S. f. (Histoire ancienne) c'était chez les Romains un corps d'infanterie, de la dixième partie d'une légion. Il contenait trois manipules, et chaque manipule deux centuries ; d'où l'on voit que chaque légion était de soixante centuries, de trente manipules, et de dix cohortes.

Il y avait dans la cohorte les quatre sortes de fantassins des armées romaines ; les velites, les hastati, les principes et les triarii. Quand elle était complete , les velites y étaient au nombre de cent vingt ; les hastati au même nombre, les principes pareillement, et les triarii au nombre de soixante ; ce qui fait quatre cent vingt soldats. Au reste ce nombre augmentait ou diminuait, selon que la légion était plus ou moins forte.

La première cohorte était la plus considérée ; elle était composée des principaux centurions et des meilleurs soldats. Dans un ordre de bataille, elle avait la droite de la première ligne, comme les grenadiers de nos régiments ; les autres suivaient dans l'ordre naturel : en sorte que la troisième était au centre de la première ligne de la légion ; la cinquième à la gauche, la seconde entre la première et la troisième, la quatrième entre la troisième et la cinquième ; les cinq autres cohortes formaient la seconde ligne dans leur ordre naturel. On croit que Marius fut le premier qui divisa la légion en cohortes. Voyez LEGION. La première cohorte devint aussi dans la suite la plus nombreuse ; elle fut quelquefois de 1105 hommes, tandis que les autres n'étaient que de 555.

Cohortes auxiliaires ; c'étaient celles qu'envoyaient les alliés ; elles portaient le nom de leur nation ou de leur chef ; elles étaient aussi distinguées par première, deuxième, troisième, quatrième, etc.

Cohorte dite equittata ; elle était composée d'infanterie et de cavalerie : elle était de mille hommes, sept cent soixante fantassins, deux cent quarante cavaliers. On l'appelait aussi cohorte milliaire.

Cohorte dite peditata ; elle n'était que de fantassins.

Cohorte prétorienne ; troupe de soldats choisis qui servait de garde au préteur ou au général. Elle était composée, selon quelques-uns, de fantassins et de cavaliers ; et selon d'autres, de fantassins seulement. Elle fut instituée par Publius Posthumius, dictateur. P. Scipion sépara dans la suite de son armée les meilleures troupes pour la former ; il augmenta sa paye, et l'exempta de tous les travaux militaires. Auguste forma sous le nom de cohorte prétorienne, un corps de neuf cohortes plus fortes du double que celles de la légion ; en sorte que les prétoriennes furent de neuf mille hommes : d'autres disent de dix mille, divisés en dix cohortes. Septime Sevère augmenta encore ce corps. Il était uniquement destiné à la garde des empereurs et de leur maison, et commandé par le préfet du prétoire, qui avait sous lui des tribuns et des centurions. Il était presque tout infanterie ; d'abord on n'y admit que des Romains ; on y introduisit avec le temps des étrangers, des Germains, des Bataves, des Thraces, etc. Il avait la paye double, et se tenait dans un camp retranché proche de Rome ; il avait des signes militaires, et des boucliers particuliers. Il excita dans la suite beaucoup de troubles. Constantin détruisit son camp et le cassa. Les prétoriens s'étaient rendus redoutables à plusieurs de ses prédécesseurs ; ils élisaient ou déposaient les empereurs de leur propre autorité ; ils forçaient quelquefois le sénat à reconnaître celui qu'ils avaient choisi. Dans ces révolutions, ceux qui prétendaient à l'empire étaient obligés de s'attacher cette milice redoutable qui disposait du diadème.

Cohorte dite togata ; c'était celle qui faisait la garde des rues à Rome ; c'était la milice de la police ; elle marchait avec la toge, n'ayant d'armes que la lance et l'épée.

Cohortes dites vigilum ; elles furent instituées par Auguste ; elles servaient dans les incendies. Il y en avait sept, une pour deux régions de la ville ; chacune avait à sa tête un tribun, et toutes étaient commandées par un officier appelé le préfet des vigilum. Elles étaient distribuées en quatorze corps-de-gardes. Il y a des auteurs qui font monter le nombre de ces cohortes jusqu'à trente et un ; mais il y a lieu de croire qu'ils se trompent, et qu'ils prennent pour des cohortes ce qui n'en était que des divisions. Ces cohortes n'étaient point censées troupes ; elles étaient presqu'entièrement d'affranchis, qu'on appelait par dérision sparteoli.

Cohortes dites urbanae ; on appelait ainsi six mille hommes partagés en quatre cohortes, chacune de quinze cent. Auguste les institua pour la défense de la ville : elles avaient des casernes. On les nommait encore milites urbanitiani, troupes de ville. Elles étaient commandées par le préteur appelé tutelaris ; ce qui leur fit donner aussi quelquefois le nom de cohortes prétoriennes.