(Géographie ancienne et Littérature) montagne ou plutôt colline de la ville de Rome, quoiqu'elle ne soit pas comprise dans le nombre des sept, qui ont fait donner à cette capitale le nom de la ville aux sept montagnes, urbs septicollis.

Le Janicule avait tiré sa dénomination de Janus qui y demeurait vis-à-vis du Capitole, lequel était alors occupé par Saturne ; ils possédaient chacun une petite ville ; et quoique ni l'une ni l'autre ne subsistassent plus après la guerre de Troie, Virgile n'a pas laissé d'orner l'Eneïde de cette tradition populaire. Voyez, dit Evandre au héros troyen, ces deux villes dont les murs sont renversés ; leurs ruines même vous rappellent le règne de deux anciens monarques ; celle-ci fut bâtie par Janus, et celle-là par Saturne : l'une fut nommée Janicule, et l'autre fut appelée Saturnie.

Haec duo praetère à disjectis oppida muris,

Reliquias, veterumque vides monimenta virorum,

Hanc Janus pater, hanc Saturnus condidit urbem

Janiculum huic, illi fuerat Saturnia nomen.

Aenéïd. liv. VIII. Ve 355.

Cette opposition de deux villes, donna lieu au nom d'Antipolis, dont Pline se sert pour désigner le Janicule. Ancus Martius le joignit à la ville de Rome par un pont qu'il fit bâtir sur le Tibre. Numa Pompilius y fut enterré, selon Denys d'Halicarnasse, Tite-Live, Pline, et Solin. Eusebe dans sa chronique y met aussi la sépulture du poète Stace ; Victoré place au Janicule les jardins de Géta, que le Nardini et le Donati craient avoir été formés près de la porte Septinienne.

On posait au Janicule un corps-de-garde dans le temps des Comices, et on y montait la garde pour la sûreté de la ville et de la rivière qui coule au bas. Aujourd'hui cette colline comprend sous elle le Vatican, et se termine à l'église de SantoSpirito in Sassia. On l'appelle communément Montorio, à cause de la couleur de son sable qui est jaunâtre : c'est un des endroits de Rome des moins habités.

Pour ce qui regarde le pont du Janicule, que les Romains appelaient pons Janiculensis, Antonin l'avait rebâti de marbre. Il se rompit par la suite des temps, et demeura dans un triste état de décombres, jusqu'à ce que Sixte IV. en ait construit un autre à la place : c'est de-là que lui vient son nom moderne, ponte Sisto. (D.J.)