Poésie dramatique

S. f. (Poésie dramatique ancienne) on nommait chez les Grecs tétralogie, quatre pièces dramatiques d'un même auteur, dont les trois premières étaient des tragédies, et la quatrième satyrique ou boufonne ; le but de ces quatre pièces d'un même poète, était de remporter la victoire dans les combats littéraires.

On sait que les poètes tragiques combattaient pour la couronne de la gloire aux dionysiaques, aux lénées, aux panathénées, et aux chytriaques, solennités, qui toutes, à l'exception des panathénées, dont Minerve était l'objet, étaient consacrées à Bacchus. Il fallait même que cette coutume fût assez ancienne, puisque Lycurgue, orateur célèbre, qui vivait à Athènes du temps de Philippe et d'Alexandre, la remit en vigueur ; pour augmenter l'émulation parmi les Poètes ; il accorda même le droit de bourgeoisie à celui qui serait proclamé vainqueur aux chytriaques.

(Poésie dramatique) représentation d'une action héroïque dont l'objet est d'exciter la terreur et la compassion.

Nous avons dans cette matière deux guides célèbres, Aristote et le grand Corneille, qui nous éclairent et nous montrent la route.

Le premier ayant pour principal objet dans sa poétique, d'expliquer la nature et les règles de la tragédie, suit son génie philosophique ; il ne considère que l'essence des êtres, et les propriétés qui en découlent. Tout est plein chez lui de définitions et de divisions.

LE (Poésie dramatique) Le tragique est ce qui forme l'essence de la tragédie. Il contient le terrible et le pitoyable, ou si l'on veut, la terreur et la pitié. La terreur est un sentiment vif de sa propre faiblesse à la vue d'un grand danger : elle est entre la crainte et le désespoir. La crainte nous laisse encore entrevoir, au moins confusément, des moyens d'échapper au danger. Le désespoir se précipite dans le danger même. La terreur au contraire affaisse l'âme, l'abat, l'anéantit en quelque sorte, et lui ôte l'usage de toutes ses facultés : elle ne peut ni fuir le danger ni s'y précipiter. Or c'est ce sentiment que produit dans Sophocle le malheur d'Oedipe. On y voit un homme né sous une étoîle malheureuse, poursuivi constamment par son destin, et conduit au plus grand des malheurs par des succès apparents. Ce n'est point là, quoi qu'en ait dit un de nos beaux esprits, un coup de foudre qui fait horreur, ce sont des malheurs de l'humanité qui nous effraient. Quel est l'homme malheureux qui n'attribue au-moins une partie de son malheur à une étoîle funeste ? Nous sentons tous que nous ne sommes pas les maîtres de notre sort ; que c'est un être supérieur qui nous guide, qui nous emporte quelquefois ; et le tableau d'Oedipe n'est qu'un assemblage de malheurs dont la plupart des hommes ont éprouvé au-moins quelque partie ou quelque degré. Ainsi, en voyant ce prince, l'homme faible, l'homme ignorant l'avenir, l'homme sentant l'empire de la divinité sur lui, craint, tremble pour lui-même, et pleure pour Oedipe : c'est l'autre partie du tragique, la pitié qui accompagne nécessairement la terreur, quand celle-ci est causée en nous par le malheur d'autrui.

S. m. (Poésie dramatique) le tutoyement qui rend le discours plus serré, plus vif, a souvent de la noblesse et de la force dans la tragédie ; on aime à voir Rodrigue et Chimene l'employer. Remarquez cependant que l'élégant Racine ne se permet guère le tutoyement, que quand un père irrité parle à son fils, ou un maître à son confident, ou quand une amante emportée se plaint à son amant.

Je ne t'ai point aimé, cruel, qu'ai-je donc fait ?

Hermione dit :

Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ?