S. f. (Architecture) grand bâtiment situé à la chute d'un torrent, ou d'une rivière rapide où l'on fabrique le papier. Ce bâtiment est distribué en différentes pièces destinées aux usages suivants. D'abord c'est un pourrissoir, lieu où se corrompent et pourrissent les vieux linges dont on fait le papier. Les autres pièces contiennent la batterie, dont l'eau fait agir les maillets armés de tranchans, pour hacher et réduire en bouillie les vieux linges, ce qui forme le moulin à papier ; la cuve où l'on fige les papiers dans les châssis ; l'étendoir où on les fait sécher, et les magasins où on les emballe, et où on les plie. Il y a aussi dans une papeterie des hangars et des fourneaux pour le bois et le charbon, et des logements pour les ouvriers. Les plus belles papeteries de France sont en Auvergne. (D.J.)

PAPETERIE ; ce mot a deux acceptions, 1°. il signifie l'assemblage de bâtiments et de machines nécessaires pour une manufacture où l'on fabrique le papier ; 2°. il signifie l'art de le fabriquer. C'est dans ce dernier sens qu'il est pris dans cet article.

Les chiffons dont le papier est formé, qu'on appelle aussi drapeaux, passent par un grand nombre d'opérations avant d'être convertis en cette singulière étoffe que tout le monde connait, et dont aussi-bien que de celle des chapeaux, presque personne ne connait la tissure. C'est à expliquer cette formation que cet article est destiné. Nous allons suivre les opérations dans l'ordre où elles se succedent dans les manufactures les plus accréditées. Celle de Langlée près Montargis, qui a des moulins à la hollandaise, est très-considérable par ses bâtiments et sa fabrication. Nous devons à M. Prevost, directeur de cette manufacture, les éclaircissements qui nous ont mis en état de composer cet article.

Première opération. Le chiffon qui doit être de toile, soit lin ou chanvre, et non de laine ou de coton, est recueilli par un grand nombre de personnes qui l'emmagasinent pour le vendre aux manufacturiers ; étant arrivé dans la manufacture, il y subit une première préparation, qui est le délissage. Délisser le chiffon, c'est en faire le triage, le séparer en différentes sortes, qu'on appelle superfin, fin, coutures fines, moyen, coutures moyennes, bulle ; une dernière sorte qu'on appelle traces, contient les toiles de plusieurs couleurs dont on ne fait que du papier gris. Pour délisser le chiffon, les femmes chargées de cet ouvrage, s'asseyent sur des bancs, comme la vignette, Pl. I. de Papeterie, qui représente l'attelier des délisseuses, le fait voir, fig. 1 et 2. Elles ont chacune à côté d'elles un crochet a, b, c ; c'est une espèce de serpette tranchante par sa partie concave et fixée sur le banc où elles sont assises. Elles se servent de ce crochet pour découdre les différentes pièces de chiffon de différentes qualités qu'elles distribuent dans les caisses A, B, C qu'elles ont devant elles. Chaque caisse, longue d'environ six pieds, large de trois, et haute de deux et demi, est divisée en quatre parties par des cloisons ; dans une partie elles mettent le chiffon le plus fin, et qui se trouve sans couture ; dans l'autre le chiffon fin qui a des coutures ; dans une troisième le chiffon de qualité moyenne ; dans la quatrième celui de menue qualité, mais qui a des coutures ; quant à la moindre qualité, qu'on appelle bulle, elles le jettent dans des mannes ou paniers qui sont autour des places qu'elles occupent. Pour les traces, qui sont les chiffons dont le tissu est de différentes couleurs, il reste sur le plancher, d'où on le relève pour le porter au dépôt qui contient les chiffons dont on fabrique le papier gris ou lombard. Les ouvrières qui prennent les chiffons dans les tas du brut, livrent au poids les différentes sortes, superfin, fin, sans coutures, coutures fines, moyen sans coutures, coutures moyennes, bulle, pour être portés dans des cases ou chambres particulières E entourées de planches. Cet arrangement sert à faire connaître combien ces cases en contiennent en faisant un total de ce qui y est entré chaque jour, et aussi à régler le salaire de ces ouvrières. C'est pour cela que l'on voit dans le même atelier des balances et des poids.

Comme il arrive que les délisseuses trouvent quelquefois des chiffons dont les différentes pièces sont très-fortement cousues ensemble, en sorte qu'étant assises elles ne pourraient venir à bout de les rompre sur les petits crochets a, b, c de leurs bancs, il y en a un plus grand F fixé solidement à un des poteaux qui soutient le plancher, où travaillant debout, elles sont mieux en état d'employer leurs forces.

Seconde opération. L'attelier que nous venons de décrire est placé au-dessus d'un autre qu'on appelle pourrissoir ; c'est un endroit vouté et d'une grandeur proportionnée à l'exploitation ; on y descend par cinq ou six marches E, en sorte que les fenêtres que l'on voit dans la vignette Pl. II. de Papeterie, sont à l'extérieur presque au niveau du terrain. Cette salle ou cave est divisée en deux parties par une muraille de cinq pieds d'élevation ; la plus petite partie K qu'on appelle bacha, dans laquelle on met tremper le chiffon, a vers le fond une ouverture fermée d'une pelle A, par laquelle on laisse écouler l'eau qui a servi à tremper le chiffon, quand il a été suffisamment submergé, et le laisser à sec pour pouvoir le sortir du bacha et le porter dans quelques coins G ou H de la même cave, où on le laisse fermenter pendant deux ou trois mois plus ou moins, suivant la saison, observant de le remuer de temps à autre, pour que tout le chiffon s'échauffe également. On jette le chiffon dans le bacha par une ouverture L pratiquée au haut de la voute, et qui répond aux cases où il a été mis en dépôt après avoir été délissé. L'eau est portée dans le bacha par un tuyau souterrain D C, dont on voit le robinet C dans la figure. C'est à celui qui conduit cet atelier à juger du degré de fermentation convenable à la sorte de chiffon, et à la sorte d'ouvrage que l'on en veut faire ; le chiffon trop fermenté ou fusé, comme disent les ouvriers, souffre un déchet considérable dans le moulin.

Traisième opération. A l'opération de laisser pourrir le chiffon, succede celle de le dérompre ; ce qui se fait dans une salle voutée ordinairement de plain pied au pourrissoir, à laquelle on donne le nom de dérompoir, et que la vignette de la Pl. III. de Papeterie représente. Ceux qui font cet ouvrage sont des petits garçons ; il sont placés devant des tables ou caisses c c c posées sur des treteaux solides, qui sont aussi fixées aux murailles de la salle ; la planche de devant de cette caisse, a une échancrure demi-circulaire, vis-à-vis de laquelle est plantée verticalement et solidement une faux a, ou plutôt ce n'est que la plus large partie de la lame d'une faux, dont le dos et non le tranchant, est tourné du côté du dérompeur (fig. 1, 2 et 3), qui prend dans un coin de la caisse vis-à-vis de laquelle il est placé, une poignée de chiffons tels qu'ils sortent du pourrissoir, d'où on les apporte dans des mannes (fig. 4 et 5) ; et ayant un peu tordu cette poignée, qu'il tient à deux mains (fig. 1), il l'applique contre le bas du tranchant de la faux, et coulant vers le haut, il parvient à couper cette poignée en plusieurs tronçons qu'il jette dans un autre coin de la même caisse. Comme cette opération dépure en même temps le chiffon d'une partie des ordures qu'il contient, on a la précaution de mettre sur la table une claie d'osier b (fig. 3.) à claire voye, élevée d'un pouce environ sur la table ; sans cela les ordures resteraient dans le chiffon dérompu, c'est-à-dire haché en petits morceaux, comme dans celui d'où elles sont sorties.

Comme on emploie à cet ouvrage des enfants de différentes tailles, le dérompoir doit être fourni de différents billots et planches de bois d d de différentes épaisseurs, pour qu'ils puissent s'exhausser et travailler commodément.

Chaque dérompeur doit être pourvu d'une pierre à aiguiser pour affiler sa faux ; dans le même lieu il y a aussi une enclume f de faucheur, et son marteau e pour servir à battre les faux, dont le tranchant est bientôt émoussé par la rencontre des corps hétérogènes que le chiffon contient.

Description du moulin à maillets. Cette machine représentée dans les Pl. III. IV. V. de la Papeterie, savoir en plan au bas de la Pl. III ; en profil au bas de la Pl. IV, et en perspective dans la vignette de la Pl. V ; est composée d'un arbre A B garni de levées C C C C, qui passant successivement sous les manches des maillets, les élèvent pour les laisser retomber ensuite sur le chiffon dont les piles sont remplies. Par cette trituration continuée autant de temps qu'il est nécessaire, le chiffon se trouve atténué au point convenable pour en faire du papier.

Sur l'arbre est fixée une roue à augets E, sur laquelle l'eau est amenée par le coursier F D ; la grandeur de cette roue, qui est variable, dépend de la hauteur de la chute d'eau ; car si on n'en a pas une suffisante, on construit une roue à aubes, à laquelle le coursier fournit l'eau par-dessous ; on construit aussi dans ce cas, une ou plusieurs pompes, pour fournir aux piles l'eau nécessaire, laquelle y doit être perpétuellement renouvellée.

Les piles sont des creux M M pratiqués dans une forte pièce de bois de chêne ou d'orme de 26 pouces de haut sur 24 de large, qu'on appelle aussi la pîle ; on pratique autant de ces creux qu'il y a de place pour en former, ou que la quantité d'eau dont on peut disposer pour faire tourner la roue du moulin le comporte ; chacun de ces creux, qu'on appelle proprement pile, a 16 pouces de large et autant de profondeur ; les extrémités qui sont éloignées l'une de l'autre de 3 pieds 8 pouces, sont arrondies, et le fond est occupé par une platine de fer fondu ou de fer forgé de 9 pouces de large, 32 de long, sur 2 pouces d'épaisseur, encastrée dans le fond de la pile. C'est entre cette platine représentée séparément (fig. 6. Pl. V.), et la ferrure dont les maillets sont armés, que le chiffon est broyé.

