(Ordre encyclopédique, Entendement, Raison, Philosophie ou Science, Science de l'homme, Art de penser, Appréhension) est une opération de l'esprit qui lui fait apercevoir une chose ; elle est la même chose que la perception. L'ame, selon le P. Malebranche, peut apercevoir les choses en trois manières ; par l'entendement pur, par l'imagination, par les sens. Elle aperçoit par l'entendement pur, les choses spirituelles, les universelles, les notions communes, l'idée de la perfection, et généralement toutes ses pensées, lorsqu'elle les connait par la réflexion qu'elle fait sur elle-même. Elle aperçoit même par l'entendement pur, les choses matérielles, l'étendue avec ses propriétés ; car il n'y a que l'entendement pur qui puisse apercevoir un cercle et un carré parfait, une figure de mille côtés et choses semblables ; ces sortes de perceptions s'appellent pures intellections ou pures perceptions, parce qu'il n'est point nécessaire que l'esprit forme des images corporelles dans le cerveau, pour se représenter toutes ces choses. Par l'imagination l'âme n'aperçoit que les êtres matériels, lorsqu'étant absens elle se les rend présents en s'en formant, pour ainsi dire, des images dans le cerveau : c'est de cette manière qu'on imagine toutes sortes de figures. Ces sortes de perceptions se peuvent appeler imaginations, parce que l'âme se représente ces objets en s'en formant des images dans le cerveau ; et parce qu'on ne peut pas se former des images des choses spirituelles, il s'ensuit que l'âme ne peut pas les imaginer. Enfin l'âme n'aperçoit par les sens que les objets sensibles et grossiers, lorsqu'étant présents ils font impression sur les organes extérieurs de son corps, et que cette impression se communique au cerveau : ces sortes de perceptions s'appellent sentiments ou sensations.
JUGER, syn. (Grammaire) ces mots désignent en général l'action de prendre son parti sur une opinion douteuse, ou réputée telle. Voici les nuances qui les distinguent. On décide une contestation et une question ; on juge une personne et un ouvrage. Les particuliers et les arbitres décident ; les corps et les magistrats jugent. On décide quelqu'un à prendre un parti ; on juge qu'il en prendra un. Décider diffère aussi de juger, en ce que ce dernier désigne simplement l'action de l'esprit, qui prend son parti sur une chose après l'avoir examinée, et qui prend ce parti pour lui seul, souvent même sans le communiquer aux autres ; au lieu que décider suppose un avis prononcé, souvent même sans examen. On peut dire en ce sens, que les Journalistes décident, et que les connaisseurs jugent. (O)