CONVERSION DES PROPOSITIONS, (Logique) voyez PROPOSITION.

CONVERSION, s. f. On se sert en Arithmétique, de l'expression, proposition par conversion de raison, pour signifier la comparaison de l'antécédent, avec la différence de l'antécédent et du conséquent dans deux raisons égales.

Par exemple, y ayant même raison de 2 à 3 que de 8 à 12, on en conclud qu'il y a aussi même raison de 2 à 1 que de 8 à 4 ; c'est-à-dire en général que si a : b : : c : d, on en conclud que a : b - a : : c : d - c, ce qui est évident ; car a d = b c donne a d - a c = b c - a c, et par conséquent a : b - a : : c : d - c. Voyez ANTECEDENT, CONSEQUENT, RAISON, RAPPORT, etc. (O)

CONVERSION DES EQUATIONS, en Algèbre, se dit de l'opération qu'on fait lorsqu'une quantité cherchée ou inconnue, ou une de ses parties, étant sous la forme de fraction, on réduit le tout à un même dénominateur, et qu'ensuite omettant les dénominateurs, il ne reste dans l'équation que les numérateurs. Voyez EQUATION et FRACTION.

Ainsi, supposez x - b = (xx + cc)/d + b, x étant l'inconnue, multipliez le tout par d, et vous aurez x d - b d = x x + c c + b d. Voyez EQUATION, TRANSFORMATION, etc. Ce terme est aujourd'hui peu en usage ; on se sert du mot de faire évanouir les fractions. Voyez REDUCTION (O)

* CONVERSION, s. f. (Théologie) changement ferme et durable qui survient dans la volonté du pécheur, en conséquence duquel il se repent de ses fautes, et se détermine sincèrement à s'en corriger et à les expier. Il y a des théologiens qui regardent la conversion d'un pécheur dans l'ordre moral, comme un miracle aussi grand que le serait dans l'ordre physique, celui par lequel il plairait à Dieu de ressusciter un mort : conséquemment ils sont très-réservés à accorder aux pécheurs les prérogatives qu'ils jugent ne devoir être accordées qu'aux saints ou aux pécheurs convertis depuis un longtemps. Il est aisé de pécher par excès dans cette matière, soit en croyant les conversions ou plus fréquentes ou plus rares qu'elles ne sont, soit en refusant opiniatrément aux pécheurs pénitens des secours dont ils ont besoin pour consommer leur conversion, et cela sur la supposition que ces secours doivent être conférés pour persévérer dans le bien, et non pour se fortifier contre le mal. Voyez COMMUNION.

CONVERSION, (Jurisprudence) est le changement d'une chose en une autre.

Conversion d'ajournement personnel en decret de prise de corps, est un decret qui se donne en matière criminelle, lorsque l'accusé ne comparait pas dans le délai porté par l'ajournement personnel, ou lorsque par les charges les juges trouvent qu'il y a lieu de faire arrêter l'accusé.

Conversion d'appel en opposition, est lorsque celui qui a interjeté appel d'une sentence par défaut, veut néanmoins procéder devant le même juge ; en ce cas il fait signifier à son adversaire un acte par lequel il convertit son appel en opposition. On prenait autrefois des lettres de chancellerie pour faire cette conversion ; mais présentement elle se fait par requête, ou par un simple acte.

Conversion de bail conventionnel en judiciaire, se fait lorsqu'un héritage est saisi réellement. Le commissaire aux saisies réelles doit sommer le locataire ou fermier de déclarer, s'il veut que son bail conventionnel soit converti en judiciaire pour ce qui reste à expirer. Le locataire ou fermier, et la partie saisie, peuvent aussi demander la même chose. On convertit ordinairement le bail conventionnel, pourvu que le prix de ce bail ne soit pas en grain, et qu'il ne soit pas fait à vil prix ni frauduleux ; et comme la condition du fermier ou locataire ne doit pas par la saisie réelle devenir plus dure qu'elle n'était auparavant, il n'est point tenu de donner caution, ni contraignable par corps, à moins qu'il ne le fût déjà par le bail conventionnel.

Lorsque le bail judiciaire est adjugé, les fermiers ou locataires conventionnels ne sont plus recevables à demander la conversion de leurs baux, suivant le règlement du 12 Aout 1664.

