S. f. pl. (Histoire) dons, présents, libéralités. Les largesses s'introduisirent à Rome avec la corruption des mœurs, et pour lors les suffrages ne se donnèrent qu'au plus libéral. Les largesses que ceux des Romains qui aspiraient aux charges, prodiguaient au peuple sur la fin de la république, consistaient en argent, en blé, en pais, en fèves ; et la dépense à cet égard était si prodigieuse que plusieurs s'y ruinèrent absolument. Je ne citerai d'autre exemple que celui de Jules-César, qui, partant pour l'Espagne après sa préture, dit qu'attendu ses dépenses en largesses il aurait besoin de trois cent trente millions pour se trouver encore vis-à-vis de rien, parce qu'il devait cette somme au-delà de son patrimoine. Il fallait nécessairement dans cette position qu'il périt ou renversât l'état, et l'un et l'autre arrivèrent. Mais les choses, étaient montées au point que les empereurs, pour se maintenir sur le trône, furent obligés de continuer à répandre des largesses au peuple : ces largesses prirent le nom de congiaires ; et celles qu'ils faisaient aux troupes, celui de donatifs. Voyez CONGIAIRES et DONATIFS.

Enfin dans notre histoire on appela largesses quelques legeres libéralités que nos rois distribuaient au peuple dans certains jours solennels. Ils faisaient apporter des hanaps ou des coupes pleines d'espèces d'or et d'argent ; et après que les hérauts avaient crié largesses, on les distribuait au public. Il est dit dans le Cérémonial de France, tom. II. p. 742, qu'à l'entrevue de Francais I. et d'Henri VIII. près de Guignes, l'an 1520, " pendant le festin il y eut largesses criées par les rois et hérauts d'armes, tenant un grand pot d'or bien riche ".

C'est la dernière fois de ma connaissance qu'il est parlé de largesses dans notre histoire, et au fond, la discontinuation de cet usage frivole n'est d'aucune importance à la nation. Les vraies largesses des rois consistent dans la diminution des impots qui accablent le malheureux peuple. (D.J.)