La pîle qui est solidement affermie sur les soles G G G est entaillée à sa face inférieure d'environ 3 pouces, pour recevoir les soles qui sont elles-mêmes entaillées de la même quantité pour recevoir la pîle ; les soles répondant vis-à-vis des cloisons qui séparent les piles l'une de l'autre, sont espacées à la distance de 4 pieds de milieu en milieu ; elles ont 15 pouces de haut, 12 de large, et environ 6 pieds de longueur ; elles sont scellées sur un massif de maçonnerie ; et les intervalles qui les séparent sont pavés en pente pour rejeter les eaux qui sortent des piles pendant la trituration.

Sur l'autre extrémité des soles, et parallélement à la pile, est établie une pièce de bois L nommée sablière, à la face supérieure de laquelle sont assemblées des pièces de bois H (Pl. III.) appelées grippes, dans lesquelles les queues des maillets sont assemblées par un boulon qui les traverse, et dont une est représentée séparément, fig. 4. Pl. Voyez Ces grippes, qui sont accollées deux à deux, ont 27 pouces de long non compris les tenons e e qui entrent dans la sablière : elles ont 7 pouces d'épais ; et les deux qui répondent vis-à-vis une pîle occupent sur la sablière une longueur de 2 pieds 9 pouces. Elles ont chacune à leur partie supérieure deux entailles c c de 3 pouces de large sur 9 ou 10 de longueur, destinées à recevoir les queues des maillets ; elles sont de plus affermies chacune dans la situation verticale par une cheville k, visible dans les trois Planches citées, qui traverse l'épaisseur de la grippe passant par le trou a, et Ve s'implanter dans la face opposée de la pile. On a donné à ces chevilles le nom de chevilles bastières. La distance des grippes à la pîle est de 22 pouces.

Les queues des maillets ont six pieds de longueur, 7 pouces de large et trois pouces d'épais du côté de l'arbre ; trois pouces et demi du côté de la grippe ; les extrémités en sont garnies de frettes de fer ; celle cotée F fig. 2. Pl. V. garantit cette partie de l'usure que le frottement des levées pourrait y occasionner ; et celle cotée H sert à empêcher la queue de se fendre, principalement lorsqu'on fait usage de l'engin, fig. 2. pour relever les maillets.

Le maillet A G, fig. 2. est un morceau de bois de 6 pouces d'équarrissage, et 2 pieds 8 pouces de long, y compris la ferrure qui a 5 pouces ; il est percé d'une longue mortaise visible dans la fig. 3, pour recevoir la queue ou manche du marteau, et le coin B qui sert à le fixer sur le manche. La distance de l'extrémité inférieure de la mortaise à l'extrémité E de la ferrure, est de 17 pouces ; en sorte que les maillets reposant sur la platine que nous avons dit être au fond de la pile, il reste encore un pouce de vide entre la queue du manche du maillet, et le bord supérieur de la même pile.

La ferrure d'un maillet pese environ 25 livres, et est composée d'une frette de fer D de 2 pouces et demi de large et 6 lignes d'épaisseur, et d'un grand nombre de clous tranchants E, dont les extérieurs sont à un seul biseau, et les intérieurs E fig. 3. à deux biseaux. Ils ont 7 ou 8 pouces de long, et sont posés en liaison comme le plan fig. 3. le fait voir ; leur saillie au-dessous de la frette est de trois pouces, et ils sont placés dans des traits de scie que l'on a fait à l'extrémité du maillet avant d'y monter la frette D qui empêche le maillet de fendre.

Chacune des grippes fig. 4. Pl. V. est garnie de deux crochets d, dont les pitons b répondent au-dessous des entailles c qui reçoivent les queues des maillets. C'est par le moyen de ces crochets que l'on tient les maillets élevés en faisant passer le crochet d sur la queue du maillet, que l'on élève au moyen du levier ou engin, fig. 5. dont l'étrier M reçoit la partie entaillée L de la queue du maillet. La partie N de l'engin s'applique sous la frette H, et on appuie sur l'extrémité o pour élever le maillet, et retirer par ce moyen les matières contenues dans la pile.

La fig. 7. est une coupe de la pelle, suivant sa longueur ; A B, la platine ; D E, D E, deux coulisses qui servent de guides au kas, fig. 8. dont on voit le plan en b b au bas de la Pl. III. C, deux ouvertures carrées par où l'eau s'écoule après avoir traversé le kas ; F E, parties de bois réservées qui séparent les piles les unes des autres ; G G, entailles qui reçoivent les soles : la fig. 8. représente le kas, dont le plan est coté 7. Pl. III. c'est une planche dont la longueur est égale à la profondeur de la pile, et dont la largeur, y compris les deux languettes, est égale à la distance que laissent entr'elles les coulisses D E de la fig. 7. en sorte que le kas puisse y couler à frottement : le kas est percé de deux trous A et B, qui doivent répondre vis-à-vis des ouvertures C de la fig. 7. dans lesquels on a réservé des croisillons pour porter la toîle de crin à-travers laquelle l'eau s'écoule ; on voit ces croisillons en A, et la toîle de crin en B ; on peut aussi substituer quelques morceaux de forme.

La fig. 9. est une coupe transversale de la pîle ; D E est une des coulisses ; m est une des ouvertures C fig. 7. par laquelle l'eau sort après avoir traversé le kas ; cette ouverture est inclinée pour en favoriser l'écoulement.

Les maillets sont dirigés dans leur chute par des pièces de bois 12, 13, 14, 15, 16, Pl. III. et V. que l'on appelle guides ou grippes de devant, assemblés sur la face supérieure de la pîle du côté de l'arbre : les vides que les pièces laissent entr'elles sont de 3 pouces ; c'est l'épaisseur des queues des maillets en cet endroit ; par cette construction les queues des maillets sont toujours dirigées vers les levées de l'arbre.

L'eau qui vient du coursier F D, Pl. III. et V. est distribuée dans les piles par le canal ou gouttière de bois, 1, 2, 3, 4, 5, que l'on nomme le grand échenal, qui communique par les gouttières inclinées 3 4, 3 4, aux fontaines ou bachassons 4, 4, qui communiquent par un trou percé obliquement avec l'intérieur de la pile, comme on peut voir en profil, Pl. IV. ces fontaines ne sont autre chose qu'un creux carré d'environ demi-pouce de profondeur, dans le milieu duquel on a recreusé une autre cavité aussi d'un demi-pouce de profondeur ; c'est du fond de cette dernière cavité et d'un des angles que part le trou qui conduit l'eau dans la pîle : le bord de la cavité supérieure du côté de l'arbre est entaillé pour laisser écouler l'eau superflue hors de la fontaine, qui ne doit être pleine que jusqu'au niveau de la retraite qui distingue les deux cavités.

Le jeu de cette machine est aisé à entendre : l'eau étant lâchée sur la roue, les leviers de son arbre rencontrent en tournant les queues des maillets, les élèvent jusqu'à ce que venant à échapper, les maillets retombent par leur propre pesanteur sur le chiffon qui est dans la pîle ; le chiffon ainsi trituré pendant une heure ou deux, et dépuré de ses crasses par l'eau continuellement renouvellée des fontaines, laquelle remplit la pile, et sort en traversant le kas, devient enfin la matière dont on forme le papier.

Un moulin a ordinairement quatre piles, dont une sert pour effilocher le chiffon ; deux autres pour affiner, et la quatrième dont les maillets ne sont point ferrés, ni la pîle garnie de platine, pour détremper la matière quand on la retire des caisses de dépôt où on la fait passer en sortant des piles à affiner, pour y rester jusqu'à ce qu'elle passe dans la cuve à ouvrer.

Il y a un art à bien disposer les levées sur l'arbre, en sorte que la roue soit chargée le moins qu'il est possible à-la-fais ; il faut que les maillets lèvent les uns après les autres pour cela : si l'arbre est destiné à un moulin à quatre piles, comme celui dont nous faisons la description (on a représenté seulement trois piles dans les figures), et chaque pîle a quatre maillets, ce qui fait seize en tout, et que de plus chaque maillet doive battre deux fois à chaque révolution de la roue ; il faudra, après avoir tracé les cercles qui répondent vis-à-vis des maillets, diviser la circonférence d'un de ces cercles, ou la base du cylindre de l'arbre en seize parties égales, tirer par les points de division des lignes parallèles à l'axe, les intersections de ces lignes et des cercles qui répondent vis-à-vis des maillets, seront les points où il faut placer les levées que l'on discernera en cette sorte ; une des lignes parallèles à l'axe étant prise pour fondamentale, et ayant placé la première levée à son intersection avec le cercle qui répond au premier maillet de l'un ou de l'autre côté de l'arbre ; la levée du cinquième maillet, première de la seconde, devra être placée à l'intersection de la seconde ligne et du cinquième cercle : celle du neuvième maillet, premier de la troisième pile, à l'intersection de son cercle et de la troisième parallèle, ainsi de suite, dans l'ordre de la table suivante, où la première rangée de chiffres indique les cercles qui répondent aux maillets, et la seconde les parallèles à l'axe, à compter de celle qu'on aura regardée comme la première.

Description du moulin à la hollandaise, ou moulin à cylindre. Il y a deux de ces moulins dans la manufacture de Langlée, et désignés dans le plan général, Pl. I. l'un par les lettres E F, et l'autre par les lettres K L ; ils font chacun tourner six cylindres : l'eau leur est fournie par le bassin B G, qui la reçoit par le canal A, qui communique au canal de Loing : elle entre dans les coursiers B D G H, qui traversent le grand bâtiment P R de 64 taises de longueur sur 8 taises de largeur, pour sortir par D et H, qui sont les parties d'aval des coursiers. Voyez l'explication de la Pl. I. des deux moulins dont on vient de parler. L'un est destiné à effilocher les chiffons sortant du dérompoir, et l'autre à les raffiner. On entend par effilocher, le premier broyement des chiffons ; mais comme ces deux moulins ne diffèrent ni en construction, ni dans la manière d'agir, la description que l'on Ve faire de l'un des deux suffira pour en donner une parfaite connaissance. Ce moulin est représenté dans les Pl. Voyez VI. VII. VIII. dans lesquelles on a eu l'attention de mettre les mêmes lettres aux parties semblables. La Planche V. est le plan d'un moulin et de ses six cuves à cylindres ; A D la grande roue à aubes, formée de deux cours de courbes de 5 pouces sur 7 de gros, dont on voit l'élévation, Pl. VII. est placée dans son coursier, où l'eau entre du côté de G ; elle a 18 pieds de diamètre, non compris les coyaux qui supportent les aubes qui sont au nombre de trente-deux ; elles ont 26 pouces de long et 20 de hauteur. Au-devant de la roue est placée en A la pelle par le moyen de laquelle on ferme le coursier lorsqu'on veut arrêter la machine, ainsi que l'élévation, Pl. VI. et le profil, Pl. VII. le fait voir. L'arbre ou axe B C de cette roue a 18 pieds de long sur 27 pouces de gros, non compris les renforts dans lesquels s'assemblent les bras des rouets verticaux R r, de 8 pieds de diamètre : ils font chacun garnis de 49 alluchons ; les courbes dont ils sont formés ont 9 à 10 pouces de gros ; les alluchons de ces rouets engrenent entre les fuseaux des lanternes S S de 5 pieds et demi de diamètre, chacune garnie de 32 fuseaux ; ces lanternes, y compris les tourtes qui les forment, ont 18 pouces d'épaisseur : les arbres verticaux Y Z, Pl. VI. qui les portent, ont chacun 8 pieds de long sur 2 pieds d'équarrissage ; ils portent aussi chacun un rouet horizontal de 10 pieds de diamètre, dont les alluchons au nombre de 72, regardent en en-bas, et engrenent dans les lanternes de fer à sept fuseaux chacune, qui sont fixées sur les arbres de trois des cylindres I, K N, ou M, L, P ; les courbes de ces rouets assemblées les unes aux autres par le trait nommé de Jupiter, ont 8 à 9 pouces de grosseur.

Les arbres verticaux et les rouets horizontaux T t sont maintenus dans la situation convenable par une cage ou beffroi de charpente qui les environne : on voit en F F F F le plan des quatre poteaux qui soutiennent le plancher du beffroi, et de l'autre côté le même beffroi Ve par-dessus, où l'on peut remarquer les moises qui embrassent en Y le tourillon supérieur de l'arbre vertical ; on voit aussi en E E E E E E E E E le plan de quelques-uns des poteaux qui soutiennent de fond le plancher et les étages supérieurs qui servent d'étendoir : tous les poteaux et ceux des ailes sont marqués dans le plan général de la manufacture, Pl. I. Autour de chaque beffroi sont rangées trois cuves à cylindres O I H, H K O, H N O, O P H, O L H, H M O, qui ont chacune 11 pieds de long de dehors en-dehors, et 6 pieds de large aussi de dehors en-dehors posées sur un massif de maçonnerie, ou fort grillage de charpente ; elles sont arrondies intérieurement par différentes mises de bois, comme on voit fig. 8. Pl. VIII. qui contient en grand le développement d'une caisse ; elles sont aussi divisées en deux parties égales par une cloison longitudinale 2 3, etc. de 5 pieds 4 pouces de long, 2 pouces d'épaisseur, et 20 ou 22 de profondeur ; tout l'intérieur de chaque cuve à cylindre, le renfort de la cloison, celui de la face extérieure de la cuve, les plans inclinés sont revêtus de lames de laiton cousues ou soudées les unes aux autres, et clouées sur le bois de la cuve.

Le plan incliné ascendant a, et le plan incliné descendant b, dont on voit l'inclinaison marquée par des lignes ponctuées a N b, Pl. VI. se joignent l'un à l'autre par une surface N 2 cylindrique, concave, concentrique à l'axe du cylindre N ; on voit au-dessous de N un espace quadrangulaire qui est l'emplacement de la platine cannelée qu'on voit en perspective, fig. 5. Pl. VIII. et en profil en b x d fig. 10. même Pl. On voit Pl. V, dans les trois cuves I, N, L, le cylindre en place et à découvert ; on voit comment le rouet horizontal T engrene dans les lanternes de fer 4, 4, fixées sur l'arbre des mêmes cylindres, et en P et en M deux cuves dont les cylindres sont recouverts de leurs chapiteaux, et enfin en K une cuve dont le cylindre est ôté pour laisser voir la platine cannelée, dont on a déjà parlé, entre les dents de laquelle et celles des couteaux du cylindre, se fait l'effilochage ou affinage du chiffon, qui passe entre la platine et le cylindre en montant par le plan le moins incliné a, descendant ensuite par le plan le plus incliné b, d'où en flottant dans l'eau dont la caisse est toujours remplie, et côtoyant la cloison en 3, il Ve par c et 2 remonter sur le plan incliné a, et passe un grand nombre de fois entre la platine et le cylindre, qui tourne suivant l'ordre des lettres N 23.

On voit aussi en V le plan d'une des caisses de dépôt, revêtue intérieurement de marbre noir, et en X le plan de la couverture d'une de ces caisses dont on voit l'élévation en V, Pl. VII. d e sont des fosses de 18 pouces environ de profondeur dans lesquelles l'ouvrier descend pour puiser les matières que les fosses contiennent ; elles répondent vis-à-vis les portes ou volets par lesquels on met ou l'on retire les matières dans ces caisses, où elles égouttent leur eau par des canaux souterrains, fermées à leur entrée par une grille de fil de laiton, ou un châssis de crin.

Les tourillons des arbres des cylindres roulent sur des palliers de cuivre encastrés dans le milieu de longues pièces de bois O H, qu'on appelle leviers, de 11 pieds de long sur 5 et 12 pouces de gros ; chaque cuve en a deux disposés parallèlement l'un à l'autre, et appliqués contre les longs côtés de la cuve ; ces leviers sont assemblés à charnière en O, Pl. V et VIII, et soutenus par l'autre extrémité H par un cric, par le moyen duquel on peut élever ou abaisser à volonté l'axe du cylindre pour faire approcher ou éloigner sa surface de la platine cannelée qui est au-dessous, à laquelle il doit être parallèle.

La vitesse de la roue A D qui tourne dans le coursier, et dont on voit l'élévation, Pl. VII. est telle qu'elle fait environ douze tours par minute, ce qui donne par le calcul du rouage que les cylindres font dans le même temps 166 93/343 révolutions sur eux-mêmes, et en une heure 9976 272/343, et en environ cinq heures que dure le broyement 49884 22/343 révolutions.

Description détaillée d'une cuve à cylindre, Planche VIII. La figure 1. est le chapiteau qui recouvre le cylindre ; il a 4 pieds 3 pouces de long, 2 pieds 8 pouces de large ; sa partie supérieure est percée de deux ouvertures transversales 12, 34, dans lesquelles on fait entrer les châssis, fig. 6. et 7. Le premier est de fil de fer, et entre dans l'ouverture 34 ; le second est de crin, et entre dans l'ouverture 12, et est soutenu par quatre ou cinq pontusaux ou traverses de bois : il sert à retenir les petites parties de chiffon que le premier a laissées passer, et à empêcher qu'elles ne se perdent par la gouttière du dalot, fig. 2. Il y a aussi une porte 56, que l'on ouvre pour regarder dans le dalot, et qui est tenue fermée par le tourniquet 7. Le dalot, fig. 2. se place en travers de la cuve, fig. 8. l'extrémité f sur la cloison 23 entre 2 et c au-dessus de a, en sorte que sa longueur soit parallèle à l'axe du cylindre ; la partie 9 entre dans l'entaille c du chapiteau, et l'autre extrémité h entre dans l'ouverture k du dalot ou entonnoir k l, fig. 3. par lequel l'eau qui est lancée à-travers les châssis à chaque révolution du cylindre dans le canal f h, s'écoule et se perd par des rigoles souterraines.

La figure 4. est le cylindre Ve en perspective, à laquelle les fig. 9. et 10. sont relatives. Ce cylindre a 2 pieds de diamètre et 2 pieds 3 pouces de long, y compris les rondelles de fer qui terminent ses bases, lesquelles ont 8 lignes d'épaisseur, et sont percées au centre de la croisée d'un trou carré de 4 pouces de gros pour recevoir l'axe de l'arbre A B, commun au cylindre et à la lanterne de fer A de 16 pouces de diamètre et 8 d'épaisseur garnie de sept fuseaux aussi de fer. Les tourtes ou platines de cette lanterne sont de fer, et ont 1 pouce d'épaisseur ; les fuseaux y sont fixés par des écrous qui reçoivent l'extrémité des boulons taraudés en vis qui terminent de chaque côté de la lanterne les sept fuseaux dont elle est garnie. Il en est de même des lames ou couteaux qui environnent la surface des cylindres.

Ces lames ou couteaux, au nombre de 27 sur chaque cylindre, sont encastrés de la moitié de leur épaisseur dans le bois qui forme le corps du cylindre, et parallèlement à son axe, sont d'une grosseur, et disposés de sorte qu'il reste autant de vide que de plein ; les surfaces extérieures de ces lames qui doivent être concentriques à l'axe du cylindre, sont partagées en deux parties par une gravure longitudinale, comme on voit au profil en a a a, fig. 10.