Conversion de decret ; c'est lorsque pour la contumace de l'accusé, ou à cause des charges qui se trouvent contre lui, on prononce un decret plus rigoureux. Le decret d'assigné pour être oui peut être converti en ajournement personnel, et celui-ci en prise de corps : on peut même, de l'assigné pour être oui, passer recta au decret de prise de corps.

Conversion d'information en enquête, est un jugement qui civilise un procès criminel, et à cet effet convertit les informations en enquêtes. Le même jugement doit permettre à l'accusé qui devient défendeur simplement, de faire preuve contraire dans les délais ordinaires : on ordonne en même temps qu'il lui sera donné un extrait des noms, surnoms, âge, qualités, et demeure des témoins, afin qu'il puisse les connaître pour fournir de reproches. Cette conversion d'information en enquête ne peut être faite après la confrontation.

Conversion d'un procès civil en procès criminel, est un jugement qui ordonne qu'un procès commencé par la voie civîle sera poursuivi extraordinairement ; ce qui se pratique lorsque le fait dont il s'agit parait mériter une instruction plus grave. En convertissant le procès civil en criminel, on ne convertit pas pour cela les enquêtes en informations, mais on fait répéter les témoins par forme d'information. Voyez l'ordonn. de 1670, tit. xx. (A)

CONVERSION, figure de Rhétorique qui consiste à terminer les divers membres d'une période par les mêmes tours, comme dans cet endroit de Cicéron : Doletis tres exercitus P. R. interfectos ? Interfecit Antonius. Desideratis clarissimos cives ? eos vobis eripuit Antonius. Autoritas hujus ordinis (senatus) afflicta est ? afflixit Antonius.

On appelle encore en rhétorique conversion, l'art de retourner ou de retorquer un argument contre son adversaire, ou de le montrer par des côtés opposés, en changeant le sujet en attribut, et l'attribut en sujet. Il y a aussi des conversions d'arguments d'une figure à une autre, et des propositions générales aux particulières. Voyez RETORSION, etc. (G)

CONVERSION, (Art militaire) se dit quand on commande aux soldats de présenter les armes à l'ennemi qui les attaque en flanc, lorsqu'ils croyaient être attaqués de front. L'évolution que les soldats font en ce cas s'appelle conversion, ou plutôt quart de conversion.

On peut faire mouvoir toute une troupe ensemble de telle sorte, qu'elle change de terrain en conservant le même ordre sur lequel elle a été formée, et la même distance entre ses rangs et ses files. La manière la plus simple de la faire mouvoir ainsi, est de la faire marcher en avant ; mais cette manière est si simple, qu'elle n'a besoin d'aucune explication.

On peut aussi retourner une troupe toute entière, et lui faire faire face d'un côté différent de celui où elle le faisait auparavant, et cela pour la faire marcher ensuite du côté que l'on a jugé à propos, ou bien pour s'opposer à des ennemis qui paraitraient d'un côté différent de celui où elle faisait feu d'abord.

Ce dernier objet est bien le même que celui pour lequel on fait faire les à droit et à gauche. Mais par les à droite et à gauche les hommes de la troupe se présentent bien de différents côtés, mais ils ne s'y présentent pas également en force. Après un à droite ou un à gauche, les ennemis de la troupe se présentent bien vers le terrain qui est au flanc de la troupe, mais il n'y a alors de front que les hommes qui composaient d'abord une file.

On a dit qu'elles n'étaient pas dans les bataillons de plus de cinq, et même de quatre hommes ; ce n'est donc que cinq ou quatre hommes qui se présentent de ce côté. Si c'est un demi-tour à droite ou à gauche que l'on ait fait, un rang entier se présente bien devant l'ennemi, mais c'est le dernier ; le premier rang et les chefs de fîle sont alors les plus éloignés de l'ennemi. Il en est de même des officiers, qui sont obligés de rompre le bataillon pour passer au-travers, afin d'être les plus près des ennemis, ou bien, suivant l'usage, d'en faire le tour. On a donc cherché un moyen de retourner une troupe de manière qu'elle puisse se présenter à l'ennemi selon toute sa force ; c'est-à-dire en lui opposant ses officiers et ses chefs de file, et cette manière est ce que nous appelons conversion.

La conversion s'exécute par toute la troupe ensemble regardée comme un seul corps : tous les hommes de la troupe ne sont considérés que comme membres de ce corps, et agissant tous dépendamment les uns des autres.

