S. m. (Littérature) enterreur de livres. Quoique ce mot composé de , livre, et de , j'ensevelis, ne se trouve pas dans les dictionnaires ordinaires, il doit avoir place dans celui-ci, parce qu'il mérite autant le droit de bourgeoisie que bibliographe, et surtout parce que les bibliotaphes n'amassent des livres que pour empêcher les autres d'en acquérir et d'en faire usage.
La bibliotaphie est la bibliomanie de l'avare ou du jaloux, et par conséquent les bibliotaphes sont de plus d'une façon la peste des lettres ; car il ne faut pas croire que ces sortes de personnes soient en petit nombre : l'Europe en a toujours été infectée, et même aujourd'hui il est peu de curieux qui n'en rencontrent de temps-en-temps en leur chemin. Casaubon s'en plaint amèrement dans une lettre à Hoeschelius : Non tu imitaris, lui dit-il, ineptos quosdam homines, quibus nulla adeò gloriatio placet, quàm si quid rari habent, id ut soli habere, et sibi tantum dicantur. Odiosum, importunum, , et a musis alienum genus hominum. Tales memini me experiri aliquoties magno cum stomacho meo. Il y a une tradition non interrompue sur cet article, que l'on pourrait commencer à Lucien, et finir au P. le Long. Le citoyen de Samosate a fait une sortie violente contre un de ces ignorants qui croient passer pour habiles, parce qu'ils ont une ample bibliothèque, et qu'ils en ont exclu un galant homme ; il conclut en le comparant au chien qui empêche le cheval de manger l'orge qu'il ne peut manger lui-même, , etc.
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