L'arbre ou essieu a, axe A B du cylindre, fig. 4. et 9. a deux parties parfaitement arrondies, A et B qui sont les tourillons ; ces tourillons sont reçus dans les coussinets A et B, fixés sur le milieu des leviers O A H postérieur, et O B H antérieur, par le moyen desquels et des crics qui soutiennent les extrémités H H de ces leviers, on peut à volonté élever ou abaisser l'axe du cylindre pour disposer sa surface parallèlement, et à telle proximité que l'on veut de la platine de cuivre cannelée qui occupe le fond de la cuve, et que la fig. 5. représente en perspective, et dont on voit le profil en b x d, fig. 10. au sujet de laquelle il faut remarquer que les gravures x d sont tournées d'un sens opposé à celles x b ; aussi ne servent-elles pas toutes à-la-fais ; ce seront seulement les gravures x d, si on fait entrer la platine, fig. 5. dans l'ouverture d, fig. 8. savoir la partie e la première ; et ce sera entre les gravures du cylindre et les autres gravures x b de la platine que se fera le broyement du chiffon, si on fait entrer l'extrémité d de cette platine la première dans l'emplacement du fond de la cuve destinée à la recevoir. Ces platines ont 7 pouces de large et 2 pouces d'épaisseur, et 2 pieds 4 pouces de longueur, et ont de chaque côté x d, x b, 6 ou 8 cannelures. Enfin chaque levier est encore retenu près de la cuve par des bandes de fer N N m n, entre lesquelles ils peuvent se mouvoir de haut en bas et de bas en haut, suivant le mouvement du cric H qui soutient une de leurs extrémités ; on insere quelques coins N, que l'on arrête avec un clou pour fixer les leviers et le cylindre à une hauteur convenable et très-près des platines. Chaque cuve a aussi une pelle L, que l'on lève par la poignée K, pour laisser écouler l'eau et la pâte qu'elle contient dans les caisses de dépôt, par des dalots ou rigoles de bois d'une longueur convenable.

Jeu d'une des cuves. Si on conçoit que la platine, fig. 5. est placée dans la cuve, fig. 8. et que le cylindre, fig. 4. soit placé au-dessus, en sorte que ses tourillons reposent sur les paliers ou coussinets des leviers ; que le dalot, fig. 2. soit mis en place, et le chapiteau, fig. 1. par-dessus sa face postérieure sur la cloison, et l'antérieure sur la face antérieure de la cuve, remplie d'eau et chargée d'environ 150 livres de chiffons, que de plus il y ait un robinet qui verse continuellement l'eau du réservoir dans un des angles de la cuve, comme en P, et qu'on le voit dans la Pl. VI. en cet état, le cylindre tournant avec rapidité, suivant l'ordre des lettres a N 2 3, entraînera l'eau et les chiffons par le plan le moins incliné a, et les fera passer entre la platine et le cylindre, pour remonter vers 2, où ils seront lancés vers la voute du chapiteau, d'où ils retomberont dans la cuve par le plan le plus incliné b, pour rentrer dans la circulation qui se fait autour de la cloison 3 c 2 ; la cause de cette circulation, outre la rotation du cylindre, est la perte d'eau dans une partie, et l'affluence dans une autre.

Mais comme tous les chiffons ne sont pas jetés vers la partie B d du chapiteau qui répond au-dessus du plan incliné b, Pl. VI. d'où ils peuvent retomber dans la cuve, et qu'une partie continue à se mouvoir avec le cylindre, c'est pour les arrêter que l'on met dans l'ouverture 3 4 le châssis de fil de fer, fig. 6. qui laisse passer l'eau qui y est lancée avec les chiffons, et les retient ; ils s'y accumulent, jusqu'à-ce que tombant par leur propre poids vers 3, entre le châssis et le cylindre, ils rentrent ainsi dans la circulation ; le second châssis, fig. 7. retient les petites parties des chiffons que le premier a laissées échapper, et laisse passer l'eau dans le dalot, fig. 2. d'où elle s'écoule et se perd en passant dans le tuyau, fig. 3. par des canaux souterrains, ainsi qu'il a été remarqué ci-dessus. C'est pour suppléer à l'eau qui se perd continuellement, et dont le renouvellement opère le parfait blanchissage du chiffon, que l'on en laisse entrer vers P, où est un robinet par le moyen duquel on peut facilement égaler l'eau qui entre à celle qui sort ; c'est cette eau continuellement remplacée qui, avec la rotation du cylindre, est la cause de la circulation que l'on voit dans les cuves, où le chiffon qui y flotte tourne sans cesse autour de la cloison 2 3, Pl. V. entrant par a sous le cylindre, d'où il sort par b, pour aller par 3 c et 2 rentrer de nouveau sous le cylindre, où il est broyé ou haché à chaque passage entre les dents ou gravures de la platine et celles du cylindre.

La même quantité de chiffons qui ont été cinq ou six heures à être effilochés, demeurent aussi six ou sept heures sous les cylindres raffineurs.

Les ouvriers qui veillent à la conduite des moulins, et qu'on appelle gouvernaux, ont soin de charger les cuves à cylindres, d'y laisser entrer la quantité d'eau convenable ; on fait l'essai de la pâte en en délayant ou étendant une certaine quantité dans un bassin à moitié plein d'eau : on la bat avec un bâton fendu en quatre par une de ses extrémités.

Voici la matière dont le papier doit être formé parvenue à son point de perfection, soit en se servant de l'un ou l'autre moulin ; ils ont chacun leurs avantages particuliers : car si d'un côté les moulins à cylindres expédient cinq ou six fois plus vite l'ouvrage, il arrive que les nœuds de fil des coutures échappent fort souvent à l'action des gravures du cylindre et de la platine, ce qui forme des grains sur le papier, et augmente le travail des éplucheuses ; au lieu que dans les moulins à maillets, ces mêmes nœuds sont écrasés, en sorte qu'ils ne forment point d'éminences sensibles sur la surface du papier, où alors on les laisse.

Mais avant d'expliquer comment on ouvre le papier, il faut expliquer l'art de fabriquer les formes sur lesquelles on le lève ; c'est l'ouvrage du formaire qui a emprunté son nom de ses ouvrages. Ce travail est représenté, et une forme de grand raisin dans la Pl. IX. de papeterie.

Une forme, fig. 6. et 8. est composée d'un châssis E F G A, e f g h de bois de chêne que l'on a laissé tremper longtemps dans l'eau, après avoir été débité et séché à plusieurs reprises, pour lui faire perdre entièrement sa seve, et faire qu'il soit moins sujet à se déjetter. La grandeur de ce châssis prise en dedans est d'environ deux lignes plus grande sur toutes les faces que la grandeur du papier à la fabrication duquel on le destine, et dont la grandeur est fixée par le tarif que l'on trouvera à la fin de cet article. Ainsi dans l'exemple de la fig. 6. qui est une forme pour le papier dénommé grand raisin, dont les règlements fixent la grandeur E F à 22 pouces 8 lignes, et la hauteur G E à 17 pouces, le châssis, non compris l'épaisseur des bois, aura 2 lignes de plus sur chaque face, ce qui fera pour la largeur mesurée en-dedans, 23 pouces, et pour la hauteur aussi mesurée en-dedans 17 pouces 4 lignes. Les bois qui forment ce châssis ont environ 8 lignes de large sur 4 lignes d'épaisseur ; les longs côtés G H, E F, sont un peu convexes dans leur milieu, et les petits côtés E G, F H, au contraire un peu concaves.

Les longs côtés du châssis sont percés de vingt trous pour recevoir les extrémités d'autant de barres de sapin M N, m n, fig. 8. dont les extrémités terminées en boulon, comme on voit en F, fig. 3. entrent dans les trous dont on a parlé. Ces barres E de sapin qu'on appelle pontusaux, sont formées à leur partie supérieure en vive arrête C D, comme le tranchant d'un couteau ; c'est sur le tranchant des pontusaux que reposent les fils de laiton qui forment le tamis ou le grillage de la forme, et dont on voit l'empreinte sur tous les papiers en regardant le jour à-travers. Il n'entre aucune sorte de colle dans la fabrication d'une forme ; mais toutes les pièces en sont assemblées et clouées les unes aux autres, soit avec de petites chevilles de bois, ou avec des clous d'épingles de laiton : le fer à cause de la rouille doit en être banni. Pour tisser le tamis ou toîle de la forme ; l'ouvrier, après avoir choisi la sorte de fil de laiton dont elle doit être formée, l'avoir fait recuire et couper par tronces aussi longues que le châssis, travaille à les redresser par un moyen fort simple et ingénieux, et qui, s'il était plus connu, serait pratiqué dans d'autres professions que celle du formaire. C'est cette opération que fait l'ouvrier, fig. 2. de la vignette : il tient de la main droite le dressoir c, ou a b c, fig. 2. au bas de la planche, c'est un morceau de bois dont la longueur a b est d'environ 5 ou 6 pouces ; et la largeur de deux ou trois, formé, comme la figure le fait voir, pour pouvoir le tenir commodément. Le dessous du dressoir qui s'applique sur la table, doit être imperceptiblement convexe plutôt que d'être concave, afin que le fil que le dresseur presse entre cet instrument et l'établi, y soit comprimé : alors tenant le fil de laiton de la main gauche qu'il conduit le long de ce fil en l'éloignant de la droite, avec laquelle il promene en long le dressoir sur le fil c d qu'il veut dresser, et qui sert au dressoir comme de rouleau ; il imprime à ce fil un mouvement de rotation qui tord et détord le fil alternativement, et auquel la main gauche doit céder insensiblement, en sorte que l'on sent tourner le fil entre les doigts à mesure qu'ils glissent vers d en s'éloignant de l'établi, au plan duquel le fil doit être tenu parallèle. Par cette opération toutes les parties du fil se remettent dans la direction de l'axe vrai, et il est redressé ; ce qu'on connait lorsqu'étant posé librement sur un plan qu'il déborde d'un pouce ou deux ; si on fait tourner cette partie entre les doigts, le reste du fil qui pose sur la table, tourne sur lui-même sans déplacer, ce qui est la marque d'une parfaite rectification.

Les longs côtés du châssis sont percés dans leur face supérieure d'autant de trous qu'il y a de pontuseaux dans la forme, et deux de plus. Les premiers répondent vis-à-vis les tranchants des pontuseaux, et servent à fixer avec de petites chevilles de bois les extrémités des chaînettes qui règnent le long des vives arêtes des pontuseaux, et qui lient ensemble tous les fils qui composent la trame ou tamis de la forme. Ces petites chevilles traversent aussi les tenons des pontuseaux ; ce qui affermit leur assemblage. Les quatre autres trous qui sont vers les extrémités des longs côtés, servent de même à fixer par une petite cheville de bois un fil de laiton O P o p, qu'on appelle transfil, qui est fortement tendu dans le milieu du vide qui est entre un des petits côtés et le pontuseau le plus prochain.

