adj. pris subst. (Histoire) est celui qui se rend responsable de quelque chose envers quelqu'un, et qui est obligé de l'en faire jouir. Le mot garant vient du celte et du tudesque warrant. Nous avons changé en g tous les doubles Ve des termes que nous avons conservés de ces anciens langages. Warant signifie encore chez la plupart des nations du nord, assurance, garantie ; et c'est en ce sens qu'il veut dire en anglais édit du roi, comme signifiant promesse du roi. Lorsque dans le moyen âge les rois faisaient des traités, ils étaient garantis de part et d'autre par plusieurs chevaliers, qui juraient de faire observer le traité, et même qui le signaient, lorsque par hasard ils savaient écrire. Quand l'empereur Frédéric Barberousse céda tant de droits au pape Alexandre III. dans le célèbre congrès de Venise en 1177, l'empereur mit son sceau à l'instrument, que le pape et les cardinaux signèrent. Douze princes de l'Empire garantirent le traité par un serment sur l'évangîle ; mais aucun d'eux ne signa. Il n'est point dit que le doge de Venise garantit cette paix qui se fit dans son palais.

Lorsque Philippe-Auguste conclut la paix en 1200 avec Jean roi d'Angleterre, les principaux barons de France et ceux de Normandie en jurèrent l'observation comme cautions, comme parties garantes. Les François firent serment de combattre le roi de France s'il manquait à sa parole, et les Normands de combattre leur souverain s'il ne tenait pas la sienne.

Un connétable de Montmorenci ayant traité avec un comte de la Marche en 1227, pendant la minorité de Louis IX. jura l'observation du traité sur l'âme du roi.

L'usage de garantir les états d'un tiers, était très-ancien, sous un nom différent. Les Romains garantirent ainsi les possessions de plusieurs princes d'Asie et d'Afrique, en les prenant sous leur protection, en attendant qu'ils s'emparassent des terres protégées.

On doit regarder comme une garantie réciproque, l'alliance ancienne de la France et de la Castille de roi à roi, de royaume à royaume, et d'homme à homme.

On ne voit guère de traité où la garantie des états d'un tiers soit expressément stipulée, avant celui que la médiation de Henri IV. fit conclure entre l'Espagne et les Etats-Généraux en 1609. Il obtint que le roi d'Espagne Philippe III. reconnut les Provinces-Unies pour libres et souveraines ; il signa, et fit même signer au roi d'Espagne la garantie de cette souveraineté des sept provinces, et la république reconnut qu'elle lui devait sa liberté. C'est surtout dans nos derniers temps que les traités de garantie ont été plus fréquents. Malheureusement ces garanties ont quelquefois produit des ruptures et des guerres ; et on a reconnu que la force est le meilleur garant qu'on puisse avoir. Article de M. DE VOLTAIRE.

GARANT, (Jurisprudence) Voyez l'article précédent.

GARANT ABSOLU, au style du pays de Normandie, est celui qui prend le fait et cause du garanti, et qui le fait mettre hors de cause.

GARANT CONTRIBUTEUR, suivant le même style, est celui qui prend la garantie pour partie seulement, et non pour le tout.

GARANT DE DROIT ou NATUREL, est celui qui est tenu à la garantie par la loi et l'équité, sans qu'il y ait aucune stipulation de garantie. Voyez l'art. suiv.

GARANT DE FAIT, est celui qui est garant de la solvabilité du débiteur, ou de la bonté et qualité de la chose vendue ; à la différence du garant de droit qui est seulement garant que la somme lui est dû., et que la chose lui appartient.

GARANT FORMEL, est celui qui est non-seulement tenu de l'éviction d'une chose envers une autre personne, mais qui est tenu de prendre son fait et cause, comme le vendeur à l'égard de l'acheteur, le propriétaire à l'égard du locataire : au lieu que le garant simple est celui qui est tenu de faire raison de l'éviction, sans néanmoins être obligé de prendre le fait et cause ; comme cela a lieu entre co-héritiers, associés et autres, qui sont obligés ensemble solidairement au payement de quelque dette.

GARANT NATUREL, voyez GARANT DE DROIT.

GARANT SIMPLE, est opposé à garant formel. Voyez GARANT FORMEL, RANTIENTIE. (A)

GARANT, s. m. (Marine) c'est le bout des cordages qui passent par les poulies, ou qui servent à amarrer quelque chose. On hale sur les garants pour faire jouer le reste du cordage.

GARANT DE PALAN. Tenir en garant, c'est tenir le bout de la corde qui lève ou traine quelque fardeau, en la tournant deux ou trois tours autour du morceau de bois ou de quelqu'autre chose, au moyen de quoi on la retient plus aisément, et l'on empêche la pesanteur du fardeau de faire trop de force contre celui qui tient la corde. (Z)

GARANTI, (Jurisprudence) est celui dont le garant a pris le fait et cause. Voyez l'ordonnance de 1667, titre des garants. (A)