites de cire, codicillos. Cicéron les employait volontiers pour ses billets à Atticus. (D.J.)

TABLETTES, (Histoire ancienne et moderne) les tablettes que nous employons pour écrire, sont une espèce de petit livre qui a quelques feuilles d'ivoire, de papier, de parchemin préparé, sur lesquelles on écrit avec une touche, ou un crayon, les choses dont on veut se souvenir.

Les tablettes des Romains étaient presque comme les nôtres, excepté que les feuillets étaient de bois, dont elles eurent le nom de tabellae, c'est-à-dire, parvae tabulae ; elles contenaient deux, trois, ou cinq feuillets ; et selon le nombre de ces feuillets, elles étaient appelées diptycha, à deux feuillets ; triptycha, à trois feuillets ; penteptycha, à cinq feuillets ; celles qui avaient un plus grand nombre de feuillets se nommaient polyptycha, d'où nous avons fait puletica, des poulets, terme dont on se sert encore pour dire des lettres de galanterie, des lettres d'amour. Les anciens écrivaient ordinairement les lettres d'amour sur des tablettes, et la personne à qui on avait écrit la lettre amoureuse, faisait réponse sur les mêmes tablettes, qu'elle renvoyait, comme nous l'apprenons de Catulle, ode 43. (D.J.)

Manière de faire les tablettes blanches pour écrire avec un poinçon de cuivre. Prenez du gypse criblé et passé par le tamis ; détrempez-le avec de la colle de cerf, ou autre, et en donnez une couche sur les feuilles de parchemin ; quand elle sera seche, vous la raclerez pour la rendre unie et polie ; puis vous donnerez encore une couche comme dessus, et raclerez une seconde fais, après quoi, avec de la céruse bien broyée et tamisée, détrempée dans l'huîle de la graine de lin cuite, vous oindrez lesdites tablettes, et les laisserez sécher à l'ombre pendant cinq ou six jours ; cela fait, avec un drap ou linge un peu mouillé, vous les frotterez et unirez ; cela fait, lorsqu'elles auront encore seché dix-huit ou vingt jours, elles seront faites.

TABLETTES de bibliothèque, (Antiquité romaine) les latins appelaient pegmata, ou platei, les tablettes des bibliothèques, sur lesquelles on plaçait les livres.

Cicéron écrit à Atticus, ep. 8. l. IV. en lui parlant de sa bibliothèque : la disposition des tablettes est très-agréable, nihil venustius quam illa tua pegmata. On avait coutume de ranger dans un même lieu tous les ouvrages d'un auteur, avec son portrait. Quant au terme plutei, Juvenal s'en est servi dans la seconde satyre, vers 7. où il se moque de ceux qui veulent paraitre savants, par la beauté et la grandeur d'une bibliothèque : car, dit-il, entr'eux, celui-là passe pour le plus savant, dont la bibliothèque est ornée d'un plus grand nombre de figures d'Aristote et de Pittacus.

Nam perfectissimus horum est

Si quis Aristotelem similem, vel Pittacon emit,

Et jubet archetypos pluteum servare cleanthas.

(D.J.)

TABLETTE, s. f. ouvrage de Tabletier, petit meuble proprement travaillé, composé de deux ou plusieurs planches d'un bois léger et précieux, qui sert d'ornement dans les ruelles, ou dans les cabinets, particulièrement des dames, et sur lequel elles mettent des livres d'usage journalier, des porcelaines, et des bijoux de toutes sortes. C'est de ces espèces de tablettes qu'une communauté des arts et métiers de Paris a tiré son nom.

TABLETTE, (Pharmacie) médicament interne, sec, de différentes figures, composé de différentes matières, qui, à l'aide du sucre dissout et cuit, prend une forme solide et cassante : on voit par-là en quoi il diffère du trochisque.

La matière est ou excipiende ou excipiente.

L'excipiende est presque tout ce qui entre dans l'électuaire, tant les excipiens, que les excipiendes.

L'excipiente est toujours le meilleur sucre dissous, dans une liqueur appropriée, aqueuse, et cuit à consistance convenable.

Le choix demande quelques particularités.

Il faut que le remède dont il s'agit, soit solide et cassant, cohérent sans être visqueux, qu'il se fonde aisément dans la bouche, et qu'il ne soit pas désagréable à prendre.

Ainsi on ne doit guère y faire entrer les gommes, les extraits, les sucs épais, les terreux gras, et autres semblables qui donnent trop de ténacité.

Ce n'est pas ici non plus le lieu des matières qui ont une saveur ou une odeur désagréable, parce que le remède doit ou se fondre dans la bouche, ou être mâché.

