adj. (Musique) genre de musique qui procede par plusieurs semi-tons de suite. Ce mot vient du grec , qui signifie couleur, soit parce que les Grecs marquaient ce genre par des caractères rouges ou diversement colorés, soit parce que le genre chromatique est moyen entre les deux autres, comme la couleur entre le blanc et le noir : ou selon d'autres, parce que le genre chromatique varie et embellit le genre diatonique par ses semi-tons, qui font dans la Musique le même effet que la variété des couleurs fait dans la Peinture.

Boece attribue à Thimothée de Milet l'invention du genre chromatique ; mais Athenée la donne à Epigonus.

Aristoxene divise ce genre en trois espèces, qu'il appelle molle, hemiolion et tonicum. Ptolomée ne le divise qu'en deux, molle ou anticum, qui procede par de plus petits intervalles ; et intensum, dont les intervalles sont plus grands. Nous expliquerons au mot GENRE le chromatique des Grecs ; quant aux modifications que ce même genre recevait dans ses espèces, c'est un détail qu'il faut chercher dans les auteurs mêmes.

Aujourd'hui le genre chromatique consiste à donner une telle marche à la basse fondamentale, que les diverses parties de l'harmonie puissent procéder par semi-tons, tant en montant qu'en descendant ; ce qui ne convient guère qu'au mode mineur, à cause des altérations auxquelles la sixième et la septième notes y sont sujettes par la nature même du mode.

La route la plus commune de la basse fondamentale, pour engendrer le chromatique ascendant, est de descendre de tierce et remonter de quarte alternativement, portant par-tout la tierce majeure. Si la même basse fondamentale procede de dominante tonique en dominante tonique, par des cadences parfaites évitées, elle engendrera le chromatique descendant.

Comme on change de ton à chaque note, il faut borner ces successions, de peur de s'égarer. Pour cela, on doit se souvenir que l'espace le plus convenable pour les mouvements chromatiques, est entre la dominante et la tonique en montant, et entre la tonique et la dominante en descendant. Dans le mode majeur on peut encore descendre chromatiquement de la dominante sur la seconde note. Ce passage est fort commun en Italie ; et malgré sa beauté, il commence à l'être un peu trop parmi nous.

Le genre chromatique est admirable pour exprimer la douleur et l'affliction ; il est encore plus énergique en descendant : on croit alors entendre de véritables gémissements. Chargé de son harmonie, ce genre devient propre à tout : mais semblable à ces mets délicats, dont l'abondance rassasie bientôt : autant il nous enchante, sobrement ménagé, autant devient-il rebutant entre les mains des Musiciens qui le prodiguent à tout propos. (S)