Pour tisser la forme, le châssis étant préparé, comme il vient d'être expliqué, le formaire prend un nombre de petites bobines ou fuseaux A B, fig. 3, de la grandeur que la figure fait voir ; chacun de ces fuseaux est chargé d'une quantité de fil de laiton recuit, convenable, et beaucoup plus fin que celui qui forme la toîle de la forme, et ayant tordu ou commis ensemble les extrémités de ces fils, comme on voit en C, il fait entrer cette partie dans un des trous N, fig. 6, qui sont à l'extrémité des pontuseaux, où il arrête ce commencement de chaînette avec une cheville de bois ; il en fait autant aux extrémités de chaque pontuseau, le long du côté G H du châssis. Ainsi il faut 40 fuseaux seulement pour les chaînettes qui règnent le long des pontuseaux. Il en faut encore deux autres pour chaque transfil O P, qui sont fixées en P : on voit tous ces fuseaux fig. 6, le long de la ligne K L.

Le formaire, fig. prem. vignette, place le châssis de la forme dans une situation inclinée ; il le tient en cet état par le moyen de deux vis, fourchettes ou mains de fer a b, que la figure 4, fait voir plus en grand ; l'extrémité inférieure terminée en vis entre dans des trous pratiqués à l'établi, et une des fourches supérieures est taraudée pour recevoir une vis, par le moyen de laquelle il comprime entre les fourchettes les petits côtés du châssis qu'il incline à volonté : les choses en cet état, les trans-fils tendus, et tous les fuseaux attachés le long du côté inférieur G H de la forme, et les fils de ces fuseaux écartés l'un de l'autre en forme d'V consonne ; savoir le fuseau A, fig. 3, entre deux pontuseaux postérieurement au plan de la toile, et l'autre B antérieurement au même plan ; le formaire alors prend un des fils de la dressée, et le couche de toute sa longueur dans les V que forment les fils des fuseaux. Ensuite commençant par une des extrémités, il fait faire au fuseau dont le fil est fixé en P, un tour par-dessous le transfil O P, fig. 6, en sorte que le fil de dressée ou de trame demeure lié au transfil ; il prend ensuite de chaque main un des fuseaux A B, fig. 3, et tord l'un sur l'autre par un demi-tour les fils dont les fuseaux sont chargés ; en sorte que le fuseau B, prend la place du fuseau A, et forme un nouvel V destiné à recevoir un nouveau fil de trame m m ; il continue de faire la même opération le long du fil de trame, vis-à-vis de la vive arrête de chaque pontuseau, et finit par faire au transfil qui est à l'autre extrémité, la même opération qu'il a faite au premier. Alors il prend un nouveau fil de dressée, et l'étend dans les nouveaux V que les fils des fuseaux forment, et continue comme il vient d'être expliqué, en étendant parallèlement les uns aux autres de nouveaux fils de dressées K L, jusqu'à-ce que la toîle ou tamis soit entièrement formé.

Il y a environ 28 ou 30 fils de dressées parallèles les uns aux autres dans l'étendue d'un pouce ; ce qui fait en tout 520 fils de dressée pour la forme de grand raisin, haute de 17 pouces 4 lignes, en supposant 30 fils par pouce.

Pour achever la forme, il ne reste plus qu'à tendre fortement les chaînettes le long des vives arêtes des pontuseaux, et de fixer par de petites chevilles de bois leurs extrémités, après que les fils qui les forment ont été commis ensemble, dans les trous du côté supérieur E F de la forme, et à coudre le tamis sur les pontuseaux par un fil de laiton très-délié, qui passant sur les chaînettes, repasse dans les trous dont chaque pontuseau est percé, lesquels sont éloignés l'un de l'autre d'environ six lignes. Ensuite, tant pour recouvrir les extrémités K et L des fils de trame ou de dressée, le long des petits côtés ou de la hauteur de la forme, que pour contenir les chevilles qui assurent les chaînettes aux extrémités des pontuseaux ; on attache avec des clous d'épingle de laiton de petites lames de laiton connu sous le nom de laiton gratté, le long du pourtour du châssis H G E F : on voit en K cette bande de laiton non encore clouée sur toute la longueur du côté G E de la forme. Ces lames embrassent les côtés du châssis qui sont perpendiculaires à ceux sur lesquels elles sont clouées ; ce qui en fortifie l'assemblage, et en cet état la forme est achevée. La figure 6 est la forme vue par-dessus du côté de la vive arrête des pontuseaux, et la fig. 8, la forme vue par-dessous du côté des pontuseaux dont on voit toute l'épaisseur.

A chaque paire de formes (car on travaille avec deux, comme il sera dit plus bas), on adapte un châssis, fig. 5 et 7, dont les feuillures reçoivent la forme, comme le cadre d'un tableau en reçoit la toile. Ce châssis est nommé couverte, et doit s'emboiter avec facilité sur les deux formes égales ; le bois dont les châssis sont formés à environ 8 à 9 lignes de large sur 4 ou 5 d'épaisseur, refeuillé comme le profil m l k, m l k, fig. 3, le fait voir : la partie l m l m, qui s'applique sur le dessus de la forme, recouvre intérieurement d'environ deux lignes, le vide du châssis de la forme ; ce qui fait que la feuille de papier que l'on y fabrique est de la grandeur fixée par les règlements, quoique le tamis de la forme soit de 4 lignes plus long et plus large que les dimensions marquées par le tarif ; en sorte que la largeur de la couverte mesurée intérieurement de A à B, est de 22 pouces 8 lignes, et sa hauteur de A en C, aussi mesurée intérieurement, est de 17 pouces, qui sont les dimensions fixées par le tarif pour le papier grand raisin, dont la forme nous sert d'exemple. La figure 5 est la couverte vue par-dessus, et la fig. 7, la même couverte vue par-dessous.

Comme les règlements prescrivent aux fabriquans de mettre une marque particulière à leurs papiers, et que d'ailleurs il est d'usage de marquer les papiers, soit d'une aigle éployée, d'une couronne ou grappe de raisin, etc. et même outre le nom du fabriquant, d'y ajouter le millésime : voici comment ces marques se forment.

On prend du fil de laiton ou d'argent de la grosseur de celui des dressées ; on le ploie et contourne de manière qu'il suive exactement les contours du dessein ou des caractères que l'on veut représenter. On soude ensemble avec la soudure d'argent et au chalumeau les parties de ces contours qui se touchent, on en fait la ligature avec du fil plus fin, on applique ensuite ces filigrames sur la forme, en sorte que les empreintes se trouvent sur le milieu de chaque demi-feuille de papier où elles paraissent aussi-bien que l'impression des chaînettes et trans-fils, fils de dressées, en regardant le jour à-travers ; on attache toutes ces marques sur le tamis ou toîle de la forme, avec des crins de cheval ou du fil de laiton ou d'argent très-délié.

Passons maintenant à l'attelier de la fabrication du papier que la Planche X. représente. La matière que nous avons laissée dans les caisses de dépôt est transportée dans les cuves à ouvrer par les manouvriers de la manufacture : pour cela ils se servent de brouettes de fer, sur lesquelles sont posés des vaisseaux de bois, tels que celui que la fig. 6, Pl. XII. représente, que l'on nomme bacholle. La cuve à ouvrer, fig. 1. et fig. 6. est de bois ; elle a 5 pieds de diamètre, deux et demi de profondeur, reliée avec deux ou trois bandes de fer, et posée sur des chantiers. Elle est percée en H h d'un trou circulaire de 10 pouces de diamètre, auquel on adapte en-dedans de la cuve une espèce de chauderon de cuivre rouge, dont les rebords sont cloués en-dehors d'environ 20 ou 24 pouces de longueur, sur 15 ou 18 de diamètre vers la culasse X : dans le chauderon qui sert de fourneau, et où on fait un feu de charbon suffisant ; on fait entrer une grille de fer H h, fig. 6., sur laquelle on fait le feu. Le dessous de cette grille sert de cendrier ; ainsi cette sorte de fourneau que les ouvriers nomment pistolet, est entièrement submergé par l'eau que la cuve contient, et qu'il échauffe au point convenable. La partie de la grille qui déborde hors la cuve, est soutenue par une barre de fer K, comme on voit dans la vignette. On voit aussi auprès de la cuve la pelle arrondie qui sert à dégager le cendrier, et à porter le charbon dans le fourneau ; on voit aussi à côté un crochet ou fourgon servant au même usage.

Chaque cuve qui est ronde, est entourée de planches G L D B E K, fig. 6, qui la rendent presque carrée à sa partie supérieure. Ces planches qui sont un peu inclinées vers la cuve pour y rejeter l'eau qui y tombe, sont rebordées par des tringles de bois de deux pouces de haut, qui empêchent la pâte de se répandre dehors. La place B où se met l'ouvrier fig. prem. est appelée la nageoire de l'ouvrier ; elle a environ 20 pouces de large ; les côtés ont six pouces ; les planches qui forment cette espèce de caisse, descendent jusqu'au rez-de-chaussée ; leur sommet se trouve un peu plus haut que la ceinture de l'ouvreur, fig. prem. chaque cuve est traversée par une planche M d, percée de trous, dont l'extrémité M repose sur les rebords des planches qui entourent la cuve. Cette planche qu'on nomme drapeau de cuve, est un peu convexe sur le milieu de sa largeur ; elle a aussi en e une entaille pour recevoir l'extrémité e de la règle a e qu'on nomme planchette, qui est élégie en e, de la moitié de son épaisseur, tant pour que sa surface supérieure affleure celle du drapeau, que pour qu'elle ait un point d'appui qui l'empêche de glisser de a vers e. L'extrémité a de la planchette est soutenue par un petit chevalet a dans l'entaille supérieure duquel elle entre de toute son épaisseur. Enfin, il y a en F un morceau de bois cloué au-dedans de la chaudière et percé de plusieurs trous, dans l'un desquels on plante un petit morceau de bois f e. fig. prem. qu'on appelle égouttoir, sur lequel un des longs côtés de la forme repose dans une situation inclinée ; l'eau retombe à-travers les trous du drapeau dans la cuve. On voit à côté en A B la presse en profil, que la fig. 5. représente en perspective, et dont on voit le plan en A A, fig. 6.

Chaque presse (il y en a autant que de cuves à ouvrer) sont éloignées de trois pieds du bord L D de la cuve, avec laquelle un des montants ou jumelles est joint par des planches L A ou m, fig. prem. qui entrent à coulisse dans la rainure du poteau l qui soutient un des angles des planches qui entourent la cuve, et entre deux tasseaux cloués sur la face d'un des montants de la presse, comme on voit en M b, fig. 6. Ces planches forment ce que l'on appelle la nageoire du coucheur élevée d'environ deux pieds au-dessus du rez-de-chaussée. Ces presses sont composées de deux montants ou jumelles A b, a b, de 12 pieds de long, éloignées l'une de l'autre de trois pieds et demi, qu'on élégit carrément sur onze pouces de gros, environ huit pieds de long, laissant le bois en grume par les deux extrémités : ce qui forme des renforts qui servent d'embrevement au seuil et à l'écrou. Le seuil c d e a deux pieds de large, sur 15 ou 18 pouces d'épaisseur ; sa surface supérieure n'est élevée au-dessus du terrain que d'environ 2 ou 3 pouces ; il est entouré de pierre de taille, dans lesquelles on a pratiqué des gouttières pour écouler les eaux qui sortent du papier lorsqu'on le presse. L'écrou de bois d'orme a 18 pouces de gros et 5 pieds 4 pouces de long, et est assemblé avec les jumelles avec tenons à renfort et boulons à vis C, D. Il y a depuis la face inférieure de l'écrou, jusqu'à la face supérieure du seuil, 5 pieds 4 pouces.

Aux faces intérieures opposées des montants, sont pratiquées deux rainures, dont on voit le plan fig. 6, en A A. Ces rainures reçoivent les tenons du plateau G H, suspendu à la tête de la vis P X, par un boulon de fer qu'on appelle moine, dont la tête appuie sous la planche N de bois de cormier, ou autre bois dur, sur laquelle lors de la pression, se fait le frottement de la vis qui est de noyer, et dont la tête a 14 pouces de gros. Cette tête P, est entourée de deux frettes de fer, dont l'inférieure porte une rondelle dentée en rochet, dans les dents de laquelle s'engage le pied de biche 3, 4, qu'on appelle acotay, dont l'usage est d'empêcher la vis de rétrograder lorsqu'on fait une pressée ; l'extrémité 4 de l'acotay est entaillée pour embrasser l'arrête de la jumelle a b, sur laquelle il appuie ; cette jumelle est revétue d'une bande de fer L 5, pour la conserver, et le long de laquelle l'acotay descend à mesure que la vis fait baisser le plateau G H ; l'autre extrémité 3 de l'acotay ou pied de biche est fourchue pour embrasser dessus et dessous l'épaisseur de la rondelle dentée ; ce qui empêche le pied de biche de manquer l'engrenage ; l'acotay est porté dans son milieu sur un morceau de bois K cloué sur le plateau qu'on nomme par cette raison porte-acotay. Il est aussi percé en 2 d'un trou, dans lequel passe la corde 2, 1, qui embrasse l'extrémité 1, du ressort. Ce ressort n'est autre chose qu'un bâton fléxible cloué sur le milieu de la face postérieure du plateau. Enfin, il y a un autre trou vers l'extrémité 4, dans lequel passe la corde par laquelle l'acotay est suspendu au piton L.

Sur le seuil c d de la presse, est un chantier V où posent de niveau deux ou trois pièces de bois Tu, Tu, Tu, qu'on nomme poulains, sur lesquels on pose une forte planche Q qu'on appelle drapan, sur laquelle on couche entre des étoffes de laine les feuilles de papier, à mesure qu'elles sont fabriquées.

Fabrique de papier. Les bras nuds jusqu'au coude, l'ouvreur, figure 1. Pl. X. après avoir brassé et délayé dans l'eau chaude de sa cuve, la quantité de matière et de qualité convenable à la sorte de papier qu'il veut faire, et dont il a toujours une provision en réserve dans la bachole g qui est à côté de lui ; prend une des deux formes, garnie de sa couverte, par le milieu des petits côtés, et appuyant avec les pouces il fait joindre la couverte sur la forme, il la plonge obliquement à quatre ou cinq pouces de profondeur dans la cuve, en commençant par le long côté qui est tourné vers lui ; après l'immersion il la relève de niveau, par ce moyen il prend sur sa forme comme dans un filet de pêcheur, un grand nombre des parties de la matière qui flotte et est délayée dans la cuve ; l'eau s'écoule à-travers le tamis de la forme, le superflu de la pâte pardessus les bords de la couverte, et la feuille de papier est faite. C'est de la quantité de matière que la cuve contient relativement à la même quantité d'eau et de la quantité qu'il en laisse sur sa forme, que dépend le plus ou le moins d'épaisseur de papier ; les parties fibreuses de la matière s'arrangent sur le tamis de la forme à mesure que l'eau s'écoule à-travers, et l'ouvreur favorise cet arrangement par de petites secousses en long et en large de la forme, pour faire souder les unes aux autres les parties de cette pâte ; ensuite ayant posé sa forme sur la planchette a e, en sorte qu'elle y soit en équilibre, les longs côtés croisés en angles droits par la planchette, il ôte la couverte ou cadre volant, et lance en glissant cette forme du côté du coucheur, qui ayant étendu auparavant sur le drapan Q une pièce d'étoffe de laine qu'on appelle flautre qui est de serge, lève de la main gauche cette forme pour en faire reposer un des longs côtés sur l'égouttoir f ; pendant cette opération, l'ouvreur, fig. 1. applique sa couverte ou cadre volant sur une autre forme, et recommence à lever dans la cuve une autre feuille de papier ; le coucheur prend la forme qui est appuyée sur l'égouttoir, et l'ayant retournée c'en-dessus-dessous de la main gauche et amenée devant lui, il la reprend de la main droite par le milieu du long côté qui s'applique sur l'égouttoir, et avec la main gauche qu'il met sur le milieu du côté opposé, il s'incline, applique et appuie la feuille de papier sur la flautre ou étoffe de laine qui couvre le drapan Q. S'étant relevé et ayant retourné la forme, il la glisse et lance le long du drapan de la cuve M d, fig. 6. en sorte qu'elle arrive vis-à-vis de la nageoire de l'ouvreur, qui la reprend et y applique la couverte, après avoir lancé le long de la planchette la seconde forme du côté du coucheur, qui du même temps la relève sur l'égouttoir pour la laisser égoutter.

Pendant que cette forme égoutte, et que l'ouvreur lève une nouvelle feuille de papier sur la forme que le coucheur lui a renvoyé ; celui-ci prend une flautre F sur la planche B C qui est entre les jumelles de la presse et l'étend sur la feuille de papier qu'il a couchée sur la première flautre ; c'est cet instant que la vignette représente. L'ouvreur lève sur la seconde forme la première qui est sur l'égouttoir, et le coucheur étend une flautre : ces différentes opérations qui s'exécutent avec beaucoup de célérité se réitèrent, jusqu'à-ce que toutes les flautres au nombre de deux cent soixante soient employées, ce qui compose une porce ou demi rame.

La porce est composée de dix quais, le quai toujours de vingt-six flautres ; mais quand les papiers sont d'une certaine grandeur, la porce est composée de moins de quais ou quarterons de feuilles de papier, car il en tient vingt-cinq entre vingt-six flautres.

Après que la porce qui est empilée sur le drapan Q, fig. 6. est remplie et qu'il ne reste plus de flautres F sur la planche B E, fig. 6. et que la dernière feuille de papier est couverte du dernier flautre ; les ouvriers après avoir ôté la planche B E, tirent le drapan Q par les poignées qu'on y voit et l'amènent sous le plateau de la presse, en le faisant glisser sur les poulains Tu, Tu, et la porce dont il est chargé. Là, ils mettent dessus un autre drapan q, fig. 3. et par-dessus, la pièce de bois p qu'on appelle mise, sur laquelle en abaissant le plateau de la presse au moyen de la vis, et battant fortement à trois, et en dernier lieu avec le tour ou cabestan x y z, dont la corde z s'attache à l'extrémité du levier de 15 pieds de long qui entre dans les trous qui sont à la tête de la vis ; ils compriment fortement la porce, ce qui en exprime l'eau et donne plus de solidité au papier, qu'un troisième ouvrier appelé leveur retire d'entre les flautres.

Le leveur, fig. 3. après avoir avec le coucheur desserré la porce, remis la mise p sur le billot o, scellé en terre vis-à-vis le milieu de la presse ; et après que le coucheur à l'aide de l'ouvreur, a mis le drapan q qui couvre la porce à la place du drapan Q, fig. 5. vis-à-vis de la nageoire du coucheur ; le leveur, disje, aidé du coucheur, prend le drapan qui porte la porce r qui est sous la presse et le place comme on voit en q sur la mise p ; alors ayant remis entre les jumelles de la presse la Planche D E qui repose sur des tasseaux, et dont les extrémités faites en tenons entrent dans les rainures des jumelles ; et cet ouvrier ayant mis devant lui une espèce de chevalet de peintre t u qu'on appelle piquet, de 14 pouces de large et de 2 pieds et demi de long, dont on voit la partie postérieure, fig. 4. sur les chevilles duquel il place une planche dont il mouille l'extrémité supérieure ; alors ayant levé la première flautre et l'ayant jetée sur la Planche D E de la presse, il lève de dessus la seconde flautre la feuille de papier qu'il étend sur la planche à lever, où l'adhérence que l'humidité occasionne la fait tenir ; il continue cette manœuvre et à placer des feuilles de papier s jusqu'à-ce qu'il ait entièrement levé la porce r et qu'il en ait rejeté toutes les flautres sur la planche de la presse, où le coucheur les prend à mesure que l'ouvreur lui donne occasion de les employer pour couvrir les nouvelles feuilles de papier qu'il fabrique, et former par ce moyen une nouvelle porce avec les mêmes flautres qui ont servi à former la première. Les opérations des deux premiers ouvriers sont nécessairement liées ensemble ; mais le leveur peut sans inconvénient aller plus vite que les deux autres, dont la célérité est telle, qu'ils font par jour seize porces, ce qui fait huit rames de papier, composées chacune de cinq cent feuilles ; total 4000 feuilles, non compris dix feuilles qui sont surnuméraires dans chaque porce, ce qui fait 4160 feuilles en tout.

