S. m. (Histoire moderne) nom de dignité, homme qui a une baronie. Voyez BARONIE. Baron est un terme dont l'origine et la première signification est fort contestée. Quelques-uns veulent qu'il signifie originairement , homme ; d'autres un héros, un homme brave ; ceux-ci libertinus, un affranchi ; ceux-là, un grand homme, un homme riche ; d'autres, un vassal. Menage le fait venir de baro, que nous trouvons employé dans le temps de la pureté de la langue Latine, pour vir, homme brave, vaillant homme. Delà vint, suivant cet auteur, que ceux qui avaient leur place auprès du roi dans les batailles, furent appelés barones, ou les plus braves de l'armée. Comme les princes récompensent ordinairement la bravoure et la fidélité de ceux qui les environnent, par quelques fiefs, ce mot fut ensuite employé pour désigner quelques hommes nobles, qui tenaient un fief immédiatement du roi. Isidore, et après lui Cambden, regardent ce terme comme un mot qui a signifié dans son origine, un soldat mercenaire. MM. de P. R. le font venir de , poids ou autorité. Cicéron emploie le mot de baro, pour marquer un homme stupide, brutal. Les anciens Allemands parlent d'un baron comme nous d'un vilain ; et les Italiens nomment barone, un gueux, un mendiant. M. de Marca fait venir baron du mot Allemand bar, homme, ou homme libre : d'autres en vont chercher l'étymologie dans les langues Hébraïque, Gauloise, Celtique : mais l'opinion la plus probable est qu'il vient de l'Espagnol varro, homme brave, noble. C'est de-là que les femmes appellent barons leurs maris ; de même que les princes, leurs fermiers. Dans les lois Saliques, comme elles viennent des Lombards, le mot baron signifie un homme en général ; et l'ancien glossaire de Philomenes traduit baron , homme.

BARON, est employé en Angleterre dans une signification plus particulière, pour signifier un seigneur, un lord ou pair de la dernière classe, c'est-à-dire du degré de noblesse qui est immédiatement au-dessous des vicomtes, et au-dessus des chevaliers et des baronets. Voyez NOBLESSE, PAIR, etc.

Les barons sont seigneurs du parlement, pairs du royaume, et jouissent de leurs privilèges ; ils ne sont pas ceints de l'épée à leur création, et n'ont eu de couronne à leurs armes que sous le règne de Charles II. qui leur accorda un cercle d'or avec six perles placées au bord.

Dans les anciennes archives, le terme de baron comprenait toute la noblesse d'Angleterre ; tous les nobles s'appelaient barons, de quelqu'autre dignité qu'ils fussent revêtus ; c'est pour cette raison que la charte du roi Edouard I. qui est une exposition de tout ce qui a rapport aux barons de la grande charte, finit par ces mots : Testibus archiepiscopis, episcopis, baronibus, etc. La grande assemblée même de la noblesse, qui est composée des ducs, des marquis, et en outre des comtes et des barons, est comprise sous le nom de l'assemblée du baronage.

On distingue les barons par leurs anciens titres, qui possédaient un territoire du roi, qui s'en réservait toujours le titre en chef ; et les barons, par leur titre temporel, qui tenaient les seigneuries, les châteaux et places, comme chefs de leur baronie, c'est-à-dire, par la grande sergenterie : en vertu de ces titres, ils étaient anciennement convoqués au parlement : mais à présent ils ne sont seigneurs lords du parlement, que quand on les y appelle par écrit.

Après la conquête, les barons furent distingués en grands barons et en petits barons, majores et minores, et il leur fut accordé d'être convoqués au parlement ; les grands par une lettre immédiate du roi, les petits par une lettre générale du grand sherif ou échevin, sur le commandement du roi.

Les anciens distinguaient les grands barons des petits, en accordant aux premiers haute et même souveraine juridiction ; et aux seconds une juridiction inférieure, et sur des matières de peu d'importance.

Les barons de l'échiquier sont des juges au nombre de quatre, auxquels est commise l'administration de la justice dans les causes d'entre le roi et ses sujets, sur les matières qui concernent l'échiquier et les revenus du roi. Ils sont appelés barons, parce que les barons du royaume étaient employés dans cet office.

Leur fonction est aussi de voir les comptes royaux ; ils ont pour cette fin des auditeurs sous eux, de même que pour décider des causes qui regardent les revenus du roi, ces causes appartenant en quelque façon à l'échiquier.

Les barons de l'échiquier ont été jusque dans ces derniers temps des gens savants ès lais, des anciens maires, des personnages importants et éclairés ou censés tels, soit dans le clergé, soit à la cour, majores et discretiores in regno, sive de clero essent, sive de curia.

Les barons des cinq ports sont maîtres de la chambre des communes, élus par les cinq ports, deux pour chacun. Voyez CINQ PORTS. Ceux qui ont été maires du château de Corse dans le comté de Dorset, sont nommés barons. Les principaux bourgeois de Londres avaient autrefois ce titre.

En France on entendait anciennement par barons, tous les vassaux qui relevaient immédiatement du roi ; ainsi ce mot comprenait les ducs, les marquis, comtes, et autres seigneurs titrés et qualifiés, comme on le peut voir dans Aimoin et dans quelques-unes de nos vieilles chroniques, ou le roi haranguant les seigneurs de sa cour ou de son armée, les appelle mes barons. Mais maintenant on emploie ce terme dans une acception beaucoup moins générale, puisqu'il ne signifie que le degré de la noblesse, qui est immédiatement au-dessous des ducs, des marquis, des comtes et des vicomtes, quoiqu'il y ait en France et en Allemagne d'anciens barons qui ne voudraient pas le céder à des nobles illustrés depuis peu de ces divers degrés de noblesse. Nos auteurs font aussi mention des barons de Bourges et d'Orléans, titres accordés à quelques-uns des principaux bourgeois de ces villes, comme à ceux de Londres, mais qui n'emportaient point avec eux de caractère de noblesse, et donnaient seulement à ces citoyens quelques prérogatives, comme de n'être pas tenus de répondre en justice sur certaines choses hors de l'enceinte des murs de leur ville. Les trois premiers barons de France dans la noblesse, étaient ceux de Bourbon, de Conty, de Beaujeu : mais ces baronies ont été depuis réunies à la couronne. Dans le clergé il y a des évêques, des abbés, et des prieurs barons ; soit qu'anciennement les rois leur aient accordé ce titre, soit qu'ils possèdent par leurs libéralités des baronies, ou qu'ils les tiennent en fief de la couronne. Voyez NOBLESSE. (G)