S. m. pl. (Histoire moderne) c'est ainsi qu'on appelle des vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, à l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. Pasquier en fait remonter l'origine jusqu'en 1427. Il raconte que douze pénanciers ou pénitens, qui se qualifiaient chrétiens de la basse Egypte, chassés par les Sarrasins, s'en vinrent à Rome, et se confessèrent au pape, qui leur enjoignit pour pénitence d'errer sept ans par le monde, sans coucher sur aucun lit. Il y avait entr'eux un comte, un duc, et dix hommes de cheval ; leur suite était de cent vingt personnes : arrivés à Paris, on les logea à la Chapelle, où on les allait voir en foule. Ils avaient aux oreilles des boucles d'argent, et les cheveux noirs et crêpés ; leurs femmes étaient laides, voleuses, et diseuses de bonne aventure : l'évêque de Paris les contraignit de s'éloigner, et excommunia ceux qui les avaient consultés ; depuis ce temps le royaume a été infecté de vagabonds de la même espèce, auxquels les états d'Orléans tenus en 1560, ordonnèrent de se retirer sous peine des galeres. Les Biscayens et autres habitants de la même contrée ont succédé aux premiers bohémiens, et on leur en a conservé le nom. Ils se mêlent aussi de voler le peuple ignorant et superstitieux, et de lui dire la bonne aventure. On en voit moins à présent qu'on n'en voyait il y a 30 ans, soit que la police les ait éclaircis, soit que le peuple devenu ou moins crédule ou plus pauvre, et par conséquent moins facîle à tromper, le métier de bohémiens ne soit plus aussi bon.