Après que huit porces sont faites, on les presse ensemble, ce qu'on appelle presser en porce blanche M : pour cela on a d'autres presses, dont le seuil K et le sommier P R de 8 pieds de long sur 12 pouces de gros, contient deux écroux, ce qui forme deux presses accollées ensemble, les deux montants E F des extrémités, dont on ne voit qu'un seul dans la figure, sont élégis sur 8 pouces de gros, avec renforts au-dessus et au-dessous du sommier et du seuil, le montant du milieu R H est assemblé haut et bas à queue d'aronde, et avec des coins G ; la table de ces presses de deux pieds de large et à deux pieds d'élévation au-dessus du rez-de-chaussée, est soutenue par une mise ou bloc de bois L vis-à-vis de la vis M N, à laquelle un plateau est également suspendu : un seul ouvrier suffit pour serrer ces presses, le degré de compression n'étant pas considérable et suffisant seulement pour redresser les porces blanches, c'est-à-dire séparées des flautres par le leveur. Après que les porces ont été pressées, des ouvriers qu'on appelle étendeurs de porces, les étendent sur des cordes dans l'étendoir supérieur qui règne au-dessus du grand bâtiment, et dont on voit l'élévation et le profil, Pl. VI. et VII. c'est ce que fait l'ouvrier, fig. 1. vignette Pl. XII. qui représente les deux étendoirs, supposés de plain-pié ; D D la sellette sur laquelle pose le drapan léger sur lequel la porce est posée ; C C poteaux garnis de morceaux de bois dans les entailles desquels on place les extrémités des perches, dans les trous desquels les cordes sont passées et tendues. Là l'étendeur de porce prend 3 ou 4, ou 5 feuilles à la fois sur son ferlet, outil de bois que la fig. 5. même Planche représente, avec lequel il place sur les cordes les feuilles de papier, ce qu'on appelle étendre en page. On fait état que dans l'étendoir supérieur, on peut y étendre à la fois en page la quantité de 3660 rames, et dans l'étendoir inférieur et les deux ailes qui servent de supplément, la quantité de 1213 rames, feuille à feuille au sortir de la colle, comme nous dirons plus bas.

Après que le papier en page est sec, et qu'il a été recueilli et remis en porces, on le porte à la colle ; c'est la manœuvre et l'attelier des colleurs que la Pl. XI. représente. F porte du fourneau ou du cendrier ; L fourneau de maçonnerie, sur lequel est montée la cuve K, de 5 pieds de diamètre et 3 de profondeur dans lequel on fait cuire la colle, que l'on met dans le panier E suspendu à une corde par quatre chaînes de fer. La corde est, après avoir traversé la voute, entortillée sur le treuil horizontal M N, placé dans l'étage supérieur qui sert de magasin pour les colles et autres ustensiles. Ce treuil a comme une espèce de devidoir semblable à l'engin des moulins à vent, sur lequel s'enroule une autre corde par le moyen de laquelle on enlève avec facilité le panier E pour le placer ou le déplacer dans la chaudière K.

Après que la colle, qui est faite avec les rognures des peaux que les Tanneurs-Mégissiers et Parcheminiers, préparent ou emploient, que l'on jette dans le panier, fig. 7. on la laisse couler par le robinet G dans la cuve ou bassine H, d'où l'ouvrier, fig. 1. la retire avec les bassins C pour la filtrer à-travers la passoire qui est une pièce d'étoffe de laine, posée sur un châssis 1, 2, 3, 4, garni de cordes lâches, ce qui forme une espèce de chausse à-travers de laquelle se fait la filtration ; on voit en D ce châssis qu'on appelle couloir, dont la largeur est de 18 pouces et la longueur entre les deux traverses de deux pieds, et les cordes sur lesquelles repose la passoire dans laquelle on exprime le résidu à la fin de la filtration.

La colle est reçue dans un grand vaisseau A de cuivre rouge (ainsi que tous les autres vaisseaux de cet atelier), et auquel on a donné le nom de poissonnerie, la longueur est d'environ six pieds, la largeur de trois, et la profondeur de deux ; il est posé sur une grille de fer, et ceint par deux ou trois bandes du même métal.

La colle, avant d'être employée à coller le papier, est encore filtrée de même, pour entrer dans les cuves ou mouilloirs u, fig. 2, de cuivre rouge, ayant trois pieds de diamètre, et environ 20 pouces de profondeur, posé sur un trépié de fer de huit pouces d'élevation, sur lequel on place le couloir et la passoire, que l'on ôte ensuite, et sous lequel on met une poèllée de charbon allumé t, pour entretenir la colle dans un degré convenable. Le mouilloir est placé à côté d'une presse a b, en sorte que la colle superflue qui s'écoule des porces collées f sur la table de la presse, coule dans la gouttière ou cannelure qui environne cette table, et rentre dans le mouilloir par le goulot s, vers lequel toutes les parties de la rigole sont inclinées.

La presse des colleurs est composée de deux montants comme a b ou A B, A B, fig. 4, qui est l'élevation de la presse : les montants des jumelles de 10 pieds de long sont élargis sur 7 1/2 pieds, et équarris à 10 pouces, ce qui forme des renforts où le seuil C et l'écrou P, trouvent un point d'appui fixe : le seuil a 1 pied d'épaisseur sur 15 pouces de large : l'écrou a 15 pouces de gros ; l'un et l'autre 5 pieds 2 pouces de long, ce qui fait que les jumelles sont éloignées l'une de l'autre de trois pieds et demi : sur le seuil C de la presse pose un tasseau D qui soutient la table E de la presse, de 8 pouces d'épaisseur, dont la surface supérieure est élevée au-dessus du rez-de-chaussée d'environ deux pieds et demi : cette table est assemblée à fourchette et doubles tenons embrevés dans les jumelles, et est entourée d'une rainure d'un demi pouce de large, sur environ autant de profondeur ; l'espace renfermé en-dedans de la rainure a 18 pouces de large, et 27 ou 28 pouces de long. C'est sur cette table que l'on pose les porces F au sortir du mouilloir : on met entre les porces, vers un des angles, de petits morceaux de bois 3, 6, 9 ; on colle ordinairement 12 porces à la fois ; et c'est pour pouvoir les reconnaître et les séparer que l'on met les petits morceaux de bois. Sur les 12 porces on pose un drapan G H, sur lequel, par le moyen de la vis N R, on fait descendre le plateau K L, qui est suspendu en M, à la tête de la vis que l'on tourne avec un levier, comme la figure 3 le fait voir.

Avant de plonger les porces dans la colle contenue dans le mouilloir, on y fait fondre une certaine quantité d'alun et de couperose, et le colleur, fig. 2, ayant pris une des porces en page Xe telle qu'elle a été retirée de l'étendoir, et apportée sur la sellette y, et la tenant de la main gauche, une des trois palettes, fig. 6, en-dessous, il plonge cette porce dans la colle, que le mouilloir u contient, observant d'écarter avec la main droite les pages de cette porce, afin que la colle puisse s'introduire entr'elles, et il submerge entièrement le côté 3 de la porce, en plongeant sa main dans la colle. Ensuite il enlève cette porce de la main gauche 2, et la tient suspendue verticalement sur le mouilloir, où elle s'égoutte un peu, ce qui fait rassembler les pages ; alors il présente l'extrémité 3 de la porce sur une des palettes, fig. 6, de bois de sapin, capables, par conséquent, de flotter sur la colle ; il laisse porter la porce sur cette palette, et prenant la troisième, il l'applique sur la porce, qui se trouve saisie entre deux palettes, qu'il comprime de la main droite, et ayant lâché l'extrémité 2 de la porce qu'il tient de la main gauche, il en écarte les pages, et plonge la main dans la colle, comme il a fait de la main droite sur l'autre extrémité ; il relève ensuite de la main droite la porce qu'il tient entre deux palettes, comme fait voir la fig. 5, et l'ayant suspendue pour laisser égoutter et rassembler les pages qu'il avait écartées pour y laisser introduire la colle, il prend de la main gauche la troisième palette, avec laquelle et les deux autres il transporte la porce collée sur la table de la presse, et continue de la même manière jusqu'à-ce qu'il ait passé dans le mouilloir 12 porces ; alors en pressant, comme fait l'ouvrier, fig. 3., il fait sortir le superflu de la colle, qui retombe dans le mouilloir par le goulot s, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. Cette opération demande beaucoup d'attention ; car par une trop forte compression, on ferait sortir presque toute la colle. Une rame de grand raisin double, qui pese 35 à 38 livres, prend environ deux livres et demie de colle, c'est-à-dire, qu'elle pese cette quantité de plus après avoir été collée et sechée, qu'avant de passer par cette opération.

La figure 7 de la même Planche fait voir plus en grand le panier que l'on met dans la chaudière, et dans lequel on fait cuire la colle, par le moyen duquel on retire de la chaudière les parties inutiles de la colle qui n'ont pas pu fondre. Ce panier, qui est d'osier, entre dans une cage de fer suspendue à la corde du treuil par quatre chaînes ; on y voit aussi la croix de fer qui contient les parties de cette cage, et les empêche de se rapprocher du centre lorsque le papier est suspendu.