La conversion peut se faire vers la droite ou vers la gauche ; si c'est vers la droite qu'elle se fait, alors le chef de fîle qui est à la droite de la troupe ne change point de place, il tourne doucement sur lui-même pendant que tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui comme autour d'un pivot.

Si c'est vers la gauche que la conversion se fait, le chef de fîle qui est à la gauche de la troupe ne change point de place, et tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui.

Pour avoir une idée juste de ce mouvement, on n'a qu'à prendre une carte à jouer, ou tel autre rectangle ou plutôt parallélepipede que l'on voudra, l'arrêter sur une table avec une épingle, ou tel autre pivot que l'on voudra, par un des deux angles qui sont devant la carte, c'est-à-dire du côté vers lequel on la veut faire mouvoir, ensuite faire tourner cette carte sur ce pivot ; on aura une représentation exacte de la manière dont tourne une troupe ou un bataillon sur le terrain : l'épingle représentera le chef de fîle qui sert de pivot, et la carte représentera la troupe qui tourne.

Si l'on veut mettre sur cette carte des épingles ou de petits crayons, ou quelque chose qui puisse laisser une trace dans le même ordre que sont les hommes dans la troupe, et que l'on fasse tourner la carte sur la table, on verra que les traces que les épingles ou les crayons laisseront sur la table, seront des portions de cercle concentriques ; de même sur le terrain chaque homme de la troupe décrit une portion de cercle d'autant plus grande qu'il est plus éloigné du pivot.

La troupe pourrait faire un tour entier, et ce mouvement s'appellerait alors conversion entière ; mais il ne serait d'aucune utilité. On suppose ordinairement ce tour divisé en quatre parties égales, et l'on appelle chacune de ses parties quart de conversion.

On peut faire deux quarts de conversion de suite du même côté ; ce mouvement est en usage, et il se nomme demi-conversion. On pourrait faire aussi trois quarts de conversion de suite ; mais ce mouvement étant à présent peu en usage, il n'a point de nom particulier parmi nous, comme il en avait parmi les anciens. On n'est pas non plus astreint à faire juste des quarts de tour ; celui qui commande l'évolution est le maître de faire arrêter la troupe quand il lui plait, en disant alte ; ainsi elle peut faire telle portion de tour qu'il juge à propos.

Les quarts de conversion changent l'aspect des hommes, de même que les à droite et les à gauche.

Ce que l'on vient de dire peut faire remarquer aisément, que les hommes de la troupe qui sont auprès du pivot parcourent beaucoup moins d'espace de terrain, que ceux qui en sont plus éloignés ; et comme cette évolution de la troupe n'est achevée que quand tous les hommes ont achevé chacun de parcourir le chemin qu'ils ont à faire, et que d'ailleurs elle doit être faite ensemble et du même mouvement, comme si tous les hommes ne faisaient qu'un corps, il faut que celui qui sert de pivot, et ceux qui sont auprès de lui, se mouvent très-lentement, et que ceux qui en sont plus éloignés marchent plus vite. Il s'ensuit encore que plus la troupe aura d'étendue ou de front, plus une partie des hommes de la troupe aura de chemin à faire dans le quart de conversion, et plus il faudra de temps pour l'exécuter.

Il est aisé de savoir le chemin que chaque homme de la troupe a à faire dans un quart de conversion ; il ne faut pour cela que savoir quelle est sa distance du pivot : cette distance est le rayon du quart de cercle qu'il doit décrire. Or le rayon ou demi-diamètre est au quart de cercle, comme 7 est à 11. Ainsi il n'y a qu'à faire une règle de trois, et dire, comme 7 est à 11, ainsi le rayon connu est au quatrième terme, qui sera la valeur du quart de cercle.

Sait, par exemple, un bataillon de six cent hommes sur quatre rangs ; c'est cent cinquante hommes par rang : on sait que chaque homme occupe deux pieds dans le rang ; c'est donc trois cent pieds qu'il y aura de distance du pivot à l'homme qui est à l'extrémité du rang. On dira donc, pour savoir le chemin que fera cet homme dans le mouvement du quart de conversion, comme 7 est à 11, ainsi 300 est au quatrième terme, qui sera de 470 pieds ou environ 78 taises pour le chemin qu'il aura à parcourir. (Q)