On ne fait point usage ici de sels, surtout de ceux qui se fondent, ou qui s'exhalent : on emploie les poudres grossières, mais qui sont molles ; point d'acides fossiles, ils empêcheraient le sucre de se coaguler.

On doit éviter les noyaux qui sont remplis d'une huîle qui se corrompt facilement, si le malade doit user du remède pendant longtemps. La tablette étant solide on peut y faire entrer des remèdes très-puissants, et qui même pesent beaucoup, pourvu que le mélange soit bien exact.

On peut donner une bonne odeur au remède, en y mettant un peu d'ambre, de musc, de civette, ou bien lorsque la masse est congelée, en la frottant avec des liqueurs qui sentent bon, comme des huiles essentielles, des essences odoriférantes, etc. On peut aussi lui donner une couleur gracieuse, en répandant dessus, un peu avant qu'elle se refroidisse, des feuilles d'or ou d'argent, ou bien des fleurs de différentes couleurs hachées bien menues. Le nombre des ingrédiens doit être en petite quantité ; l'ordre est le même que dans les trochisques, et dans les pilules, quoique souvent il ne s'accorde pas avec celui de la préparation.

La figure est indifférente, comme elle ne fait ni bien ni mal à la vertu du remède, on peut en laisser le choix à l'apoticaire : car, ou lorsque la masse est prête à se geler, on la verse dans une boète pour qu'elle en prenne la figure, et c'est ce qu'on appelle pandaléon ; ou bien l'ayant versée, soit toute entière, soit par parties, sur un plan, on la forme en petites masses, en manière de carrés oblongs, de rhombe, etc.

La masse de la tablette se détermine très-rarement par les poids, ou par les mesures. Elle n'est pas si limitée, qu'elle ne puisse bien aller depuis une drachme jusqu'à demi-once.

La dose s'ordonne par le nombre, par exemple, suivant que les tablettes sont plus grandes ou plus petites ; par morceaux, quand la masse n'est pas divisée ; par le poids, quand on y fait entrer des ingrédiens efficaces, et alors la dose est plus grande ou plus petite, selon la force et la proportion de ces ingrédiens : elle ne Ve cependant guère au-delà d'une once.

La quantité générale, quand elle est au-dessous de quatre onces, ne se prépare pas commodément. Si cependant on se sert des tablettes officinales, on n'en prescrit qu'autant qu'il en est besoin pour peu de jours.

La proportion des ingrédiens excipiendes entr'eux, se détermine facilement, en ayant égard à la nature de chacun, au but qu'on se propose, aux précautions indiquées ; celle de l'excipient à l'égard des excipiendes, se connait par ce qui suit.

En général, on emploie fort bien le quadruple, ou le sextuple de sucre, à raison des excipiendes.

Il faut avoir égard à la pesanteur spécifique, et à la consistance des excipiendes. Ceux qui sont très-legers par rapport à leur grand volume, demandent une quantité plus considérable d'excipient ; ceux qui sont secs, durs, poreux, joints avec une petite quantité de sucre, deviennent presque aussi durs que la pierre.

Si les excipiendes contiennent en eux-mêmes du sucre, on doit diminuer la quantité de l'excipient au prorata ; ce qu'il faut observer pour les conserves, les condits, etc. cependant on laisse à l'apoticaire à déterminer la quantité de sucre, excepté quand on veut que la dose soit pesée, parce qu'il en coute peu de lever tous les doutes.

La souscription. On laisse à l'apoticaire la manière et l'ordre de la préparation : on indique aussi, si bon semble, de quelle liqueur on doit arroser la masse, et si on doit l'orner avec des feuilles d'or, ou de petites fleurs : on mentionne quelquefois le poids que doit avoir chaque tablette.

Le sucre fait qu'on n'a pas besoin de véhicule ; le but détermine le temps et la manière d'user du remède, on le mâche, ou on le laisse fondre dans la bouche peu-à-peu.

On donne quelquefois sous la forme de tablettes les purgatifs, les antivermineux, les stomachiques, les carminatifs, les antiacides, les antiglutineux, les aphrodisiaques, les alexipharmaques, les béchiques. Cette forme est d'ailleurs utîle pour l'usage domestique, et pour les voyageurs ; elle est commode pour faire prendre bien des remèdes aux enfants et aux gens délicats ; mais elle ne convient pas dans les cas où il faut que l'action soit prompte, ni à ceux qui ont de la répugnance pour les choses douces. (D.J.)




Affichages : 1786