Après l'opération de coller le papier, succede celle de l'étendre feuille à feuille, que la Pl. XII. déjà citée, représente : pour cela les femmes employées à cet ouvrage, portent aux étendoirs les porces que les coleurs leur délivrent, et les étendent feuille à feuille sur les cordes en cette manière ; l'ouvrière, fig. 2, tient un ferlet ou T de bois, fig. 5, dont la traverse est aussi longue que le papier a de hauteur, et appliquant cette traverse sur le milieu de la largeur de la feuille de papier, une autre ouvrière, fig. 3, lève une demi-feuille, qu'elle jette sur le ferlet où elle se trouve ployée en deux parties égales, et avec lequel l'ouvrière, fig. 2, l'enlève de dessus la porce, et la place sur une des cordes de l'étendoir.

Comme les perches dans les trous desquelles les cordes sont placées sont à différentes élevations, cet atelier doit être pourvu de bancs, selles, sellettes de différente élevation, tant pour poser les drapans ou ais, sur lesquels les porces sont apportées, que pour exhausser les ouvrières.

La fig. 4 de la même planche fait voir l'élevation, le plan et le profil d'une des croisées des grilles qui ferment les fenêtres des étendoirs ; A C K E, châssis dormant, dont les côtés G K A C, ainsi que la traverse dormante D F ont une rainure dans laquelle glissent les quatre guichets, comme on voit par le profil qui est à côté : le châssis dormant a aussi des barreaux fixes, assemblés dans les trois traverses, et espacés tant plein que vide, comme on voit par le plan ; la moitié G H B A de la croisée est fermée, c'est-à-dire, que l'on a poussé les guichets mobiles auprès du montant du milieu, comme le fait voir la partie A B du plan, en sorte que les barreaux des guichets répondent vis-à-vis des intervalles de ceux du châssis dormant : la partie supérieure K H E F de l'autre moitié est ouverte, c'est-à-dire, que les barreaux et les vides du guichet et du châssis dormant, répondent vis-à-vis les uns des autres, comme la partie B C du plan le fait voir : enfin la partie inférieure du même côté est aussi ouverte, le guichet ayant été ôté pour laisser voir les barreaux f c, f c, du châssis dormant à découvert ; ces barreaux, qui sont en deux parties, sont assemblés dans une entre-taise e, qui est elle-même assemblée dans les montants du châssis dormant ; on voit à côté le guichet séparé composé de deux emboitures f f, c c, de deux montants f c, f c, d'une entretoise e, de deux barreaux qui s'assemblent dans les emboitures et l'entretoise. Les emboitures reçoivent aussi les extrémités des montants dans lesquels l'entretoise est assemblée ; on voit à côté le profil ou la coupe du guichet.

Après que le papier est séché feuille à feuille dans l'étendoir ; on le recueille et on le porte à la salle, où il reçoit les dernières préparations, qui sont de l'éplucher, le lisser, ployer, compter et mettre en presse, battre et couper. Ce n'est pas que toutes les sortes de papiers passent par toutes ces opérations ; mais toutes se pratiquent dans la salle que la Pl. XII. représente : la fig. 1. est une papetière qui épluche le papier, c'est-à-dire, qui ôte avec un grattoir les nœuds, bosses, fils, ou autres corps hétérogènes qui peuvent s'y trouver : elle se sert pour cela d'un grattoir a, qu'on voit par terre en b, et forme différentes piles du papier sain, et des papiers cassés, ridés ou autrement défectueux. La fig. 2. est une ouvrière papetière qui lisse une feuille de papier ; elle est debout devant une table, qu'on appelle tholier ou lissoire, le long du bord de laquelle est attachée avec une tringle de bois une peau de basanne, que l'on voit pendre en f, comme un tablier, et qu'elle relève et étend sur la table. C'est sur cette peau qu'elle étend la feuille de papier, qu'elle frotte ou lisse en tout sens avec un caillou, dont on voit la figure en a à ses pieds, et forme deux piles d e, l'une des papiers lissés, et l'autre des papiers qui n'ont pas encore eu cette préparation. La fig. 3. est une petite fille occupée à ployer le papier en deux : elle se sert d'un morceau de bois dur, formé à-peu-près comme la pierre de la liseuse, fig. 2, que l'on appelle aussi pierre, avec laquelle en passant le long du milieu de la feuille dont elle a mis les deux extrémités l'une sur l'autre, elle forme le pli : elle a devant elle deux piles e d de papier ; la première, de papier étendu, et la seconde d, de papier ployé, qui passe ensuite entre les mains de l'ouvrière, fig. 4, qui compte les feuilles de papier par 25, pour en former ce qu'on appelle une main ; 20 mains font une rame, qui contient par conséquent 500 feuilles.

La fig. 5 est un ouvrier nommé saleran, qui presse les papiers, soit avant d'être ployés ou après qu'ils le sont, met les mains en rames, qu'il enveloppe de maculatures ou papier grossier, faites avec le frasin ou traces, qui sont les balayures de différents ateliers, par-dessus lesquelles il passe une ficelle en croix ; le papier est alors en état d'être livré et envoyé à sa destination.

Les presses de cet atelier sont très-fortes et sont doubles, c'est-à-dire que le seuil et l'écrou sont communs à deux presses, comme on voit dans la vignette, et la fig. 5. le fait voir. Il y a deux doubles presses accolées parallèlement l'une et l'autre, et isolées au milieu de la salle : les deux montants A B, a b, des extrémités de chacune de ces presses ont 12 pieds de long, et sont élegis et équarris à 11 pouces sur 9 pieds de long, avec renforts, bossages, embrevement dessus l'écrou D d, et sous le seuil, dont la surface supérieure affleure presque le rez-de-chaussée, où il est scellé, aussi-bien que les bossages des extrémités inférieures des montants ou jumelles : le seuil de deux pieds de large et de 18 pouces d'épaisseur, aussi-bien que l'écrou D d, 8 pieds 9 pouces de long ; l'écrou de bois d'orme a 18 pouces de haut sur 21 de large ; il est percé de trois trous, deux qui sont taraudés pour recevoir les vis qui compriment les piles de papier F f : le troisième, qui est une mortaise, est entre les deux autres au milieu de la longueur du sommier ; elle reçoit le tenon supérieur en queue d'aronde, qui termine le montant du milieu, où il est arrêté par des clés : le tenon inférieur est de même fixé au seuil par des clés qui entrent par-dessous le seuil, et il y a 6 pieds de distance depuis sa surface supérieure jusqu'à la surface inférieure de l'écrou, et 3 pieds de distance d'un montant à l'autre : les faces opposées des montants sont à rainure, pour recevoir et servir de guides aux plateaux des presses, entre lesquels et le seuil se fait la compression du papier F f qui y est placé : on ne voit dans la figure qu'un seul montant C E des trois qui composent l'autre double presse parallèle.

Le bas de la même Planche, fig. 6 et 7, est le profil et le plan d'une machine, par le moyen de laquelle on fait lever un très-gros marteau, qui sert à battre le papier. Cette machine ou marteau est renfermée dans une cage de charpente, dont les bois ont 6 pouces sur 3 d'épaisseur, et consiste en un arbre, sur lequel est fixée une lanterne A de 12 fuseaux. Cette lanterne, sur l'axe de laquelle est la manivelle, engrène dans une roue B de 96 dents : cette roue en conduit une autre C, et porte aussi un volant 1, 2, 3, qui a 36 dents : l'axe de cette dernière roue porte une noix de cuivre G, qui a trois levées, qui venant successivement à passer, comme les levées de moulins à pilons, sur le rouleau qui est à l'extrémité de la fourchette du manche C D E du marteau, font baisser cette partie, et par conséquent lever le marteau E, mobîle au point D, qui en retombant lorsque les levées de la noix G laissent échapper le rouleau, bat le papier posé sur le marbre F, sur lequel on promene le papier pour faire tomber le marteau sur les différents points de la surface, ce qui le rend beaucoup plus uni qu'aucune autre préparation. Le marteau a 6 pouces en carré à sa base, et 7 pouces de haut : le marbre en a 20, et 18 de haut : il est encastré dans un billot de bois où on peut le caler, pour que la surface soit parallèle à celle du marteau : elle est élevée au-dessus du rez-de-chaussée d'environ 3 pieds.

Il ne reste plus pour finir cet article, déjà fort étendu, qu'à donner le tarif qui fixe la largeur, la hauteur et le poids des différentes sortes de papier qu'on fabrique dans le royaume.

TARIF des grandeurs et des poids des différentes sortes de Papiers qui se fabriquent dans le Royaume, fixé par arrêt du conseil d'état du 18 Septembre 1741.

Le poids fixé pour les rames est le même pour les différentes qualités d'une même sorte, soit fin, moyen, bulle, vanant, ou gros bon, à la livre de seize onces poids de marc.

Toutes les différentes sortes de papiers, dont la hauteur est moindre que neuf pouces et demi, n'ont point de largeur ni de hauteur, ni de poids fixés par les règlements ; il en est de même des papiers dénommés trasse ou tresse, ou main-brune, le papier brouillard ou à la demoiselle, les papiers gris et de couleur, la serpente, qui seront des largeur, hauteur et poids qu'ils seront demandés. (Article de M. GOUSSIER.)

PAPETERIE, se dit aussi du commerce du papier ; dans ce sens on dit, un tel marchand ne fait que la papeterie : la papeterie est un fort bon commerce.

PAPETIER COLLEUR DE FEUILLES, (Papeterie) c'est un artisan qui fait et fabrique des cartes et cartons de toutes sortes, en collant plusieurs feuilles de papier les unes sur les autres.

On l'appelle aussi papetier travaillant en cuves, à-peu-près de la manière qu'on fait pour la fabrique du papier ; il se sert ensuite de ces chiffons bien consommés et réduits en une espèce de bouillie assez épaisse pour en dresser des cartons de toute grandeur et épaisseur, suivant les ouvrages auxquels ils sont destinés. Il y a à Paris une communauté de maîtres de ce métier.