ou SCHAFFOUSE, (Géographie moderne) capitale du canton du même nom, au bord septentrional du Rhin qu'on y passait sur un pont de pierre, qui a été ruiné par une inondation arrivée le 4 Mai 1754. Cette ville est à 10 lieues au nord de Zurich, et à 15 au levant de Bâle. Elle est grande, bien bâtie, fermée de murailles de toutes parts, avec une espèce de forteresse à l'antique ; ses rues sont larges, et fort propres. Il y a à Schaffhouse deux beaux temples, un hôtel de ville, un arsenal, une académie théologique, et deux bibliothèques publiques. Long. 26. 15. latit. 47. 46.

Cette ville, comme tant d'autres, doit son origine à un monastère qui y fut fondé l'an 1060. Dans ce siecle-là elle s'appelait Schiffhausen, c'est-à-dire Maison des bateaux, et dans des actes latins Navium domus : ce n'était cependant qu'un village où l'on déchargeait les bateaux qui descendaient le Rhin, à cause de la cataracte que ce fleuve fait à Lauffen. Burckhard ayant donné ce village à un couvent de moines, qu'il y établit pour vivre saintement, ce lieu fut appelé Schaffhausen, c'est-à-dire Maison de brebis ; et c'est pourquoi la ville de Schaffhouse porte un bélier pour pièce honorable dans ses armes.

Le village devint bientôt un bourg, ensuite ville, et ville Impériale. Après les guerres de Bourgogne, elle s'allia avec les cantons de la Suisse pour 25 ans ; et en 1501, elle fut reçue au corps helvétique pour un douzième canton. Enfin ses habitants ayant embrassé la doctrine de Zuingle, d'Oecolampade, et de leurs disciples, la religion romaine fut abolie dans toute la ville en 1529, et elle se joignit étroitement d'intérêt, comme de créance, avec Bâle, Zurich et Berne.

Son gouvernement civil est tel que celui de Zurich. La ville est partagée en douze tribus, qu'on appelle zunfften, une de nobles et onze de bourgeois. On prend sept personnes de chacune de ces tribus, pour composer le conseil souverain de la république, ce qui, avec les deux chefs qu'on appelle bourguemestres, fait un corps de quatre-vingt-six conseillers. De ce grand conseil, on en tire un petit de deux personnes de chaque tribu, avec les deux chefs, c'est-à-dire de vingt-six conseillers, qui examinent les affaires les moins importantes, et décident les différends des particuliers. Il y a aussi quelques autres chambres pour l'administration de la justice et de la police.

Quand on veut faire quelque élection pour le grand ou le petit conseil, les bourgeois de la tribu où il y a une place vacante, s'assemblent dans la maison publique qui est affectée à leur tribu, et là ils donnent leur suffrage à voix basse en nommant à l'oreille d'un secrétaire celui qu'ils élisent. Pour ce qui est du consistoire qui règle l'administration de la discipline ecclésiastique, il y a ceci de particulier, qu'aucun ministre n'y assiste, comme à Zurich et à Berne ; mais on choisit, pour le remplir, les plus savants du conseil, auxquels on donne pour adjoint quelque docteur en droit. (D.J.)

SCHAFFHOUSE, le canton de, (Géographie moderne) canton de la Suisse, au-delà du Rhin, sur les frontières de l'Allemagne, et le douzième en nombre entre les cantons. Il n'est pas grand, mais important au repos de la Suisse, à laquelle il sert comme de boulevard contre l'Allemagne. Il est borné au nord et à l'occident par la Souabe, à l'orient par le canton de Zurich, et au midi en partie par ce même canton, et en partie par le Thurgaw, dont il est séparé par le Rhin. C'est un bon pays, qui produit du blé, des fruits, du vin, et qui abonde en pâturages. Il est divisé en plusieurs petits bailliages, où le Rhin fait fleurir le commerce. Schaffhouse est la capitale de ce canton. Voyez-en l'article. (D.J.)