Monnaie

(Monnaie) pièce de monnaie de France qu'on commença de fabriquer sous Louis XIII. en 1641, peu de temps après les louis d'or.

L'ordonnance porte que les louis d'argent seront fabriqués les uns de soixante sols, les autres de trente sols, de quinze sols et de cinq sols, tous au titre de onze deniers de fin, au remède de deux grains. Les louis d'argent de soixante sols, pesant vingt-un deniers huit grains trébuchant chacun, à la taille de huit pièces, onze douziemes de pièce, au remède d'un douzième de pièce, et les autres espèces à proportion. On n'avait point encore fait de monnaie d'argent si pesante en France depuis le commencement de la monarchie. Les louis d'argent de Louis XV. ont été à la taille de huit, de dix au marc et ont valu tantôt plus, tantôt moins, selon les opérations de finance, dont nous ne ferons pas ici l'éloge. Nous remarquerons seulement que les louis d'argent de soixante sols, se nomment à présent un petit écu, et que par-tout où il est parlé d'écus avant l'an 1641, il faut toujours l'entendre de l'écu d'or.

(Art numismatique) Le dieu Lunus, appelé par les Grecs, parait sur plusieurs médailles de Sardes ; il est représenté avec un bonnet phrygien sur sa tête et une pomme de pin à la main : il porte quelquefois un croissant sur les épaules, comme sur deux médailles décrites par Haym. On voit d'un côté la tête du dieu Lunus, avec le bonnet phrygien et le croissant : on lit autour MHN ACKHNOC ; de l'autre côté, un fleuve couché et appuyé sur son urne, tient de la droite un roseau, et de la gauche une corne d'abondance, avec la légende KAPIANON B. NEKOPN, et à l'exergue, EPMOC. L'autre médaille dont parle Haym, a la même tête avec la même légende, et au revers un gouvernail et une corne d'abondance posés l'un sur l'autre en sautoir, avec la légende, KAPIANN B. NEKOPN. Ces deux médailles ont été frappées sous le règne de Septime Sevère. Le nom d'ACKHNOC est une épithète du dieu Lunus, à qui les peuples de l'Asie donnaient différents surnoms, comme de APNAKO dans le Pont, de KAPO ou KAH en Carie, de KAMAPEITH à Nysa, d'APKAIO en Pisidie, et suivant ces médailles, d'AKHNO en Lydie. Haym pense que ce nom est composé d'un A privatif, et de KHNH, tentorium ; et qu'il signifie mensis sive Lunus sine tentorio, parce que la lune ne s'arrête jamais, et est toujours en mouvement. Tous ces noms paraissent être des mots barbares, dont il est inutîle de rechercher l'étymologie dans la langue grecque. Quoi qu'il en sait, le culte du dieu Lunus était établi en Syrie, en Mésopotamie, dans le Pont, et en plusieurs autres provinces de l'Orient. Mém. des Inscript. tome XVIII. p. 135. (D.J.)

S. m. (Monnaie) c'est un vieux mot français. On nommait ainsi en quelques lieux, les gros sols de cuivre, ou pièces de douze deniers. Ménage dans ses étymologies, remarque qu'on appelle en Normandie les médailles anciennes des mahons : or nos mahons sont de la grosseur des médailles de grand bronze, et les demi ressemblent aux moyennes ; si l'on y joint des liards fabriqués en même-temps, et qui ont une marque toute semblable, on aura les trois grandeurs. (D.J.)

S. m. (Monnaie) nom d'une ancienne monnaie d'or d'Espagne et de Portugal. Marabotinus, maurabotinus marmotinus, marbotinus, etc. Ducange me parait avoir raison de conjecturer que marabotin ou maurabotin, veut dire butin fait sur les Maures, dépouilles des Maures, et qu'on nomma cette monnaie de ce nom, parce qu'elle fut faite de l'or enlevé aux Maures. C'est donc une monnaie originaire d'Espagne. Henri II. roi d'Angleterre et duc d'Aquittaine, rendit une sentence arbitrale l'an 1177, entre Alphonse, roi de Castille, et Sanche, roi de Navarre, par laquelle le premier de ces deux rois est obligé de payer au second, la rente de 3000 marabotins. Or quelle apparence que le roi d'Angleterre eut obligé le roi de Castille à payer une pension au roi de Navarre en monnaie étrangère ? La reine Blanche de Castille, à la fin du treizième siècle, fut dotée de 24000 marabotins. Plusieurs titres des rois d'Aragon dans le même siècle, font mention des marabotins qui doivent leur revenir. S'il est souvent parlé de marabotins dans plusieurs titres de la ville de Montpellier, c'est parce que les rois d'Aragon ont longtemps joui de cette ville. De-là vient encore que les marabotins eurent cours en France dans les provinces voisines des Pyrénées. Le Portugal eut aussi ses marabotins.

S. f. (Numismatique) numisma dans Horace ; pièce de métal frappée ou marquée, soit qu'elle ait été monnaie ou non.

Le goût pour les médailles antiques prit faveur en Europe à la renaissance des beaux-arts. Pétrarque, qui a tant contribué à retirer les Lettres de la barbarie où elles étaient plongées, rechercha les médailles avec un grand empressement ; et s'en étant procuré quelques-unes, il crut les devoir offrir à l'empereur Charles IV. comme un présent digne d'un grand prince.

Dans le siècle suivant, Alphonse roi de Naples et d'Aragon, plus célèbre encore par son amour pour les Lettres que par ses victoires, fit une suite de médailles assez considérable pour ce temps-là. A l'exemple de ce monarque, Antoine, cardinal de Saint Marc, eut la curiosité de former à Rome un cabinet de médailles impériales.